HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

μέγαν



Texte grec :

[23] Πολλῶν δὲ τοιούτων γεγονότων καὶ παρ´ ἡμῖν καὶ παρὰ τοῖς βαρβάροις, τίς ἂν ἀνάσχοιτο τῶν τὴν Ἀφροδίτην λοιδορούντων, ὡς Ἔρωτι προσθεμένη καὶ παροῦσα κωλύει φιλίαν γενέσθαι; τὴν μὲν πρὸς ἄρρεν´ ἄρρενος ὁμιλίαν, μᾶλλον δ´ ἀκρασίαν καὶ ἐπιπήδησιν, εἴποι τις ἂν ἐννοήσας ‘ὕβρις τάδ´ οὐχὶ Κύπρις ἐξεργάζεται’. διὸ τοὺς μὲν ἡδομένους τῷ πάσχειν εἰς τὸ χείριστον τιθέμενοι γένος κακίας οὔτε πίστεως μοῖραν οὔτ´ αἰδοῦς οὔτε φιλίας νέμομεν, ἀλλ´ ὡς ἀληθῶς κατὰ τὸν Σοφοκλέα ‘φίλων τοιούτων οἱ μὲν ἐστερημένοι χαίρουσιν, οἱ δ´ ἔχοντες εὔχονται φυγεῖν.’ ὅσοι δὲ μὴ κακοὶ πεφυκότες ἐξηπατήθησαν ἢ κατεβιάσθησαν ἐνδοῦναι καὶ παρασχεῖν ἑαυτούς, οὐδένα μᾶλλον ἀνθρώπων ἢ τοὺς διαθέντας ὑφορώμενοι καὶ μισοῦντες διατελοῦσι καὶ πικρῶς ἀμύνονται καιροῦ παραδόντος· Ἀρχέλαόν τε γὰρ ἀπέκτεινε Κρατέας ἐρώμενος γεγονώς, καὶ τὸν Φεραῖον Ἀλέξανδρον Πυθόλαος· Περίανδρος δ´ ὁ Ἀμβρακιωτῶν τύραννος ἠρώτα τὸν ἐρώμενον εἰ μήπω κυεῖ, κἀκεῖνος παροξυνθεὶς ἀπέκτεινεν αὐτόν. ἀλλὰ γυναιξί γε καὶ γαμέταις ἀρχαὶ ταῦτα φιλίας, ὥσπερ ἱερῶν μεγάλων κοινωνήματα. καὶ τὸ τῆς ἡδονῆς μικρόν, ἡ δ´ ἀπὸ ταύτης ἀναβλαστάνουσα καθ´ ἡμέραν τιμὴ καὶ χάρις καὶ ἀγάπησις ἀλλήλων καὶ πίστις οὔτε Δελφοὺς ἐλέγχει ληροῦντας, ὅτι τὴν Ἀφροδίτην ‘Ἄρμα’ καλοῦσιν, οὔθ´ Ὅμηρον ‘φιλότητα’ τὴν τοιαύτην προσαγορεύοντα συνουσίαν· τόν τε Σόλωνα μαρτυρεῖ γεγονέναι τῶν γαμικῶν ἐμπειρότατον νομοθέτην, κελεύσαντα μὴ ἔλαττον ἢ τρὶς κατὰ μῆνα τῇ γαμετῇ πλησιάζειν, οὐχ ἡδονῆς ἕνεκα δήπουθεν, ἀλλ´ ὥσπερ αἱ πόλεις διὰ χρόνου σπονδὰς ἀνανεοῦνται πρὸς ἀλλήλας, οὕτως ἄρα βουλόμενον ἀνανεοῦσθαι τὸν γάμον ἐκ τῶν ἑκάστοτε συλλεγομένων σχημάτων ἐν τῇ τοιαύτῃ φιλοφροσύνῃ. ‘ἀλλὰ πολλὰ φαῦλα καὶ μανικὰ τῶν γυναικείων ἐρώτων·’ τί δ´ οὐχὶ πλείονα τῶν παιδικῶν; ‘οἰκειότητος ἐμβλέπων ὠλίσθανον.’ ‘ἀγένειος ἁπαλὸς καὶ νεανίας καλός·’ ‘ἐμφύντ´ ἀποθανεῖν κἀπιγράμματος τυχεῖν.’ ἀλλ´ ὥσπερ τοῦτο παιδομανία, οὕτως ἐκεῖνο γυναικομανία τὸ πάθος, οὐδέτερον δ´ Ἔρως ἐστίν. Ἄτοπον οὖν τὸ γυναιξὶν ἀρετῆς φάναι μηδαμῇ μετεῖναι· τί δὲ δεῖ λέγειν περὶ σωφροσύνης καὶ συνέσεως αὐτῶν, ἔτι δὲ πίστεως καὶ δικαιοσύνης, ὅπου καὶ τὸ ἀνδρεῖον καὶ τὸ θαρραλέον καὶ τὸ μεγαλόψυχον ἐν πολλαῖς ἐπιφανὲς γέγονε δὲ πρὸς τὰ ἄλλα κατὰ τὴν φύσιν αὐτῶν, ἀλλ´ ἢ ψέγοντας εἰς μόνην φιλίαν ἀνάρμοστον ἀποφαίνειν, παντάπασι δεινόν. καὶ γὰρ φιλότεκνοι καὶ φίλανδροι, καὶ τὸ στερκτικὸν ὅλως ἐν αὐταῖς, ὥσπερ εὐφυὴς χώρα καὶ δεκτικὴ φιλίας, οὔτε πειθοῦς οὔτε χαρίτων ἄμοιρον ὑπόκειται. καθάπερ δὲ λόγῳ ποίησις ἡδύσματα μέλη καὶ μέτρα καὶ ῥυθμοὺς ἐφαρμόσασα καὶ τὸ παιδεῦον αὐτοῦ κινητικώτερον ἐποίησε καὶ τὸ βλάπτον ἀφυλακτότερον, οὕτως ἡ φύσις γυναικὶ περιθεῖσα χάριν ὄψεως καὶ φωνῆς πιθανότητα καὶ μορφῆς ἐπαγωγὸν εἶδος, τῇ μὲν ἀκολάστῳ πρὸς ἡδονὴν καὶ ἀπάτην τῇ δὲ σώφρονι πρὸς εὔνοιαν ἀνδρὸς καὶ φιλίαν μεγάλα συνήργησεν. ὁ μὲν οὖν Πλάτων τὸν Ξενοκράτη, τἄλλα γενναῖον ὄντα καὶ μέγαν αὐστηρότατον δὲ τῷ ἤθει, παρεκάλει θύειν ταῖς Χάρισι· χρηστῇ δ´ ἄν τις γυναικὶ καὶ σώφρονι παραινέσειε τῷ Ἔρωτι θύειν, ὅπως εὐμενὴς συνοικουρῇ τῷ γάμῳ καὶ ἡδὺς - - - γυναικείοις, καὶ μὴ πρὸς ἑτέραν ἀπορρυεὶς ὁ ἀνὴρ ἀναγκάζηται τὰς ἐκ τῆς κωμῳδίας λέγειν φωνάς ‘οἵαν ἀδικῶ γυναῖχ´ ὁ δυσδαίμων ἐγώ.’ τὸ γὰρ ἐρᾶν ἐν γάμῳ τοῦ ἐρᾶσθαι μεῖζον ἀγαθόν ἐστι· πολλῶν γὰρ ἁμαρτημάτων ἀπαλλάττει, μᾶλλον δὲ πάντων ὅσα διαφθείρει καὶ λυμαίνεται τὸν γάμον.

Traduction française :

[23] «En raison du grand nombre de faits semblables accomplis et chez nous et chez les Barbares, qui pourrait souffrir que l'on calomnie Vénus, que l'on dise qu'elle ne se joint à l'Amour et ne l'assiste que pour empêcher l'amitié de se produire? C'est de l'amour des garçons, ou plutôt de ce grossier et bestial accouplement, qu'avec un peu de réflexion il faudrait dire : "C'est un plaisir infâme, où Vénus n'a point part". Aussi, ceux qui aiment à se livrer à ce genre de prostitution sont-ils rangés par nous dans la classe des libertins les plus dépravés. Nous ne leur supposons pas le moindre sentiment de bonne foi, de pudeur, d'amitié; et rien n'est plus vrai que ce que Sophocle a dit d'eux : "Privé de tels amis, chacun s'en félicite. Les a-t-on ; constamment on fuit et les évite". Pour ceux qui, sans être nés avec des inclinations perverses, ont été, par surprise ou par violence, obligés de céder et de livrer leur personne, il n'est point d'hommes qui leur inspirent plus de répulsion que les auteurs de cet attentat. Ils leur vouent une haine éternelle, et ils tirent d'eux une vengeance terrible quand l'occasion se présente. Archélaüs tomba sous les coups de Cratéas, dont il avait abusé ; Alexandre de Phères, sous ceux de Pitholaüs. Périandre, le tyran d'Ambracie, demandait à son mignon s'il n'allait pas bientôt accoucher, et celui-ci, transporté de colère, le tua. «Pour les femmes, au contraire, du moins pour les femmes légitimes, la maternité est un principe de tendresse envers leurs époux, et une sorte d'initiation commune à de grands mystères. Le plaisir sensuel en est peu de chose. Mais à sa suite on voit se développer de jour en jour entre les époux plus de déférences et d'égards, plus de tendresse et de confiance : ce qui prouve que les Delphiens ne radotent pas en donnant à Vénus le nom «d'attelage», pas plus qu'Homère, en donnant à l'union conjugale le nom de "tendresse". C'est aussi un argument en faveur de Solon et de la profonde sagesse des lois qu'il a portées sur le mariage. Il avait ordonné que les époux ne se rapprochassent pas moins de trois fois par mois; et certainement, ce n'était pas en vue du plaisir. Quelle était donc sa pensée? Eh bien! De même que les cités renouvellent de temps en temps leurs traités d'alliance, de même Solon voulait que l'on renouvelât le pacte d'hyménée, et que l'on oubliât, dans un rapprochement aussi tendre, les contrariétés qui naissent à chaque instant au sein des ménages. Mais, dira-t-on, il y a bien des crimes, bien des fureurs dans les amours inspirés par des femmes.... Eh quoi ! N'y en a-t-il pas davantage dans ceux des garçons? "Je le vis; et soudain je glissai sur la pente. Quel duvet délicat! quelle tête charmante! Mourir entre ses bras, puis descendre au tombeau, C'est tout ce que j'envie ..." Mais, de même que ces deux passions tiennent quelquefois de l'égarement, ni l'une ni l'autre ne sont l'amour. «Il y aurait donc absurdité à dire que les femmes n'ont pas les autres vertus. Est-il nécessaire de parler de leur sagesse, de leur pénétration, de leur fidélité, de leur justice? Plusieurs n'ont-elles pas, dans de nombreuses occasions, fait preuve d'un courage tout viril, d'audace, de magnanimité? Quoi! on rendrait, sous les autres rapports, hommage à leur mérite, et ce serait en amitié seulement qu'on leur adresserait des reproches, en disant que l'amitié est incompatible avec leur nature ! On produirait là une assertion tout à fait étrange. Les femmes aiment tendrement leurs enfants, leurs maris; et, pour parler d'une manière générale, le dévouement est en elles comme un sol fertile, capable de produire toutes les qualités aimantes, un sol où il n'est pas une place que ne dispute le désir de persuader et de plaire. Toutefois, de même que la poésie, en accommodant aux paroles le charme du nombre, de la mesure et de la cadence, donne plus de vivacité, il est vrai, à ses enseignements, mais aussi plus de danger à ses séductions, contre lesquelles on se met moins en garde; de même la nature, en revêtant les femmes d'agréments extérieurs, en leur donnant le charme du regard, la persuasion de la voix, les attraits irrésistibles du visage, les a, par cela même, armées d'une grande puissance pour entraîner au plaisir et à la séduction si elles sont dissolues, pour s'assurer l'amour et la tendresse de leurs maris si elles sont sages. «Platon, voyant Xénocrate plein de sentiments nobles et élevés, mais trop austère de moeurs, l'engageait «à sacrifier aux Grâces.» A une femme honnête et sage on pourrait conseiller de sacrifier à l'Amour, afin qu'elle habituât son mari à se plaire avec elle dans le gynécée. De cette façon il ne se laisserait pas prendre à une autre liaison, et ne serait pas forcé de dire, comme dans la comédie : "J'accable de chagrins la meilleure des femmes : Je suis un monstre ..." Car, en mariage, aimer est un plus grand bien qu'être aimé. C'est le moyen de s'épargner beaucoup de fautes, ou plutôt c'est supprimer toutes celles qui gâtent et troublent un ménage.





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Dernière mise à jour : 8/06/2005