Texte grec :
[948] (948a) ψύχεται γὰρ ἡ πνοὴ πιεσθεῖσα καὶ πυκνωθεῖσα τοῖς χείλεσιν, ἀνειμένου
δὲ τοῦ στόματος ἐκπίπτουσα γίνεται θερμὸν ὑπὸ μανότητος. (Τοῦτο μὲν οὖν ἀγνόημα ποιεῖται
τοῦ ἀνδρὸς ὁ Ἀριστοτέλης· ἀνειμένου γὰρ τοῦ στόματος ἐκπνεῖσθαι τὸ θερμὸν
ἐξ ἡμῶν αὐτῶν, ὅταν δὲ συστρέψαντες τὰ χείλη φυσήσωμεν, οὐ τὸν ἐξ ἡμῶν
ἀλλὰ τὸν ἀέρα τὸν πρὸ τοῦ στόματος ὠθεῖσθαι ψυχρὸν ὄντα καὶ προσπίπτειν.)
Εἰ δ´ ἀπολειπτέον οὐσίαν ψυχροῦ καὶ θερμοῦ, προάγωμεν ἐπὶ τὸ ἑξῆς τὸν
λόγον, ἥτις ἐστὶν οὐσία καὶ ἀρχὴ καὶ φύσις ψυχρότητος ζητοῦντες. Οἱ μὲν
οὖν, τῶν σκαληνῶν (948b) καὶ τριγωνοειδῶν σχηματισμῶν ἐν τοῖς σώμασι
κειμένων, τὸ ῥιγοῦν καὶ τρέμειν καὶ φρίττειν καὶ ὅσα συγγενῆ τοῖς πάθεσι
τούτοις ὑπὸ τραχύτητος ἐγγίνεσθαι λέγοντες, εἰ καὶ τοῖς κατὰ μέρος
διαμαρτάνουσι, τὴν ἀρχὴν ὅθεν δεῖ λαμβάνουσι· δεῖ γὰρ ὥσπερ ἀφ´ ἑστίας τῆς
τῶν ὅλων οὐσίας ἄρχεσθαι τὴν ζήτησιν. ᾯ καὶ μάλιστα δόξειεν ἂν ἰατροῦ καὶ
γεωργοῦ καὶ αὐλητοῦ διαφέρειν ὁ φιλόσοφος. Ἐκείνοις μὲν γὰρ ἐξαρκεῖ τὰ
ἔσχατα τῶν αἰτίων θεωρῆσαι· τὸ γὰρ ἐγγυτάτω τοῦ πάθους αἴτιον ἂν συνοφθῇ,
πυρετοῦ μὲν ἔντασις ἢ παρέμπτωσις ἐρυσίβης δ´ ἥλιοι πυριφλεγεῖς ἐπ´ ὄμβρῳ
βαρύτητος δὲ κλίσις αὐλῶν (948c) καὶ συναγωγὴ πρὸς ἀλλήλους, ἱκανόν ἐστι
τῷ τεχνίτῃ πρὸς τὸ οἰκεῖον ἔργον. Τῷ δὲ φυσικῷ θεωρίας ἕνεκα μετιόντι
τἀληθὲς ἡ τῶν ἐσχάτων γνῶσις οὐ τέλος ἐστὶν ἀλλ´ ἀρχὴ τῆς ἐπὶ τὰ πρῶτα καὶ
ἀνωτάτω πορείας. Διὸ καὶ Πλάτων ὀρθῶς καὶ Δημόκριτος αἰτίαν θερμότητος καὶ
βαρύτητος ζητοῦντες οὐ κατέπαυσαν ἐν γῇ καὶ πυρὶ τὸν λόγον ἀλλ´ ἐπὶ τὰς
νοητὰς ἀναφέροντες ἀρχὰς τὰ αἰσθητὰ μέχρι τῶν ἐλαχίστων ὥσπερ σπερμάτων
προῆλθον.
Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὰ αἰσθητὰ ταυτὶ προανακινῆσαι βέλτιόν ἐστιν, ἐν οἷς
Ἐμπεδοκλῆς τε καὶ Στράτων καὶ οἱ Στωικοὶ τὰς οὐσίας τίθενται τῶν δυνάμεων,
οἱ μὲν Στωικοὶ (948d) τῷ ἀέρι τὸ πρώτως ψυχρὸν ἀποδιδόντες, Ἐμπεδοκλῆς δὲ
καὶ Στράτων τῷ ὕδατι· τὴν δὲ γῆν ἴσως ἂν ἕτερος φανείη ψυχρότητος αἰτίαν
ὑποτιθέμενος. Πρότερον δὲ τὰ ἐκείνων σκοπῶμεν. Ἐπεὶ τὸ πῦρ θερμὸν ἅμα καὶ
λαμπρόν ἐστι, δεῖ τὴν ἀντικειμένην τῷ πυρὶ φύσιν ψυχράν τ´ εἶναι καὶ
σκοτεινήν· ἀντίκειται γὰρ ὡς τῷ λαμπρῷ τὸ ζοφερὸν οὕτω τῷ θερμῷ τὸ ψυχρόν·
ἔστι γὰρ ὡς ὄψεως τὸ σκοτεινὸν οὕτω τὸ ψυχρὸν ἁφῆς συγχυτικόν, ἡ δὲ
θερμότης διαχεῖ τὴν αἴσθησιν τοῦ ἁπτομένου καθάπερ (948e) ἡ λαμπρότης τοῦ
ὁρῶντος. Τὸ ἄρα πρώτως σκοτεινὸν ἐν τῇ φύσει πρώτως καὶ ψυχρόν ἐστιν. Ὅτι
δ´ ἀὴρ τὸ πρώτως σκοτεινόν ἐστιν, οὐδὲ τοὺς ποιητὰς λέληθεν· ἀέρα γὰρ τὸ
σκότος καλοῦσιν·
« Ἀὴρ γὰρ παρὰ νηυσὶ βαθεῖ´ ἦν οὐδὲ σελήνη
οὐρανόθεν προύφαινε· »
καὶ πάλιν
« Ἠέρα ἑσσάμενοι πᾶσαν φοιτῶσιν ἐπ´ αἶαν »
καὶ πάλιν
« Αὐτίκα δ´ ἠέρα μὲν σκέδασεν καὶ ἀπῶσεν ὀμίχλην,
ἠέλιος δ´ ἐπέλαμψε· μάχη δ´ ἐπὶ πᾶσα φαάνθη. »
Καὶ γὰρ « κνέφας » τὸν ἀφώτιστον ἀέρα καλοῦσι, κενὸν ὡς ἔοικε φάους ὄντα·
καὶ « νέφος » ὁ συμπεσὼν καὶ πυκνωθεὶς ἀὴρ ἀποφάσει φωτὸς κέκληται· †
καλεῖται δὲ καὶ ἀχλὺς καὶ ὁμίχλη καὶ ὅσα τοῦ φωτὸς οὐ παρέχει τῇ αἰσθήσει
δίοψιν ἀέρος εἰσὶ διαφοραί· καὶ τὸ ἀειδὲς αὐτοῦ (948f) καὶ ἄχρωστον Ἅιδης
καὶ Ἀχέρων ἐπίκλησιν ἔσχεν. Ὥσπερ οὖν αὐγῆς ἐπιλιπούσης σκοτεινὸς ἀήρ,
οὕτω θερμοῦ μεταστάντος τὸ ἀπολειπόμενον ἀὴρ ψυχρὸς ἄλλο δ´ οὐδέν ἐστι·
διὸ καὶ « Τάρταρος » οὗτος, ὑπὸ ψυχρότητος, κέκληται (δηλοῖ δὲ καὶ Ἡσίοδος
εἰπὼν « Τάρταρά τ´ ἠερόεντα ») καὶ τὸ ῥιγοῦντα πάλλεσθαι καὶ τρέμειν «
ταρταρίζειν ». Ταῦτα μὲν οὖν τοιοῦτον ἔχει λόγον.
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Traduction française :
[948] (948a) En effet, son haleine se refroidit quand il la serre et
la presse entre ses lèvres, et s'il la pousse au dehors la bouche bien
ouverte, elle s'échauffe par sa raréfaction. Mais Aristote prétend
qu'Anaximène s'est trompé; que lorsque nous respirons en ouvrant la bouche
nous faisons sortir l'air chaud qui est dans notre corps, et que lorsque
nous soufflons les lèvres serrées, nous ne poussons pas au dehors l'air
intérieur, mais celui qui est devant notre bouche, et qui va le premier
frapper les corps extérieurs.
Puis donc qu'on ne peut se dispenser d'admettre que le froid est, comme le
chaud, une substance séparée et distincte, revenons à notre sujet, et
recherchons quelle est la substance, le principe et la nature du froid.
Ceux qui disent que le frissonnement, (948b) l'horreur, le tremblement et
toutes les affections semblables sont occasionnées par les aspérités des
figures triangulaires à côtés inégaux qui sont dans nos corps, quoiqu'ils
se trompent sur certains points particuliers, remontent cependant au
véritable principe. Car il faut commencer cette recherche par la nature de
l'univers, comme en tout on commence par la déesse Vesta. C'est cette
manière de procéder qui distingue principalement le philosophe du médecin,
du laboureur et du joueur de flûte. Ceux-ci se contentent de considérer
les dernières causes des effets. Pourvu que le médecin sache quelle est la
cause la plus prochaine de la maladie, par exemple que la fièvre est
produite par la présence d'une humeur étrangère ; le laboureur, que les
rayons ardents du soleil qui dardent sur les blés après la pluie y causent
la nielle; le musicien, que son instrument sera trop bas si les trous sont
inclinés (948c) et trop rapprochés les uns des autres, cela suffit à
chacun d'eux pour le but qu'il se propose. Pour le philosophe, dont
l'objet est de découvrir la vérité, la connaissance des dernières causes,
loin d'être la fin de ses recherches, n'est que le premier pas pour
s'élever aux causes premières. Aussi Platon et Démocrite, en recherchant
les causes de la chaleur et de la gravité, ont-ils eu raison de ne pas
borner leur examen à la terre et au feu. Ils ont rapproché les objets
sensibles des principes purement intelligibles, et sont remontés
jusqu'aux plus petits éléments, comme aux semences de toutes choses. Mais
il vaut mieux considérer d'abord les objets sensibles, dans lesquels
Empédocle, Straton et les stoïciens mettent les substances de toutes les facultés.
Les stoïciens (948d) attribuent à l'air la cause du froid : Empédocle et
Straton veulent que ce soit l'eau ; un autre peut-être lui donnera la
terre pour substance. Mais examinons d'abord les deux premières opinions.
Puisque la nature du feu est d'être à la fois chaud et lumineux, il faut
que la substance qui lui est contraire soit froide et ténébreuse ; car le
froid est opposé à la chaleur, comme les ténèbres à la lumière ;
l'obscurité arrête la vue, comme la froideur engourdit le tact. La
chaleur, au contraire, dilate l'organe qu'elle affecte, comme la clarté
épanouit la vue. Il suit de là que le corps qui est le principe des
ténèbres (948e) est aussi la cause du froid. Or, l'air est la première
substance ténébreuse ; et les poètes eux-mêmes ne l'ont pas ignoré,
puisqu'ils donnent à l'air le nom de ténèbres:
"L'air couvrait les vaisseaux de son obscurité;
La lune au haut îles cieux nous cachait sa clarté";
et ailleurs,
"Il dissipa des airs les brouillards ténébreux,
Et Phébus éclaira ie combat de ses feux".
Le nom qu'ils donnent à l'obscurité de l'air signifie qu'il est dénué de
toute lumière. Le terme par lequel ils expriment une nuée, qui n'est qu'un
air épais et condensé, veut dire aussi privation de lumière. Les autres
noms sous lesquels on le désigne, tels que ceux de brouillard, de vapeur
épaisse, et en général de tout ce qui s'oppose à la sensation de la
lumière, expriment autant de différences de l'air. (948f) Les noms d'Adès
et d'Achéron marquent qu'il est invisible et sans couleur. Ainsi, comme
l'air devient ténébreux quand la lumière lui est ôtée, de même, lorsqu'il est
privé de chaleur, ce qui reste n'est autre chose que l'air froid; et c'est sa
froideur qui lui fait donner le surnom de Tartare, comme on le voit dans
Hésiode. On dit d'un homme gelé et transi de froid, qu'il est comme dans
le Tartare. Voilà ce qu'on peut dire sur cet objet.
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