HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, VI, livre VIII

Chapitre 1

 Chapitre 1

[6,8,0] SIXIEME ENNÉADE. LIVRE HUITIÈME. [6,8,0] SIXIEME ENNÉADE. LIVRE HUITIÈME. DE LA LIBERTÉ ET DE LA VOLONTÉ DE L'UN.
[6,8,1] Ἆρ´ ἔστι καὶ ἐπὶ θεῶν εἴ τί ἐστιν ἐπ´ αὐτοῖς ζητεῖν, ἐν ἀνθρώπων ἀδυναμίαις τε καὶ ἀμφισβητησίμοις δυνάμεσι τὸ τοιοῦτον ἂν πρέποι ζητεῖν, θεοῖς δὲ τὸ πάντα δύνασθαι ἐπιτρεπτέον καὶ ἐπ´ αὐτοῖς οὐ μόνον τι, ἀλλὰ καὶ πάντα εἶναι; τὴν δύναμιν δὴ πᾶσαν καὶ τὸ ἐπ´ αὐτῷ δὴ πάντα ἑνὶ ἐπιτρεπτέον, τοῖς δ´ ἄλλοις τὰ μὲν οὕτως, τὰ δ´ ἐκείνως ἔχειν, καί τισιν ἑκατέρως; καὶ ταῦτα μὲν ζητητέον, τολμητέον δὲ καὶ ἐπὶ τῶν πρώτων καὶ τοῦ ἄνω ὑπὲρ πάντα ζητεῖν τὸ τοιοῦτον, πῶς τὸ ἐπ´ αὐτῷ, κἂν πάντα συγχωρῶμεν δύνασθαι. Καίτοι καὶ τὸ δύνασθαι τοῦτο σκεπτέον πῶς ποτε λέγεται, μήποτε οὕτως τὸ μὲν δύναμιν, τὸ δ´ ἐνέργειαν φήσομεν, καὶ ἐνέργειαν μέλλουσαν. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἐν τῷ παρόντι ἀναβλητέον, πρότερον δὲ ἐφ´ ἡμῶν αὐτῶν, ἐφ´ ὧν καὶ ζητεῖν ἔθος, εἴ τι ἐφ´ ἡμῖν ὂν τυγχάνει. Πρῶτον ζητητέον τί ποτε δεῖ τὸ ἐφ´ ἡμῖν εἶναί τι λέγειν· τοῦτο δ´ ἐστὶ τίς ἔννοια τοῦ τοιούτου· οὕτω γὰρ ἄν πως γνωσθείη, εἰ καὶ ἐπὶ θεοὺς καὶ ἔτι μᾶλλον ἐπὶ θεὸν ἁρμόζει μεταφέρειν οὐ μετενεκτέον· μετενεκτέον μέν, ζητητέον δέ, πῶς τὸ ἐπ´ αὐτοῖς τοῖς τε ἄλλοις καὶ ἐπὶ τῶν πρώτων. Τί τοίνυν νοοῦντες τὸ ἐφ´ ἡμῖν λέγομεν καὶ διὰ τί ζητοῦντες; Ἐγὼ μὲν οἶμαι, ἐν ταῖς ἐναντίαις κινούμενοι τύχαις τε καὶ ἀνάγκαις καὶ παθῶν ἰσχυραῖς προσβολαῖς τὴν ψυχὴν κατεχούσαις, ἅπαντα ταῦτα κύρια νομίσαντες εἶναι καὶ δουλεύοντες αὐτοῖς καὶ φερόμενοι ἐκεῖνα ἄγοι, μή ποτε οὐδέν ἐσμεν οὐδέ τί ἐστιν ἐφ´ ἡμῖν ἠπορήσαμεν, ὡς τούτου ἐσομένου ἂν ἐφ´ ἡμῖν, μὴ τύχαις δουλεύοντες μηδὲ ἀνάγκαις μηδὲ πάθεσιν ἰσχυροῖς πράξαιμεν ἂν βουληθέντες οὐδενὸς ἐναντιουμένου ταῖς βουλήσεσιν. Εἰ δὲ τοῦτο, εἴη ἂν ἔννοια τοῦ ἐφ´ ἡμῖν, τῇ βουλήσει δουλεύει καὶ παρὰ τοσοῦτον ἂν γένοιτο μή, παρ´ ὅσον βουληθείημεν ἄν. Ἑκούσιον μὲν γὰρ πᾶν, μὴ βίᾳ μετὰ τοῦ εἰδέναι, ἐφ´ ἡμῖν δέ, καὶ κύριοι πρᾶξαι. Καὶ συνθεῖμεν ἂν πολλαχοῦ ἄμφω καὶ τοῦ λόγου αὐτῶν ἑτέρου ὄντος, ἔστι δ´ οὗ καὶ διαφωνήσειεν ἄν· οἷον εἰ κύριος ἦν τοῦ ἀποκτεῖναι, ἦν ἂν οὐχ ἑκούσιον αὐτῷ πεπραχότι, εἰ τὸν πατέρα ἠγνόει τοῦτον εἶναι. Τάχα δ´ ἂν κἀκεῖνο διαφωνοῖ ἔχοντι τὸ ἐφ´ ἑαυτῷ· δεῖ δὴ καὶ τὴν εἴδησιν ἐν τῷ ἑκουσίῳ οὐκ ἐν τοῖς καθέκαστα μόνον εἶναι, ἀλλὰ καὶ ὅλως. Διὰ τί γάρ, εἰ μὲν ἀγνοεῖ, ὅτι φίλιος, ἀκούσιον, εἰ δὲ ἀγνοεῖ, ὅτι μὴ δεῖ, οὐκ ἀκούσιον; Εἰ δ´ ὅτι ἔδει μανθάνειν; Οὐχ ἑκούσιον τὸ μὴ εἰδέναι, ὅτι ἔδει μανθάνειν, τὸ ἀπάγον ἀπὸ τοῦ μανθάνειν. [6,8,1] Devons-nous rechercher si les dieux eux-mêmes possèdent la liberté, ou la question de la liberté ne regarde-t-elle que l'homme, à cause de sa faiblesse et de ses incertitudes, tandis que les dieux possèdent la toute-puissance et que leur liberté n'est pas bornée à telle ou telle chose, mais est absolue? Ne faut-il pas cependant reconnaître que l'Un possède seul la toute-puissance et la liberté absolue tandis que, dans les autres êtres, ces choses sont, ou chacune séparément, ou toutes deux ensemble, d'une nature fort différente? Voilà encore une question qu'il faut examiner. Ayons donc la hardiesse de chercher à déterminer, et pour les êtres du premier ordre {pour les dieux} et pour le Principe supérieur a tout {pour l'Un}, en quoi consiste la liberté, quoique nous leur accordions la toute-puissance. Nous avons d'ailleurs besoin d'expliquer en quel sens on leur attribue la toute-puissance pour éviter de séparer en eux l'acte d'avec la puissance et de regarder l'acte comme quelque chose de futur. Avant d'aborder ces questions, commençons par examiner, comme on a l'habitude de le faire, si nous possédons nous-mêmes le libre arbitre. Et d'abord, en quel sens dit-on que nous possédons le libre arbitre (ou que quelque chose dépend de nous, c'est-à-dire, quelle idée faut-il s'en former?) Répondre à cette question est le seul moyen d'arriver à connaître s'il faut attribuer ou non le libre arbitre aux dieux, et surtout à Dieu. D'ailleurs, tout en leur attribuant le libre arbitre, il est nécessaire de voir à quoi il s'applique soit dans les autres êtres, soit dans les êtres du premier ordre. Que pensons-nous donc quand nous cherchons si quelque chose dépend de nous ? Dans quelles circonstances l'examinons-nous? C'est, je crois, quand, subissant l'influence de la fortune, de la nécessité, de passions violentes qui dominent l'âme, nous nous regardons comme maîtrisés, asservis, entraînés par elles ; alors nous nous demandons si nous sommes quelque chose, si quelque chose dépend réellement de nous. Ainsi, nous regardons seulement comme dépendant de nous ce que nous faisons sans être contraints par la fortune, ni par la nécessité, ni par la violence des passions, volontairement, sans rencontrer d'obstacle à nos volontés. De là résulte cette définition : Ce qui dépend de nous est ce qui relève uniquement de notre volonté, ce qui a lieu ou n'a pas lieu selon que nous le voulons. Nous appelons en effet volontaire ce que nous faisons sans contrainte, avec conscience de le faire ; dépendant de nous, ce que nous sommes maîtres de faire ou de ne pas faire. Ces deux choses se trouvent le plus souvent réunies, quoiqu'elles diffèrent entre elles. Il est des cas où l'une des deux manque : on peut, par exemple, être maître de tuer un homme ; et cependant on ne fait pas un acte volontaire si c'est son père que l'on tue sans le savoir. Dans ce cas, l'acte est libre et n'est pas volontaire. Pour que l'acte soit volontaire, il faut que l'on ait connaissance non seulement des détails, mais encore de l'ensemble. Sinon, pourquoi dire que l'on fait un acte volontaire quand on tue un ami sans le savoir? L'homicide ne serait-il pas encore involontaire si l'on ignorait qu'il n'en fallut pas commettre? Si l'on soutient le contraire, si I'on dit qu'on devait s'en instruire, nous répondrons que ce n'est pas volontairement qu'on ignore ou qu'on est détourné de s'instruire.


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Dernière mise à jour : 17/06/2010