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[17] ἀρχομένων δὲ Λακεδαιμονίων ἄχθεσθαι τῇ αὐξήσει τῶν
Ἀθηναίων, ἐπαίρων ὁ Περικλῆς τὸν δῆμον ἔτι μᾶλλον μέγα φρονεῖν καὶ
μεγάλων αὑτὸν ἀξιοῦν πραγμάτων, γράφει ψήφισμα, πάντας Ἕλληνας
τοὺς ὁπήποτε κατοικοῦντας Εὐρώπης ἢ τῆς Ἀσίας παρακαλεῖν, καὶ μικρὰν
πόλιν καὶ μεγάλην, εἰς σύλλογον πέμπειν Ἀθήναζε τοὺς βουλευσομένους
περὶ τῶν Ἑλληνικῶν ἱερῶν, ἃ κατέπρησαν οἱ βάρβαροι, καὶ τῶν θυσιῶν ἃς
ὀφείλουσιν ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος εὐξάμενοι τοῖς θεοῖς ὅτε πρὸς τοὺς
βαρβάρους ἐμάχοντο, καὶ τῆς θαλάττης, ὅπως πλέωσι πάντες ἀδεῶς καὶ
τὴν εἰρήνην ἄγωσιν. (2) ἐπὶ ταῦτα δ' ἄνδρες εἴκοσι τῶν ὑπὲρ πεντήκοντα
ἔτη γεγονότων ἐπέμφθησαν, ὧν πέντε μὲν Ἴωνας καὶ Δωριεὶς τοὺς ἐν
Ἀσίᾳ καὶ νησιώτας ἄχρι Λέσβου καὶ Ῥόδου παρεκάλουν, πέντε δὲ τοὺς ἐν
Ἑλλησπόντῳ καὶ Θρᾴκῃ μέχρι Βυζαντίου τόπους ἐπῄεσαν, καὶ πέντε ἐπὶ
τούτοις εἰς Βοιωτίαν καὶ Φωκίδα καὶ Πελοπόννησον, ἐκ δὲ ταύτης διὰ
Λοκρῶν ἐπὶ τὴν πρόσοικον ἤπειρον ἕως Ἀκαρνανίας καὶ Ἀμβρακίας
ἀπεστάλησαν· (3) οἱ δὲ λοιποὶ δι' Εὐβοίας ἐπ' Οἰταίους καὶ τὸν Μαλιέα
κόλπον καὶ Φθιώτας Ἀχαιοὺς καὶ Θεσσαλοὺς ἐπορεύοντο, συμπείθοντες
ἰέναι καὶ μετέχειν τῶν βουλευμάτων ἐπ' εἰρήνῃ καὶ κοινοπραγίᾳ τῆς
Ἑλλάδος. ἐπράχθη δὲ οὐδέν, οὐδὲ συνῆλθον αἱ πόλεις, Λακεδαιμονίων
ὑπεναντιωθέντων, ὡς λέγεται, καὶ τὸ πρῶτον ἐν Πελοποννήσῳ τῆς πείρας
ἐλεγχθείσης. τοῦτο μὲν οὖν παρεθέμην ἐνδεικνύμενος αὐτοῦ τὸ φρόνημα
καὶ τὴν μεγαλοφροσύνην.
| [17] XVII. Les Lacédémoniens commençaient à voir d’un oeil jaloux la puissance des Athéniens
faire chaque jour de nouveaux progrès. Périclès, qui voulait encore inspirer à ses concitoyens
plus d’élévation, plus d’ardeur pour les grandes entreprises, décida d’inviter par un décret tous
les peuples grecs, dans quelque partie de l’Europe ou de l’Asie qu’ils fussent établis, toutes
les villes, grandes et petites, à envoyer des députés à Athènes, pour y délibérer sur la
reconstruction des temples brulés par les Barbares, sur les sacrifices qu’on avait voués aux
dieux pour le salut de la Grèce pendant les guerres des Perses, enfin sur les moyens de rendre
la navigation sûre et d’établir la paix entre tous les Grecs. On choisit, pour aller faire cette
invitation, vingt citoyens au-dessus de cinquante ans, dont cinq furent envoyés vers les
Ioniens, les Doriens d’Asie et les insulaires jusqu’à Lesbos et Rhodes ; cinq autres allèrent
dans l’Hellespont et la Thrace, jusqu’à Byzance ; cinq dans la Béotie, la Phocide et le
Péloponnèse, d’où ils passèrent par la Locride dans le continent voisin jusqu’à l’Acarnanie et
l’Ambracie ; les cinq derniers, traversant l’Eubée, parcoururent les pays voisins du mont OEta
et les environs du golfe de Malée, les pays des Phthiotes, des Achéens et des Thessaliens. Ils
firent tous leurs efforts pour persuader ces peuples de se rendre à Athènes, afin d’y prendre
part à des délibérations qui devaient avoir pour objet la paix et les affaires générales de la
Grèce. Mais toutes leurs démarches furent inutiles : les villes ne s’assemblèrent point, parce
que les Lacédémoniens s’y opposèrent, car ce fut d’abord dans le Péloponnèse que cette
proposition fut rejetée. J’ai cru devoir rapporter cette circonstance, pour faire connaître
l’élévation d’esprit et la grandeur d’âme de Périclès.
| [18] ἐν δὲ ταῖς στρατηγίαις εὐδοκίμει μάλιστα διὰ τὴν ἀσφάλειαν, οὔτε
μάχης ἐχούσης πολλὴν ἀδηλότητα καὶ κίνδυνον ἑκουσίως ἁπτόμενος,
οὔτε τοὺς ἐκ τοῦ παραβάλλεσθαι χρησαμένους τύχῃ λαμπρᾷ καὶ
θαυμασθέντας ὡς μεγάλους ζηλῶν καὶ μιμούμενος στρατηγούς, ἀεί τε
λέγων πρὸς τοὺς πολίτας ὡς ὅσον ἐπ' αὐτῷ μενοῦσιν ἀθάνατοι πάντα τὸν
χρόνον. (2) ὁρῶν δὲ Τολμίδην τὸν Τολμαίου διὰ τὰς πρότερον εὐτυχίας καὶ
διὰ τὸ τιμᾶσθαι διαφερόντως ἐκ τῶν πολεμικῶν σὺν οὐδενὶ καιρῷ
παρασκευαζόμενον εἰς Βοιωτίαν ἐμβαλεῖν, καὶ πεπεικότα τῶν ἐν ἡλικίᾳ
τοὺς ἀρίστους καὶ φιλοτιμοτάτους ἐθελοντὶ στρατεύεσθαι, χιλίους
γενομένους ἄνευ τῆς ἄλλης δυνάμεως, κατέχειν ἐπειρᾶτο καὶ παρακαλεῖν
ἐν τῷ δήμῳ, τὸ μνημονευόμενον εἰπών, ὡς εἰ μὴ πείθοιτο Περικλεῖ, τόν γε
σοφώτατον οὐχ ἁμαρτήσεται σύμβουλον ἀναμείνας χρόνον. (3) τότε μὲν
οὖν μετρίως εὐδοκίμησε τοῦτ' εἰπών· ὀλίγαις δ' ὕστερον ἡμέραις, ὡς
ἀνηγγέλθη τεθνεὼς μὲν αὐτὸς Τολμίδης περὶ Κορώνειαν ἡττηθεὶς μάχῃ,
τεθνεῶτες δὲ πολλοὶ κἀγαθοὶ τῶν πολιτῶν, μεγάλην τοῦτο τῷ Περικλεῖ
μετ' εὐνοίας δόξαν ἤνεγκεν, ὡς ἀνδρὶ φρονίμῳ καὶ φιλοπολίτῃ.
| [18] XVIII. Mais rien ne lui concilia tant l’estime publique que la circonspection qu’il mettait dans
ses expéditions militaires. Il ne hasardait jamais une bataille dont le succès lui semblait
incertain, et qui offrait un danger apparent. Il estimait peu ces généraux qu’une heureuse
témérité faisait regarder comme de grands capitaines. Peu jaloux de les imiter, il disait
souvent à ses concitoyens que, s’il pouvait, il les rendrait immortels. Tolmidas, fils de
Tolméus, enflé de ses succès et de la gloire qu’ils lui avaient acquise, voulait hors de
propos entrer en armes dans la Béotie. Non content des troupes qu’il avait, il persuada les
jeunes gens les plus braves et les plus avides de gloire, au nombre de plus de mille, de le
suivre en qualité de volontaires. Périclès fit son possible pour le retenir, et lui dit, en pleine
assemblée, ce mot si connu : « Si vous ne voulez pas en croire Périclès, vous ne risquez rien
au moins d’attendre : le temps est le conseiller le plus sage. » Cette parole ne fut pas trop
remarquée dans le moment ; mais, peu de jours après, lorsqu’on reçut la nouvelle que
Tolmidas avait été défait et tué à Coronée avec la plupart des plus braves Athéniens, ce mot
lui fit beaucoup d’honneur, et lui mérita la bienveillance du peuple, qui rendit justice à sa
prudence et à son amour pour les citoyens.
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