Texte grec :
[188] Ἐπεὶ δὲ λέγων ποτὲ γνώμην (188a) πρὸς τὸν δῆμον εὐδοκίμει καὶ
πάντας ὁμαλῶς ἑώρα τὸν λόγον ἀποδεχομένους, ἐπιστραφεὶς πρὸς τοὺς
φίλους εἶπεν « οὐ δήπου κακόν τι λέγων ἐμαυτὸν λέληθα; »
Πρὸς δὲ θυσίαν τινὰ τῶν Ἀθηναίων αἰτούντων ἐπιδόσεις καὶ τῶν
ἄλλων ἐπιδιδόντων, κληθεὶς πολλάκις « αἰσχυνοίμην ἄν » εἶπεν « ὑμῖν μὲν
ἐπιδιδούς, τούτῳ δὲ μὴ ἀποδιδούς », ἅμα δεικνύων τὸν δανειστήν.
Δημοσθένους δὲ τοῦ ῥήτορος εἰπόντος « ἀποκτενοῦσί σε Ἀθηναῖοι »
« ἐὰν μανῶσιν, (νὴ Δία) », εἶπε, « σὲ δ´ ἐὰν σωφρονῶσιν. »
Ἀριστογείτονος δὲ τοῦ συκοφάντου μέλλοντος ἀποθνῄσκειν (188b) ἐν
τῷ δεσμωτηρίῳ κατακρίτου γεγονότος καὶ δεομένου τὸν Φωκίωνα πρὸς
αὐτὸν ἐλθεῖν, τῶν δὲ φίλων οὐκ ἐώντων πρὸς ἄνθρωπον πονηρὸν
βαδίζειν, « καὶ ποῦ τις ἄν » εἶπεν « ἥδιον Ἀριστογείτονι λαλήσειεν; »
Ὀργιζομένων δὲ τοῖς Βυζαντίοις τῶν Ἀθηναίων μὴ δεξαμένοις τῇ πόλει
Χάρητα πεμφθέντα μετὰ δυνάμεως βοηθὸν αὐτοῖς πρὸς Φίλιππον, εἰπὼν ὁ
Φωκίων ὅτι « δεῖ μὴ τοῖς ἀπιστοῦσι τῶν συμμάχων, ἀλλὰ τοῖς
ἀπιστουμένοις ὀργίζεσθαι τῶν στρατηγῶν » αὐτὸς ᾑρέθη στρατηγός· καὶ
πιστευθεὶς ὑπὸ τῶν Βυζαντίων ἐποίησε τὸν Φίλιππον ἀπελθεῖν ἄπρακτον.
(188c) Ἀλεξάνδρου δὲ τοῦ βασιλέως ἑκατὸν τάλαντα δωρεὰν
πέμψαντος ἠρώτησε τοὺς κομίζοντας τί δήποτε πολλῶν ὄντων Ἀθηναίων
αὐτῷ μόνῳ ταῦτα δίδωσιν Ἀλέξανδρος· εἰπόντων δ´ ἐκείνων ὡς μόνον
αὐτὸν ἡγεῖται καλὸν κἀγαθὸν εἶναι, « οὐκοῦν » ἔφη « ἐασάτω με καὶ δοκεῖν
καὶ εἶναι τοιοῦτον. »
Αἰτοῦντος δ´ Ἀλεξάνδρου τριήρεις καὶ τοῦ δήμου κελεύοντος ὀνομαστὶ
παριέναι τὸν Φωκίωνα καὶ συμβουλεύειν, ἀναστὰς ἔφη « συμβουλεύω
τοίνυν ὑμῖν ἢ κρατεῖν τοῖς ὅπλοις αὐτοὺς ἢ φίλους εἶναι τῶν κρατούντων. »
Λόγου δὲ περὶ τῆς Ἀλεξάνδρου τελευτῆς ἐμπεσόντος (188d)
ἀδεσπότου καὶ τῶν ῥητόρων ἀναπηδώντων εὐθὺς ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ μὴ
μέλλειν ἀλλὰ πολεμεῖν ἤδη κελευόντων ὁ Φωκίων ἠξίου περιμεῖναι καὶ
γνῶναι βεβαίως. « εἰ γὰρ τήμερον » ἔφη « τέθνηκε, καὶ αὔριον ἔσται καὶ εἰς
τρίτην τεθνηκώς. »
Τοῦ δὲ Λεωσθένους εἰς τὸν πόλεμον ἐμβαλόντος τὴν πόλιν ἐλπίσι
λαμπραῖς πρὸς τὸ τῆς ἐλευθερίας ὄνομα καὶ τῆς ἡγεμονίας ἐπαιρομένην
τοὺς λόγους αὐτοῦ ταῖς κυπαρίττοις ἀπείκαζε· « καλοὶ γὰρ ὄντες » ἔφη «
καὶ ὑψηλοὶ καρπὸν οὐκ ἔχουσι. » κατωρθωμένων δὲ τῶν πρώτων καὶ τῆς
πόλεως εὐαγγέλια θυούσης, ἐρωτηθεὶς εἰ ταῦτ´ (188e) ἂν ἤθελεν αὑτῷ
πεπρᾶχθαι « πεπρᾶχθαι μὲν οὖν » ἔφη « ταῦτα, βεβουλεῦσθαι δ´ ἐκεῖνα. »
Τῇ δ´ Ἀττικῇ τῶν Μακεδόνων προσβαλόντων καὶ πορθούντων τὴν
παραλίαν ἐξήγαγε τοὺς ἐν ἡλικίᾳ· πολλῶν δὲ συντρεχόντων πρὸς αὐτὸν
καὶ παρεγκελευομένων ἐκεῖ(νον) τὸν λόφον καταλαβεῖν, ἐνταῦθα τάξαι τὴν
δύναμιν, « ὦ Ἡράκλεις » εἶπεν « ὡς πολλοὺς ὁρῶ στρατηγούς, στρατιώτας
δ´ ὀλίγους. » οὐ μὴν ἀλλὰ συμβαλὼν ἐκράτησε καὶ διέφθειρε Νικίωνα τὸν
ἄρχοντα τῶν Μακεδόνων.
Μετ´ ὀλίγον δὲ χρόνον οἱ μὲν Ἀθηναῖοι τῷ πολέμῳ κρατηθέντες
ἐδέξαντο φρουρὰν ὑπ´ Ἀντιπάτρου· Μενύλλου (188f) δὲ τοῦ τῆς φρουρᾶς
ἄρχοντος χρήματα τῷ Φωκίωνι διδόντος ἀγανακτήσας εἶπε μήτ´ ἐκεῖνον
Ἀλεξάνδρου βελτίονα εἶναι καὶ χείρονα τὴν αἰτίαν, ἐφ´ ᾗ λήψεται νῦν τότε
μὴ δεξάμενος. Ἀντίπατρος δ´ ἔφη ὡς δυεῖν αὐτῷ φίλων Ἀθήνησιν ὄντων
οὔτε Φωκίωνα λαβεῖν πέπεικεν οὔτε Δημάδην διδοὺς ἐμπέπληκεν.
Ἀξιοῦντος δ´ Ἀντιπάτρου ποιῆσαί τι τῶν μὴ δικαίων αὐτόν « οὐ
δύνασαι, » εἶπεν, « Ἀντίπατρε, καὶ φίλῳ Φωκίωνι χρῆσθαι καὶ κόλακι. »
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Traduction française :
[188] Un jour qu'il vit son sentiment applaudi de toute l'assemblée , il se
tourna vers ses amis, et leur dit : « N'ai-je pas, sans y penser, laissé
échapper quelque sottise? »
Les Athéniens avaient mis une contribution sur chaque citoyen pour
fournir aux frais d'un sacrifice. Tout le monde paya. Phocion, sommé
plusieurs fois de le faire, dit en montrant son créancier : « J'aurais trop à
rougir si, pour vous payer, je ne rendais pas à cet homme-là ce que je lui dois. »
L'orateur Démosthène lui disait un jour : « Si une fois les Athéniens
entrent en fureur, ils vous feront mourir. Oui, s'ils sont en fureur, lui
répondit Phocion; mais s'ils sont dans leur bon sens, ce sera vous. »
Le délateur Aristogiton avait été condamné à mort, et comme on
allait l'exécuter, il fit prier Phocion de venir le trouver dans sa prison. Ses
amis voulaient l'empêcher d'aller voir un si méchant homme. « Eh! dans
quel autre lieu, leur dit Phocion, parlerait-on plus volontiers à Aristogiton?»
Les Athéniens étaient fort en colère contre les Byzantins, parce qu'ils
avaient refusé l'entrée de leur ville au général Charès, qu'on avait envoyé
avec des troupes pour les secourir contre Philippe. Phocion leur
représenta que ce n'était pas aux Byzantins qu'il fallait en vouloir de
leur méfiance, mais aux généraux qui ne savaient pas mériter la confiance
des alliés. Nommé lui-même général, il fut reçu par les Byzantins, et
obligea Philippe de s'en retourner sans avoir pu rien faire.
Alexandre lui avait envoyé en don cent talents. Phocion demanda à
ceux qui les lui apportaient, pourquoi, entre tant d'Athéniens, Alexandre le
choisissait seul pour lui faire un tel présent? Ils lui répondirent : « C'est
qu'il vous regarde comme le seul homme de bien qu'il y ait dans Athènes.
Eh bien ! répliqua Phocion, qu'il souffre que je le sois et que je le paraisse. »
Alexandre avait fait demander aux Athéniens un certain nombre de
galères. Le peuple ayant appelé nommément Phocion pour dire son avis,
il se leva, et leur dit : « Je vous conseille de vous rendre les plus forts par
les armes, ou de vous faire amis de ceux qui le sont. »
Il se répandit un bruit vague dans Athènes qu'Alexandre était mort.
Aussitôt les orateurs montent dans la tribune, pour persuader au peuple
d'entreprendre sur-le-champ la guerre. Phocion était d'avis qu'on attendît,
et qu'on s'assurât d'abord si la nouvelle était vraie. «Car, ajoutait-il, si
Alexandre est mort aujourd'hui, il le sera demain, et encore après. »
Léosthène avait jeté les Athéniens dans une guerre fâcheuse en
les séduisant par l'espérance flatteuse de recouvrer la liberté et l'empire
de la Grèce. Phocion comparait ces discours aux cyprès, qui,
remarquables par la hauteur et la beauté de leur tige, ne portent point de
fruit. Cependant les commencements de cette guerre furent heureux, et
les Athéniens ordonnèrent des sacrifices d'actions de grâces. On
demandait à Phocion s'il n'était pas content de ces succès, « Je suis
bien aise de ce qui est arrivé, répondit-il, mais je ne me repens point du
conseil que j'ai donné. »
Les Macédoniens avaient fait une invasion dans l'Attique, dont ils
ravageaient les côtes maritimes. Phocion fit marcher tous ceux qui étaient
en âge de porter les armes, et en forma une armée très nombreuse.
Plusieurs lui conseillaient de gagner une hauteur voisine et d'y ranger son
armée en bataille. « Grands dieux ! s'écria-t-il, je vois ici bien des
généraux, mais peu de soldats. » Il livra cependant la bataille, la gagna, et
tua Nicion, général des Macédoniens.
Peu de temps après, les Athéniens eurent du dessous dans cette
guerre, et furent obligés de recevoir garnison. Ményllus, qui la
commandait pour Antipater, voulut donner de l'argent à Phocion. Il le
refusa avec indignation, et dit à Ményllus qu'il ne valait pas mieux
qu'Alexandre, de qui il n'avait pas voulu en recevoir, et que le motif qu'il
aurait eu de l'accepter alors était bien plus honnête. Aussi Antipater disait-il
que, de deux amis qu'il avait dans Athènes, Phocion et Démade, il
n'avait jamais pu ni déterminer l'un à rien recevoir, ni assez donner à l'autre.
Ce même Antipater lui demandait quelque chose d'injuste. « Vous ne
pouvez, lui dit-il, avoir Phocion pour flatteur et pour ami. »
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