HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Que les bêtes ont l'usage de la raison

ψευδῶν



Texte grec :

[9] Εἶεν· ἀλλ´ ὄψοις χρῆσθε τούτοις ἐφηδύνοντες τὴν
τροφήν· τί οὖν ἐπ´ αὐτὰ ταῦτα ...φῶντας; ἀλλ´ ἡ τῶν
θηρίων φρόνησις τῶν μὲν ἀχρήστων καὶ ματαίων τεχνῶν
οὐδεμιᾷ χώραν δίδωσι, τὰς δ´ ἀναγκαίας οὐκ ἐπεισάκτους
παρ´ ἑτέρων οὐδὲ μισθοῦ διδακτὰς οὐδὲ κολλῶσα μελέτῃ
καὶ συμπηγνύουσα γλίσχρως τῶν θεωρημάτων ἕκαστον
πρὸς ἕκαστον ἀλλ´ αὐτόθεν ἐξ αὑτῆς οἷον ἰθαγενεῖς καὶ
συμφύτους ἀναδίδωσι. τοὺς μὲν γὰρ Αἰγυπτίους πάντας
ἰατροὺς ἀκούομεν εἶναι, τῶν δὲ ζῴων ἕκαστον οὐ μόνον
πρὸς ἴασιν αὐτότεχνόν ἐστιν ἀλλὰ καὶ πρὸς διατροφὴν
καὶ πρὸς ἀλκὴν θήραν τε καὶ φυλακὴν καὶ μουσικῆς ὅσον
ἑκάστῳ προσήκει κατὰ φύσιν. παρὰ τίνος γὰρ ἡμεῖς
ἐμάθομεν νοσοῦντες ἐπὶ τοὺς ποταμοὺς χάριν τῶν καρκίνων
βαδίζειν; τίς δὲ τὰς χελώνας ἐδίδαξε τῆς ἔχεως φαγούσας
τὴν ὀρίγανον ἐπεσθίειν; τίς δὲ τὰς Κρητικὰς
αἶγας, ὅταν περιπέσωσι τοῖς τοξεύμασι, τὸ δίκταμνον
διώκειν, οὗ βρωθέντος ἐκβάλλουσι τὰς ἀκίδας; ἂν γὰρ
εἴπῃς, ὅπερ ἀληθές ἐστι, τούτων διδάσκαλον εἶναι τὴν
φύσιν, εἰς τὴν κυριωτάτην καὶ σοφωτάτην ἀρχὴν ἀναφέρεις
τὴν τῶν θηρίων φρόνησιν· ἣν εἰ μὴ λόγον οἴεσθε δεῖν
μηδὲ φρόνησιν καλεῖν, ὥρα σκοπεῖν ὄνομα κάλλιον αὐτῇ
καὶ τιμιώτερον, ὥσπερ ἀμέλει καὶ δι´ ἔργων ἀμείνονα καὶ
θαυμασιωτέραν παρέχεται τὴν δύναμιν· | οὐκ ἀμαθὴς
οὐδ´ ἀπαίδευτος, αὐτομαθὴς δέ τις μᾶλλον οὖσα καὶ
ἀπροσδεής, οὐ δι´ ἀσθένειαν ἀλλὰ ῥώμῃ καὶ τελειότητι
τῆς κατὰ φύσιν ἀρετῆς χαίρειν ἐῶσα τὸν παρ´ ἑτέρων διὰ
μαθήσεως τοῦ φρονεῖν συνερανισμόν. ὅσα γοῦν ἄνθρωποι
τρυφῶντες ἢ παίζοντες εἰς τὸ μανθάνειν καὶ μελετᾶν
ἄγουσι, τούτων ἡ διάνοια καὶ παρὰ φύσιν τοῦ σώματος
{καὶ} περιουσίᾳ συνέσεως ἀναλαμβάνει τὰς μαθήσεις. ἐῶ
γὰρ ἰχνεύειν σκύλακας καὶ βαδίζειν ἐν ῥυθμῷ πώλους
μελετῶντας, ἀλλὰ κόρακας διαλέγεσθαι καὶ κύνας ἅλλεσθαι
διὰ τροχῶν περιφερομένων. ἵπποι δὲ καὶ βόες ἐν
θεάτροις κατακλίσεις καὶ χορείας καὶ στάσεις παραβόλους
καὶ κινήσεις οὐδ´ ἀνθρώποις πάνυ ῥᾳδίας ἀκριβοῦσιν
ἐκδιδασκόμενοι καὶ μνημονεύοντες † εὐμαθείας ἐπίδειξιν
ὡς ἄλλο οὐδὲν οὐδαμῶς χρήσιμον ἔχουσιν. εἰ δ´ ἀπιστεῖς
ὅτι τέχνας μανθάνομεν, ἄκουσον ὅτι καὶ διδάσκομεν. αἵ
τε γὰρ πέρδικες ἐν τῷ προφεύγειν τοὺς νεοττοὺς ἐθίζουσιν
ἀποκρύπτεσθαι καὶ προΐσχεσθαι βῶλον † ἀνθ´ ἑαυτῶν
τοῖς ποσὶν ὑπτίους ἀναπεσόντας· καὶ τοῖς πελαργιδεῦσιν
ὁρᾷς ἐπὶ τῶν τεγῶν ὡς οἱ τέλειοι παρόντες ἀναπειρωμένοις
ὑφηγοῦνται τὴν πτῆσιν. αἱ δ´ ἀηδόνες τοὺς νεοσσοὺς
προδιδάσκουσιν ᾄδειν· οἱ δὲ ληφθέντες ἔτι νήπιοι καὶ τραφέντες
ἐν χερσὶν ἀνθρώπων χεῖρον ᾄδουσιν, ὥσπερ πρὸ
ὥρας ἀπὸ διδασκάλου γεγονότες. *** καταδὺς εἰς τουτὶ
τὸ σῶμα θαυμάζω τοὺς λόγους ἐκείνους, οἷς ἀνεπειθόμην
ὑπὸ τῶν σοφιστῶν ἄλογα καὶ ἀνόητα πάντα πλὴν ἀνθρώπου
νομίζειν.

Traduction française :

[9] Je veux bien que ce soient là seulement des accessoires
pour relever la fadeur du manger. Mais pourquoi
mettre la barbarie au service de votre sensualité ?
L'intelligence des bêtes n'ouvre carrière à aucun des arts
qui sont inutiles et vains. Ceux qu'elles pratiquent sont le
produit de la nécessité, et non d'une importation étrangère
ou d'une science achetée à grands frais. Les animaux ne
s'étudient pas péniblement à ajuster et à coller, d'une façon
assez peu solide, des propositions les unes au bout des autres.
C'est en eux-mêmes et suivant les indications de leur nature,
qu'ils obéissent aux raisonnements les plus réguliers. Nous
entendons dire qu'en Égypte tout le monde est médecin.
Mais il n'y a pas un seul animal qui ne possède un fonds naturel
de science médicale, non seulement pour se guérir,
mais encore pour régler sa nourriture, pour mesurer l'emploi
de sa force, pour chasser, pour se garantir; enfin, chacun
d'eux a une teinture naturelle des arts libéraux dans
la proportion qui lui convient. De qui, nous autres pourceaux,
avons-nous appris à aller, quand nous sommes
malades, chercher des écrevisses à la rivière ? Qui a
enseigné aux tortues à prendre de l'origan quand elles ont
mangé de la vipère ? aux chèvres de Crète, blessées par
le chasseur, à courir après le dictame, qui aussitôt qu'elles
en ont goûté fait tomber le trait attaché à leur flanc?
Diras-tu, ce qui est vrai, que leur maître en cela est la
nature? Ce sera au principe le plus excellent et le plus
sage que tu feras alors remonter la prudence des bêtes.
Que si vous répugnez à leur appliquer ces mots de raison,
de prudence, c'est le cas d'en chercher un qui soit plus
beau et plus honorable, puisque par leurs actes les bêtes
révèlent un pouvoir réellement plus précieux et plus admirable.
Elles ne sont dépourvues ni d'instruction, ni d'éducation ;
elles tirent d'elles-mêmes toutes leurs lumières
et n'ont rien à demander à d'autres créatures. Ce n'est pas
faiblesse chez elles : c'est vigueur et perfection d'une nature
bien dotée. Elles envoient promener ces maîtres étrangers,
qui ne vendent leurs connaissances aux autres qu'à beaux
deniers comptants
Aussi toutes les sciences, toutes les études auxquelles
l'homme se livre pour son luxe ou son amusement, les
bêtes, grâce à leur intelligence, à leur merveilleuse sagacité,
et en dépit de leur conformation physique, les bêtes,
dis-je, s'en pénètrent le plus facilement du monde. Je ne
parle pas des petits quadrupèdes qui savent suivre à la
piste, des jeunes poulains qu'on dresse à marcher en cadence,
des chiens qui sautent à travers des cercles tournants.
On voit sur nos théâtres des chevaux et des boeufs
qui se couchent, qui dansent, qui s'arrêtent avec une
ponctualité surprenante. Ils exécutent, en faisant preuve
d'une merveilleuse exactitude, des mouvements assez peu
faciles pour l'homme, et l'on reconnaît en eux une docilité
singulière à apprendre et à retenir par coeur une
foule de choses qui ne sont pourtant d'aucune utilité. Voudrais-tu
mettre en doute que nous soyons de bons écoliers?
Apprends que nous sommes aussi des maîtres. Les perdrix,
quand elles prennent la fuite en avant de leurs petits, les
habituent à se cacher derrière une motte de terre qu'ils
dressent devant eux avec leurs pattes et à se renverser sur
le dos. Vois les jeunes cigognes, sur les toits: en présence
des personnages expérimentés de la bande et sous leur direction,
elles essayent à prendre leur vol. Les rossignols
donnent à leurs petits des leçons de chant ; et ceux qui,
ayant été pris de trop bonne heure, sont élevés entre les
mains des hommes, gazouillent beaucoup moins bien : on
dirait des élèves privés trop tôt de leur maître. C'est depuis
que je suis entré dans cette enveloppe-ci, que je m'étonne
des raisonnements par lesquels les sophistes m'avaient fait
croire que tous les animaux, l'homme excepté, sont dépourvus
de sens et de raison.





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Dernière mise à jour : 16/06/2005