HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la cause du froid

γέμοντα



Texte grec :

[949] Ἐπεὶ δ´ ἡ φθορὰ μεταβολή τίς ἐστι τῶν φθειρομένων εἰς τοὐναντίον ἑκάστῳ, (949a) σκοπῶμεν εἰ καλῶς εἴρηται τὸ « πυρὸς θάνατος ἀέρος γένεσις ». Θνήσκει καὶ πῦρ ὥσπερ ζῷον ἢ βίᾳ σβεννύμενον ἢ δι´ αὑτοῦ μαραινόμενον. Ἡ μὲν οὖν σβέσις ἐμφανεστέραν ποιεῖ τὴν εἰς ἀέρα μεταβολὴν αὐτοῦ· καὶ γὰρ ὁ καπνὸς ἀέρος ἐστὶν εἶδος καὶ ἡ κατὰ Πίνδαρον « Ἀέρα κνισᾶντι λακτίζοισα καπνῷ » λιγνὺς καὶ ἀναθυμίασις. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ φθινούσης ἀτροφίᾳ φλογὸς ἰδεῖν ἔστιν, ὥσπερ ἐπὶ τῶν λύχνων, τὸ ἄκρον εἰς ἀέρα (καὶ) γνοφώδη καὶ ζοφερὸν ἀποχεόμενον. Ἱκανῶς δὲ καὶ ὁ τῶν μετὰ λουτρὸν ἢ πυρίαν περιχεαμένων ψυχρὸν ἀνιὼν ἀτμὸς ἐνδείκνυται τὴν εἰς (949b) ἀέρα τοῦ θερμοῦ φθειρομένου μεταβολήν, ὡς φύσει πρὸς τὸ πῦρ ἀντικείμενον. ᾯ τὸ πρώτως τὸν ἀέρα σκοτεινὸν εἶναι καὶ ψυχρὸν ἠκολούθει. Καὶ μὴν ἁπάντων γε τῶν γινομένων ὑπὸ ψυχρότητος ἐν τοῖς σώμασι σφοδρότατον καὶ βιαιότατον ἡ πῆξις οὖσα πάθος μέν ἐστιν ὕδατος ἔργον δ´ ἀέρος· αὐτὸ μὲν γὰρ καθ´ ἑαυτὸ τὸ ὕδωρ εὐδιάχυτον καὶ ἀπαγὲς καὶ ἀσύστατόν ἐστιν, ἐντείνεται δὲ καὶ συνάγεται τῷ ἀέρι σφιγγόμενον ὑπὸ ψυχρότητος. Διὸ καὶ λέλεκται « Εἰ δὲ νότος βορέην προκαλέσσεται, αὐτίκα νίψει »· τοῦ γὰρ νότου καθάπερ ὕλην τὴν ὑγρότητα παρασκευάσαντος, ὁ βόρειος ἀὴρ ὑπολαβὼν ἔπηξε. Καὶ δῆλόν ἐστι (949c) μάλιστα περὶ τὰς χιόνας· ἀέρα γὰρ μεθεῖσαι καὶ προαναπνεύσασαι λεπτὸν καὶ ψυχρὸν οὕτω ῥέουσιν. Ἀριστοτέλης δὲ καὶ τὰς ἀκόνας τοῦ μολίβδου τήκεσθαί φησι καὶ ῥεῖν ὑπὸ κρύους καὶ χειμῶνος, ὕδατος μόνου πλησιάζοντος αὐταῖς· ὁ δ´ ἀήρ, ὡς ἔοικε, συνελαύνων τὰ σώματα τῇ ψυχρότητι καταθραύει καὶ ῥήγνυσιν. Ἔτι τοίνυν τὰ μὲν ἀποσπασθέντα τῆς πηγῆς ὕδατα μᾶλλον πήγνυται· μᾶλλον γὰρ ὁ ἀὴρ ἐπικρατεῖ τοῦ ἐλάττονος. Ἂν δέ τις ψυχρὸν ἐκ φρέατος ὕδωρ λαβὼν ἐν ἀγγείῳ καὶ καθεὶς αὖθις εἰς τὸ φρέαρ ὥστε μὴ ψαύειν τοῦ ὕδατος τὸ ἀγγεῖον ἀλλ´ ἐν τῷ ἀέρι κρέμασθαι, περιμείνῃ χρόνον (949d) οὐ πολύν, ἔσται ψυχρότερον τὸ ὕδωρ· ᾧ μάλιστα δηλοῦται τὸ μὴ τοῦ ὕδατος εἶναι τὴν πρώτην αἰτίαν τῆς ψυχρότητος ἀλλὰ τοῦ ἀέρος. Τῶν γε μὴν μεγάλων ποταμῶν οὐδεὶς πήγνυται διὰ βάθους· οὐ γὰρ καθίησιν εἰς ὅλον ὁ ἀήρ, ἀλλ´ ὅσα τῇ ψυχρότητι περιλαμβάνει ψαύων καὶ πλησιάζων, ταῦθ´ ἵστησιν. Ὅθεν οἱ βάρβαροι διαβαίνουσι πεζῇ, προβαλόντες ἀλώπεκας· ἂν γὰρ μὴ πολὺς ἀλλ´ ἐπιπόλαιος ὁ πάγος ᾖ, αἰσθανόμεναι τῷ ψόφῳ τοῦ ὑπορρέοντος ὕδατος ἀναστρέφουσιν. Ἔνιοι δὲ καὶ θηρεύουσιν ἰχθῦς ὕδατι θερμῷ τοῦ πάγου παραλύοντες καὶ χαλῶντες τό γε τὴν ὁρμιὰν δεξόμενον. Οὕτως οὐδὲν ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ τὸ ἐν βάθει (949e) πέπονθε. Καίτοι τῶν ἄνω τοσαύτη γίνεται μεταβολὴ διὰ τὴν πῆξιν, ὥστε συντρίβειν τὰ πλοῖα τὸ ὕδωρ ἀποβιαζόμενον εἰς ἑαυτὸ καὶ συνθλιβόμενον, ὡς ἱστοροῦσιν οἱ νῦν μετὰ τοῦ Καίσαρος ἐπὶ τοῦ Ἴστρου διαχειμάσαντες. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὸ περὶ ἡμᾶς συμβαῖνον ἱκανὴν μαρτυρίαν δίδωσι· μετὰ γὰρ τὰ λουτρὰ καὶ τὰς ἐξιδρώσεις περιψυχόμεθα μᾶλλον, τοῖς σώμασιν ἀνειμένοις καὶ διακεχυμένοις πολλὴν ψυχρότητα μετὰ τοῦ ἀέρος καταδεχόμενοι. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ τὸ ὕδωρ πάσχει· ψύχεται γάρ, ἂν προθερμανθῇ, μᾶλλον, εὐπαθέστερον τῷ ἀέρι γενόμενον· ὁπότε τὰ ζέοντα τῶν ὑδάτων ἀναρύτοντες καὶ (949f) μετεωρίζοντες οὐδὲν ἄλλο δήπου ποιοῦσιν ἢ πρὸς ἀέρα πολὺν ἀνακεραννύουσιν. Ὁ μὲν οὖν τῷ ἀέρι τὴν πρώτην ἀποδιδοὺς τῆς ψυχρότητος δύναμιν, ὦ Φαβωρῖνε, λόγος ἐν τοιαύταις ἐστὶ πιθανότησιν. Ὁ δὲ τῷ ὕδατι λαμβάνει μὲν καὶ αὐτὸς ἀρχὰς ὁμοίως, οὕτω πως τοῦ Ἐμπεδοκλέους λέγοντος « Ἠέλιον μὲν λαμπρὸν ὅρα καὶ θερμὸν ἁπάντῃ, ὄμβρον δ´ ἐν πᾶσι δνοφόεντά τε ῥιγαλέον τε »· τῷ γὰρ θερμῷ τὸ ψυχρὸν ὡς τῷ λαμπρῷ τὸ μέλαν ἀντιτάξας συλλογίσασθαι δέδωκεν, ὅτι τῆς αὐτῆς οὐσίας ἐστὶ τὸ μέλαν καὶ τὸ ψυχρόν,

Traduction française :

[949] Mais puisque la corruption d'une substance est son changement dans la substance qui lui est contraire, (949a) examinons s'il est vrai que le feu, lorsqu'il meurt, donne naissance à l'air. Car le feu meurt aussi bien que l'animal, soit qu'on le détruise par violence, soit qu'il s'éteigne de lui-même. Quand il s'éteint, on voit sensiblement qu'il se change en air ; car la fumée est une espèce d'air, ou, selon Pindare, une exhalaison, Une vapeur de l'air contraire à la fumée. On voit, d'ailleurs, quand la flamme tombe faute d'aliment, comme dans les lampes, que son extrémité se dissipe en un air obscur et ténébreux. On en a une autre preuve dans la vapeur qui s'élève du corps quand après avoir pris un bain chaud, ou après s'être étuvé, on se fait arroser d'eau froide ; la chaleur qui se dissipe est changée (949b) en air, parce que c'est la substance qui par sa nature est contraire au feu ; d'où il résulte que l'air est le principe des ténèbres et du froid. La plus forte impression que le froid fasse éprouver aux corps, c'est la congélation, qui n'est autre chose que l'action de l'air sur l'eau. Car l'eau est de sa nature très expansible, très mobile et très fluide ; mais quand le froid la saisit, elle se serre et se condense. De là ce proverbe si connu : "Quand le froid aquilon remplace les autans, La neige fait sentir ses aiguillons piquants". Le vent du midi prépare la matière de la neige, en amenant l'humidité, que l'air du nord saisit et congèle. Les neiges (949c) en sont une preuve sensible ; dès qu'il en est sorti un air froid et léger, elles commencent à fondre. Aristote dit que la violence du froid fait fondre le plomb, pour peu qu'on verse de l'eau dessus. L'air qui par sa froideur condense et comprime les corps, les fait éclater et rompre. L'eau tirée d'une fontaine se gèle plus vite que dans la source même, parce que l'air a une action plus forte sur un moindre volume. Si on met de l'eau froide d'un puits dans un vase, et qu'on descende le vase dans le puits de manière qu'il ne touche pas à l'eau, et qu'il soit suspendu dans l'air, en peu (949d) de temps l'eau du vase est beaucoup plus froide que celle du puits ; ce qui prouve évidemment que la première cause du froid n'est pas dans l'eau, mais dans l'air. Les grandes rivières ne gèlent jamais jusqu'au fond, parce que l'air n'en pénètre pas toute la profondeur, et qu'il ne resserre par sa froideur que les parties qu'il touche et qu'il environne. Voilà pourquoi certains peuples barbares, quand ils veulent traverser des rivières glacées, font marcher devant eux des renards. Si la glace n'est pas épaisse, et que l'eau ne soit prise qu'à la surface, ces animaux, avertis par le bruit de l'eau qui coule sous la glace, retournent sur leurs pas. Les pêcheurs font fondre la glace avec de l'eau chaude, et jettent la ligne, parce que alors les poissons mordent à l'hameçon. Ainsi le froid n'agit pas (949e) au fond de l'eau, quoique le dessus éprouve une telle impression de la gelée que l'eau, à force d'être comprimée en elle-même, brise les vaisseaux, comme l'attestent ceux qui viennent de passer l'hiver avec l'empereur auprès du Danube. Ce que nous éprouvons nous-mêmes en est une preuve suffisante. Après que nous nous sommes baignés dans l'eau chaude, et que nous avons beaucoup sué, nous sommes bien plus sensibles au froid, parce que nos pores, relâchés et ouverts par la chaleur, donnent plus d'entrée au froid et à l'air qui les pénètre. Il en est de même pour l'eau : elle refroidit davantage si elle a été chauffée, parce que l'air l'altère plus facilement. Ainsi ceux qui portent en dehors de l'eau bouillante et (949f) qui la font tomber de très haut, n'ont d'autre objet que de la mêler avec un grand volume d'air, afin de la rafraîchir plus vite. Telles sont, mon cher Favorinus, les probabilités sur lesquelles se fondent les philosophes qui attribuent à l'air la première cause du froid. Ceux qui la placent dans l'eau s'appuient à peu près sur les mêmes raisonnements, d'après ce que dit Empédocle : "Le soleil fait sentir sa chaleur lumineuse, La pluie est toujours froide et toujours ténébreuse". Ce philosophe, en opposant le froid à la chaleur comme les ténèbres à la lumière, leur donne lieu de conclure que la noirceur et le froid appartiennent à une même substance,





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Dernière mise à jour : 24/01/2008