[5,3,13] Διὸ καὶ ἄρρητον τῇ ἀληθείᾳ· ὅ τι γὰρ ἂν εἴπῃς, τὶ ἐρεῖς. Ἀλλὰ τὸ «<ἐπέκεινα> πάντων καὶ ἐπέκεινα τοῦ σεμνοτάτου νοῦ» ἐν τοῖς πᾶσι μόνον ἀληθὲς οὐκ ὄνομα ὂν αὐτοῦ ἀλλ´ ὅτι οὔτε τι τῶν πάντων <οὔτε ὄνομα αὐτοῦ>, ὅτι μηδὲν κατ´ αὐτοῦ· ἀλλ´ ὡς ἐνδέχεται, ἡμῖν αὐτοῖς σημαίνειν ἐπιχειροῦμεν περὶ αὐτοῦ. Ἀλλ´ ὅταν ἀπορῶμεν «ἀναίσθητον οὖν ἑαυτοῦ καὶ οὐδὲ παρακολουθοῦν ἑαυτῷ οὐδὲ οἶδεν αὐτό», ἐκεῖνο χρὴ ἐνθυμεῖσθαι, ὅτι ταῦτα λέγοντες ἑαυτοὺς περιτρέπομεν ἐπὶ τἀναντία. Πολὺ γὰρ αὐτὸ ποιοῦμεν γνωστὸν καὶ γνῶσιν ποιοῦντες καὶ διδόντες νοεῖν δεῖσθαι τοῦ νοεῖν ποιοῦμεν· κἂν σὺν αὐτῷ τὸ νοεῖν ᾖ, περιττὸν ἔσται αὐτῷ τὸ νοεῖν. Κινδυνεύει γὰρ ὅλως τὸ νοεῖν πολλῶν εἰς ταὐτὸ συνελθόντων συναίσθησις εἶναι τοῦ ὅλου, ὅταν αὐτό τι ἑαυτὸ νοῇ, ὃ δὴ καὶ κυρίως ἐστὶ νοεῖν· ἓν δὲ ἕκαστον αὐτό τί ἐστι καὶ οὐδὲν ζητεῖ· εἰ δὲ τοῦ ἔξω ἔσται ἡ νόησις, ἐνδεές τε ἔσται καὶ οὐ κυρίως τὸ νοεῖν. Τὸ δὲ πάντη ἁπλοῦν καὶ αὔταρκες ὄντως οὐδὲν δεῖται· τὸ δὲ δευτέρως αὔταρκες, δεόμενον δὲ ἑαυτοῦ, τοῦτο δεῖται τοῦ νοεῖν ἑαυτό· καὶ τὸ ἐνδεὲς πρὸς αὐτὸ ὂν τῷ ὅλῳ πεποίηκε τὸ αὔταρκες ἱκανὸν ἐξ ἁπάντων γενόμενον, συνὸν ἑαυτῷ, καὶ εἰς αὐτὸ νεῦον. Ἐπεὶ καὶ ἡ συναίσθησις πολλοῦ τινος αἴσθησίς ἐστι· καὶ μαρτυρεῖ καὶ τοὔνομα. Καὶ ἡ νόησις προτέρα οὖσα εἴσω εἰς αὐτὸν ἐπιστρέφει δηλονότι πολὺν ὄντα· καὶ γὰρ ἐὰν αὐτὸ τοῦτο μόνον εἴπῃ «ὄν εἰμι», ὡς ἐξευρὼν λέγει καὶ εἰκότως λέγει, τὸ γὰρ ὂν πολύ ἐστιν· ἐπεί, ὅταν ὡς εἰς ἁπλοῦν ἐπιβάλῃ καὶ εἴπῃ «ὄν εἰμι», οὐκ ἔτυχεν οὔτε αὐτοῦ οὔτε τοῦ ὄντος. Οὐ γὰρ ὡς λίθον λέγει τὸ ὄν, ὅταν ἀληθεύῃ, ἀλλ´ εἴρηκε μιᾷ ῥήσει πολλά. Τὸ γὰρ εἶναι τοῦτο, ὅπερ ὄντως εἶναι καὶ μὴ ἴχνος ἔχον τοῦ ὄντος λέγεται, ὃ οὐδὲ ὂν διὰ τοῦτο λέγοιτ´ ἄν, ὥσπερ εἰκὼν πρὸς ἀρχέτυπον, πολλὰ ἔχει. Τί οὖν; Ἕκαστον αὐτῶν οὐ νοηθήσεται; Ἢ <ἔρημον καὶ μόνον> ἐὰν ἐθελήσῃς λαβεῖν, οὐ νοήσεις· ἀλλ´ αὐτὸ τὸ εἶναι ἐν αὐτῷ πολύ ἐστι, κἂν ἄλλο τι εἴπῃς, ἔχει τὸ εἶναι. Εἰ δὲ τοῦτο, εἴ τί ἐστιν ἁπλούστατον ἁπάντων, οὐχ ἕξει νόησιν αὐτοῦ· εἰ γὰρ ἕξει, τῷ πολὺ εἶναι ἕξει. Οὔτ´ οὖν αὐτὸ νοεῖν οὔτ´ ἔστι νόησις αὐτοῦ.
| [5,3,13] Ce principe est par conséquent véritablement ineffable. Quelque chose qu'on en affirme, on le particularise. Or ce qui est au-dessus de tout, même au-dessus de l'auguste Intelligence, n'a véritablement pas de nom, et tout ce qu'on en peut dire, c'est qu'il n'est aucune chose. On ne peut lui donner aucun nom, puisqu'on ne peut rien affirmer de lui. Nous parlons de lui seulement comme nous pouvons. Dans notre incertitude, nous disons : « Quoi? ne se sent-il pas, n'a-t-il pas conscience de lui-même, ne se connaît-il point? » Nous devons alors réfléchir qu'en parlant ainsi nous pensons aux choses qui sont opposées à Celui que nous considérons maintenant. Nous le rendons multiple en supposant qu'il peut être connu et posséder la connaissance. Si nous lui accordons la pensée, il semble qu'il en ait besoin. Si nous supposons qu'elle se trouve en lui, elle est superflue. Car en quoi consiste la pensée? dans la conscience qu'ont du tout qu'ils forment les deux termes qui concourent à l'acte de la pensée et qui s'y identifient; c'est là se penser soi-même, et se penser soi-même c'est penser véritablement : car chacun des deux éléments de la pensée est lui-même une unité à laquelle il ne manque rien. Au contraire, la pensée des objets extérieurs {à l'Intelligence} n'est pas parfaite, n'est pas la véritable pensée. Ce qui est souverainement simple et souverainement absolu n'a besoin de rien. L'absolu qui n'occupe que le second rang a besoin de soi-même, a par conséquent besoin de se penser soi-même : en effet, puisque l'Intelligence a besoin de quelque chose relativement à elle-même, elle n'arrive à satisfaire ce besoin, par conséquent, à être absolue, qu'en se possédant tout entière; elle ne se suffit à elle-même qu'en unissant tous les éléments dont son essence est constituée, qu'en habitant en elle-même, qu'en restant tournée vers elle-même pendant qu'elle pense : car la conscience est la science de quelque chose de multiple, comme l'indique l'étymologie du mot même : con-science. Si la pensée suprême a lieu par la conversion de l'Intelligence vers elle-même, c'est évidemment qu'elle est multiple. Ne dirait-elle que ceci : je suis être, elle le dirait comme si elle faisait une découverte, et elle aurait raison, parce que l'être est multiple. Quand même elle s'appliquerait à ce qui est simple et dirait : je suis être, il n'en résulterait pas qu'elle se saisît elle-même ni qu'elle saisît l'être. En effet, quand elle parle de l'être conformément à la réalité, elle n'en parle pas comme d'une pierre, mais elle énonce en un seul mot une chose multiple. L'être qui mérite vraiment et essentiellement le nom d'être, au lieu de n'en avoir qu'un vestige qui ne serait pas l'être et qui n'en offrirait qu'une image, l'être, dis-je, est une chose multiple. Quoi donc? chacun des éléments de cette chose multiple ne sera-t-il pas pensé Y Sans doute vous ne pourrez le penser si vous le prenez seul et séparé des autres ; mais l'être même est en lui-même une chose multiple. Quel que soit l'objet que vous nommiez, il possède l'être. Il en résulte que Celui qui est souverainement simple ne peut se penser lui-même; s'il se pensait, il serait quelque part {ce qui n'est pas}. Donc il ne pense pas et il ne peut être saisi par la pensée.
|