Texte grec :
[200] (200a) Ἔτι δὲ νέος ὢν τοσαύτην εἶχε δόξαν ἀνδρείας καὶ συνέσεως,
ὥστε Κάτωνα μὲν τὸν πρεσβύτερον εἰπεῖν ἐρωτηθέντα περὶ τῶν ἐν
Καρχηδόνι στρατευομένων, ἐν οἷς καὶ Σκιπίων ἦν,
« οἶος πέπνυται, τοὶ δὲ σκιαὶ ἀίσσουσιν. »
Εἰς δὲ τὴν Ῥώμην ἐλθόντος ἀπὸ στρατείας εἰς ὑπατείαν ἐκάλουν
αὐτὸν οὐκ ἐκείνῳ χαριζόμενοι, ἀλλ´ ὡς Καρχηδόνα δι´ ἐκείνου ταχὺ καὶ
ῥᾳδίως ληψόμενοι.
Ἐπεὶ δὲ παρελθὼν εἰς τὸ τεῖχος, τῶν Καρχηδονίων ἐκ τῆς ἄκρας
ἀμυνομένων, --- μὴ σὺ τὴν διὰ μέσου θάλασσαν οὐ πάνυ βαθεῖαν οὖσαν·
τοῦ Πολυβίου συμβουλεύοντος αὐτῷ κατασπεῖραι τριβόλους σιδηροῦς ἢ
(200b) σανίδας ἐμβαλεῖν κεντρωτάς, ὅπως μὴ διαβαίνοντες οἱ πολέμιοι
προσμάχωνται τοῖς χώμασιν, ἔφη γελοῖον εἶναι κατειληφότας τὰ τείχη καὶ
τῆς πόλεως ἐντὸς ὄντας εἶτα πράττειν ὅπως οὐ μαχοῦνται τοῖς πολεμίοις.
Εὑρὼν δὲ τὴν πόλιν ἀνδριάντων Ἑλληνιῶν καὶ ἀναθημάτων ἀπὸ
Σικελίας μεστὴν οὖσαν, ἐκήρυξε τοὺς ἀπὸ τῶν πόλεων παρόντας
ἐπιγινώσκειν καὶ κομίζεσθαι.
Τῶν δὲ χρημάτων οὔτε δοῦλον οὔτ´ ἀπελεύθερον εἴα λαβεῖν οὐδένα,
ἀλλ´ οὐδὲ πρίασθαι πάντων ἀγόντων καὶ φερόντων.
Γαΐῳ δὲ Λαιλίῳ τῷ φιλτάτῳ τῶν ἑταίρων ὑπατείαν (200c) μετιόντι
συμπράττων ἐπηρώτησε Πομπήιον εἰ καὶ αὐτὸς ὑπατείαν μέτεισιν· ἐδόκει
δ´ ὁ Πομπήιος υἱὸς αὐλητοῦ γεγονέναι· τοῦ δὲ φήσαντος μὴ μετιέναι, ἀλλὰ
καὶ τὸν Λαίλιον ἐπαγγελλομένου συμπεριάξειν καὶ συναρχαιρεσιάσειν,
πιστεύσαντες καὶ περιμένοντες ἐκεῖνον ἐξηπατήθησαν· ἀπηγγέλλετο γὰρ
αὐτὸς ἐν ἀγορᾷ περιιὼν καὶ δεξιούμενος τοὺς πολίτας. Ἀγανακτούντων δὲ
τῶν ἄλλων ὁ Σκιπίων γελάσας « ἀβελτερίᾳ γε » εἶπεν « ἡμῶν, οἳ
καθάπερ οὐκ ἀνθρώπους μέλλοντες ἀλλὰ θεοὺς παρακαλεῖν πάλαι
διατρίβομεν αὐλητὴν ἀναμένοντες. »
Ἀππίου δὲ Κλαυδίου περὶ τῆς τιμητικῆς ἀρχῆς (200d) ἁμιλλωμένου
πρὸς αὐτὸν καὶ λέγοντος ὅτι πάντας ὀνομαστὶ Ῥωμαίους αὐτὸς ἀσπάζεται
Σκιπίωνος ὀλίγου δεῖν ἀγνοοῦντος ἅπαντας, « ἀληθῆ λέγεις » εἶπεν· « ἐμοὶ
γὰρ οὐκ εἰδέναι πολλοὺς ἀλλ´ ὑπὸ μηδενὸς ἀγνοεῖσθαι μεμέληκεν. »
Ἐκέλευε δὲ τοὺς πολίτας, ἐπειδὴ ἐτύγχανον πολεμοῦντες Κελτίβηρσιν,
ἀμφοτέρους ἐπὶ τὴν στρατείαν ἐκπέμψαντας ἢ πρεσβευτὰς ἢ χιλιάρχους
μάρτυρας λαμβάνειν καὶ κριτὰς τῆς ἑκάστου ἀρετῆς τοὺς πολεμοῦντας.
Ἀποδειχθεὶς δὲ τιμητὴς νεανίσκου μὲν ἀφείλετο τὸν ἵππον, ὅτι
δειπνῶν πολυτελῶς, ἐν ᾧ χρόνῳ Καρχηδὼν ἐπολεμεῖτο, μελίπηκτον εἰς
σχῆμα τῆς πόλεως διαπλάσας (200e) καὶ τοῦτο Καρχηδόνα προσειπὼν
προύθηκε διαρπάσαι τοῖς παροῦσι· καὶ πυνθανομένου τὴν αἰτίαν τοῦ
νεανίσκου δι´ ἣν ἀφῄρηται τὸν ἵππον « ἐμοῦ γάρ » ἔφη « πρότερος
Καρχηδόνα διήρπασας. »
Γάιον δὲ Λικίνιον ἰδὼν παρερχόμενον « οἶδα » ἔφη « τοῦτον
ἐπιωρκηκότα τὸν ἄνδρα· μηδενὸς δὲ κατηγοροῦντος οὐ δύναμαι
κατήγορος ὁ αὐτὸς εἶναι καὶ δικαστής. »
Ἐκπεμφθέντα δὲ τρίτον αὐτὸν ὑπὸ τῆς βουλῆς, ὥς φησι Κλειτόμαχος,
ἀνθρώπων ὕβριν τε καὶ εὐνομίην ἐφορῶντα,
πόλεων ἐθνῶν βασιλέων ἐπίσκοπον, ὡς εἰς Ἀλεξάνδρειαν ἧκε καὶ τῆς
νεὼς ἀποβὰς ἐβάδιζε κατὰ τῆς κεφαλῆς (200f) ἔχων τὸ ἱμάτιον, ἠξίουν
ἀποκαλύψασθαι παραθέοντες οἱ Ἀλεξανδρεῖς καὶ δεῖξαι ποθοῦσιν αὐτοῖς
τὸ πρόσωπον· τοῦ δ´ ἀποκαλυψαμένου κραυγὴν καὶ κρότον ἐποίησαν.
Τοῦ δὲ βασιλέως μόλις ἁμιλλωμένου βαδίζουσιν αὐτοῖς δι´ ἀργίαν καὶ
τρυφὴν τοῦ σώματος ὁ Σκιπίων ἀτρέμα πρὸς τὸν Παναίτιον ψιθυρίσας
εἶπεν « ἤδη τι τῆς ἐπιδημίας ἡμῶν Ἀλεξανδρεῖς ἀπολελαύκασι·
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Traduction française :
[200] Il donna, dès sa jeunesse, une si haute idée de sa prudence et de sa
valeur, que Caton l'Ancien répondit à ceux qui lui demandaient son
sentiment sur ceux qui faisaient la guerre à Carthage, au nombre
desquels était Scipion :
«Seul il a du bon sens; les autres au hasard
Errent autour de lui, tels que des ombres vaines. »
Lorsqu'il fut retourné à Rome, tout le camp le redemanda, moins
pour lui faire plaisir que parce qu'ils espéraient être, par son moyen, plutôt
maîtres de Carthage.
Quand la ville fut prise, les Carthaginois, retirés dans la citadelle, s'y
défendaient avec vigueur. Comme le bras de mer qui la séparait du camp
romain avait peu de profondeur, Polybe lui conseillait d'y faire jeter des
chausse-trappes garnies de pointes de fer, pour empêcher les ennemis
de venir attaquer ses retranchements. Scipion lui dit qu'il serait ridicule,
après avoir donné l'assaut à la ville et s'en être emparé, de se mettre hors
d'état de combattre les ennemis.
Il trouva dans Carthage un grand nombre de statues grecques que
les Carthaginois avaient enlevées de la Sicile. Il fit publier que les
différentes villes d'où elles avaient été emportées vinssent les reconnaître
et les reprendre. Il ne permit à aucun esclave, ni affranchi, de rien
prendre ou de rien acheter, quoique tout le monde pillât librement.
C. Lélius, son intime ami, se mit sur les rangs pour le consulat.
Scipion, qui l'appuyait de tout son crédit, demanda à Pompée, qui
passait pour le fils d'un joueur de flûte, s'il comptait se mettre au nombre
des candidats. Pompée répondit qu'il n'y pensait pas, et qu'il solliciterait
en faveur de Lélius. Ils le crurent et furent trompés. On vint bientôt leur
dire que Pompée se tenait sur la place publique, et briguait les suffrages
pour lui-même. Tout le monde en fut indigné ; mais Scipion ne fit qu'en
rire, et dit en plaisantant : « Nous sommes bien simples de perdre notre
temps à attendre un joueur de flûte, comme si nous avions besoin du
secours des dieux, et non du suffrage des hommes ! »
Il avait pour compétiteur à la censure, Appius Claudius, qui se vantait
de pouvoir nommer tous les citoyens romains, tandis que Scipion en
connaissait à peine un seul par son nom. «Il est vrai, lui dit Scipion, que je
me suis mis bien moins en peine de connaître beaucoup de citoyens, que
de n'être inconnu à aucun d'eux. » Comme on était alors en guerre avec
les Celtibériens, il demanda qu'on les envoyât à l'armée, son compétiteur
et lui, en qualité de lieutenants ou de tribuns, et que ses soldats
rendraient témoignage à la valeur de l'un et de l'autre.
Élevé à la censure, il dégrada un jeune chevalier qui, pendant le
siège de Carthage, avait, dans un grand repas, fait faire un pâté en forme
de ville, et, lui donnant le nom de Carthage, l'avait fait piller par les
convives. Il demanda au censeur pourquoi il lui ôtait son cheval : « C'est,
lui répondit Scipion, parce que vous avez pillé Carthage avant moi. »
Il dit un jour, en voyant passer C. Licinius : « Je sais que cet
homme s'est rendu coupable d'un parjure; mais puisque personne ne
l'accuse, je ne veux pas être à la fois son accusateur et son juge. »
Il reçut une troisième commission du Sénat, pour aller, comme a dit Clitomachus,
Connaître les pays, les murs de divers peuples,
visiter les villes, les rois et les nations. Arrivé au port d'Alexandrie, il
sortit de son vaisseau la tête couverte. Les Alexandrins, qui étaient
accourus en foule auprès de lui, le prièrent de se découvrir, pour satisfaire
le désir qu'ils avaient de le voir. Il y consentit, et cette complaisance excita
des applaudissements universels. Le roi d'Égypte, naturellement mou et
pesant, avait bien de la peine à suivre la foule, malgré les efforts qu'il
faisait. Scipion, qui s'en aperçut, dit tout bas à l'oreille de Panétius : « Les
Alexandrins sentent déjà les bons effets de mon voyage;
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