Texte grec :
[179] (179a) ἂν ἐγρηγορὼς καὶ προσέχων ἀκούῃς. » Τότε μὲν οὖν ἀνέστη·
γενόμενος δὲ μᾶλλον ἐφ´ ἑαυτῷ καὶ γνοὺς ἀδικούμενον τὸν Μαχαίταν τὴν
μὲν κρίσιν οὐκ ἔλυσε, τὸ δὲ τίμημα τῆς δίκης αὐτὸς ἐξέτισεν.
Ἐπεὶ δὲ Ἅρπαλος ὑπὲρ συγγενοῦς καὶ οἰκείου Κράτητος ἀδικημάτων
δίκην ἔχοντος ἠξίου τὴν ζημίαν εἰσενεγκεῖν ἀφεθῆναι δὲ τῆς κρίσεως, ἵνα
μὴ λοιδορηθῇ, « βέλτιόν ἐστιν » εἶπε « τοῦτον αὐτὸν ἢ ἡμᾶς διὰ τοῦτον
κακῶς ἀκούειν. »
Ἀγανακτούντων δὲ τῶν φίλων, ὅτι συρίττουσιν αὐτὸν ἐν Ὀλυμπίοις εὖ
πεπονθότες οἱ Πελοποννήσιοι, « τί οὖν » εἶπεν, « ἐὰν κακῶς πάθωσι; »
(179b) Κοιμηθεὶς δὲ πλείονα χρόνον ἐπὶ στρατείας, εἶτα διαναστάς «
ἀσφαλῶς » εἶπεν « ἐκάθευδον· Ἀντίπατρος γὰρ ἐγρηγόρει. »
Πάλιν δὲ ἡμέρας καθεύδοντος αὐτοῦ καὶ τῶν ἠθροισμένων ἐπὶ θύραις
Ἑλλήνων ἀγανακτούντων καὶ ἐγκαλούντων, ὁ Παρμενίων « μὴ θαυμάσητε
» εἶπεν « εἰ καθεύδει νῦν Φίλιππος· ὅτε γὰρ ἐκαθεύδεθ´ ὑμεῖς, οὗτος
ἐγρηγόρει. »
Ψάλτην δέ τινα βουλομένου παρὰ δεῖπνον ἐπανορθοῦν αὐτοῦ καὶ
λαλεῖν περὶ κρουμάτων ὁ ψάλτης « μὴ γένοιτό σοι » εἶπεν, « ὦ βασιλεῦ,
κακῶς οὕτως, ἵνα ταῦτ´ ἐμοῦ βέλτιον εἰδῇς. »
Ἐπεὶ δὲ διενεχθέντος αὐτοῦ πρὸς Ὀλυμπιάδα (179c) τὴν γυναῖκα καὶ
τὸν υἱὸν ἧκε Δημάρατος ὁ Κορίνθιος, ἐπυνθάνετο, πῶς πρὸς ἀλλήλους
ἔχουσιν ὁμονοίας οἱ Ἕλληνες· καὶ ὁ Δημάρατος « πάνυ γοῦν » ἔφη « σοὶ
περὶ τῆς τῶν Ἑλλήνων ὁμονοίας ὁ λόγος ἐστίν, οὕτω πρὸς σὲ τῶν
οἰκειοτάτων ἐχόντων. » Ὁ δὲ συμφρονήσας ἐπαύσατο τῆς ὀργῆς καὶ
διηλλάγη πρὸς αὐτούς.
Πρεσβύτιδος δὲ πενιχρᾶς ἀξιούσης ἐπ´ αὐτοῦ κριθῆναι καὶ πολλάκις
ἐνοχλούσης ἔφη μὴ σχολάζειν. Ἡ δὲ πρεσβῦτις ἐγκραγοῦσα « καὶ μὴ
βασίλευε » εἶπεν. Ὁ δὲ θαυμάσας τὸ ῥηθὲν οὐ μόνον ἐκείνης ἀλλὰ καὶ τῶν
ἄλλων εὐθὺς διήκουσεν.
ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΣ.
(179d) Ἀλέξανδρος ἔτι παῖς ὤν, πολλὰ τοῦ Φιλίππου κατορθοῦντος,
οὐκ ἔχαιρεν, ἀλλὰ πρὸς τοὺς συντρεφομένους ἔλεγε παῖδας « ἐμοὶ δὲ ὁ
πατὴρ οὐδὲν ἀπολείψει. » Τῶν δὲ παίδων λεγόντων ὅτι « ταῦτα σοὶ κτᾶται
», « τί δ´ ὄφελος » εἶπεν « ἐὰν ἔχω μὲν πολλὰ πράξω δὲ μηδέν; »
Ἐλαφρὸς δ´ ὢν καὶ ποδώκης (καὶ) παρακαλούμενος ὑπὸ τοῦ πατρὸς
Ὀλυμπίασιν δραμεῖν στάδιον, « εἴγε » ἔφη « βασιλεῖς ἕξειν ἔμελλον
ἀνταγωνιστάς. »
Ἀχθείσης δὲ παιδίσκης πρὸς αὐτὸν ὡς συναναπαυσομένης περὶ
ἑσπέραν βαθεῖαν ἠρώτησεν « ὅ τι τηνικαῦτα; » (179e) τῆς δὲ εἰπούσης «
περιέμενον γὰρ τὸν ἄνδρα κατακλινῆναι, » πικρῶς ἐπετίμησε τοῖς παισὶν
ὡς μικροῦ δι´ αὐτοὺς μοιχὸς γενόμενος.
Ἐπιθυμιῶντι δὲ τοῖς θεοῖς ἀφειδῶς αὐτῷ καὶ πολλάκις ἐπιδραττομένῳ
τοῦ λιβανωτοῦ παρὼν Λεωνίδης ὁ παιδαγωγός « οὕτως » εἶπεν « ὦ παῖ,
δαψιλῶς ἐπιθυμιάσεις, ὅταν τῆς λιβανωτοφόρου κρατήσῃς. » Ὡς οὖν
ἐκράτησεν, ἔπεμψεν ἐπιστολὴν πρὸς αὐτὸν· « ἀπέσταλκά σοι τάλαντα
λιβανωτοῦ καὶ κασίας, ἵνα μηκέτι μικρολογῇ πρὸς τοὺς θεούς, εἰδὼς ὅτι καὶ
τῆς ἀρωματοφόρου κρατοῦμεν. »
Μέλλων δὲ τὴν ἐπὶ Γρανίκῳ μάχην μάχεσθαι παρεκάλει (179f) τοὺς
Μακεδόνας ἀφθόνως δειπνεῖν καὶ πάντα φέρειν εἰς μέσον, ὡς αὔριον
δειπνήσοντας τὰ τῶν πολεμίων.
Περίλλου δέ τινος τῶν φίλων αἰτήσαντος προῖκα τοῖς θυγατρίοις
ἐκέλευσε πεντήκοντα τάλαντα λαβεῖν· αὐτοῦ δὲ φήσαντος ἱκανὰ εἶναι δέκα,
« σοί γε » ἔφη « λαβεῖν, ἐμοὶ δ´ οὐχ ἱκανὰ δοῦναι. »
Ἀναξάρχῳ δὲ τῷ φιλοσόφῳ δοῦναι τὸν διοικητὴν ἐκέλευσεν ὅσον ἂν
αἰτήσῃ· τοῦ δὲ διοικητοῦ φήσαντος ὡς ἑκατὸν αἰτεῖ τάλαντα,
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Traduction française :
[179] lorsque vous serez éveillé,
et que vous pourrez m'entendre. » Philippe alors rentre en lui-même, se
fait instruire de nouveau de l'affaire, et reconnaît qu'il a eu tort de
condamner Machitas. Il ne voulut pas cependant réformer son jugement,
mais il paya pour lui.
Un certain Cratès avait été convaincu de plusieurs crimes. Harpalus,
son parent et son ami, priait Philippe de se contenter de l'amende à
laquelle il serait condamné, et de ne pas prononcer une sentence qui le
noterait d'infamie. « J'aime mieux, lui dit Philippe, qu'il soit déshonoré, que
de l'être à cause de lui. »
Ses courtisans voulaient l'irriter contre les Péloponnésiens, qui,
comblés de ses bienfaits, l'avaient sifflé dans les jeux olympiques. « Que
serait-ce donc, dit Philippe, si je leur faisais du mal ? »
Un jour qu'il avait dormi dans son camp plus longtemps que de
coutume, il dit en se réveillant : « Je pouvais dormir tranquillement,
Antipater veillait. »
Une autre fois qu'il dormait bien avant dans le jour, et que les Grecs,
qui depuis longtemps attendaient à sa porte, se plaignaient hautement de
sa paresse, Parménion leur dit : « Ne soyez point surpris si Philippe dort
encore ; pendant que vous dormez, il veille. »
Il voulut redresser un musicien qui jouait de la lyre à sa table,
et entrer en dispute avec lui sur les principes de son art : « A Dieu ne
plaise, seigneur, lui dit le musicien, que vous sachiez cela mieux que moi ! »
Pendant qu il était en querelle avec sa femme Olympias et son fils
Alexandre, Démarate de Corinthe vint le voir. Philippe lui demanda
comment les Grecs vivaient ensemble. «Devez-vous, lui répondit
Démarate, vous inquiéter si les Grecs sont bien unis, tandis que vous
vivez si mal avec vos plus proches?» A cette remontrance, Philippe rentre
en lui-même, oublie son ressentiment, et se réconcilie avec sa femme et
son fils.
Une pauvre femme qui poursuivait auprès de lui le jugement d'un
procès, venait souvent le solliciter. Philippe lui dit un jour qu'il n'avait pas
le temps de l'entendre. « Ne soyez donc pas notre roi, » lui dit cette
femme. Frappé d'une réponse si hardie, il l'écouta sur-le-champ, elle et
tous ceux qui se présentèrent.
ALEXANDRE.
Alexandre, dans son enfance, loin de se réjouir des succès de son
père, disait aux enfants qu'on élevait avec lui : « Mon père ne me laissera
rien à faire. » Comme ils lui disaient que toutes les conquêtes de son père
seraient pour lui: «Eh! que m'importe, répliquait-il, d'avoir beaucoup, si je
ne fais rien ! »
Comme il était fort léger à la course, son père l'engageait à disputer
le prix aux jeux olympiques. « Je le ferais, lui dit-il, si j'avais des rois pour
concurrents. »
Un soir, on lui amenait une jeune femme, à qui il demanda pourquoi elle
venait si tard. « J'attendais, répondit-elle, que mon mari fut couché. » Il la
renvoya sur-le-champ, et fit de vives réprimandes à ses officiers, pour
l'avoir exposé à se rendre coupable d'adultère.
Il faisait aux dieux de fréquents sacrifices, et consommait
beaucoup d'encens. Son gouverneur Léonidas lui dit un jour à cette
occasion : « Attendez, pour être si libéral d'encens, que vous ayez
conquis la province où il croît. » Lorsqu'en effet il l'eut conquise, il écrivit à
Léonidas : «Je vous envoie cent talents d'encens et de canelle ;
aujourd'hui que je suis maître du pays qui produit ces parfums, soyez
moins économe envers les dieux. »
La veille de la bataille du Granique, il exhorta les Macédoniens à
faire bonne chère, et à consommer toutes leurs provisions, parceque le
lendemain ils dîneraient aux dépens de leurs ennemis.
Il fit donner cinquante talents à un courtisan nommé Périllus, qui lui
avait demandé de quoi doter ses filles. Périllus lui dit qu'il en aurait assez
de dix. «Ce serait assez pour vous, lui répondit Alexandre, mais non pas
pour moi. »
Il avait ordonné à son trésorier de donner au philosophe Anaxarque
tout ce qu'il demanderait. Le trésorier vint lui dire qu'il demandait cent
talents.
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