HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, V, livre V

Chapitre 6

 Chapitre 6

[5,5,6] Ἀλλὰ ταῦτα μέν, ὥς τις ἐθέλει, λελέχθω. Τῆς δὲ γενομένης οὐσίας εἴδους οὔσηςοὐ γὰρ δὴ ἄλλο τι ἄν τις εἴποι τὸ ἐκεῖθεν γενόμενονκαὶ εἴδους οὐ τινός, ἀλλὰ παντός, ὡς μὴ ἂν ὑπολιπεῖν τι ἄλλο, ἀνάγκη ἀνείδεον ἐκεῖνο εἶναι. Ἀνείδεον δὲ ὂν οὐκ οὐσία· τόδε γάρ τι δεῖ τὴν οὐσίαν εἶναι· τοῦτο δὲ ὡρισμένον· τὸ δὲ οὐκ ἔστι λαβεῖν ὡς τόδε· ἤδη γὰρ οὐκ ἀρχή, ἀλλ´ ἐκεῖνο μόνον, .τόδε εἴρηκας εἶναι. Εἰ οὖν τὰ πάντα ἐν τῷ γενομένῳ, τί τῶν ἐν τούτῳ ἐκεῖνο ἐρεῖς; Οὐδὲν δὲ τούτων ὂν μόνον ἂν λέγοιτο ἐπέκεινα τούτων. Ταῦτα δὲ τὰ ὄντα καὶ τὸ ὄν· <ἐπέκεινα> ἄρα <ὄντος>. Τὸ γὰρ ἐπέκεινα ὄντος οὐ τόδε λέγειοὐ γὰρ τίθησιν — <οὐδὲ ὄνομα αὐτοῦ> λέγει, ἀλλὰ φέρει μόνον τὸ οὐ τοῦτο. Τοῦτο δὲ ποιοῦν οὐδαμοῦ αὐτὸ περιλαμβάνει· γελοῖον γὰρ ζητεῖν ἐκείνην τὴν ἄπλετον φύσιν περιλαμβάνειν· γὰρ τοῦτο βουλόμενος ποιεῖν ἀπέστησεν αὑτὸν καὶ τοῦ ὁπωσοῦν καὶ κατὰ βραχὺ εἰς ἴχνος αὐτοῦ ἰέναι· ἀλλ´ ὥσπερ τὴν νοητὴν φύσιν βουλόμενος ἰδεῖν οὐδεμίαν φαντασίαν αἰσθητοῦ ἔχων θεάσεται ἐστιν ἐπέκεινα τοῦ αἰσθητοῦ, οὕτω καὶ θεάσασθαι θέλων τὸ ἐπέκεινα τοῦ νοητοῦ τὸ νοητὸν πᾶν ἀφεὶς θεάσεται, ὅτι μὲν ἔστι διὰ τούτου μαθών, οἷον δ´ ἐστὶ τοῦτο ἀφείς. Τὸ δὲοἷονσημαίνοι ἂν τὸ οὐχ οἷον· οὐ γὰρ ἔνι οὐδὲ τὸοἷον’, ὅτῳ μηδὲ τὸτι’. Ἀλλὰ ἡμεῖς ταῖς ἡμετέραις ὠδῖσιν ἀποροῦμεν τι χρὴ λέγειν, καὶ λέγομεν περὶ οὐ ῥητοῦ, καὶ ὀνομάζομεν σημαίνειν ἑαυτοῖς θέλοντες, ὡς δυνάμεθα. Τάχα δὲ καὶ τὸἓνὄνομα τοῦτο ἄρσιν ἔχει πρὸς τὰ πολλά. Ὅθεν καὶ Ἀπόλλωνα οἱ Πυθαγορικοὶ συμβολικῶς πρὸς ἀλλήλους ἐσήμαινον ἀποφάσει τῶν πολλῶν. Εἰ δὲ θέσις τις τὸ ἕν, τό τε ὄνομα τό τε δηλούμενον, ἀσαφέστερον ἂν γίνοιτο τοῦ εἰ μή τις ὄνομα ἔλεγεν αὐτοῦ· τάχα γὰρ τοῦτο ἐλέγετο, ἵνα ζητήσας, ἀρξάμενος ἀπ´ αὐτοῦ, πάντως ἁπλότητός ἐστι σημαντικόν, ἀποφήσῃ τελευτῶν καὶ τοῦτο, ὡς τεθὲν μὲν ὅσον οἷόν τε καλῶς τῷ θεμένῳ οὐκ ἄξιον μὴν οὐδὲ τοῦτο εἰς δήλωσιν τῆς φύσεως ἐκείνης, ὅτι μηδὲ ἀκουστὸν ἐκεῖνο μηδὲ τῷ ἀκούοντι δεῖ συνετὸν εἶναι, ἀλλ´ εἴπερ τινί, τῷ ὁρῶντι. Ἀλλ´ εἰ τὸ ὁρῶν εἶδος ζητεῖ βλέπειν, οὐδὲ τοῦτο εἴσεται. [5,5,6] Quelle que soit la valeur de ces étymologies, comme l'essence engendrée est une forme (car on ne saurait donner un autre nom à ce qui est engendré par l'Un), comme elle est, non une forme particulière, mais toute forme, sans aucune exception, il est nécessaire que l'Un n'ait pas de forme. N'ayant pas de forme, il ne peut être essence : car l'essence doit être quelque chose d'individuel, c'est-à-dire de déterminé. Or l'Un ne saurait être conçu comme quelque chose de déterminé : car alors il ne serait plus principe ; ii serait seulement la chose déterminée qu'on lui aurait attribuée. Si toutes choses sont dans ce qui est engendré, aucune d'elles ne saurait être l'Un. Si l'Un n'est aucune d'elles, il ne peut être que ce qui est au-dessus d'elles; par conséquent, comme ces choses sont les êtres et l'être, l'Un est au-dessus de l'être. En effet, en disant que l'Un est au-dessus de l'être, on ne dit pas qu'il est quelque chose de déterminé, on n'en affirme rien, on ne prétend pas même lui assigner ainsi un nom ; on avance seulement qu'il n'est pas telle ou telle chose; on n'a pas la prétention de l'embrasser : il serait absurde de prétendre embrasser une nature infinie. Prétendre le faire, c'est s'éloigner de lui et perdre la légère trace qu'on en avait. Quand on veut voir l'essence intelligible, il faut n'avoir plus présente à l'esprit aucune image des choses sensibles afin de contempler ce qui est au-dessus d'elles; de même, quand on veut contempler Celui qui est au-dessus de l'intelligible, on doit laisser de côté tout intelligible pour contempler l'Un; on saura de cette manière qu'il est, sans essayer de déterminer ce qu'il est. Au reste, en parlant de l'Un, on ne peut indiquer ce qu'il est qu'en disant ce qu'il n'est pas. Car on ne saurait énoncer ce qu'est un principe dont on ne peut dire : il est ceci ou cela. Mais nous autres hommes, dans nos doutes semblables aux douleurs de l'enfantement, nous ne savons comment appeler ce principe ; nous parlons de ce qui est ineffable et nous lui donnons un nom, pour nous le désigner comme nous le pouvons. Le nom même d'Un n'exprime autre chose que la négation de la pluralité. C'est pour cette raison que les Pythagoriciens désignaient entre eux ce principe d'une manière symbolique en l'appelant Apollon, {de g-a-g-polys}, nom qui est la négation même de la pluralité. Si l'on veut au contraire attacher au nom d'Un un sens positif, le nom et l'objet nommé deviendront alors plus obscurs que si l'on s'abstenait de regarder le nom d'Un comme le nom propre du premier principe. Si l'on emploie ce nom, c'est pour que l'esprit qui cherche le premier principe, s'attachant d'abord à ce qui exprime la plus grande simplicité, arrive enfin à rejeter ce nom qui n'a été admis que comme le meilleur possible. En effet, ce nom même n'est pas propre à désigner cette nature, qui ne peut être saisie par l'ouïe, ni comprise de celui qui l'entend nommer ; si elle pouvait être saisie par un sens, ce serait par la vue; encore ne faudrait-il pas chercher à voir une forme : car alors on n'atteindrait pas le premier principe.


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Dernière mise à jour : 10/06/2010