HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Périclès

Chapitre 37-38

  Chapitre 37-38

[37] τῆς δὲ πόλεως πειρωμένης τῶν ἄλλων στρατηγῶν εἰς τὸν πόλεμον καὶ ῥητόρων, ὡς δ' οὐδεὶς βάρος ἔχων ἰσόρροπον οὐδ' ἀξίωμα πρὸς τοσαύτην ἐχέγγυον ἡγεμονίαν ἐφαίνετο, ποθούσης ἐκεῖνον καὶ καλούσης ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ τὸ στρατήγιον, ἀθυμῶν καὶ κείμενος οἴκοι διὰ τὸ πένθος ὑπ' Ἀλκιβιάδου καὶ τῶν ἄλλων ἐπείσθη φίλων προελθεῖν. (2) ἀπολογησαμένου δὲ τοῦ δήμου τὴν ἀγνωμοσύνην πρὸς αὐτόν, ὑποδεξάμενος αὖθις τὰ πράγματα καὶ στρατηγὸς αἱρεθεὶς ᾐτήσατο λυθῆναι τὸν περὶ τῶν νόθων νόμον, ὃν αὐτὸς εἰσενηνόχει πρότερον, ὡς μὴ παντάπασιν ἐρημίᾳ διαδοχῆς τὸν οἶκον ἐκλίποι τοὔνομα καὶ τὸ γένος. (3) εἶχε δ' οὕτω τὰ περὶ τὸν νόμον.ἀκμάζων Περικλῆς ἐν τῇ πολιτείᾳ πρὸ πάνυ πολλῶν χρόνων, καὶ παῖδας ἔχων, ὥσπερ εἴρηται, γνησίους, νόμον ἔγραψε μόνους Ἀθηναίους εἶναι τοὺς ἐκ δυεῖν Ἀθηναίων γεγονότας. ἐπεὶ δὲ τοῦ βασιλέως τῶν Αἰγυπτίων δωρεὰν τῷ δήμῳ πέμψαντος τετρακισμυρίους πυρῶν μεδίμνους ἔδει διανέμεσθαι τοὺς πολίτας, πολλαὶ μὲν ἀνεφύοντο δίκαι τοῖς νόθοις ἐκ τοῦ γράμματος ἐκείνου τέως διαλανθάνουσι καὶ παρορωμένοις, πολλοὶ δὲ καὶ συκοφαντήμασι περιέπιπτον. (4) ἐπράθησαν δ' οὖν ἁλόντες ὀλίγῳ πεντακισχιλίων ἐλάττους, οἱ δὲ μείναντες ἐν τῇ πολιτείᾳ καὶ κριθέντες Ἀθηναῖοι μύριοι καὶ τετρακισχίλιοι καὶ τεσσαράκοντα τὸ πλῆθος ἐξητάσθησαν. (5) ὄντος οὖν δεινοῦ τὸν κατὰ τοσούτων ἰσχύσαντα νόμον ὑπ' αὐτοῦ πάλιν λυθῆναι τοῦ γράψαντος, παροῦσα δυστυχία τῷ Περικλεῖ περὶ τὸν οἶκον, ὡς δίκην τινὰ δεδωκότι τῆς ὑπεροψίας καὶ τῆς μεγαλαυχίας ἐκείνης, ἐπέκλασε τοὺς Ἀθηναίους, καὶ δόξαντες αὐτὸν νεμεσητά τε παθεῖν ἀνθρωπίνων τε δεῖσθαι συνεχώρησαν ἀπογράψασθαι τὸν νόθον εἰς τοὺς φράτορας, ὄνομα θέμενον τὸ αὑτοῦ. καὶ τοῦτον μὲν ὕστερον ἐν Ἀργινούσαις καταναυμαχήσαντα Πελοποννησίους ἀπέκτεινεν δῆμος μετὰ τῶν συστρατήγων. [37] XXXVII. Cependant la ville ayant essayé des autres généraux et des autres orateurs pour conduire cette guerre, et aucun d’eux ne lui ayant paru avoir ni assez de poids, ni assez d’autorité pour un commandement de cette importance, elle commença à désirer Périclès, à le rappeler à la tribune et au gouvernement. Il se tenait renfermé dans sa maison, inconsolable de la perte de son fils ; mais Alcibiade et ses autres amis le déterminèrent à reparaître en public. Le peuple lui témoigna du regret de son ingratitude, et Périclès reprit le timon des affaires. Nommé général, il s’occupa tout de suite de faire révoquer la loi qu’il avait autrefois fait passer lui-même contre les enfants naturels : comme il n’avait plus alors de successeur légitime de son nom, il ne voulait pas que sa famille et sa maison s’éteignent avec lui. Voici ce qui s’était passé au sujet de cette loi. Périclès jouissait depuis longtemps de la plus grande autorité, et avait, comme je l’ai déjà dit, des fils légitimes ; il fit alors une loi qui portait qu’on ne reconnaîtrait pour vrais citoyens d’Athènes que ceux qui seraient nés de père et de mère athéniens. Depuis ce décret, le roi d’Egypte ayant fait présent au peuple d’Athènes de quarante mille médimnes de blé, il fallut les distribuer aux citoyens ; mais, en vertu de cette loi, on cita en justice un grand nombre de bâtards qu’on avait oubliés et qui n’étaient pas même connus. D’autres, sur de mauvaises chicanes, furent exclus de cette distribution. Il y en eut plus de cinq mille de condamnés et vendus comme esclaves, et le nombre des Athéniens maintenus dans le droit de bourgeoisie ne se monta qu’à quatorze mille quarante. C’était donc une grande injustice qu’une loi exécutée avec tant de rigueur contre un si grand nombre de personnes fût révoquée par celui-là même qui l’avait faite ; mais les Athéniens, touchés de ses malheurs domestiques, qu’ils regardaient comme une punition de son arrogance et de sa fierté, crurent qu’après avoir éprouvé la vengeance céleste, il méritait quelque humanité. Ils lui permirent donc de faire inscrire son fils bâtard sur les registres de sa tribu, et de lui donner son nom. C’est celui qui, dans la suite, après avoir remporté sur les Péloponnésiens une victoire navale près des îles Arginuses, fut condamné à mort par le peuple, avec les autres généraux ses collègues.
[38] τότε δὲ τοῦ Περικλέους ἔοικεν λοιμὸς λαβέσθαι λαβὴν οὐκ ὀξεῖαν, ὥσπερ ἄλλων, οὐδὲ σύντονον, ἀλλὰ βληχρᾷ τινι νόσῳ καὶ μῆκος ἐν ποικίλαις ἐχούσῃ μεταβολαῖς διαχρωμένην τὸ σῶμα σχολαίως καὶ ὑπερείπουσαν τὸ φρόνημα τῆς ψυχῆς. (2) γοῦν Θεόφραστος ἐν τοῖς Ἠθικοῖς διαπορήσας εἰ πρὸς τὰς τύχας τρέπεται τὰ ἤθη καὶ κινούμενα τοῖς τῶν σωμάτων πάθεσιν ἐξίσταται τῆς ἀρετῆς, ἱστόρηκεν ὅτι νοσῶν Περικλῆς ἐπισκοπουμένῳ τινὶ τῶν φίλων δείξειε περίαπτον ὑπὸ τῶν γυναικῶν τῷ τραχήλῳ περιηρτημένον, ὡς σφόδρα κακῶς ἔχων ὁπότε καὶ ταύτην ὑπομένοι τὴν ἀβελτερίαν. (3) ἤδη δὲ πρὸς τῷ τελευτᾶν ὄντος αὐτοῦ,περικαθήμενοι τῶν πολιτῶν οἱ βέλτιστοι καὶ τῶν φίλων οἱ περιόντες λόγον ἐποιοῦντο τῆς ἀρετῆς καὶ τῆς δυνάμεως, ὅση γένοιτο, καὶ τὰς πράξεις ἀνεμετροῦντο καὶ τῶν τροπαίων τὸ πλῆθος· ἐννέα γὰρ ἦν στρατηγῶν καὶ νικῶν ἔστησεν ὑπὲρ τῆς πόλεως. (4) ταῦτα, ὡς οὐκέτι συνιέντος, ἀλλὰ καθῃρημένου τὴν αἴσθησιν αὐτοῦ, διελέγοντο πρὸς ἀλλήλους· δὲ πᾶσιν ἐτύγχανε τὸν νοῦν προσεσχηκώς, καὶ φθεγξάμενος εἰς μέσον ἔφη θαυμάζειν ὅτι ταῦτα μὲν ἐπαινοῦσιν αὐτοῦ καὶ μνημονεύουσιν, καὶ πρὸς τύχην ἐστὶ κοινὰ καὶ γέγονεν ἤδη πολλοῖς στρατηγοῖς, τὸ δὲ κάλλιστον καὶ μέγιστον οὐ λέγουσιν. “οὐδεὶς γάρ,” ἔφη, “δι' ἐμὲ τῶν ὄντων Ἀφηναίων μέλαν ἱμάτιον περιεβάλετο.” [38] XXXVIII. C’est alors que Périclès fut atteint de la peste. Elle ne se déclara pas chez lui par des symptôme aussi aigus et aussi violents que dans les autres. Faible et peu active, sujette, dans sa longue durée, à de fréquentes variations, elle mina lentement son corps, et affaiblit insensiblement son esprit. Théophraste, dans cette partie de ses morales où il recherche si les moeurs changent avec la fortune, en sorte qu’altérées par les affections du corps elles abandonnent la vertu, raconte que Périclès, visité dans sa maladie par un de ses amis, lui montra une amulette que des femmes lui avaient suspendue au cou : il donnait à entendre qu’il devait être bien malade, puisqu’il se prêtait à de pareilles faiblesses. Comme il était sur le point de mourir, les principaux citoyens et ceux de ses amis qui avaient échappé à la contagion, assis autour de son lit, s’entretenaient de ses vertus et de la grande puissance dont il avait joui pendant sa vie. Ils racontaient ses belles actions et le grand nombre de ses victoires. Il avait érigé, comme général, neuf trophées à l’honneur d’Athènes, pour autant de batailles qu’il avait gagnées. Ils parlaient ainsi entre eux, persuadés qu’il ne les entendait pas et qu’il avait perdu tout sentiment. Mais il ne lui était rien échappé de ce qu’ils avaient dit ; et prenant tout à coup la parole : « Je suis surpris, leur dit-il, que vous ayez si présents à l’esprit et que vous vantiez si fort des exploits dont la fortune a partagé la gloire, et que tant d’autres généraux ont faits comme moi, tandis que vous ne parlez pas de ce qu’il y a de plus grand et de plus glorieux dans ma vie : c’est que jamais je n’ai fait prendre le deuil à aucun Athénien.»


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Dernière mise à jour : 14/12/2005