HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur le bavardage

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] Τῶν δ´ ἄλλων παθῶν καὶ νοσημάτων τὰ μέν ἐστιν ἐπικίνδυνα τὰ δὲ μισητὰ τὰ δὲ καταγέλαστα, τῇ δ´ ἀδολεσχίᾳ πάντα συμβέβηκε· χλευάζονται μὲν γὰρ ἐν ταῖς κοιναῖς διηγήσεσι, μισοῦνται δὲ διὰ τὰς τῶν κακῶν προσαγγελίας, κινδυνεύουσι δὲ τῶν ἀπορρήτων μὴ κρατοῦντες. ὅθεν Ἀνάχαρσις ἑστιαθεὶς παρὰ Σόλωνι καὶ κοιμώμενος ὤφθη τὴν μὲν ἀριστερὰν χεῖρα τοῖς μορίοις τὴν δὲ δεξιὰν τῷ στόματι προσκειμένην ἔχων· ἐγκρατεστέρου γὰρ ᾤετο χαλινοῦ δεῖσθαι τὴν γλῶτταν, ὀρθῶς οἰόμενος. οὐ γὰρ ἄν τις ἐξαριθμήσαιτο ῥᾳδίως ἄνδρας τοσούτους ἀφροδισίων ἀκρασίᾳ πεπτωκότας, ὅσας πόλεις καὶ ἡγεμονίας λόγος ἐξενεχθεὶς ἀπόρρητος ἀναστάτους ἐποίησε. Σύλλας ἐπολιόρκει τὰς Ἀθήνας, οὐκ ἔχων σχολὴν ἐνδιατρῖψαι χρόνον πολύν, ‘ἐπεὶ πόνος ἄλλος ἔπειγεν’, ἡρπακότος μὲν Ἀσίαν Μιθριδάτου τῶν δὲ περὶ Μάριον αὖθις ἐν Ῥώμῃ κρατούντων· ἀλλὰ πρεσβυτῶν τινων ἐπὶ κουρείου διαλεγομένων ὡς οὐ φυλάττεται τὸ Ἑπτάχαλκον καὶ κινδυνεύει τὸ ἄστυ κατ´ ἐκεῖνο ληφθῆναι τὸ μέρος ἀκούσαντες οἱ κατάσκοποι πρὸς τὸν Σύλλαν ἐξήγγειλαν. δ´ εὐθὺς τὴν δύναμιν προσαγαγὼν περὶ μέσας νύκτας εἰσήγαγε τὸ στράτευμα, καὶ μικροῦ μὲν - - - κατέσκαψεν ἐνέπλησε δὲ φόνου καὶ νεκρῶν, ὥστε τὸν Κεραμεικὸν αἵματι ῥυῆναι. χαλεπῶς δὲ πρὸς τοὺς Ἀθηναίους ἔσχε διὰ τοὺς λόγους μᾶλλον διὰ τὰ ἔργα· κακῶς γὰρ αὐτὸν ἔλεγον καὶ τὴν Μετέλλαν, ἀναπηδῶντες ἐπὶ τὰ τείχη καὶ σκώπτοντεςσυκάμινον ἔσθ´ Σύλλας ἀλφίτῳ πεπασμένον,’ καὶ τοιαῦτα πολλὰ φλυαροῦντες ἐπεσπάσαντοκουφοτάτου πράγματος, λόγων,’ ὥς φησιν Πλάτωνβαρυτάτην ζημίαν.’ τὴν δὲ Ῥωμαίων πόλιν ἐκώλυσεν ἐλευθέραν γενέσθαι Νέρωνος ἀπαλλαγεῖσαν ἑνὸς ἀνδρὸς ἀδολεσχία. μία γὰρ ἦν νύξ, μεθ´ ἣν ἔδει τὸν τύραννον ἀπολωλέναι, παρεσκευασμένων ἀπάντων· δὲ μέλλων αὐτὸν ἀποκτιννύναι πορευόμενος εἰς τὸ θέατρον ἰδών τινα τῶν δεδεμένων ἐπὶ θύραις μέλλοντα προσάγεσθαι τῷ Νέρωνι καὶ τὴν αὑτοῦ τύχην ἀποδυρόμενον ἐγγὺς προσῆλθεν αὐτῷ καὶ προσψιθυρίσαςεὔχουφησίν ἄνθρωπε, τὴν σήμερον ἡμέραν παρελθεῖν μόνον, αὔριον δέ μοι εὐχαριστήσεις.’ ἁρπάσας οὖν τὸ αἰνιχθὲν ἐκεῖνος καὶ νοήσας, οἶμαι, ὅτινήπιος, ὃς τὰ ἕτοιμα λιπὼν ἀνέτοιμα διώκει,’ τὴν βεβαιοτέραν εἵλετο σωτηρίαν πρὸ τῆς δικαιοτέρας. ἐμήνυσε γὰρ τῷ Νέρωνι τὴν φωνὴν τοῦ ἀνθρώπου· κἀκεῖνος εὐθὺς ἀνήρπαστο, καὶ βάσανοι καὶ πῦρ καὶ μάστιγες ἐπ´ αὐτόν, ἀρνούμενον πρὸς τὴν ἀνάγκην χωρὶς ἀνάγκης ἐμήνυσε. [7] Parmi les autres passions et les autres maladies il y en a de dangereuses, de haïssables, de ridicules. Le bavardage est tout à la fois dangereux, haïssable et ridicule. On se moque des bavards, parce que leurs récits ne sont que des banalités. On les déteste, parce qu'ils annoncent toujours de mauvaises nouvelles. On les regarde comme dangereux, parce qu'ils ne savent pas garder de secrets. Aussi un jour Anacharsis, après avoir dîné chez Solon, s'étant endormi à table, on remarqua qu'il avait placé sa main gauche sur ses parties génitales et que sur sa bouche il avait appliqué sa main droite. C'était parce qu'il jugeait la langue comme ayant besoin d'être plus fortement comprimée. Il avait raison : car il serait difficile de compter autant d'hommes perdus par l'excès des plaisirs de l'amour, que de cités et d'empires renversés par des indiscrétions. Sylla assiégeait Athènes, et il n'avait pas le loisir de consacrer beaucoup de temps à ce siége. Une autre expédition le pressait, attendu que Mithridate s'était emparé de l'Asie et que le parti de Marius avait repris le dessus à Rome. Voilà que quelques vieilles gens vinrent à dire dans la boutique d'un barbier, que le quartier d'Heptachalcos n'était pas bien défendu et que la ville courait risque d'être prise de ce côté. Des espions qui avaient entendu ce propos le rapportèrent à Sylla. Celui-ci fit avancer aussitôt ses troupes, et donna l'assaut vers le milieu de la nuit. La ville fut détruite presque entièrement. Le meurtre et les cadavres la remplissaient à un tel point que le Céramique ruisselait de sang. Ce n'est pas tout. La colère du vainqueur fut plus excitée par les discours des Athéniens que par leurs actes. Ils disaient du mal de lui et de sa femme Métella. Ils montaient sur les remparts pour l'injurier, en criant : "Sylla n'est qu'une mûre enduite de farine"; et ils débitaient mille autres impertinences. Mais ce plaisir de la parole, le plus léger de tous, comme dit Platon, ils le payèrent par l'expiation la plus lourde. Quelle cause empêcha Rome de reconquérir sa liberté en se débarrassant de Néron? Le bavardage d'un homme. Il n'y avait plus qu'une nuit. Le lendemain on devait tuer le tyran : tout était prêt. Celui qui s'était chargé de le poignarder vit, en se rendant au théâtre, un des malheureux que l'on avait enchaînés à la porte de l'arène. Destiné à être traîné devant l'empereur, il se lamentait sur son sort. L'autre s'approcha de lui, et lui parlant bas à l'oreille : "Ami, lui dit-il, prie le Ciel que tu passes cette journée, et demain tu me remercieras." Le condamné avait saisi l'allusion. Pensant que "Fol est pour l'incertain qui lâche le certain", il préféra le moyen de se sauver qui était le plus sûr à celui qui aurait été le plus légitime. Il révéla ce propos à Néron. L'homme fut arrêté sur-le-champ ; et les tortures, le feu, les fouets l'obligèrent à confesser ce qu'il avait une première fois révélé sans y être contraint.


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Dernière mise à jour : 18/01/2006