Texte grec :
[20] Δεύτερον τοίνυν ἄσκημα πρὸς τὰς ἰδίας ἀποκρίσεις
ἐστίν, αἷς οὐχ ἥκιστα δεῖ προσέχειν τὸν ἀδόλεσχον. πρῶτον
μέν, ἵνα μὴ λάθῃ τοῖς ἐπὶ γέλωτι καὶ ὕβρει προκαλουμένοις
εἰς λόγους αὐτὸν ἀποκρινόμενος μετὰ σπουδῆς.
ἔνιοι γὰρ οὐδὲν δεόμενοι, διατριβῆς δὲ καὶ παιδιᾶς ἕνεκα
συνθέντες τινὰς ἐρωτήσεις προβάλλουσι τοῖς τοιούτοις καὶ
ἀνακινοῦσιν αὐτῶν τὸν λῆρον· ὃ δεῖ φυλάττεσθαι καὶ μὴ
ταχὺ τῷ λόγῳ μηδ´ ὥσπερ χάριν ἔχοντας ἐπιπηδᾶν, ἀλλὰ
καὶ τὸν τρόπον τοῦ πυνθανομένου σκοπεῖν καὶ τὴν χρείαν.
ὅταν δὲ φαίνηται τῷ ὄντι βουλόμενος μαθεῖν, ἐθιστέον
ἐφιστάναι καὶ ποιεῖν τι διάλειμμα μεταξὺ τῆς ἐρωτήσεως
καὶ τῆς ἀποκρίσεως, ἐν ᾧ προσθεῖναι μὲν ὁ ἐρωτῶν, εἴ τι
βούλεται, δύναται, σκέψασθαι δ´ αὐτὸς περὶ ὧν ἀποκρινεῖται,
καὶ μὴ κατατρέχειν μηδὲ καταχωννύναι τὴν ἐρώτησιν,
ἔτι πυνθανομένοις πολλάκις ὑπὸ σπουδῆς ἄλλας
ἀντ´ ἄλλων ἀποκρίσεις διδόντα. ἡ μὲν γὰρ Πυθία καὶ πρὸ
ἐρωτήσεως αὐθωρὶ χρησμοὺς εἴωθέ τινας ἐκφέρειν· ὁ γὰρ
θεός, ᾧ λατρεύει,
‘καὶ κωφοῦ ξυνίησι καὶ οὐ λαλέοντος ἀκούει,’
τὸν δὲ βουλόμενον ἐμμελῶς ἀποκρίνασθαι δεῖ τὴν διάνοιαν
ἀναμεῖναι καὶ τὴν προαίρεσιν ἀκριβῶς καταμαθεῖν
τοῦ πυνθανομένου, μὴ γένηται τὸ κατὰ τὴν παροιμίαν
‘ἄμας ἀπῄτουν - - -’. ἄλλως δὲ τὸ λάβρον τοῦτο καὶ πρὸς
τοὺς λόγους ὀξύπεινον ἀνακρουστέον, ἵνα μὴ δοκῇ καθάπερ
ῥεῦμα τῇ γλώττῃ πάλαι προσιστάμενον ἀσμένως ὑπὸ τῆς
ἐρωτήσεως ἐξερᾶσθαι. καὶ γὰρ ὁ Σωκράτης οὕτως ἐκόλουε
τὴν δίψαν, οὐκ ἐφιεὶς ἑαυτῷ πιεῖν μετὰ γυμνάσιον,
εἰ μὴ τὸν πρῶτον ἐκχέαι κάδον ἀνιμήσας, ὅπως ἐθίζηται
τὸν τοῦ λόγου καιρὸν ἀναμένειν τὸ ἄλογον.
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Traduction française :
[20] Il est un second point à observer pour les réponses
adressées personnellement, et le bavard doit y apporter une
très grande attention. A des questions faites dans un but
de risée et de plaisanterie, on ne doit pas se laisser prendre
ni répondre sérieusement. Il y a des gens qui, sans besoin,
pour passer le temps et s'amuser, arrangent certaines
questions qu'ils proposent aux bavards, et ils leur mettent
aussitôt la langue en mouvement. Que l'on se tienne sur ses
gardes. Au lieu de saisir soudain comme avec reconnaissance
l'occasion de parler, on étudiera quelle est la tournure
d'esprit du questionneur et quel besoin il peut avoir d'une
réponse. S'il est évident qu'il veut en réalité s'instruire,
on contractera l'habitude de procéder avec lenteur, et l'on
mettra quelque intervalle entre la question et sa propre
réponse. De cette manière il pourra, s'il lui plaît, ajouter
quelque chose à sa question, et l'on aura soi-même le temps
d'approfondir ce qui a été demandé. A quoi bon prendre
les devants, comme si l'on voulait étouffer la question pendant
même qu'elle se formule? A quoi bon répondre, par
trop de précipitation, à toute autre chose qu'à ce qui a été
demandé? Il est vrai que la Pythie a l'habitude, avant
même qu'on l'interroge, de proférer à l'instant certains oracles.
C'est que le Dieu qui l'inspire
"Entend sans que l'on parle et comprend le silence".
Mais celui qui veut répondre avec justesse a besoin d'attendre
que la pensée et l'intention de celui qui l'interroge
lui soient parfaitement connues, afin qu'il n'y ait pas lieu
de dire, comme dans le proverbe :
"Je demande une bêche, on me refuse une auge".
De toute manière d'ailleurs, il faut se défendre de cette
sorte d'avidité famélique avec laquelle quelques-uns se jettent
sur les matières de conversation. Il ne faut pas que l'on
semble avoir sur la langue un abcès formé depuis longtemps,
et que l'on soit satisfait de le voir se percer à la première
question posée. Socrate avait un moyen particulier de
maîtriser sa soif. Après avoir exercé son corps, il ne se
donnait à lui-même la permission de boire que quand il
avait répandu à terre le premier seau qu'il avait puisé, voulait
habituer la partie animale de lui-même à attendre le
temps opportun que fixerait la raison.
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