HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Que les bêtes ont l'usage de la raison

παρακρουσάμενος



Texte grec :

[10] (Ο) Νῦν μὲν οὖν, ὦ Γρύλλε, μεταβέβλησαι σὺ καὶ
τὸ πρόβατον λογικὸν ἀποφαίνεις καὶ τὸν ὄνον;
( Γ) Αὐτοῖς μὲν οὖν τούτοις, ὦ βέλτιστε Ὀδυσσεῦ, μάλιστα
δεῖ τεκμαίρεσθαι τὴν τῶν θηρίων φύσιν, ὡς λόγου
καὶ συνέσεως οὐκ ἔστιν ἄμοιρος. ὡς γὰρ οὐκ ἔστι δένδρον
ἕτερον ἑτέρου μᾶλλον οὐδ´ ἧττον ἄψυχον, ἀλλ´ ὁμοίως
ἔχει πάντα πρὸς ἀναισθησίαν (οὐδενὶ γὰρ αὐτῶν ψυχῆς
μέτεστιν), οὕτως οὐκ ἂν ἐδόκει ζῷον ἕτερον ἑτέρου τῷ
φρονεῖν ἀργότερον εἶναι καὶ δυσμαθέστερον, εἰ μὴ πάντα
λόγου καὶ συνέσεως, ἄλλα δὲ μᾶλλον καὶ ἧττον ἄλλων
πως μετεῖχεν. ἐννόησον δ´ ὅτι τὰς ἐνίων ἀβελτερίας καὶ
βλακείας ἐλέγχουσιν ἑτέρων πανουργίαι καὶ δριμύτητες,
ὅταν ἀλώπεκι καὶ λύκῳ καὶ μελίττῃ παραβάλῃς ὄνον καὶ
πρόβατον - - - ὥσπερ εἰ σαυτῷ τὸν Πολύφημον ἢ τῷ
πάππῳ σου τῷ Αὐτολύκῳ τὸν Κορίνθιον ἐκεῖνον Ὅμηρον.
οὐ γὰρ οἶμαι θηρίου πρὸς θηρίον ἀπόστασιν εἶναι τοσαύτην,
ὅσον ἄνθρωπος ἀνθρώπου τῷ φρονεῖν καὶ λογίζεσθαι
καὶ μνημονεύειν ἀφέστηκεν.
(Ο) Ἀλλ´ ὅρα, Γρύλλε, μὴ δεινὸν ᾖ καὶ βίαιον ἀπολιπεῖν
λόγον, οἷς οὐκ ἐγγίγνεται θεοῦ νόησις.
( Γ) Εἶτά σε μὴ φῶμεν, ὦ Ὀδυσσεῦ, σοφὸν οὕτως ὄντα
καὶ περιττὸν Σισύφου γεγονέναι;

Traduction française :

[10] ULYSSE. Ainsi donc maintenant, Gryllus, tu as
changé d'opinion , et tu déclares que la brebis, que l'âne
sont des êtres raisonnables !
GRYLLUS. Ce sont précisément ces derniers animaux,
mon très cher Ulysse, qui doivent nous faire conjecturer
que la nature des bêtes n'est rien moins qu'étrangère à la
raison et à la sagacité. Car de même qu'un arbre n'est ni
plus ni moins animé qu'un autre, mais que tous sont frappés
également d'insensibilité, attendu que nul d'entre eux
ne possède une âme ; de même on ne trouverait pas qu'un
animal eût l'intelligence plus paresseuse et plus indocile
qu'un autre, si tous les animaux n'étaient pas doués de raison
et de sagacité, et si les uns en avaient plus ou moins
que les autres. Et fais attention que la stupidité et la torpeur
de certains d'entre eux n'en fait que mieux éclater l'habileté
et la finesse de certains autres: comme quand avec le renard,
avec le loup, avec l'abeille, tu compareras l'âne et la
brebis; comme, encore, quand tu établiras un parallèle
entre toi et Polyphème, entre ton aïeul Autolycus et Homère
le Corinthien. Car je ne crois pas qu'il y ait autant
de distance entre une bête et une autre que la raison,
l'intelligence et la mémoire en mettent entre deux hommes.
ULYSSE. Fais-y attention, Gryllus : tu vas dire quelque
chose de bien étrange et de bien forcé, si tu laisses la raison
à des êtres qui n'ont aucune notion de Dieu.
GRYLLUS. Comment, après cela, nier, ô Ulysse, qu'avec
toute ta finesse et ton habileté, tu sois fils de Sisyphe?





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Dernière mise à jour : 16/06/2005