[6,4,6] Τί οὖν οὐ καὶ ἐπ´ ἄλλο σῶμα ἔρχεται; Ἢ ὅτι ἐκεῖνο δεῖ, εἰ δύναται, προσελθεῖν, τὸ δὲ προσεληλυθὸς καὶ δεξάμενον ἔχει. Τί οὖν; Τὸ ἄλλο σῶμα τὴν αὐτὴν ψυχὴν ἔχει ἔχον καὶ αὐτὸ ἣν ἔχει ψυχήν; Τί γὰρ διαφέρει; Ἢ καὶ ταῖς προσθήκαις. Εἶτα πῶς ἐν ποδὶ καὶ χειρὶ τὴν αὐτήν, τὴν δὲ ἐν τῷδε τῷ μέρει τοῦ παντὸς οὐ τὴν αὐτὴν τῇ ἐν τῷδε; Εἰ δὲ αἱ αἰσθήσεις διάφοροι, καὶ τὰ πάθη τὰ συμπίπτοντα διάφορα λεκτέον εἶναι. Ἄλλα οὖν ἐστι τὰ κρινόμενα, οὐ τὸ κρῖνον· ὁ δὲ κρίνων ὁ αὐτὸς δικαστὴς ἐν ἄλλοις καὶ ἄλλοις πάθεσι γινόμενος· καίτοι οὐχ ὁ πάσχων αὐτός, ἀλλ´ ἡ σώματος τοιοῦδε φύσις· καὶ ἔστιν οἷον εἰ αὐτὸς ἡμῶν καὶ ἡδονὴν κρίνει τὴν περὶ τὸν δάκτυλον καὶ ἀλγηδόνα τὴν περὶ τὴν κεφαλήν. Διὰ τί οὖν οὐ συναισθάνεται ἡ ἑτέρα τὸ τῆς ἑτέρας κρίμα; Ἢ ὅτι κρίσις ἐστίν, ἀλλ´ οὐ πάθος. Εἶτα οὐδ´ αὐτὴ ἡ κρίνασα «κέκρικα» λέγει, ἀλλ´ ἔκρινε μόνον· ἐπεὶ οὐδὲ παρ´ ἡμῖν ἡ ὄψις τῇ ἀκοῇ λέγει, καίτοι ἔκριναν ἄμφω, ἀλλὰ ὁ λογισμὸς ἐπ´ ἀμφοῖν· τοῦτο δὲ ἕτερον ἀμφοῖν. Πολλαχῇ δὲ καὶ ὁ λογισμὸς εἶδε τὸ ἐν ἑτέρῳ κρίμα καὶ σύνεσιν ἔσχεν ἑτέρου πάθους. Εἴρηται δὲ περὶ τούτου καὶ ἐν ἄλλοις.
| [6,4,6] Pourquoi {si l'Ame universelle possède la grandeur que nous lui attribuons} ne s'approche-t-elle pas d'un autre corps {que de celui qu'elle anime, c'est-à-dire d'un corps particulier}? — C'est à ce corps à s'approcher de l'Ame universelle, s'il le peut; en s'approchant d'elle, il en reçoit quelque chose et se l'approprie. — Mais cet autre corps qui s'approche de l'Ame universelle ne la possède-t-il pas en même temps qu'il possède l'âme qui lui est propre, puisque ces âmes {l'Ame universelle et l'âme particulière} paraissent ne pas avoir de différence entre elles? — Nous répondrons que ces deux âmes différent par leurs attributions {puisque l'une est l'Ame du monde, et l'autre l'âme d'un individu}. — Mais pourquoi admettons-nous que la même âme est présente dans la main et dans le pied, et en même temps que l'âme qui se trouve dans une partie de l'univers n'est point la même que l'âme qui se trouve dans une autre partie? — C'est que, comme les sensations sont différentes, les passions qui sont éprouvées doivent également différer. Les choses jugées sont diverses, mais le juge est le même principe placé successivement en présence des passions différentes, quoique ce ne soit pas lui qui les éprouve, mais bien le corps disposé de telle manière. C'est comme lorsque quelqu'un de nous juge également le plaisir éprouvé par le doigt et la douleur éprouvée par la tête. — Pourquoi donc notre âme ne perçoit-elle pas le jugeaient porté par l'Ame universelle? — C'est que c'est un jugement et non une passion. En outre, la faculté qui a jugé la passion ne dit pas : J'ai jugé; elle s'est bornée à juger. Ainsi, en nous-mêmes, ce n'est pas la vue qui communique à l'ouïe son jugement, quoique chacun de ces deux sens ait jugé de son côté ; ce qui préside à ces deux sens, c'est la raison, qui constitue une faculté différente. Souvent aussi la raison connaît le jugement que porte un autre être et a conscience de la passion qu'il éprouve. Mais nous avons traité cette question ailleurs.
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