[175] APOPHTHEGMES DES TYRANS DE SICILE.
ΓΕΛΩΝ.
(175a) Γέλων ὁ τύραννος, ὅτε Καρχηδονίους πρὸς Ἱμέρᾳ
κατεπολέμησεν, εἰρήνην ποιούμενος πρὸς αὐτοὺς ἠνάγκασεν ἐγγράψαι
ταῖς ὁμολογίαις ὅτι καὶ τὰ τέκνα παύσονται τῷ Κρόνῳ καταθύοντες.
Ἐξῆγε δὲ πολλάκις τοὺς Συρακοσίους ὡς ἐπὶ στρατείαν κατὰ φυτείαν,
ὅπως ἥ τε χώρα βελτίων γένηται γεωργουμένη καὶ μὴ χείρονες αὐτοὶ
σχολάζοντες.
Αἰτῶν δὲ χρήματα τοὺς πολίτας, ἐπεὶ ἐθορύβησαν, αἰτεῖν εἶπεν ὡς
ἀποδώσων, καὶ ἀπέδωκε μετὰ τὸν πόλεμον.
Ἐν δὲ συμποσίῳ λύρας περιφερομένης, ἁρμοζομένων (175b) τῶν
ἄλλων ἐφεξῆς καὶ ᾀδόντων, αὐτὸς τὸν ἵππον εἰσαγαγεῖν κελεύσας
ἐλαφρῶς καὶ ῥᾳδίως ἀνεπήδησεν ἐπ´ αὐτόν.
ΙΕΡΩΝ.
Ἱέρων ὁ μετὰ Γέλωνα τύραννος ἔλεγε μηδένα τῶν παρρησιαζομένων
πρὸς αὐτὸν ἄκαιρον εἶναι. Τοὺς δ´ ἀπόρρητον λόγον ἐκφέροντας ἀδικεῖν
ᾤετο καὶ πρὸς οὓς ἐκφέρουσι· μισοῦμεν γὰρ οὐ μόνον τοὺς ἐκφέροντας
ἀλλὰ καὶ τοὺς ἀκούσαντας ἃ μὴ βουλόμεθα.
Λοιδορηθεὶς δὲ ὑπό τινος εἰς τὴν δυσωδίαν τοῦ στόματος ᾐτιᾶτο τὴν
γυναῖκα μηδέποτε περὶ τούτου φράσασαν· ἡ δ´ εἶπεν « ᾤμην γὰρ τοιοῦτον
ἅπαντας τοὺς ἄνδρας ὄζειν. »
(175c) Πρὸς δὲ Ξενοφάνην τὸν Κολοφώνιον εἰπόντα μόλις οἰκέτας
δύο τρέφειν « ἀλλ´ Ὅμηρος » εἶπεν, « ὃν σὺ διασύρεις, πλείονας ἢ μυρίους
τρέφει τεθνηκώς. » Ἐπίχαρμον δὲ τὸν κωμῳδοποιόν, ὅτι τῆς γυναικὸς
αὐτοῦ παρούσης εἶπέ τι τῶν ἀπορρήτων, ἐζημίωσε.
ΔΙΟΝΥΣΙΟΣ Ο ΠΡΕΣΒΥΤΕΡΟΣ.
Διονύσιος ὁ πρεσβύτερος, κληρουμένων κατὰ γράμμα τῶν
δημηγορούντων, ὡς ἔλαχε τὸ Μ, πρὸς τὸν εἰπόντα « μωρολογήσεις,
Διονύσιε » « μοναρχήσω μὲν οὖν » εἶπε, καὶ δημηγορήσας εὐθὺς ᾑρέθη
στρατηγὸς ὑπὸ τῶν Συρακοσίων.
(175d) Ἐπεὶ δ´ ἐν ἀρχῇ τῆς τυραννίδος ἐπολιορκεῖτο συστάντων ἐπ´
αὐτὸν τῶν πολιτῶν, οἱ μὲν φίλοι συνεβούλευον ἀπαλλαγῆναι τῆς ἀρχῆς, εἰ
μὴ βούλεται κρατηθεὶς ἀποθανεῖν· ὁ δὲ βοῦν ἰδὼν σφαττόμενον ὑπὸ
μαγείρου καὶ πίπτοντα ταχέως « εἶτα οὐκ ἀεικές ἐστιν » εἶπεν « οὕτω
βραχὺν ὄντα τὸν θάνατον φοβηθέντας ἡμᾶς ἀρχὴν ἐγκαταλιπεῖν τηλικαύτην; »
Τὸν δὲ υἱὸν αἰσθόμενος, ᾧ τὴν ἀρχὴν ἀπολείπειν ἔμελλεν, ἀνδρὸς
ἐλευθέρου διαφθείραντα γύναιον, ἠρώτησε μετ´ ὀργῆς, τί τοιοῦτον αὐτῷ
σύνοιδεν. Εἰπόντος δὲ τοῦ νεανίσκου « σὺ γὰρ οὐκ εἶχες πατέρα τύραννον»
(175e) « οὐδὲ σύ » εἶπεν « υἱὸν ἕξεις, ἐὰν μὴ παύσῃ ταῦτα ποιῶν. »
Πάλιν δὲ πρὸς αὐτὸν εἰσελθὼν καὶ θεασάμενος ἐκπωμάτων χρυσῶν
καὶ ἀργυρῶν πλῆθος ἀνεβόησεν « οὐκ ἔστιν ἐν σοὶ τύραννος, ὃς ἀφ´ ὧν
λαμβάνεις ἀπ´ ἐμοῦ ποτηρίων τοσούτων φίλον οὐδένα σεαυτῷ πεποίηκας.»
Χρήματα δ´ εἰσπράσσων τοὺς Συρακοσίους, εἶτα ὁρῶν ὀδυρομένους
καὶ δεομένους καὶ λέγοντας ὡς οὐκ ἔχουσιν, ἐκέλευσεν ἕτερα πράττειν, καὶ
δὶς ἢ τρὶς τοῦτο ἐποίησεν· ἐπεὶ δὲ προστάξας πλείονα γελᾶν ἤκουσεν
αὐτοὺς καὶ σκώπτειν ἐν ἀγορᾷ περιιόντας, ἐκέλευσε παύσασθαι « νῦν γὰρ
οὐδὲν ἔχουσιν » εἶπεν, « ὅτε καταφρονοῦσιν ἡμῶν. »
(175f) Τῆς δὲ μητρὸς αὐτοῦ παρήλικος μὲν οὔσης δοθῆναι δ´ ἀνδρὶ
βουλομένης ἔφη τοὺς μὲν τῆς πόλεως βιάσασθαι νόμους δύνασθαι τοὺς δὲ
τῆς φύσεως μὴ δύνασθαι.
Πικρῶς δὲ τοὺς ἄλλους κακούργους κολάζων ἐφείδετο τῶν λωποδυτῶν,
ὅπως παύσωνται οἱ Συρακόσιοι τοῦ δειπνεῖν καὶ μεθύσκεσθαι
μετ´ ἀλλήλων.
Ξένου δέ τινος ἰδίᾳ φράσειν φάσκοντος αὐτῷ καὶ διδάξειν, ὅπως
προειδῇ τοὺς ἐπιβουλεύοντας, ἐκέλευσεν εἰπεῖν·
| [175] APOPHTHEGMES DES TYRANS DE SICILE.
GÉLON.
Gélon, tyran de Syracuse, vainquit les Carthaginois auprès
d'Himère ; et lorsqu'il fit la paix avec eux, il les obligea de mettre dans les
articles du traité, qu'ils n'immoleraient plus des enfants à Saturne.
Il conduisait souvent lui-même les Syracusains à la culture des
terres, comme il aurait fait à une expédition militaire, afin que le pays bien
cultivé devînt plus fertile, et qu'eux-mêmes ils ne s'amollissent pas dans
l'oisiveté.
Comme ses sujets se mutinaient pour une contribution qu'il avait
mise, il leur déclara que son intention était de leur rendre cet argent après
la guerre ; et il tint fidèlement sa parole.
Dans un festin, on présentait une lyre à la ronde, et chacun des
convives jouait et chantait à son tour. Pour lui, il demanda son cheval,
qu'il fit manœuvrer avec beaucoup de grâce et de dextérité.
HIÉRON.
Hiéron, successeur de Gélon dans la tyrannie, disait qu'il ne savait
pas mauvais gré à ceux qui lui parlaient avec franchise ; mais que ceux
qui trahissaient son secret faisaient tort, et à lui-même, et aux personnes
à qui ils les confiaient, parce que nous haïssons et ceux qui divulguent
nos secrets, et ceux qui les écoutent.
Quelqu'un lui ayant reproché qu'il avait la bouche mauvaise, il se
plaignit à sa femme de ce qu'elle ne l'en avait pas averti : « Je croyais,
répondit-elle, que tous les hommes sentaient de même. »
Xénophane le Colophonien lui disait un jour qu'il avait bien de la
peine à nourrir deux esclaves : « Cependant, lui dit Hiéron, cet Homère
que vous blâmez tant, tout mort qu'il est, en nourrit plus de dix mille. »
DENYS L'ANCIEN..
Un jour que les orateurs tiraient leur rang au sort, pour parler devant
le peuple, Denys l'Ancien eut la lettre M. Quelqu'un lui dit : « Denys, cela
signifie que tu diras bien des folies. — Non, répliqua-t-il, mais que je
serai monarque. » En effet, lorsqu'il eut fini son discours, les
Syracusains l'élurent pour leur général.
Dès le commencement de sa tyrannie, ses sujets se soulevèrent
contre lui, et l'assiégèrent dans son palais. Ses amis lui conseillaient
d'abdiquer le commandement, s'il ne voulait pas périr lorsqu'on se serait
rendu maître de sa personne. Dans ce moment, il vit un bœuf frappé par
un boucher, tomber mort au premier coup : « Quelle folie, leur dit-il, si,
pour une mort qui dure si peu, j'allais abandonner une si grande puissance ! »
Il apprit que son fils, qui devait lui succéder, avait corrompu la femme
d'un homme libre; et comme il lui demandait avec colère quelle action
semblable il lui avait vu faire, son fils lui répondit : « Vous n'avez pas eu
un père qui fût tyran. — Et toi, répliqua Denys, tu n'auras pas de fils qui le
soit, si tu ne changes de conduite. »
Une autrefois il entra dans l'appartement de son fils, et y vit une
nombreuse vaisselle d'or et d'argent : « Ah ! s'écria-t-il, tu n'es pas fait
pour régner, puisque de tant de dons que tu as reçus de moi, tu n'as pas
su te faire un seul ami. »
Les Syracusains se plaignaient d'une contribution qu'il levait sur eux ;
ils pleuraient, ils gémissaient, et alléguaient leur indigence. Denys en
ordonna une seconde, et puis une troisième. Il allait en mettre une
quatrième, lorsqu'on vint lui dire qu'ils ne faisaient plus que rire et
plaisanter, en se promenant tranquillement sur la place. Alors il fit cesser
les contributions, en disant : « Ils n'ont plus rien, puisqu'ils ne tiennent pas
compte de mes menaces. »
Sa mère, qui était déjà fort vieille, voulait que son fils se mariât ; « Je
puis bien, lui dit Denys, violer les lois de Syracuse, mais non forcer celles
de la nature. »
Sévère envers les malfaiteurs, il faisait grâce à ceux qui
dépouillaient la nuit les passants dans les rues, afin que les Syracusains
n'allassent plus les uns chez les autres, faire des parties de débauche.
Un étranger s'offrit un jour de lui donner un secret pour découvrir
tous les complots qu'on formerait contre lui.
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