HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la cause du froid

Εἰ



Texte grec :

[946] (946a) αἵ τε τῶν θερμῶνκαταψύξεις οὐδεμιᾶς παρουσίᾳ γίνονται δυνάμεως, ἀλλ´ ἐκστάσει θερμότητος· ἅμα γὰρ ἀπιοῦσα πολλὴ φαίνεται καὶ ψύχεται τὸ ὑπολειπόμενον· ὁ γὰρ ἀτμός, ὃν τὰ ζέοντα τῶν ὑδάτων μεθίησιν, ἀπιόντι τῷ θερμῷ συνεκπίπτει· διὸ καὶ μειοῖ τὸ πλῆθος ἡ περίψυξις, ἐκκρίνουσα τὸ θερμὸν ἑτέρου μηδενὸς ἐπεισιόντος. Ἢ πρῶτον μὲν ἄν τις ὑπίδοιτο τοῦ λόγου τούτου τὸ πολλὰς τῶν ἐμφανῶν ἀναιρεῖν δυνάμεων, ὡς οὐ ποιότητας οὐδ´ ἕξεις ἕξεων δὲ καὶ ποιοτήτων στερήσεις, βαρύτητα μὲν κουφότητος καὶ σκληρότητα μαλακότητος τὸ (946b) μέλαν δὲ τοῦ λευκοῦ καὶ τὸ πικρὸν τοῦ γλυκέος, καὶ ὧν ἕκαστον ἑκάστῳ πέφυκεν ἀντικεῖσθαι κατὰ δύναμιν, οὐχ ὡς ἕξει στέρησις; Ἔπειθ´ ὅτι πᾶσα στέρησις ἀργόν ἐστι καὶ ἄπρακτον, ὡς τυφλότης καὶ κωφότης καὶ σιωπὴ καὶ θάνατος (ἐκστάσεις γάρ εἰσιν εἰδῶν καὶ ἀναιρέσεις οὐσιῶν, οὐ φύσεις τινὲς οὐδ´ οὐσίαι καθ´ ἑαυτάς), ἡ δὲ ψυχρότης οὐκ ἐλάττονα τῆς θερμότητος ἐγγινομένη τοῖς σώμασι πάθη καὶ μεταβολὰς ἐνεργάζεσθαι πέφυκε; Καὶ γὰρ πήγνυται πολλὰ τῷ ψυχρῷ καὶ συγκρίνεται καὶ πυκνοῦται· καὶ τὸ στάσιμον αὐτῷ καὶ δυσκίνητον οὐκ ἀργόν (946c) ἐστιν, ἀλλ´ ἐμβριθὲς καὶ βέβαιον, ὑπὸ ῥώμης συνερειστικὸν καὶ συνεκτικὸν ἐχούσης τόνον. Ὅθεν ἡ μὲν στέρησις ἔκλειψις γίνεται καὶ ὑποχώρησις τῆς ἀντικειμένης δυνάμεως, ψύχεται δὲ πολλὰ πολλῆς αὐτοῖς θερμότητος ἐνυπαρχούσης· ἔνια δὲ καὶ μᾶλλον ἡ ψυχρότης, ἂν λάβῃ θερμότερα, πήγνυσι καὶ συνάγει, καθάπερ τὸν βαπτόμενον σίδηρον. Οἱ δὲ Στωικοὶ καὶ τὸ πνεῦμα λέγουσιν ἐν τοῖς σώμασι τῶν βρεφῶν τῇ περιψύξει στομοῦσθαι καὶ μεταβάλλον ἐκ φύσεως γίνεσθαι ψυχήν· ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἀμφισβητήσιμον, ἑτέρων δὲ πολλῶν τὴν ψυχρότητα φαινομένην δημιουργὸν οὐκ ἄξιον ἡγεῖσθαι στέρησιν. Ἔτι στέρησις μὲν οὐδεμία δέχεται τὸ μᾶλλον καὶ (946d) τὸ ἧττον, οὐδ´ ἂν εἴποι τις ἕτερον ἑτέρου μᾶλλον πεπηρῶσθαι τῶν μὴ βλεπόντων ἢ σιωπᾶν τῶν μὴ φθεγγομένων ἢ τεθνάναι τῶν μὴ ζώντων· ἐν δὲ τοῖς ψυχροῖς πολὺ τὸ μᾶλλον καὶ τὸ ἧττον ἔνεστι καὶ τὸ λίαν καὶ τὸ μὴ λίαν καὶ ὅλως ἐπιτάσεις καὶ ἀνέσεις, ὥσπερ ἐν τοῖς θερμοῖς, διὰ τὸ τὴν ὕλην πῆ μὲν σφόδρα πῆ δ´ ἠρέμα πάσχουσαν ὑπὸ τῶν ἐναντίων δυνάμεων ἕτερα μᾶλλον ἑτέρων καὶ θερμότερα καὶ ψυχρότερα παρέχειν ἐξ ἑαυτῆς. Καὶ γὰρ ἕξεως μὲν οὐκ ἔστι μῖξις πρὸς στέρησιν οὐδ´ ἀναδέχεται δύναμις οὐδεμία τὴν ἀντικειμένην αὐτῇ στέρησιν (946e) ἐπιοῦσαν οὐδὲ ποιεῖ κοινωνὸν ἀλλ´ ἀντεξανίσταται· θερμὰ δ´ ἔστιν ἄχρις οὗ κεραννύμενα ψυχροῖς ὑπομένει, καθάπερ μέλανα λευκοῖς καὶ βαρέσιν ὀξέα καὶ γλυκέσιν αὐστηρά, παρέχοντα τῇ κοινωνίᾳ ταύτῃ καὶ ἁρμονίᾳ χρωμάτων τε καὶ φθόγγων καὶ φαρμάκων καὶ ὄψων προσφιλεῖς πολλὰς καὶ φιλανθρώπους γενέσεις. Ἡ μὲν γὰρ κατὰ στέρησιν καὶ ἕξιν ἀντίθεσις πολεμικὴ καὶ ἀσύμβατός ἐστιν, οὐσίαν θατέρου τὴν θατέρου φθορὰν ἔχοντος· τῇ δὲ κατὰ τὰς ἐναντίας δυνάμεις καιροῦ τυχούσῃ πολλὰ μὲν (946f) αἱ τέχναι χρῶνται, πλεῖστα δ´ ἡ φύσις ἔν τε ταῖς ἄλλαις γενέσεσι καὶ ταῖς περὶ τὸν ἀέρα τροπαῖς, καὶ ὅσα διακοσμῶν καὶ βραβεύων ὁ θεὸς ἁρμονικὸς καλεῖται καὶ μουσικός, οὐ βαρύτητας συναρμόττων καὶ ὀξύτητας οὐδὲ λευκὰ καὶ μέλανα συμφώνως ὁμιλοῦντα παρέχων ἀλλήλοις, ἀλλὰ τὴν τῆς θερμότητος καὶ ψυχρότητος ἐν κόσμῳ κοινωνίαν καὶ διαφοράν, ὅπως συνοίσονταί τε μετρίως καὶ διοίσονται πάλιν, ἐπιτροπεύων καὶ τὸ ἄγαν ἑκατέρας ἀφαιρῶν εἰς τὸ δέον ἀμφοτέρας καθίστησι.

Traduction française :

[946] (946a) et le refroidissement des corps chauds ne se fait point par la présence d'une faculté active, mais par l'évaporation de la chaleur dès qu'elle en est sortie avec abondance, ce qui reste est refroidi ; et la vapeur qui s'élève de l'eau bouillante tombe dès que la chaleur est dissipée. Voilà pourquoi le refroidissement des corps diminue leur volume, parce qu'il en chasse la chaleur sans rien mettre à la place. Mais ne peut-on pas suspecter de faux cette opinion, premièrement parce qu'elle anéantit plusieurs facultés manifestement sensibles, qui dès lors ne sont plus des qualités et des habitudes réelles, mais de simples privations d'habitudes et de qualités? Ainsi, la pesanteur sera là privation de la légèreté, la dureté de la mollesse, le (946b) noir du blanc, l'amertume de la douceur, et ainsi des autres substances qui sont opposées les unes aux autres par leurs qualités, et non comme des privations le sont à des habitudes. En second lieu, toute privation est inaction et inertie, comme la cécité, la surdité, le silence et la mort. En effet, les privations sont des anéantissements de formes et des destructions de substances, et non des natures réelles et des substances à part. Mais le froid ne produit pas dans les corps, par sa présence, de moindres affections et de moindres changements que le chaud; il les gèle, il les resserre et les condense. Son repos et son immobilité ne sont pas (946c) de l'inaction, c'est une pesanteur et une fermeté, accompagnées d'une force suffisante pour saisir les corps et pour les enchaîner. La privation est le défaut et l'absence de la qualité contraire ; or, plusieurs substances se refroidissent quoiqu'elles contiennent encore beaucoup de chaleur. Il en est quelques unes que le froid serre et condense d'autant plus qu'elles sont brûlantes quand il les saisit, comme le fer rouge qu'on trempe dans l'eau. Les stoïciens disent que les esprits contenus dans les corps des enfants qui viennent de naître, acérés par le froid de l'air ambiant, changent de nature et deviennent âme. Cette opinion peut être contestée ; mais il n'est pas raisonnable de croire que le froid, qui opère plusieurs autres effets sensibles, ne soit qu'une privation. D'ailleurs, aucune privation n'admet le plus (946d) ou le moins ; de deux hommes qui ne peuvent ni voir ni parler, on ne dit pas que l'un soit plus aveugle ou plus muet que l'autre, ni que de deux personnes privées de vie, l'une soit plus morte que l'autre. Mais entre les corps froids, les uns le sont beaucoup plus, les autres beaucoup moins: ceux-ci ont une froideur excessive, elle est modérée dans ceux-là ; en un mot le froid a, comme le chaud, ses degrés d'intensité et de relâchement. Suivant que la matière est affectée avec plus ou moins de force par des qualités contraires, elle produit des substances plus chaudes ou plus froides les unes que les autres ; car l'habitude ne peut s'unir avec la privation, et nulle substance n'admet une privation (946e) qui lui soit contraire, ou ne s'associe avec elle dans un même sujet : elle se retire à sa présence. Mais le froid reste mêlé avec le chaud jusqu'à un certain degré, comme le noir se combine avec le blanc, le grave avec l'aigu, le doux avec l'amer ; et cette association, cette harmonie de couleurs, de sons et de saveurs, produisent des compositions très agréables aux sens. Une habitude et une privation contraires sont essentiellement ennemies et ne souffrent aucune conciliation ; l'une est la destruction de l'autre. Mais l'opposition qui se trouve entre deux facultés contraires, lorsqu'on sait les combiner, est d'usage dans bien des arts, (946f) et la nature s'en sert encore plus souvent dans une multitude de ses productions, surtout dans les changements que l'air éprouve, et dans un grand nombre d'autres effets dont l'arrangement et la disposition font donner à Dieu le surnom d'harmonique, non parce qu'il fait accorder les sons graves avec les sons aigus, ou que, par une dégradation de nuances bien ménagée, il sait fondre ensemble le blanc et le noir; mais parce qu'il met dans l'univers une juste proportion entre l'harmonie et la discorde du froid et du chaud ; que par une compensation modérée il les unit, il les sépare, et, retranchant l'excès de l'un et de l'autre, il les réduit tous deux à une juste température.





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Dernière mise à jour : 24/01/2008