Texte grec :
[185] (185a) πρὸς δὲ τοὺς θαυμάζοντας τὴν μεταβολὴν ἔλεγεν ὡς « οὐκ ἐᾷ με
καθεύδειν οὐδὲ ῥᾳθυμεῖν τὸ Μιλτιάδου τρόπαιον. »
Ἐρωτηθεὶς δὲ πότερον Ἀχιλλεὺς ἐβούλετ´ ἂν ἢ Ὅμηρος εἶναι, « σὺ δ´
αὐτός » ἔφη « πότερον ἂν ἤθελες ὁ νικῶν Ὀλυμπίασιν ἢ ὁ κηρύσσων
τοὺς νικῶντας εἶναι; »
Ξέρξου δὲ καταβαίνοντος ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα τῷ μεγάλῳ στόλῳ,
φοβηθεὶς Ἐπικύδην τὸν δημαγωγὸν αἰσχροκερδῆ (185b) καὶ δειλὸν ὄντα,
μὴ στρατηγὸς γενόμενος ἀπολέσῃ τὴν πόλιν, ἔπεισεν ἀργυρίῳ τῆς
στρατηγίας ἀποστῆναι.
Εὐρυβιάδου δὲ ναυμαχεῖν μὴ τολμῶντος, εἰπόντος δ´ Ἀδειμάντου
πρὸς τὸν Θεμιστοκλέα τοὺς Ἕλληνας παρακαλοῦντα καὶ προτρέποντα « ὦ
Θεμιστόκλεις, τοὺς ἐν τοῖς ἀγῶσι προεξανισταμένους μαστιγοῦσιν (ἀεί) », «
ναί » εἶπεν « ὦ Ἀδείμαντε, τοὺς δὲ λειπομένους οὐ στεφανοῦσιν. »
Ἐπαραμένου δὲ τοῦ Εὐρυβιάδου τὴν βακτηρίαν ὡς πατάξοντος « πάταξον
μὲν οὖν » εἶπεν « ἄκουσον δέ. »
Μὴ πείθων δὲ τὸν Εὐρυβιάδην ἐν τοῖς στενοῖς ναυμαχῆσαι κρύφα
πρὸς τὸν βάρβαρον ἔπεμψε παραινῶν μὴ διεῖναι τοὺς Ἕλληνας
ἀποδιδράσκοντας· ἐπεὶ δὲ πεισθεὶς ἐκεῖνος ἡττήθη ναυμαχήσας ὅπου
συνέφερε τοῖς Ἕλλησι, πάλιν ἔπεμψε πρὸς αὐτὸν κελεύων φεύγειν ἐπὶ τὸν
Ἑλλήσποντον τὴν ταχίστην ὡς τῶν Ἑλλήνων διανοουμένων (185c) λύειν
τὴν γέφυραν, ἵνα σῴζων τοὺς Ἕλληνας ἐκεῖνον δοκῇ σῴζειν.
Τοῦ δὲ Σεριφίου πρὸς αὐτὸν εἰπόντος, ὡς οὐ δι´ αὑτὸν ἀλλὰ διὰ τὴν
πόλιν ἔνδοξός ἐστιν, « ἀληθῆ λέγεις » εἶπεν « ἀλλ´ οὔτ´ ἂν ἐγὼ Σερίφιος
ὢν ἐγενόμην ἔνδοξος οὔτε σὺ Ἀθηναῖος. »
Ἀντιφάτου δὲ τοῦ καλοῦ πρότερον μὲν ἐρῶντα τὸν Θεμιστοκλέα
φεύγοντος καὶ καταφρονοῦντος, ἐπεὶ δὲ δόξαν ἔσχε μεγάλην καὶ δύναμιν,
προσερχομένου καὶ κολακεύοντος, « ὦ μειράκιον » εἶπεν « ὀψὲ μὲν
ἀμφότεροι ἀλλ´ ἅμα νοῦν ἐσχήκαμεν. »
Πρὸς δὲ Σιμωνίδην ἐξαιτούμενόν τινα κρίσιν οὐ δικαίαν ἔφη μήτ´ ἂν
ἐκεῖνον γενέσθαι ποιητὴν ἀγαθὸν (185d) ᾄδοντα παρὰ μέλος, μήτ´ αὐτὸν
ἄρχοντα χρηστὸν δικάζοντα παρὰ τὸν νόμον.
Τὸν δὲ υἱὸν ἐντρυφῶντα τῇ μητρὶ πλεῖστον Ἑλλήνων ἔλεγε δύνασθαι·
τῶν γὰρ Ἑλλήνων ἄρχειν Ἀθηναίους, Ἀθηναίων δ´ ἑαυτόν, ἑαυτοῦ δὲ τὴν
ἐκείνου μητέρα, τῆς δὲ μητρὸς ἐκεῖνον.
Τῶν δὲ τὴν θυγατέρα μνωμένων αὐτοῦ τὸν ἐπιεικῆ τοῦ πλουσίου
προτιμήσας ἄνδρα ἔφη ζητεῖν χρημάτων δεόμενον μᾶλλον ἢ χρήματα ἀνδρός.
Χωρίον δὲ πωλῶν ἐκέλευε κηρύττειν ὅτι καὶ γείτονα χρηστὸν ἔχει.
Τῶν δ´ Ἀθηναίων αὐτὸν προπηλακιζόντων « τί κοπιᾶτε » (185e) εἶπεν
« ὑπὸ τῶν αὐτῶν πολλάκις εὐχρηστούμενοι; » καὶ ταῖς πλατάνοις
ἀπείκαζεν αὑτόν, αἷς ὑποτρέχουσι χειμαζόμενοι, γενομένης δ´ εὐδίας
τίλλουσι παρερχόμενοι καὶ κολούουσι.
Τοὺς δ´ Ἐρετριεῖς ἐπισκώπτων ἔλεγεν ὥσπερ τευθίδας μάχαιραν μὲν
ἔχειν καρδίαν δὲ μὴ ἔχειν.
Ἐπεὶ δ´ ἐξέπεσε τῶν Ἀθηνῶν τὸ πρῶτον εἶτα καὶ τῆς Ἑλλάδος, ἀναβὰς
πρὸς βασιλέα καὶ κελευόμενος λέγειν, ἔφη τὸν λόγον ἐοικέναι τοῖς ποικίλοις
στρώμασιν· ὡς γὰρ ἐκεῖνα, καὶ τοῦτον ἐκτεινόμενον μὲν ἐπιδεικνύναι τὰ
εἴδη συστελλόμενον δὲ κρύπτειν καὶ διαφθείρειν.
Ἠιτήσατο δὲ καὶ χρόνον, ὅπως τὴν Περσικὴν διάλεκτον (185f)
καταμαθὼν δι´ ἑαυτοῦ καὶ μὴ δι´ ἑτέρου ποιήσαιτο τὴν πρὸς αὐτὸν ἔντευξιν.
Πολλῶν δὲ δωρεῶν ἀξιωθεὶς καὶ ταχὺ πλούσιος γενόμενος πρὸς τοὺς
παῖδας εἶπεν « ὦ παῖδες, ἀπωλόμεθ´ ἄν, εἰ μὴ ἀπωλώλειμεν. »
ΜΥΡΩΝΙΔΗΣ.
Μυρωνίδης παρήγγειλεν ἔξοδον Ἀθηναίοις ἐπὶ Βοιωτοὺς στρατεύων·
ἐνστάσης δὲ τῆς ὥρας καὶ τῶν λοχαγῶν λεγόντων μηδέπω πάντας παρεῖναι,
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Traduction française :
[185] Lorsque ses concitoyens lui témoignaient leur surprise de ce
changement, il leur disait : « La victoire de Miltiade ne me laisse pas un
instant de repos. »
Quelqu'un lui demandait lequel il aimerait mieux être d'Achille ou
d'Homère. « Et vous, répondit-il, lequel voudriez-vous être, de l'athlète qui
est couronné dans les jeux olympiques, ou du héraut qui proclame les
vainqueurs? »
Lorsque Xerxès vint fondre sur la Grèce avec une armée
innombrable, Thémistocle, qui craignait qu'Épicyde, un des démagogues
de ce temps-là, homme lâche et intéressé, ne se fit nommer général et
causât la perte d'Athènes, le dissuada, à force d'argent, de demander le
commandement des troupes.
Eurybiade n'osait pas risquer un combat naval; Thémistocle
au contraire exhortait vivement les Grecs à prendre ce parti.
«Thémistocle, lui dit Eurybiade, ceux qui, dans les jeux publics, se lèvent
avant l'ordre, sont toujours châtiés. Cela est vrai, repartit Thémistocle;
mais ceux qui restent derrière ne sont jamais couronnés. » Alors
Eurybiade ayant levé son bâton comme pour le frapper, Thémistocle lui dit :
« Frappe, mais écoute. »
Comme il ne pouvait persuader à ce général d'attaquer Xerxès dans
le détroit de Salamine, il fit dire sous main à ce prince de ne pas laisser
échapper les Grecs, qui pensaient à s'enfuir. Xerxès suivit ce conseil, livra
la bataille dans le poste le plus avantageux à la flotte ennemie, et la
perdit. Thémistocle aussitôt fait dire à Xerxès de fuir au plus vite vers
l'Hellespont, parce que les Grecs pensaient à rompre le pont qu'il y avait
fait jeter. Par là, en paraissant ne songer qu'au salut de ce prince, il sauva
réellement la Grèce.
Un Sériphien lui disait que c'était sa patrie, et non son mérite, qui
avait fait sa réputation : « Vous avez raison, répondit Thémistocle ; si
j'avais été de Sériphe, je ne me serais jamais rendu célèbre, ni vous non
plus, si vous eussiez été d'Athènes. »
Antiphate avait d'abord méprisé les avances que lui faisait
Thémistocle. Quand ensuite il le vit parvenu à un si haut degré de
puissance et de gloire, il le recherchait et lui faisait la cour : « Mon ami, lui
dit Thémistocle, nous voilà, quoique un peu tard, devenus sages l'un et l'autre. »
Il répondit à Simonide, qui le sollicitait de rendre un arrêt injuste :
« Vous ne seriez pas un bon poète, si vous manquiez à la mesure, ni moi
un bon magistrat, si je violais la loi. »
Il disait de son fils, qui avait tout crédit sur sa mère, qu'il
surpassait tous les Grecs en puissance : « Car, ajoutait-il, les Athéniens
commandent au reste de la Grèce, je commande aux Athéniens, ma
femme me maîtrise, et mon fils gouverne sa mère. »
Il préféra pour gendre un homme de bien à un homme riche, et dit à
cette occasion qu'il cherchait un homme qui eût besoin d'argent, plutôt
que des richesses qui eussent besoin d'un homme.
Un jour qu'il avait mis en vente un fonds de terre, il fit dire par le
crieur public que celui qui l'achèterait aurait un bon voisin.
Comme les Athéniens commençaient à se dégoûter de lui et à lui
faire essuyer des mortifications, il leur dit : « Pourquoi vous lasser de
recevoir souvent des bienfaits des mêmes personnes? » A ce sujet, il se
comparait au platane; sous lequel on va se réfugier pendant l'orage, et
quand le calme est revenu, on l'insulte, on en coupe les branches.
Il disait des Érétiens, en plaisantant, qu'ils ressemblaient à la sèche
qui a une épée et n'a point de cur.
Lorsqu'il eut été chassé d'abord d'Athènes, et ensuite de toute la
Grèce, il se réfugia auprès du roi de Perse. Dans la première audience
que ce prince lui donna, il dit que le discours était comme une tapisserie,
qui, déployée, laisse voir toutes les formes qu'on y a dessinées, et où l'on
ne voit plus rien quand elle est pliée. Il demanda quelque temps pour
apprendre la langue persane, afin qu'il pût expliquer lui-même ses
pensées au roi sans avoir besoin d'interprète.
Enrichi en très peu de temps par les bienfaits du roi de Perse, il
dit à ses enfants : « C'en était fait de nous, si nous n'avions pas été perdus. »
MYRONIDES.
Myrondes, chargé de porter la guerre en Béotie, fit dire aux
Athéniens de se tenir prêts pour cette expédition. Au moment de partir, les
centurions lui rapportèrent que toutes les troupes n'étaient pas encore venues.
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