Texte grec :
[951] (951a) οὐχ ὑπὸ τοῦ ἀέρος τίον ὡς ὑπολαμβάνει τὴν οὐσίαν
αὐτοῦ καὶ δέχεται μεταβάλλοντος. Εἰ γὰρ ἀεὶ τὸ εἰς ὃ μεταβάλλει τὸ
φθειρόμενον ἐναντίον ἐστί, τί μᾶλλον τῷ ἀέρι τὸ πῦρ ἢ τὸ ὕδωρ ἐναντίον
φανεῖται; Μεταβάλλει γὰρ εἰς ὕδωρ συνιστάμενος εἰς δὲ πῦρ διακρινόμενος·
ὥσπερ αὖ πάλιν τὸ ὕδωρ διακρίσει μὲν εἰς ἀέρα φθείρεται συγκρίσει δ´ εἰς
γῆν, ὡς μὲν ἐγὼ νομίζω δι´ οἰκειότητα τὴν πρὸς ἀμφότερα καὶ συγγένειαν,
οὐχ ὡς ἐναντίον ἑκατέρῳ καὶ πολέμιον. Ἐκεῖνοι δέ, ὁποτέρως ἂν εἴπωσι, τὸ
ἐπιχείρημα διαφθείρουσι. Πήγνυσθαί γε μὴν ὑπὸ τοῦ ἀέρος φάναι 〈τὸ〉 ὕδωρ
(951b) ἀλογώτατόν ἐστιν, αὐτὸν τὸν ἀέρα μηδαμοῦ πηγνύμενον ὁρῶντας. Νέφη
γὰρ καὶ ὁμίχλαι καὶ κνηκίδες οὐ πήξεις εἰσὶν ἀλλὰ συστάσεις καὶ παχύτητες
ἀέρος διεροῦ καὶ ἀτμώδους· ὁ δ´ ἄνικμος καὶ ξηρὸς οὐδ´ ἄχρι ταύτης τὴν
κατάψυξιν ἐνδέχεται τῆς μεταβολῆς. Ἔστι γὰρ ἃ τῶν ὀρῶν οὐ λαμβάνει νέφος
οὐδὲ δρόσον οὐδ´ ὁμίχλην, εἰς καθαρὸν ἀέρα καὶ ἄμοιρον ὑγρότητος
ἐξικνούμενα τοῖς ἄκροις· ᾧ μάλιστα δῆλόν ἐστιν ὡς τὰς κάτω πυκνώσεις καὶ
συστάσεις τῷ ἀέρι συμμεμιγμένον ὑγρὸν καὶ ψυχρὸν ἐνδίδωσι.
Τὰ δὲ κάτω τῶν μεγάλων ποταμῶν οὐ πήγνυται κατὰ λόγον. Τὰ γὰρ ἄνω παγέντα
τὴν ἀναθυμίασιν οὐ (951c) διίησιν, ἀλλ´ ἐγκαθειργνυμένη καὶ ἀποστρεφομένη
θερμότητα παρέχει τοῖς διὰ βάθους ὑγροῖς· ἀπόδειξις δὲ τούτου τὸ λυομένου
τοῦ πάγου πάλιν ἀτμὸν πολὺν ἐκ τῶν ὑγρῶν ἀναφέρεσθαι. Διὸ καὶ τὰ τῶν ζῴων
σώματα χειμῶνός ἐστι θερμότερα, τῷ συνέχειν τὸ θερμὸν ἐν ἑαυτοῖς ὑπὸ τῆς
ἔξωθεν ψυχρότητος εἴσω συνελαυνόμενον. Αἱ δ´ ἀναρύσεις καὶ μετεωρίσεις οὐ
μόνον τὸ θερμὸν ἐξαιροῦσι τῶν ὑδάτων ἀλλὰ καὶ τὸ ψυχρόν· ὅθεν ἥκιστα τὰς
χιόνας καὶ τὸ συνθλιβόμενον ὑγρὸν ἀπ´ αὐτῶν οἱ σφόδρα ψυχροῦ δεόμενοι
κινοῦσιν· ἐκστατικὸν γὰρ ἀμφοῖν ἡ κίνησις.
(951d) Ὅτι δ´ οὐκ ἀέρος ἐστὶν ἀλλ´ ὕδατος ἡ τοιαύτη δύναμις, οὕτως ἄν τις
ἐξ ὑπαρχῆς ἐπέλθοι. Πρῶτον μὲν οὐκ εἰκός
ἐστιν ἀέρα, τῷ αἰθέρι γειτνιῶντα καὶ ψαύοντα τῆς περιφορᾶς καὶ ψαυόμενον,
οὔσης πυρώδους, τὴν ἐναντίαν ἔχειν δύναμιν· οὔτε γὰρ ἄλλως δυνατὸν
ἁπτόμενα καὶ συνεχῆ τοῖς πέρασιν ὄντα δύο σώματα μὴ πάσχειν ὑπ´ ἀλλήλων,
εἰ δὲ πάσχει, μὴ ἀναπίμπλασθαι τῆς τοῦ κρείττονος δυνάμεως τὸ ἧττον· οὔτε
τὴν φύσιν ἔχει λόγον ἐφεξῆς τῷ φθείροντι τάξαι τὸ φθειρόμενον, ὥσπερ οὐ
κοινωνίας οὖσαν οὐδ´ ἁρμονίας ἀλλὰ πολέμου καὶ μάχης δημιουργόν. Χρῆται
μὲν γὰρ ἐναντίοις εἰς τὰ ὅλα πράγμασι· χρῆται δ´ οὐκ ἀκράτοις οὐδ´
ἀντιτύποις, ἀλλ´ ἐναλλάξ τινα θέσιν καὶ τάξιν οὐκ ἀναιρετικὴν ἀλλὰ
κοινωνικὴν δι´ ἑτέρων καὶ συνεργὸν ἐν μέσῳ παρεμπλεκομένην ἔχουσι· καὶ
ταύτην (951e) εἴληφεν ὁ ἀήρ, ὑποκεχυμένος τῷ πυρὶ πρὸ τοῦ ὕδατος καὶ
διαδιδοὺς ἐπ´ ἀμφότερα καὶ συνάγων, οὔτε θερμὸς ὢν αὐτὸς οὔτε ψυχρὸς ἀλλὰ
ψυχροῦ καὶ θερμοῦ μετακέρασμα καὶ κοινώνημα, μιγνυμένων ἐν αὐτῷ μῖξιν
ἀβλαβῆ καὶ μαλακῶς ἀνιεῖσαν καὶ δεχομένην τὰς ἐναντίας ἀκρότητας.
Ἔπειτα πανταχοῦ μέν ἐστιν ἀὴρ ἴσος, οὐ πανταχοῦ δὲ χειμὼν ὅμοιος οὐδὲ
ψῦχος, ἀλλὰ ταῦτα μὲν τὰ μέρη ψυχρὰ καὶ κάθυγρα, ταῦτα δὲ ξηρὰ καὶ θερμὰ
τῆς οἰκουμένης, οὐ κατὰ τύχην, ἀλλὰ τῷ μίαν οὐσίαν ψυχρότητος καὶ
ὑγρότητος εἶναι. Λιβύης μὲν γὰρ ἔνθερμος ἡ πολλὴ (951f) καὶ ἄνυδρος,
Σκυθίαν δὲ καὶ Θρᾴκην καὶ Πόντον οἱ πεπλανημένοι λίμνας τε μεγάλας ἔχειν
καὶ ποταμοῖς διαρρεῖσθαι βαθέσι καὶ πολλοῖς ἱστοροῦσιν· αὐτῶν τε τῶν ἐν
μέσῳ τόπων τὰ παράλιμνα καὶ ἑλώδη ψῦχος ἔχει μάλιστα διὰ τὰς ἀπὸ τῶν ὑγρῶν
ἀναθυμιάσεις·
Ποσειδώνιος δὲ τῆς ψυχρότητος αἰτίαν εἰπὼν τὸ πρόσφατον εἶναι τὸν ἕλειον
ἀέρα καὶ νοτερὸν οὐκ ἔλυσε τὸ πιθανόν, ἀλλὰ πιθανώτερον ἐποίησεν· οὐ γὰρ
ἂν ἐφαίνετο τοῦ ἀέρος ὁ πρόσφατος ἀεὶ ψυχρότερος, εἰ μὴ τὸ ψυχρὸν ἐν τοῖς
ὑγροῖς τὴν γένεσιν εἶχε.
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Traduction française :
[951] (951a) tandis que l'air au contraire, après l'extinction du feu,
en recueille la substance ? Si un corps qui périt se change
en la substance qui lui est contraire, le feu n'est pas plus
contraire à l'air que l'eau ; car l'air, quand il se condense, se change
en eau, et il devient feu, lorsqu'il se raréfie, de même que l'eau, par sa raréfaction,
est changée en air et en terre, par sa condensation : non, à ce que je
pense, qu'elle soit contraire et ennemie de ces deux éléments, mais plutôt
à cause de l'analogie et de l'affinité qu'elle a avec l'un et l'autre.
Pour ces philosophes, de quelque manière qu'ils l'entendent, leur
raisonnement n'a aucune force. Prétendre que c'est l'air qui fait geler
l'eau, (951b) c'est aller contre l'évidence, puisque nous voyons que l'air
lui-même ne gèle jamais. Les nuages, les brouillards et les frimas ne sont
point des congélations, mais des condensations, des épaississements d'un
air humide et chargé de vapeurs. L'air le plus sec et qui contient le
moins de vapeurs n'est jamais refroidi au point d'éprouver une telle
altération. Il y a des montagnes qui n'ont jamais ni nuages, ni
brouillards, ni rosée, parce que leurs sommets sont dans un air pur et
exempt de toute humidité. C'est une preuve évidente que la condensation
qu'éprouvent les couches inférieures de l'air est causée par le froid et
par l'humidité dont elles sont chargées.
Quant au fond des grandes rivières, il est naturel qu'il ne gèle point. Le
dessus étant glacé, il ne donne aucun (951c) passage aux exhalaisons, qui,
retenues et repoussées vers le fond, y conservent la chaleur. Une preuve
de cette assertion, c'est que lorsqu'on rompt la glace, il sort de l'eau
une grande quantité de vapeurs. Voilà pourquoi les corps des animaux sont
intérieurement plus chauds en hiver, parce que la chaleur repoussée par le
froid extérieur se conserve au dedans. L'eau qu'on porte au dehors et
qu'on verse de très haut perd non seulement sa chaleur quand elle a été
chauffée, mais encore sa fraîcheur quand elle est froide. Aussi ceux qui
veulent boire très frais ne remuent jamais la neige ni l'eau qui en a été
exprimée, parce que le mouvement lui ôte sa fraîcheur.
(951d) Que cette propriété (d'être le principe du froid) appartienne à l'eau
plutôt qu'à l'air, c'est ce qu'on peut prouver encore par
ce raisonnement. D'abord, il n'est pas vraisemblable que l'air, qui
avoisine la région de l'éther, et qui, touchant à sa surface ignée, en est
lui-même touché, ait une faculté contraire à celle de l'éther. Cela n'est
pas même possible, puisque ces deux substances se joignent par leurs
extrémités, et qu'il est d'ailleurs contre toute raison que la nature ait
placé la substance qui détruit immédiatement auprès de celle qui est
détruite. Elle a bien plus pour objet d'établir entre elles de l'harmonie
et de la concorde, que de les livrer à un état d'inimitié et de combat.
Elle n'a pas accoutumé de joindre ainsi sans aucun mélange les substances
diamétralement opposées : elle met entre elles un certain ordre
alternatif, qui, loin de tendre à leur destruction, est fait pour associer
les contraires, en les unissant par des substances moyennes. (951e) Telle
est la nature de l'air, qui, disséminé entre le feu et l'eau, et contigu à
l'un et à l'autre, n'est par lui-même ni froid ni chaud, mais est un
mélange et un tempérament de ces deux qualités, qui sert à unir sans
inconvénient et sans danger ces facultés contraires.
L'air est partout d'une même température ; mais l'hiver n'est pas
également froid partout. Il y a dans l'univers des contrées froides et
humides, il y en a de sèches et de chaudes, et cette différence n'est pas
l'effet du hasard; elle vient de ce qu'une même substance est susceptible
de froid et de chaud. (951f) La plus grande partie de l'Afrique est aride
et brûlante; ceux qui ont parcouru la Scythie, la Thrace et le Pont nous
disent que ces pays sont couverts de grands lacs et coupés par plusieurs
rivières profondes, et que les contrées du milieu qui avoisinent ces lacs
et ces étangs sont les plus froides à cause des exhalaisons qui s'élèvent des eaux.
Posidonius, qui donne pour cause de ce grand froid la fraîcheur et
l'humidité de l'air qui environne les marais, loin d'affaiblir la probabilité de
cette opinion, la rend encore plus vraisemblable. L'air le plus frais ne serait pas
toujours le plus froid si l'humidité n'était pas le principe du froid ;
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