Texte grec :
[950] (950a)
ὡς τῆς αὐτῆς τὸ λαμπρὸν καὶ τὸ θερμόν. Ὅτι δ´ οὐ τοῦ ἀέρος τὸ μέλαν ἀλλὰ τοῦ
ὕδατός ἐστιν, ἡ αἴσθησις ἐπιμαρτυρεῖ, τῷ μὲν ἀέρι μηδενὸς ὡς ἁπλῶς εἰπεῖν
μελαινομένου τῷ δ´ ὕδατι πάντων. Ἂν γὰρ τὸ λευκότατον ἐμβάλῃς ἔριον εἰς
ὕδωρ ἢ ἱμάτιον, ἀναφαίνεται μέλαν καὶ διαμένει, μέχρι ἂν ὑπὸ θερμότητος
ἐξικμασθῇ τὸ ὑγρὸν ἤ τισι στρέβλαις καὶ βάρεσιν ἐκπιεσθῇ· τῆς τε γῆς ὕδατι
ῥαινομένης, διαμελαίνουσιν οἱ καταλαμβανόμενοι ταῖς σταγόσι τόποι, τῶν
ἄλλων ὁμοίων μενόντων. Αὐτοῦ μὲν οὖν τοῦ ὕδατος σκοτεινότατον ὑπὸ πλήθους
φαίνεται τὸ βαθύτατον, οἷς δ´ ἀὴρ (950b) πλησιάζει, ταῦτα περιλάμπεται
καὶ διαγελᾷ. Τῶν δ´ ἄλλων ὑγρῶν διαφανὲς μάλιστα τοὔλαιόν ἐστι, πλείστῳ
χρώμενον ἀέρι· τούτου δὲ τεκμήριον ἡ κουφότης, δι´ ἣν ἐπιπολάζει πᾶσιν ὑπὸ
τοῦ ἀέρος ἄνω φερόμενον. Ποιεῖ δὲ καὶ τὴν γαλήνην ἐν τῇ θαλάττῃ τοῖς
κύμασιν ἐπιρραινόμενον, οὐ διὰ τὴν λειότητα τῶν ἀνέμων ἀπολισθαινόντων, ὡς
Ἀριστοτέλης ἔλεγεν, ἀλλὰ παντὶ μὲν ὑγρῷ τὸ κῦμα διαχεῖται πληττόμενον,
ἰδίως δὲ τοὔλαιον αὐγὴν καὶ καταφάνειαν ἐν βυθῷ παρέχει, διαστελλομένων τῷ
ἀέρι τῶν ὑγρῶν· οὐ γὰρ μόνον ἐπιπολῆς τοῖς διανυκτερεύουσιν ἀλλὰ καὶ κάτω
τοῖς σπογγοθήραις διαφυσώμενον ἐκ τοῦ (950c) στόματος ἐν τῇ θαλάττῃ
φέγγος ἐνδίδωσιν. Οὐ μᾶλλον οὖν τῷ ἀέρι τοῦ μέλανος ἢ τῷ ὕδατι μέτεστιν,
ἧττον δὲ τοῦ ψυχροῦ. Τὸ γοῦν ἔλαιον, ἀέρος πλείστου τῶν ὑγρῶν μετέχον,
ἥκιστα ψυχρόν ἐστι καὶ πήγνυται μαλακῶς· ὁ γὰρ ἀὴρ ἐγκεκραμένος οὐκ ἐᾷ
σκληρὰν γενέσθαι τὴν πῆξιν· βελόνας δὲ καὶ πόρπας σιδηρᾶς καὶ τὰ λεπτὰ τῶν
ἔργων οὐχ ὕδατι βάπτουσιν ἀλλ´ ἐλαίῳ, τὴν ἄγαν ψυχρότητα φοβούμενοι τοῦ
ὕδατος ὡς διαστρέφουσαν. Ἀπὸ τούτων γὰρ δικαιότερόν ἐστιν ἐξετάζεσθαι τὸν
λόγον, οὐκ ἀπὸ τῶν χρωμάτων· ἐπεὶ καὶ χιὼν καὶ χάλαζα καὶ κρύσταλλος ἅμα
λαμπρότατα γίνεται (950d) καὶ ψυχρότατα· καὶ πάλιν πίττα θερμότερόν ἐστι
μέλιτος καὶ σκοτωδέστερον.
Ὅμως δὲ θαυμάζω τῶν ἀξιούντων τὸν ἀέρα ψυχρὸν εἶναι διὰ τὸ καὶ σκοτεινόν,
εἰ μὴ συνορῶσιν ἑτέρους ἀξιοῦντας θερμὸν εἶναι διὰ τὸ καὶ κοῦφον. Οὐ γὰρ
οὕτω τῷ ψυχρῷ τὸ σκοτεινὸν ὡς τὸ βαρὺ καὶ στάσιμον οἰκεῖόν ἐστι καὶ
συγγενές· πολλὰ γὰρ ἄμοιρα θερμότητος ὄντα μετέχει λαμπηδόνος, ἐλαφρὸν δὲ
καὶ κοῦφον καὶ ἀνωφερὲς οὐδέν ἐστι τῶν ψυχρῶν. Ἀλλὰ καὶ τὰ νέφη, μέχρι μὲν
ἀέρος οὐσίᾳ μᾶλλον προσήκει, μετεωρίζεται· μεταβαλόντα δ´ εἰς ὑγρὸν εὐθὺς
ὀλισθαίνει καὶ τὸ κοῦφον οὐχ ἧττον ἢ τὸ θερμὸν ἀποβάλλει, ψυχρότητος
ἐγγιγνομένης· (950e) καὶ τοὐναντίον ὅταν θερμότης ἐπέλθῃ, πάλιν
ἀναστρέφει τὴν κίνησιν, ἅμα τῷ μεταβαλεῖν εἰς ἀέρα τῆς οὐσίας ἄνω
φερομένης. Καὶ μὴν οὐδὲ τὸ τῆς φθορᾶς ἀληθές ἐστιν· οὐ γὰρ εἰς τοὐναντίον
ἀλλ´ ὑπὸ τοῦ ἐναντίου φθείρεται τῶν ἀπολλυμένων ἕκαστον, ὥσπερ τὸ πῦρ ὑπὸ
τοῦ ὕδατος εἰς τὸν ἀέρα. Τὸ γὰρ ὕδωρ ὁ μὲν Αἰσχύλος εἰ καὶ τραγικῶς ἀλλ´
ἀληθῶς εἶπε
« Παύσυβριν δίκην πυρός· »
Ὅμηρος δὲ τῷ ποταμῷ τὸν Ἥφαιστον καὶ τῷ Ποσειδῶνι τὸν Ἀπόλλωνα κατὰ τὴν
μάχην φυσικῶς μᾶλλον ἢ μυθικῶς ἀντέταξεν. Ὁ δ´ Ἀρχίλοχος ἐπὶ τῆς τἀναντία
φρονούσης οὐ κακῶς εἶπε
« Τῇ μὲν ὕδωρ ἐφόρει
(950f) δολοφρονέουσα χειρί, θἠτέρῃ δὲ πῦρ. »
Ἐν δὲ Πέρσαις τῶν ἱκετευμάτων μέγιστον ἦν καὶ ἀπαραίτητον, εἰ πῦρ λαβὼν ὁ
ἱκετεύων καὶ ἐν ποταμῷ βεβηκὼς ἀπειλοίη μὴ τυχὼν τὸ πῦρ εἰς τὸ ὕδωρ
ἀφήσειν· ἐτύγχανε μὲν γὰρ ὧν ἐδεῖτο, τυχὼν δ´ ἐκολάζετο διὰ τὴν ἀπειλὴν ὡς
παράνομον καὶ κατὰ τῆς φύσεως γενομένην. Καὶ τοῦτο δὴ τὸ πρόχειρον ἅπασι «
πῦρ ὕδατι μιγνύναι » τὸ παροιμιαζόμενον ἐν τοῖς ἀδυνάτοις μαρτυρεῖν ἔοικεν
ὅτι τῷ πυρὶ τὸ ὕδωρ πολέμιόν ἐστι καὶ ὑπὸ τούτου φθείρεται καὶ κολάζεται
σβεννύμενον,
|
|
Traduction française :
[950] (950a) comme la lumière et la chaleur sont unies dans une autre.
Or, nos sens nous attestent que la noirceur est
le partage de l'eau et non pas de l'air, puisque l'air ne noircit rien, et
que l'eau rend noirs tous les corps qu'elle touche. Si vous plongez dans
l'eau de la laine ou du drap très blancs, vous les en retirerez tout
noircis, et ils resteront noirs jusqu'à ce que la chaleur les ait sèches,
ou qu'on en ait exprimé l'eau avec une presse ou quelque fardeau pesant.
Lorsqu'on arrose la terre, les endroits sur lesquels l'eau tombe
deviennent noirs, tandis que ceux qui ne sont pas mouillés conservent leur
couleur ordinaire. L'eau la plus profonde paraît la plus noire, parce
qu'elle est en plus grande quantité ; les parties plus voisines de l'air
(950b) sont éclairées, et offrent un aspect riant. Entre les autres
liquides, l'huile a le plus de transparence parce qu'elle contient plus
d'air, comme le prouve sa légèreté, qui fait qu'elle surnage sur toutes les
autres liqueurs.; et c'est l'air qui la soutient. Bien plus, si on en répand sur
les flots agités, elle y rétablit le calme, non comme le veut Aristote, parce que la
ténuité de ses parties fait que les vents glissent par-dessus, mais parce
que les vagues battues par quelque liquide que ce soit s'aplanissent
aussitôt. Une propriété particulière à l'huile, c'est qu'elle produit de
la clarté et de la transparence au fond de l'eau, parce que l'air qu'elle
contient divise les parties liquides. Non seulement elle éclaire à la
surface, mais encore, dans les endroits les plus profonds, les plongeurs
qui vont la nuit pêcher les éponges de mer, et qui souillent de l'huile
qu'ils tiennent (950c) dans leur bouche. L'air n'est donc pas plus noir
que l'eau, mais il est moins froid ; car l'huile, celui de tous les
liquides qui contient plus d'air, est le moins froid, et ne gèle que
mollement, parce que l'air qu'elle renferme empêche que sa surface ne se
durcisse. Les ouvriers trempent, non pas dans l'eau, mais dans l'huile,
les aiguilles, les agrafes, et les autres ouvrages en fer, parce qu'ils
craignent que le trop grand froid de l'eau ne les tortue. C'est par ces
sortes d'effets, plutôt que par les couleurs, qu'il faut décider la
question : car la neige, la grêle et la glace sont à la fois et très
brillantes (950d) et très froides ; au contraire, la poix est beaucoup
plus chaude et plus opaque que le miel.
Mais je m'étonne que ceux qui veulent que l'air soit froid parce qu'il est
ténébreux ne fassent pas attention que d'autres le croient chaud parce
qu'il est léger; car l'obscurité n'est pas aussi analogue et aussi propre
au froid que la pesanteur et la stabilité. Il est plusieurs substances qui
sont lumineuses quoiqu'elles n'aient pas de chaleur; mais il n'est pas de
corps froid qui soit léger et agile et qui s'élève naturellement. Les
nuages restent suspendus tant que leur substance tient de la nature de
l'air; lorsqu'ils sont convertis en eau, ils tombent en pluie,
et le froid les ayant pénétrés, ils ne perdent pas moins leur légèreté que
leur chaleur. (950e) Au contraire, quand la chaleur est unie à l'eau, ce
liquide prend un mouvement tout opposé, et changé en air, il acquiert de
nouveau la propriété de s'élever. La preuve qu'on tire de la corruption
n'est pas solide. Toute substance qui périt ne se change pas en une
substance opposée, mais elle est détruite par son contraire. Ainsi le feu
est éteint par l'eau, et se change en air. Aussi Eschyle, quoiqu'il parle
en poète tragique, dit-il avec vérité :
"Feu, châtiment de l'eau, réprime tes fureurs".
Quand Homère, dans l'es combats, oppose Vulcain au fleuve Scamandre, et
Apollon à Neptune, il suit moins la Fable qu'il ne parle en physicien.
Archiloque dit, avec beaucoup de justesse, d'une femme dont les pensées
n'étaient pas d'accord avec ses discours :
"Toujours prête à tromper, l'insidieuse femme
(950f) Tenait l'eau d'une main, et de l'autre la flamme".
En Perse, la prière la plus pressante, et qui n'essuyait jamais de refus,
c'était de prendre du feu et d'entrer dans une rivière en menaçant, si on
était refusé, de précipiter le feu dans l'eau. Celui qui avait employé
cette prière obtenait ce qu'il avait demandé, mais ensuite il était puni,
pour avoir usé d'une menace également contraire aux lois et à la nature.
Cette expression familière, dont on se sert envers ceux qui tentent des
choses impossibles : il veut mêler le feu et l'eau, ne prouve-t-elle pas
que l'eau est ennemie du feu, qu'elle le combat et le punit, pour ainsi
dire, en l'éteignant,
|
|