HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur le bavardage

ἐγκρατείας



Texte grec :

[12] Ὀρθῶς οὖν Φιλιππίδης ὁ κωμῳδιοποιὸς φιλοφρονουμένου τοῦ βασιλέως αὐτὸν Λυσιμάχου καὶ λέγοντος ‘τίνος σοι μεταδῶ τῶν ἐμῶν;’ ‘οὗ βούλει’ φησί, ‘βασιλεῦ, πλὴν τῶν ἀπορρήτων.’ τῇ δ´ ἀδολεσχίᾳ καὶ ἡ περιεργία κακὸν οὐκ ἔλαττον πρόσεστι· πολλὰ γὰρ ἀκούειν θέλουσιν, ἵνα πολλὰ λέγειν ἔχωσι. καὶ μάλιστα τοὺς ἀπορρήτους καὶ κεκρυμμένους τῶν λόγων περιιόντες ἐξιχνεύουσι καὶ ἀνερευνῶσιν, ὥσπερ {ὕλην} πυλαίαν τινὰ φορτίων τῇ φλυαρίᾳ παρατιθέμενοι, εἶθ´ ὥσπερ οἱ παῖδες τὸν κρύσταλλον οὔτε κατέχειν οὔτ´ ἀφεῖναι θέλουσι· μᾶλλον δ´ ὥσπερ ἑρπετὰ τοὺς ἀπορρήτους λόγους ἐγκολπισάμενοι καὶ συλλαβόντες οὐ κρατοῦσιν ἀλλὰ διαβιβρώσκονται ὑπ´ αὐτῶν· τὰς μὲν γὰρ βελόνας φασὶ ῥήγνυσθαι τικτούσας καὶ τὰς ἐχίδνας, οἱ δ´ ἀπόρρητοι λόγοι τοὺς μὴ στέγοντας ἐκπίπτοντες ἀπολλύουσι καὶ διαφθείρουσιν. Σέλευκος ὁ Καλλίνικος ἐν τῇ πρὸς Γαλάτας μάχῃ πᾶν ἀποβαλὼν τὸ στράτευμα καὶ τὴν δύναμιν, αὐτὸς δὲ περισπάσας τὸ διάδημα καὶ φυγὼν ἵππῳ μετὰ τριῶν ἢ τεττάρων ἀνοδίαις καὶ πλάναις πολὺν δρόμον ἤδη, δι´ ἔνδειαν ἀπαγορεύων ἐπαυλίῳ τινὶ προσῆλθε, καὶ τὸν δεσπότην αὐτὸν εὑρὼν κατὰ τύχην ἄρτον καὶ ὕδωρ ᾔτησεν. ὁ δὲ καὶ ταῦτα καὶ τῶν ἄλλων ὅσα παρῆν ἐν ἀγρῷ δαψιλῶς ἐπιδιδοὺς καὶ φιλοφρονούμενος ἐγνώρισε τὸ πρόσωπον τοῦ βασιλέως, καὶ περιχαρὴς γενόμενος τῇ συντυχίᾳ τῆς χρείας οὐ κατέσχεν οὐδὲ συνεψεύσατο βουλομένῳ λανθάνειν, ἀλλ´ ἄχρι τῆς ὁδοῦ προπέμψας καὶ ἀπολυόμενος ‘ὑγίαιν´’ εἶπεν ‘ὦ βασιλεῦ Σέλευκε.’ κἀκεῖνος ἐκτείνας τὴν δεξιὰν αὐτῷ καὶ προσελκόμενος ὡς φιλήσων, ἔνευσεν ἑνὶ τῶν μετ´ αὐτοῦ ξίφει τὸν τράχηλον ἀποκόψαι τοῦ ἀνθρώπου· ‘φθεγγομένου δ´ ἄρα τοῦ γε κάρη κονίῃσιν ἐμίχθη’. εἰ δ´ ἐσίγησε τότε καρτερήσας ὀλίγον χρόνον, εὐτυχήσαντος ὕστερον τοῦ βασιλέως καὶ μεγάλου γενομένου μείζονας οἶμαι χάριτας ἐκομίσατ´ ἂν τῆς σιωπῆς ἢ τῆς φιλοξενίας. Οὗτος μὲν οὖν ἁμωσγέπως ἔσχε πρόφασιν τῆς ἀκρασίας τὴν ἐλπίδα καὶ τὴν φιλοφροσύνην.

Traduction française :

[12] Bien sensé fut le comédien Philippidès. Le roi Lysimaque lui témoignait beaucoup de bienveillance et lui disait : « Que pourrais-je bien te donner de ce qui m'appartient? » - « Tout ce que vous voudrez, Sire, répondit-il, excepté un de vos secrets? » Le bavardage est encore accompagné de la curiosité, mal non moindre. On veut entendre beaucoup de nouvelles, afin d'en avoir beaucoup à raconter. Ce sont particulièrement les secrets les plus intimes que l'on poursuit et que l'on tâche de découvrir, comme un vieil amas de matériaux destinés à alimenter son bavardage. On fait ensuite comme les enfants, qui ne peuvent pas tenir la glace dans leurs mains et ne veulent pas la lacher. Ou plutôt, ces secrets sont comme des serpents qu'on a recueillis dans son sein : on ne peut les y garder, et ils vous dévorent. Les aiguilles marines et les vipères crèvent, dit-on, lorsqu'elles font leurs petits. De même les secrets, en échappant de la bouche de ceux qui ne savent rien garder, font la perte et la ruine des révélateurs. Seleucus, surnommé Callinicus, avait perdu son armée et toutes ses forces dans une bataille qu'il avait livrée aux Galates. Ayant arraché son diadème, il fuyait à cheval accompagné de trois ou quatre officiers. Ils errèrent longtemps à travers des routes à peine pratiquées, jusqu'à ce que, épuisé par le besoin, il s'approcha d'une misérable cabane. Il y trouva le maître lui-même, à qui il demanda du pain et de l'eau. Le paysan lui en donna, et mit à sa disposition, avec autant de générosité que d'empressement, tout ce qu'il avait dans son petit domaine. Il avait reconnu le visage du roi. Tout joyeux de l'heureux hasard qui lui avait fourni l'occasion d'être utile au prince, il ne sut pas se contenir et observer l'incognito que celui-ci désirait garder. Il l'accompagna sur la route, et en se séparant de lui : « Portez-vous bien, dit-il, roi Seleucus ! » Le monarque lui tendit alors la main, et l'attira vers lui comme pour l'embrasser. Mais par un signe il donna l'ordre à un de ses compagnons de trancher avec son épée la tête de cet homme. "Le malheureux parlait encore, Que sa tête déjà roulait dans la poussière". Pourquoi ne garda-t-il pas alors le silence? Pourquoi ne patienta-t-il pas un peu de temps? Le roi ayant recouvré plus tard sa fortune et sa puissance l'aurait, je n'en doute pas, récompensé plus généreusement encore à cause de son silence qu'à cause de son hospitalité. Le pauvre homme avait du moins une sorte d'excuse de son bavardage dans ses espérances et dans la bonté de ses intentions.





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Dernière mise à jour : 18/01/2006