[5,5,10] Ἀλλὰ σὺ μή μοι δι´ ἑτέρων αὐτὸ ὅρα· εἰ δὲ μή, ἴχνος ἂν ἴδοις, οὐκ αὐτό· ἀλλ´ ἐννόει, τί ἂν εἴη τοῦτο, ὃ ἔστι λαβεῖν ἐφ´ ἑαυτοῦ ὂν καθαρὸν οὐδενὶ μιγνύμενον μετεχόντων ἁπάντων αὐτοῦ μηδενὸς ἔχοντος αὐτό· ἄλλο μὲν γὰρ οὐδὲν τοιοῦτον, δεῖ δέ τι τοιοῦτον εἶναι. Τίς ἂν οὖν τὴν δύναμιν αὐτοῦ ἕλοι ὁμοῦ πᾶσαν; Εἰ γὰρ ὁμοῦ πᾶσαν, τί ἄν τις αὐτοῦ διαφέροι; Κατὰ μέρος ἄρα; Ἀλλὰ προσβαλεῖς .μὲν ἀθρόως ὁ προσβάλλων, ὅλον δὲ οὐκ ἀπαγγελεῖς· εἰ δὲ μή, νοῦς νοῶν ἔσῃ, κἂν τύχῃς, ἐκεῖνός σε ἐκφεύξεται, μᾶλλον δὲ σὺ αὐτόν. Ἀλλ´ ὅταν μὲν ὁρᾷς, ὅλον βλέπε· ὅταν δὲ νοῇς, ὅ τι ἂν μνημονεύσῃς αὐτοῦ, νόει, ὅτι τἀγαθόν — ζωῆς γὰρ ἔμφρονος καὶ νοερᾶς αἴτιος δύναμις ὤν, ἀφ´ οὗ ζωὴ καὶ νοῦς ὅ τι 〈τε〉 οὐσίας καὶ τοῦ ὄντος — ὅτι ἕν — ἁπλοῦν γὰρ καὶ πρῶτον — ὅτι ἀρχή — ἀπ´ αὐτοῦ γὰρ πάντα· ἀπ´ αὐτοῦ <κίνησις> ἡ πρώτη, οὐκ ἐν αὐτῷ, ἀπ´ αὐτοῦ <στάσις>, ὅτι αὐτὸς μὴ ἐδεῖτο· <οὐ> γὰρ <κινεῖται οὐδ´ ἕστηκεν>· οὐδὲ γὰρ εἶχεν οὔτε ἐν ᾧ στήσεται οὔτε ἐν ᾧ κινηθήσεται· περὶ τί γὰρ ἢ πρὸς τί ἢ ἐν τίνι; Πρῶτος γὰρ αὐτός. Ἀλλ´ οὐδὲ πεπερασμένος {εἶναι}· ὑπὸ τίνος γάρ; Ἀλλ´ οὐδ´ ἄπειρος ὡς μέγεθος· ποῦ γὰρ ἔδει προελθεῖν αὐτὸν ἢ ἵνα τί γένηται αὐτῷ οὐδενὸς δεομένῳ; Τὸ δ´ ἄπειρον ᾗ δύναμις ἔχει· οὐ γὰρ ἄλλως ποτὲ οὐδ´ ἐπιλείψει, ὅπου καὶ τὰ μὴ ἐπιλείποντα δι´ αὐτόν.
| [5,5,10] Ne cherche pas à voir ce principe à l'aide des autres choses; sinon, au lieu de le voir lui-même, tu ne verras que son image. Essaie plutôt de concevoir ce qu'est le principe qu'il faut saisir en lui-même, qui est pur et sans aucun mélange, parce que tous les êtres en participent sans qu'aucun le possède. Aucune autre chose en effet ne saurait être telle ; il faut cependant qu'il y ait une telle chose. Qui pourrait embrasser à la fois dans sa totalité la puissance de ce principe ? Si un être embrassait à la fois dans sa totalité la puissance de ce principe, en quoi en différerait-il? Se borne-t-il à en embrasser une partie ?—Tu saisiras bien ce principe par un acte intuitif et simple, mais tu ne te le représenteras point dans sa totalité ; autrement, tu seras l'intelligence pensante, si toutefois tu as atteint ce principe ; mais il te fuira, ou plutôt tu le fuiras toi-même. Quand tu considères Dieu, considère-le donc dans sa totalité. Quand lu le penses, sache que ce que tu te rappelles de lui est le Bien : car il est la cause de la vie sage et intellectuelle, parce qu'il est la puissance dont procèdent la vie et l'intelligence; il est la cause de l'essence et de l'être, parce qu'il est un; il est simple et premier, parce qu'il est principe. C'est de lui que tout procède. C'est de lui que le premier mouvement procède, sans être en lui ; c'est de lui que procède aussi le premier repos, parce que lui, il n'en a pas besoin ; il n'est lui-même ni en mouvement ni en repos : car il n'a rien en quoi il puisse se reposer ou se mouvoir. Par rapport a quoi, vers quoi ou en quoi pourrait-il se mouvoir ou se reposer? Il n'est pas non plus limité : car par quoi serait-il limité? Il n'est pas non plus infini de la manière dont on se représente une masse énorme : car où aurait-il besoin de s'étendre? Serait-ce pour avoir quelque chose? Mais il n'a besoin de rien. C'est sa puissance qui est infinie. Il ne saurait ni changer ni manquer de rien : car les êtres qui ne manquent de rien ne le doivent qu'à lui seul.
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