HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

αὐτῷ



Texte grec :

[20] Τὰ μὲν οὖν πολλὰ ποιηταὶ προσπαίζοντες ἐοίκασι τῷ θεῷ γράφειν περὶ αὐτοῦ καὶ ᾄδειν ἐπικωμάζοντες, ὀλίγα δ´ εἴρηται μετὰ σπουδῆς αὐτοῖς, εἴτε κατὰ νοῦν καὶ λογισμὸν εἴτε σὺν θεῷ τῆς ἀληθείας ἁψαμένοις· ὧν ἕν ἐστι καὶ τὸ περὶ τῆς γενέσεως· ’δεινότατον θέων τὸν γέννατ´ εὐπέδιλλος Ἶρις χρυσοκόμᾳ Ζεφύρῳ μίγεισα·‘ εἰ μή τι καὶ ὑμᾶς ἀναπεπείκασιν οἱ γραμματικοί, λέγοντες πρὸς τὸ ποικίλον τοῦ πάθους καὶ τὸ ἀνθηρὸν γεγονέναι τὴν εἰκασίαν.’ καὶ ὁ Δαφναῖος ‘πρὸς τί γάρ’ ἔφη ‘ἕτερον;’ ‘ἀκούετ´’ εἶπεν ὁ πατήρ· ‘οὕτω γὰρ βιάζεται τὸ φαινόμενον λέγειν. ἀνάκλασις δή που τὸ περὶ τὴν ἶρίν ἐστι τῆς ὄψεως πάθος, ὅταν ἡσυχῆ νοτερῷ λείῳ δὲ καὶ μέτριον πάχος ἔχοντι προσπεσοῦσα νέφει τοῦ ἡλίου ψαύσῃ κατ´ ἀνάκλασιν καὶ τὴν περὶ ἐκεῖνον αὐγὴν ὁρῶσα καὶ τὸ φῶς δόξαν ἡμῖν ἐνεργάσηται τοῦ φαντάσματος ὡς ἐν τῷ νέφει ὄντος. ταὐτὸ δὴ τὸ ἐρωτικὸν μηχάνημα καὶ σόφισμα περὶ τὰς εὐφυεῖς καὶ φιλοκάλους ψυχάς· ἀνάκλασιν ποιεῖ τῆς μνήμης ἀπὸ τῶν ἐνταῦθα φαινομένων καὶ προσαγορευομένων καλῶν εἰς τὸ θεῖον καὶ ἐράσμιον καὶ μακάριον ὡς ἀληθῶς ἐκεῖνο καὶ θαυμάσιον καλόν. ἀλλ´ οἱ πολλοὶ μὲν ἐν παισὶ καὶ γυναιξὶν ὥσπερ ἐν κατόπτροις εἴδωλον αὐτοῦ φανταζόμενον διώκοντες καὶ ψηλαφῶντες οὐδὲν ἡδονῆς μεμιγμένης λύπῃ δύνανται λαβεῖν βεβαιότερον· ἀλλ´ οὗτος ἔοικεν ὁ τοῦ Ἰξίονος ἴλιγγος εἶναι καὶ πλάνος, ἐν νέφεσι κενὸν ὥσπερ σκιαῖς θηρωμένου τὸ ποθούμενον· ὥσπερ οἱ παῖδες προθυμούμενοι τὴν ἶριν ἑλεῖν τοῖν χεροῖν, ἑλκόμενοι πρὸς τὸ φαινόμενον. εὐφυοῦς δ´ ἐραστοῦ καὶ σώφρονος ἄλλος τρόπος· ἐκεῖ γὰρ ἀνακλᾶται πρὸς τὸ θεῖον καὶ νοητὸν καλόν· ὁρατοῦ δὲ σώματος ἐντυχὼν κάλλει καὶ χρώμενος οἷον ὀργάνῳ τινὶ τῆς μνήμης ἀσπάζεται καὶ ἀγαπᾷ, καὶ συνὼν καὶ γεγηθὼς ἔτι μᾶλλον ἐκφλέγεται τὴν διάνοιαν. Καὶ οὔτε μετὰ σωμάτων ὄντες ἐνταῦθα τουτὶ τὸ φῶς ἐπιποθοῦντες κάθηνται καὶ θαυμάζοντες, οὔτ´ ἐκεῖ γενόμενοι μετὰ τὴν τελευτὴν δεῦρο πάλιν στρεφόμενοι καὶ δραπετεύοντες ἐν θύραις νεογάμων καὶ δωματίοις κυλινδοῦνται, δυσόνειρα φαντασμάτια φιληδόνων καὶ φιλοσωμάτων ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν οὐ δικαίως ἐρωτικῶν προσαγορευομένων. ὁ γὰρ ὡς ἀληθῶς ἐρωτικὸς ἐκεῖ γενόμενος καὶ τοῖς καλοῖς ὁμιλήσας, ᾗ θέμις, ἐπτέρωται καὶ κατωργίασται καὶ διατελεῖ περὶ τὸν αὑτοῦ θεὸν ἄνω χορεύων καὶ συμπεριπολῶν, ἄχρις οὗ πάλιν εἰς τοὺς Σελήνης καὶ Ἀφροδίτης λειμῶνας ἐλθὼν καὶ καταδαρθὼν ἑτέρας ἄρχηται γενέσεως.’ ‘Ἀλλὰ ταῦτα μέν’ ἔφη ‘μείζονας ἔχει τῶν παρόντων λόγων ὑποθέσεις. τῷ δ´ Ἔρωτι καὶ τοῦτο καθάπερ τοῖς ἄλλοις θεοῖς ’ἔνεστιν‘ ὡς Εὐριπίδης φησί ’τι μωμένῳ χαίρειν ἀνθρώπων ὕπο‘ καὶ τοὐναντίον· εὐμενέστατος γάρ ἐστι τοῖς δεχομένοις ἐμμελῶς αὐτὸν βαρὺς δὲ τοῖς ἀπαυθαδισαμένοις. οὔτε γὰρ ξένων καὶ ἱκετῶν ἀδικίας ὁ Ξένιος οὔτε γονέων ἀρὰς ὁ Γενέθλιος οὕτω διώκει καὶ μέτεισι ταχέως ὡς ἐρασταῖς ἀγνωμονηθεῖσιν ὁ Ἔρως ὀξὺς ὑπακούει, τῶν ἀπαιδεύτων καὶ ὑπερηφάνων κολαστής. τί γὰρ ἂν λέγοι τις Εὐξύνθετον καὶ Λευκοκόμαν; τί δὲ τὴν ἐν Κύπρῳ Παρακύπτουσαν ἔτι νῦν προσαγορευομένην; ἀλλὰ τὴν Γοργοῦς ἴσως ποινὴν οὐκ ἀκηκόατε τῆς Κρήσσης, παραπλήσια τῇ Παρακυπτούσῃ παθούσης· πλὴν ἐκείνη μὲν ἀπελιθώθη παρακύψασα τὸν ἐραστὴν ἰδεῖν ἐκκομιζόμενον· τῆς δὲ Γοργοῦς Ἄσανδρός τις ἠράσθη, νέος ἐπιεικὴς καὶ γένει λαμπρός· ἐκ δὲ λαμπρῶν εἰς ταπεινὰ πράγματα καὶ εὐτελῆ ἀφιγμένος, ὅμως αὑτὸν οὐδενὸς ἀπηξιοῦτο, ἀλλὰ τὴν Γοργώ, διὰ πλοῦτον ὡς ἔοικε περιμάχητον οὖσαν καὶ πολυμνήστευτον, ᾔτει γυναῖκα συγγενὴς ὤν, πολλοὺς ἔχων καὶ ἀγαθοὺς συνερῶντας αὐτῷ, πάντας δὲ τοὺς περὶ τὴν κόρην ἐπιτρόπους καὶ οἰκείους πεπεικὼς (- - -).

Traduction française :

[20] «La plupart des choses que les poètes disent de l'Amour ressemblent à des plaisanteries : ce qu'ils écrivent et ce qu'ils chantent de ce Dieu n'est inspiré que par les fumées du vin. Il est rare qu'ils parlent de lui d'une manière sérieuse : soit qu'ils en agissent ainsi à dessein et par calcul, soit qu'il leur faille l'inspiration d'un Dieu pour être dans la vérité. De ce genre est ce qu'ils disent à propos de sa génération : "Le dieu dont l'univers reconnait la puissance, De Zéphyr et d'Iris a reçu la naissance: De Zéphyr, dont on voit flotter les cheveux blonds; D'Iris aux pieds légers, aux brodequins mignons". A moins que vous ne vous laissiez persuader par les grammairiens, qui prétendent que c'est là une allusion aux nuances si variées et si vives de ce sentiment» - «Quelle autre chose pourrait signifier un rapprochement semblable?» dit Daphnée. - «Je vais vous l'apprendre, reprit mon père ; et ici, l'évidence même indique forcément ce que l'on doit dire. L'arc-en-ciel est un effet de réfraction. La lumière du soleil venant à tomber doucement sur un nuage humide, de médiocre densité, se brise en traversant ce nuage; et le nouvel aspect sous lequel nous voyons l'éclat des rayons solaires nous fait croire que cette image brillante réside dans la nue même. Telle est l'habileté ingénieuse, l'invention subtile de l'Amour. Il persuade aux âmes d'élite, aux âmes vertueuses, que ce qui est ici-bas regardé comme beau et proclamé tel est, par l'effet du souvenir, la reproduction de la divine, de l'adorable, de la bienheureuse beauté qui seule est véritable, qui seule mérite notre admiration. Mais la plupart des amoureux, jeunes garçons comme femmes, ne sont que des miroirs dans lesquels on poursuit, dans lesquels on croit saisir une image illusoire de cette beauté; et pourtant, on n'y saurait recueillir rien de plus solide qu'un plaisir mêlé de douleur. Il semble que ce soit le vertige et l'égarement qu'éprouvait Ixion lorsque, dans une nuée, comme dans une ombre, il cherchait à étreindre la déesse qu'il aimait. On croirait voir des enfants qui veulent saisir l'arc-en-ciel avec leurs deux mains en s'élançant vers sa trace lumineuse. «Combien différentes sont les dispositions de l'amoureux dont l'âme est belle et sage! C'est au delà de l'image apparente qu'il va chercher la beauté divine, perçue par la seule intelligence. La beauté visible du corps, telle qu'il l'a rencontrée, n'est en quelque sorte qu'un instrument propre à aider sa mémoire. S'il s'y attache, s'il en devient épris, c'est parce qu'une sympathie délicieuse enflamme encore davantage sa pensée. Se rapprochant des corps ici-bas, il n'y arrête pas plus son admiration et ses désirs, que dans son autre séjour, après le trépas, il ne songera à revenir sur terre comme un esclave fugitif, pour rôder à la porte et près de l'appartement des nouveaux mariés. Non : il ne faut voir que des rêves pénibles dans les fantaisies inspirées par les sens et par la chair. Les hommes et les femmes qui bornent là leur félicité ne méritent pas le titre d'amants. Le véritable amant fait son séjour de ces espaces lointains où il converse, autant que cela lui est permis, avec les êtres vraiment beaux. C'est là que l'emporte son vol; c'est là qu'il entre en partage des saints transports de l'initiation; qu'il bondit et circule autour de son Dieu, au sein de l'empyrée: jusqu'à ce qu'enfin, revenu dans les prairies délicieuses de Vénus et de Séléné, il s'y endorme d'un profond sommeil pour recommencer une nouvelle génération. Mais ces aperçus dépassent le sujet qui nous occupe. «Du reste l'Amour, comme les autres Dieux, a ceci de particulier, ainsi que le dit Euripide, "Qu'au culte des humains il est surtout sensible". Et réciproquement : de même que l'Amour est plein de bienveillance pour ceux qui lui font un accueil convenable, de même son courroux s'appesantit sur ceux qui lui montrent un visage rebelle. Et il faut bien le dire : le Dieu Hospitalier qui s'intéresse aux étrangers et aux suppliants malheureux, le Dieu protecteur de la famille, le Dieu qui exauce les imprécations paternelles, ne poursuivent pas les coupables avec une intervention aussi rapide que l'Amour met d'empressement à venger les amants méconnus et à punir les grossiers dédains. Quel besoin y aurait-il de rappeler ici les aventures d'Euxynthète et de son amante Leucomantis, la même qu'à Chypre on appelle encore aujourd'hui "celle qui se penche à la fenêtre"? Mais peut-être ne connaissez-vous pas le châtiment subi par Gorgo, la Crétoise, laquelle éprouva un sort analogue à celui de l'amante à la fenêtre. La seule différence, c'est que Leucomantis fut changée en pierre au moment où elle se penchait pour voir passer le convoi de son amant. Quant à Gorgo, elle était aimée d'un certain Asandre, jeune homme charmant et d'une naissance illustre, qui, d'une position brillante, était tombé dans l'abaissement et la misère. Il ne s'en croyait pas moins digne de prétendre à tout; et bien que Gorgo, en raison de ce qu'elle était fort riche, semblât devoir être un parti difficile à obtenir et fort recherché, il demanda sa main, à titre de proche parent. Il avait un grand nombre de rivaux du plus grand mérite ; mais il trouva le moyen de gagner en sa faveur tous les parents et les tuteurs de la jeune fille - - -.





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Dernière mise à jour : 8/06/2005