[5,7,1] Εἰ καὶ τοῦ καθέκαστόν ἐστιν ἰδέα; Ἢ εἰ ἐγὼ καὶ ἕκαστος τὴν ἀναγωγὴν ἐπὶ τὸ νοητὸν ἔχει, καὶ ἑκάστου ἡ ἀρχὴ ἐκεῖ.
Ἢ εἰ μὲν ἀεὶ Σωκράτης καὶ ψυχὴ Σωκράτους, ἔσται Αὐτοσωκράτης, καθὸ ᾗ ψυχὴ καθέκαστα καὶ {ὡς λέγεται} ἐκεῖ {ὡς λέγεται ἐκεῖ}.
Εἰ δ᾽ οὐκ ἀεί, ἀλλὰ ἄλλοτε ἄλλη γίγνεται ὁ πρότερον Σωκράτης, οἷον Πυθαγόρας ἤ τις ἄλλος, οὐκέτι ὁ καθέκαστα οὗτος κἀκεῖ.
Ἀλλ᾽ εἰ ἡ ψυχὴ ἑκάστου ὧν διεξέρχεται τοὺς λόγους ἔχει πάντων, πάντες αὖ ἐκεῖ· ἐπεὶ καὶ λέγομεν, ὅσους ὁ κόσμος ἔχει λόγους, καὶ ἑκάστην ψυχὴν ἔχειν. Εἰ οὖν καὶ ὁ κόσμος μὴ ἀνθρώπου μόνου, ἀλλὰ καὶ τῶν καθέκαστα ζώιων, καὶ ἡ ψυχή· ἄπειρον οὖν τὸ τῶν λόγων ἔσται, εἰ μὴ ἀνακάμπτει περιόδοις, καὶ οὕτως ἡ ἀπειρία ἔσται πεπερασμένη, ὅταν ταὐτὰ ἀποδιδῶται.
Εἰ οὖν ὅλως πλείω τὰ γινόμενα τοῦ παραδείγματος, τί δεῖ εἶναι τῶν ἐν μιᾶι περιόδῳ πάντων γινομένων λόγους καὶ παραδείγματα; Ἀρκεῖν γὰρ ἕνα ἄνθρωπον εἰς πάντας ἀνθρώπους, ὥσπερ καὶ ψυχὰς ὡρισμένας ἀνθρώπους ποιούσας ἀπείρους. Ἢ τῶν διαφόρων οὐκ ἔστιν εἶναι τὸν αὐτὸν λόγον, οὐδὲ ἀρκεῖ ἄνθρωπος πρὸς παράδειγμα τῶν τινῶν ἀνθρώπων διαφερόντων ἀλλήλων οὐ τῇ ὕλῃ μόνον, ἀλλὰ καὶ ἰδικαῖς διαφοραῖς μυρίαις· οὐ γὰρ ὡς αἱ εἰκόνες Σωκράτους πρὸς τὸ ἀρχέτυπον, ἀλλὰ δεῖ τὴν διάφορον ποίησιν ἐκ διαφόρων λόγων. Ἡ δὲ πᾶσα περίοδος πάντας ἔχει τοὺς λόγους, αὖθις δὲ τὰ αὐτὰ πάλιν κατὰ τοὺς αὐτοὺς λόγους. Τὴν δὲ ἐν τῷ νοητῷ ἀπειρίαν οὐ δεῖ δεδιέναι· πᾶσα γὰρ ἐν ἀμερεῖ, καὶ οἷον πρόεισιν, ὅταν ἐνεργῇ.
| [5,7,1] Y a-t-il des idées des individus {aussi bien que des espèces} ? Si je suis, avec un autre homme, ramené au monde intelligible, y trouverons-nous le principe individuel de chacun de nous?
{Première hypothèse.} Si l'individu nommé Socrate est éternel, si l'âme individuelle de Socrate est Socrate même, l'âme de chaque individu est contenue dans le monde intelligible.
{Deuxième hypothèse.} Si au contraire l'individu nommé Socrate n'est pas éternel, si la même âme peut appartenir successivement à plusieurs individus, à Socrate, à Pythagore, etc., chaque individu n'a pas son idée dans le monde intelligible.
{Démontrons que la première hypothèse peut seule être admise.}
Si l'âme particulière de chaque homme contient les raisons séminales de toutes les choses qu'elle fait, chaque individu a son idée dans le monde intelligible : car nous admettons que chaque âme renferme autant de raisons séminales que le monde entier. Dans ce cas, comme l'âme contiendra non seulement les raisons séminales des hommes, mais encore celles de tous les animaux, le nombre de ces raisons sera infini, à moins que le monde ne recommence la même série d'existences par des périodes fixes : car, le seul moyen de borner l'infinité des raisons, c'est que les mêmes choses se reproduisent.
Mais, dira-t-on, si les choses produites peuvent être plus nombreuses que leur type, quelle nécessité y a-t-il qu'il y ait des raisons et des types de tous les individus engendrés pendant une période? Il semble qu'il suffise de l'homme même pour expliquer l'existence de tous les hommes, et que des âmes d'un nombre fini puissent animer successivement des hommes d'un nombre infini.— Non : il est impossible que des choses différentes aient une même raison {séminale}. Il ne suffît pas de l'homme même pour être le modèle d'hommes qui différent les uns des autres non seulement par la matière, mais encore par des différences spécifiques. Ils ne peuvent être comparés aux images de Socrate qui reproduisent leur modèle. La production des différences individuelles ne peut provenir que de la différence des raisons {séminales}. La période tout entière comprend toutes les raisons. Quand elle recommence, les mêmes choses renaissent par les mêmes raisons. Il ne faut pas craindre qu'il y en ait un nombre infini dans le monde intelligible: car la multitude {des raisons séminales} est contenue dans un principe indivisible {l'Âme}, et arrive à l'existence par son action.
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