HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la cause du froid

ἀπεωσμένον



Texte grec :

[947] (947a) Καὶ μὴν ψυχροῦ μὲν αἴσθησις ἔστιν, ὥσπερ καὶ θερμοῦ· στέρησις δ´ οὔθ´ ὁρατὸν οὔτ´ ἀκουστὸν οὔθ´ ἁπτὸν οὔτε ταῖς ἄλλαις αἰσθήσεσι γνωστόν. Οὐσίας γάρ τινος αἴσθησις ἦν· ὅπου δ´ οὐσία μὴ φαίνεται, νοεῖται στέρησις, οὐσίας ἀπόφασις οὖσα, καθάπερ ὄψεως τυφλότης καὶ φωνῆς σιωπὴ καὶ σώματος ἐρημία καὶ κενόν. Οὔτε γὰρ κενοῦ δι´ ἁφῆς αἴσθησις ἔστιν, ἀλλ´ ὅπου μὴ γίνεται σώματος ἁφή, κενοῦ γίνεται νόησις· οὔτε σιγῆς ἀκούομεν, ἀλλά, ἐὰν μηδενὸς ἀκούωμεν, σιγὴν νοοῦμεν· ὡς δ´ αὔτως καὶ τυφλῶν καὶ γυμνῶν καὶ ἀνόπλων οὐκ αἴσθησις ἔστιν ἀλλ´ αἰσθήσεως ἀποφάσει νόησις. Ἔδει τοίνυν (947b) μὴ γίνεσθαι ψυχρῶν αἴσθησιν, ἀλλ´ ὅπου τὸ θερμὸν ἐπιλείπει νοεῖσθαι τὸ ψυχρόν, εἴπερ ἦν θερμοῦ στέρησις· εἰ δ´, ὥσπερ τὸ θερμὸν ἀλέᾳ καὶ διακρίσει τῆς σαρκός, οὕτω συγκρίσει καὶ πυκνώσει τὸ ψυχρὸν αἰσθητόν ἐστι, δῆλον ὅτι καὶ ψυχρότητος ἰδία τις ἔστιν ἀρχὴ καὶ πηγὴ καθάπερ θερμότητος. Ἔτι τοίνυν ἕν τι καὶ ἁπλοῦν ἡ περὶ ἕκαστον εἶδος στέρησις, αἱ δ´ οὐσίαι πλείονας διαφορὰς καὶ δυνάμεις ἔχουσι. Μονοειδὲς γὰρ ἡ σιωπὴ ποικίλον δ´ ἡ φωνή, νῦν μὲν ἐνοχλοῦσα νῦν δὲ τέρπουσα τὴν αἴσθησιν· ἔχει δὲ τοιαύτας καὶ τὰ χρώματα καὶ τὰ σχήματα διαφοράς, ἐν (947c) αἷς ἄλλοτ´ ἄλλως τὸν προστυγχάνοντα διατίθησι· τὸ δ´ ἀναφὲς καὶ ἄχρωστον καὶ ὅλως ἄποιον οὐκ ἔχει διαφοράν, ἀλλ´ ὅμοιόν ἐστιν. Ἆρ´ οὖν ἔοικε τοῖς στερητικοῖς τούτοις τὸ ψυχρόν, ὥστε μὴ ποιεῖν ἐν τοῖς πάθεσι διαφοράν, ἢ τοὐναντίον ἡδοναί τε μεγάλαι καὶ ὠφέλιμοι τοῖς σώμασιν ἀπὸ ψυχρῶν ὑπάρχουσι καὶ βλάβαι πάλιν νεανικαὶ καὶ πόνοι καὶ βαρύτητες, ὑφ´ ὧν οὐκ ἀεὶ φεύγει καὶ ἀπολείπει τὸ θερμὸν ἀλλὰ πολλάκις ἐγκαταλαμβανόμενον ἀνθίσταται καὶ μάχεται, τῇ μάχῃ δ´ αὐτῶν ὄνομα φρίκη καὶ τρόμος, ἡττωμένῳ δὲ τῷ θερμῷ τὸ πήγνυσθαι καὶ ναρκᾶν ἐπιγίνεται, κρατοῦν δὲ τοῦ ψυχροῦ διάχυσιν (947d) παρέχει καὶ ἀλέαν τῷ σώματι μεθ´ ἡδονῆς, ὅπερ Ὅμηρος « ἰαίνεσθαι » κέκληκεν; Ἀλλὰ ταῦτά γε παντὶ δῆλα, καὶ τούτοις οὐχ ἥκιστα τοῖς πάθεσιν ἐνδείκνυται τὸ ψυχρὸν ὅτι πρὸς τὸ θερμὸν ὡς οὐσία πρὸς οὐσίαν ἢ πάθος πρὸς πάθος οὐχ ὡς ἀπόφασις ἀντίκειται καὶ στέρησις, οὐδὲ φθορά τίς ἐστι τοῦ θερμοῦ καὶ ἀναίρεσις ἀλλὰ φθαρτικὴ φύσις καὶ δύναμις. Ἢ καὶ τὸν χειμῶνα τῶν ὡρῶν καὶ τὰ βόρεια τῶν πνευμάτων ἐξέλωμεν, ὡς στερήσεις ὄντα τῶν θερμῶν καὶ νοτίων ἰδίαν δ´ ἀρχὴν οὐκ ἔχοντα. Καὶ μὴν τεττάρων γε τῶν πρώτων ὄντων ἐν τῷ παντὶ σωμάτων, ἃ διὰ πλῆθος καὶ ἁπλότητα καὶ δύναμιν (947e) οἱ πλεῖστοι στοιχεῖα τῶν ἄλλων ὑποτίθενται καὶ ἀρχάς, πυρὸς καὶ ὕδατος καὶ ἀέρος καὶ γῆς, ἀναγκαῖόν ἐστι καὶ ποιότητας εἶναι τὰς πρώτας καὶ ἁπλᾶς τοσαύτας. Τίνες οὖν εἰσιν αὗται πλὴν θερμότης καὶ ψυχρότης καὶ ξηρότης καὶ ὑγρότης, αἷς τὰ στοιχεῖα πάσχειν ἅπαντα καὶ ποιεῖν πέφυκεν; Ὡς δὲ τῶν ἐν γραμματικῇ στοιχείων βραχύτητές εἰσι καὶ μακρότητες, τῶν δ´ ἐν μουσικῇ βαρύτητες καὶ ὀξύτητες, οὐ θάτερα τῶν ἑτέρων στέρησις, οὕτως ἐν τοῖς φυσικοῖς σώμασιν ἀντιστοιχίαν ὑποληπτέον ὑγρῶν πρὸς ξηρὰ καὶ ψυχρῶν πρὸς θερμά, τὸ κατὰ λόγον ἅμα καὶ τὰ (947f) φαινόμενα διαφυλάττοντας. Ἢ, καθάπερ Ἀναξιμένης ὁ παλαιὸς ᾤετο, μήτε τὸ ψυχρὸν ἐν οὐσίᾳ μήτε τὸ θερμὸν ἀπολείπωμεν, ἀλλὰ πάθη κοινὰ τῆς ὕλης ἐπιγινόμενα ταῖς μεταβολαῖς· τὸ γὰρ συστελλόμενον αὐτῆς καὶ πυκνούμενον ψυχρὸν εἶναί φησι, τὸ δ´ ἀραιὸν καὶ τὸ χαλαρὸν (οὕτω πως ὀνομάσας καὶ τῷ ῥήματι) θερμόν· ὅθεν οὐκ ἀπεικότως λέγεσθαι τὸ καὶ θερμὰ τὸν ἄνθρωπον ἐκ τοῦ στόματος καὶ ψυχρὰ μεθιέναι·

Traduction française :

[947] (947a) J'ajoute que le froid se fait sentir aussi bien que le chaud ; mais une privation n'est sensible ni à la vue, ni à l'ouïe, ni au tact, ni à aucun autre de nos sens. Toute sensation ne peut être produite que par une substance ; et partout où il ne paraît point de substance, on ne conçoit plus que privation, c'est-à-dire négation de substance, comme la cécité, le silence et le vide sont des négations de vue, de son et de corps. Le vide ne peut être l'objet du tact, et partout où on ne sent point de corps, on conçoit le vide. Nous n'entendons pas le silence; mais dès que notre ouïe n'est frappée d'aucun son, nous avons l'idée du silence. De même nous n'avons aucune sensation de la cécité, de la nudité, du dépouillement d'armes; ce ne sont que des négations. (947b) Si donc le froid n'était qu'une privation de chaleur, il ne produirait sur nous aucune sensation, et nous n'aurions d'autre idée du froid que l'absence de la chaleur. Mais si la propriété du froid est de serrer et de condenser la peau, comme l'effet du chaud est de l'attiédir et de la dilater, il est évident que le froid a, comme le chaud, son principe et sa source particulière. Disons encore que dans chaque espèce la privation est une et simple, mais que les substances ont plusieurs différences et plusieurs facultés. Le silence n'a qu'une seule et même forme, la voix est très variée ; elle est tantôt agréable et tantôt déplaisante ; les figures et les couleurs ont aussi des variétés semblables (947c) qui nous affectent diversement ; mais ce qui généralement n'a aucune qualité ne peut se varier, il est toujours semblable à lui-même. Or, le froid ressemble-t-il à ces privations, en sorte qu'il n'y ait aucune différence dans les impressions qu'il nous cause, ou au contraire ne fait-il pas éprouver aux corps tantôt des plaisirs aussi vifs qu'ils sont utiles, tantôt des accidents nuisibles, des douleurs, des pesanteurs ? et loin que la chaleur les abandonne pour cela, souvent renfermée dans le corps, elle résiste et lutte contre le froid ; et ce combat de deux facultés ennemies s'appelle horreur et frissonnement. Lorsque la chaleur a le dessous, le corps se gèle et s'engourdit; si le chaud l'emporte, (947d) il se dilate et éprouve cette tiédeur agréable qu'Homère appelle épanouissement. Cela est évident pour tout le monde, et il résulte de ces affections que le froid est opposé au chaud comme une substance ou une passion l'est à une autre, et non comme une négation ou une privation ; qu'il n'est pas simplement la cessation ou l'absence de la chaleur, mais une nature, une faculté qui a le pouvoir de la détruire. Autrement il faudrait retrancher l'hiver du nombre des saisons, et l'aquilon du nombre des vents, parce qu'ils seraient l'un la privation de l'été, l'autre celle des vents du midi, et qu'ils n'auraient aucun principe, aucune cause particulière. Puisqu'il y a dans l'univers quatre premiers corps que leur nombre, leur simplicité et leur puissance (947e) font assez généralement regarder comme les éléments et les principes de tous les autres, et qui sont le feu, l'eau, l'air et la terre, il faut aussi qu'il existe quatre premières qualités simples. Et qui sont-elles, si ce n'est le chaud, le froid, le sec et l'humide, par le moyen desquels les éléments reçoivent toutes leurs affections et opèrent toutes choses? On distingue dans la grammaire des syllabes longues et des brèves, dans la musique des tons graves et des tons aigus, et les uns ne sont pas des privations des autres ; de même, dans les substances physiques, on doit admettre pour éléments les qualités contraires du froid et du chaud, du sec et de l'humide, si nous voulons juger d'après la raison et d'après (947f) le rapport de nos sens, à moins que, comme l'ancien Anaximène, nous ne disions qu'il n'y a en substance réelle ni froid ni chaud, mais que ce sont des affections passives de la matière qui suivent les altérations qu'elle éprouve. Ce philosophe veut que le froid soit la contraction et la condensation des corps, et que la chaleur en soit le relâchement et la raréfaction ; qu'ainsi on a raison de dire que l'homme souffle de sa bouche le froid et le chaud.





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Dernière mise à jour : 24/01/2008