HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur le bavardage

Chapitre 11

  Chapitre 11

[11] Ῥωμαίων σύγκλητος ἀπόρρητόν τινα βουλὴν ἐβουλεύετο καθ´ αὑτὴν ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας· ἀσάφειαν δὲ πολλὴν καὶ ὑπόνοιαν ἔχοντος τοῦ πράγματος γυνὴ τἄλλα σώφρων, γυνὴ δὲ προσέκειτο τῷ ἑαυτῆς ἀνδρί, λιπαρῶς δεομένη πυθέσθαι τὸ ἀπόρρητον· ὅρκοι δὲ καὶ κατάραι περὶ σιωπῆς ἐγίγνοντο καὶ δάκρυα ποτνιωμένης αὐτῆς ὡς πίστιν οὐκ ἐχούσης. δὲ Ῥωμαῖος ἐξελέγξαι βουλόμενος αὐτῆς τὴν ἀβελτερίαννικᾷς, γύναιεἶπεν, ‘ἀλλ´ ἄκουε φοβερὸν πρᾶγμα καὶ τεράστιον. προσήγγελται γὰρ ἡμῖν ὑπὸ τῶν ἱερέων κόρυδον ὦφθαι πετόμενον κράνος ἔχοντα χρυσοῦν καὶ δόρυ· σκεπτόμεθα δὴ τὸ τέρας εἴτε χρηστὸν εἴτε φαῦλόν ἐστι, καὶ συνδιαποροῦμεν τοῖς μάντεσιν. ἀλλὰ σιώπα.’ ταῦτ´ εἰπὼν ᾤχετ´ εἰς τὴν ἀγοράν· δὲ τῶν θεραπαινίδων εὐθὺς ἐφελκυσαμένη τὴν πρώτην εἰσελθοῦσαν ἔπαιε τὸ στῆθος αὑτῆς καὶ τὰς τρίχας ἐσπάραττενοἴμοιλέγουσατοῦ ἀνδρὸς καὶ τῆς πατρίδος· τί πεισόμεθα;’ βουλομένη καὶ διδάσκουσα τὴν θεράπαιναν εἰπεῖντί γὰρ γέγονεν;’ ὡς δ´ οὖν πυθομένης διηγήσατο καὶ προσέθηκε τὸν κοινὸν ἁπάσης ἀδολεσχίας ἐπῳδόν, τὸταῦτα μηδενὶ φράσῃς ἀλλὰ σιώπα’, οὐ φθάνει τὸ θεραπαινίδιον ἀποχωρῆσαν αὐτῆς, καὶ τῶν ὁμοδούλων εὐθὺς ἣν μάλιστ´ εἶδε σχολάζουσαν ἐμβάλλει τὸν λόγον· ἐκείνη δὲ τῷ ἐραστῇ παραγενομένῳ πρὸς αὐτὴν ἔφρασεν. οὕτω δ´ εἰς ἀγορὰν τοῦ διηγήματος ἐκκυλισθέντος ὥστε προδραμεῖν τὸν πλασάμενον τὴν φήμην, ἀπαντήσας τις αὐτῷ τῶν γνωρίμωνἀρτίωςεἶπενοἴκοθεν εἰς ἀγορὰν καταβαίνεις;’ ‘ἀρτίωςεἶπεν ἐκεῖνος. ‘οὐκοῦν οὐδὲν ἀκήκοας;’ ‘γέγονε γάρ τι καινὸν ἄλλο’; ‘κόρυδος ὦπται πετόμενος κράνος ἔχων χρυσοῦν καὶ δόρυ, καὶ μέλλουσι περὶ τούτου σύγκλητον ἔχειν οἱ ἄρχοντες.’ κἀκεῖνος γελάσαςεὖ τοῦ τάχουςεἶπεν γύναι, τὸ καὶ φθάσαι με τὸν λόγον εἰς ἀγορὰν προελθόντα.’ τοὺς μὲν οὖν ἄρχοντας ἐντυχὼν ἀπήλλαξε τῆς ταραχῆς, τὴν δὲ γυναῖκα τιμωρούμενος, ὡς οἴκαδ´ εἰσῆλθεν, ‘ἀπώλεσάς μ´εἶπεν γύναι· τὸ γὰρ ἀπόρρητον ἐκ τῆς ἐμῆς οἰκίας πεφώραται δεδημοσιωμένον· ὥστε μοι φευκτέον ἐστὶ τὴν πατρίδα διὰ τὴν σὴν ἀκρασίαν.’ τρεπομένης δὲ πρὸς ἄρνησιν αὐτῆς καὶ λεγούσηςοὐ γὰρ ταῦτα μετὰ τριακοσίων ἤκουσας;’ ‘ποίωνἔφητριακοσίων; σοῦ βιαζομένης ἐπλασάμην ἀποπειρώμενος.’ οὗτος μὲν οὖν ἀσφαλῶς πάνυ καὶ μετ´ εὐλαβείας, ὥσπερ εἰς ἀγγεῖον σαθρὸν οὐκ οἶνον οὐκ ἔλαιον ἀλλ´ ὕδωρ ἐγχέας, ἐπείρασε τὴν γυναῖκα· Φούλβιος δ´ Καίσαρος ἑταῖρος τοῦ Σεβαστοῦ γέροντος ἤδη γεγονότος ἀκούσας ὀδυρομένου τὴν περὶ τὸν οἶκον ἐρημίαν, καὶ ὅτι τῶν μὲν δυεῖν αὐτῷ θυγατριδῶν ἀπολωλότων Ποστουμίου δ´ ὃς ἔτι λοιπός ἐστιν ἐκ διαβολῆς τινος ἐν φυγῇ ὄντος ἀναγκάζεται τὸν τῆς γυναικὸς υἱὸν ἐπεισάγειν τῇ διαδοχῇ τῆς ἡγεμονίας, καίπερ οἰκτείρων καὶ βουλευόμενος ἐκ τῆς ὑπερορίας ἀνακαλεῖσθαι τὸν θυγατριδοῦν· ταῦθ´ Φούλβιος ἀκούσας ἐξήνεγκε πρὸς τὴν ἑαυτοῦ γυναῖκα, πρὸς δὲ Λιβίαν ἐκείνη, Λιβία δὲ καθήψατο πικρῶς Καίσαρος, εἰ πάλαι ταῦτ´ ἐγνωκὼς οὐ μεταπέμπεται τὸν θυγατριδοῦν, ἀλλ´ εἰς ἔχθραν καὶ πόλεμον αὐτὴν τῷ διαδόχῳ τῆς ἀρχῆς καθίστησιν. ἐλθόντος οὖν ἕωθεν, ὡς εἰώθει, τοῦ Φουλβίου πρὸς αὐτὸν καὶ εἰπόντοςχαῖρε, Καῖσαρ’ ‘ὑγίαιν´εἶπεΦούλβιε.’ κἀκεῖνος νοήσας ᾤχετ´ εὐθὺς ἀπιὼν οἴκαδε καὶ τὴν γυναῖκα μεταπεμψάμενοςἔγνωκενἔφηΚαῖσαρ, ὅτι τὸ ἀπόρρητον οὐκ ἐσιώπησα· καὶ διὰ τοῦτο μέλλω ἀναιρεῖν ἐμαυτόν·’ δὲ γυνὴδικαίωςεἶπεν, ‘ὅτι μοι τοσοῦτον συνοικῶν χρόνον οὐκ ἔγνως οὐδ´ ἐφυλάξω τὴν ἀκρασίαν· ἀλλ´ ἔασον ἐμὲ προτέραν.’ καὶ λαβοῦσα τὸ ξίφος ἑαυτὴν προανεῖλε τοῦ ἀνδρός. [11] Le sénat romain délibérait sur une affaire secrète, et il tenait depuis plusieurs jours des séances à huis clos. C'était un profond mystère, qui donnait lieu à toutes sortes de conjectures. Une femme, très honnête d'ailleurs, mais femme après tout, pressait son mari et le suppliait de lui révéler l'affaire. Elle multipliait les serments et les imprécations ; elle se répandait en larmes de désespoir parce que son époux n'avait pas confiance en elle. Le Romain voulut confondre une si grande curiosité : Madame, lui dit-il, vous triomphez. Vous allez apprendre un secret aussi terrible que surprenant. Les prêtres nous ont annoncé qu'ils avaient vu une alouette voler avec un casque d'or et une pique. Nous approfondissons un tel prodige pour savoir s'il est favorable ou funeste, et nous en conférons avec les devins. Mais gardez-moi le silence. Cela dit, il gagne la place publique. Voilà la femme qui sans perdre de temps tire à part la première des servantes qui entrent. Elle se frappe la poitrine, elle s'arrache les cheveux. "Quel malheur ! dit-elle, c'en est fait de mon époux. C'en est fait du pays. Qu'allons-nous devenir!" Son seul but était de mettre la suivante sur la voie, pour que celle-ci lui demandât ce qui était arrivé. La fille l'ayant donc questionnée, la maîtresse dit tout, et ajouta le refrain habituel des bavards : "N'en parle à personne, sois muette." L'autre ne l'a pas plus tôt quittée, qu'elle rencontre précisément une de ses camarades qui n'avait rien à faire, et elle lui confie la chose. Cette fille en donne avis à son amant lorsque celui-ci vient la voir. De cette façon la nouvelle se répand sur la place publique, et y précède celui-même qui en a été l'inventeur. Un de ses amis le rencontre et lui dit : « N'y a-t-il qu'un instant que vous avez quitté votre maison pour vous rendre à l'assemblée ? — « Rien qu'un instant », répond l'autre. -- «Ainsi vous n'avez entendu parler de rien? » — « Eh quoi! serait-il encore arrivé quelque chose de nouveau? » — « On a vu voler une alouette qui a un casque d'or et une pique, et à cause de ce prodige les chefs de l'Etat se proposent de convoquer les sénateurs. » Notre patricien se mit à rire : « Très bien! s'écria-t-il, très bien, ma femme ! Voilà qui s'appelle ne pas perdre de temps : le propos est arrivé avant moi sur la place publique. » Puis, se présentant aux sénateurs, il prévint en eux toute agitation. Mais il voulut punir sa femme; et dès qu'il fut rentré chez lui : « Madame, lui dit-il, vous m'avez perdu. On a reconnu que c'est de chez moi que le secret s'est répandu dans le peuple. Je suis obligé de me condamner à l'exil à cause de votre indiscrétion. La femme se mit à nier qu'elle eût rien dit : « D'ailleurs, ajouta-t-elle, vous avez entendu le propos en compagnie de trois cents autres. » — « De quels trois cents parlez-vous? répliqua le mari. Comme vous vouliez me faire violence, j'ai imaginé ce conte pour vous éprouver. » Sage et avisé se montra ce sénateur. Il mit avec précaution sa femme à l'épreuve, comme quand on essaye un vase fêlé, où l'on verse non pas du vin ni de l'huile, mais simplement de l'eau. Fulvius, un des amis de César Auguste, entendit un jour ce prince, déjà vieux, déplorer la solitude de sa maison : « J'ai perdu deux de mes petits-fils, disait-il. Postumius, le seul qui me reste encore, a été condamné à la suite d'une accusation calomnieuse. Me voilà forcé d'appeler le fils de ma femme à la succession de l'empire. D'un autre côté, je me sens ému de compassion, et je songe à faire revenir de l'exil mon petit-fils. » Fulvius ayant entendu ces paroles en instruisit sa femme, et celle-ci les redit à Livie. L'impératrice se plaignit amèrement auprès de César de ce qu'au lieu de faire revenir son petit-fils, comme il l'avait résolu depuis longtemps, il la mettait en inimitié et en guerre avec celui qui devait le remplacer sur le trône. Le lendemain, comme Fulvius se présentait à son ordinaire chez l'empereur en lui disant : « Portez-vous bien, César. » — « Vous, Fulvius, dit ce prince, devenez sage. » Le courtisan, qui avait compris, se retira sur-le-champ pour rentrer chez lui, et faisant appeler sa femme : « L'empereur, lui dit-il, sait que je n'ai pas gardé son secret. C'est pourquoi je vais me donner la mort. » — « Ce sera justice, dit sa femme, puisqu'après avoir vécu si longtemps avec moi vous ne m'avez pas connue, et que vous ne vous êtes pas gardé de mon intempérance de langue. Mais permettez que je commence la première. » Puis, prenant une épée, elle se fit périr avant son mari.


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Dernière mise à jour : 18/01/2006