[4,5,1] Ἐπεὶ δὲ ὑπερεθέμεθα σκέψασθαι, εἰ μηδενὸς ὄντος μεταξὺ ἔστιν ὁρᾶν οἷον ἀέρος ἢ ἄλλου τινὸς τοῦ λεγομένου διαφανοῦς σώματος, νῦν σκεπτέον.
Ὅτι μὲν οὖν διὰ σώματός τινος δεῖ τὸ ὁρᾶν καὶ ὅλως τὸ αἰσθάνεσθαι γίνεσθαι, εἴρηται· ἄνευ μὲν γὰρ σώματος πάντη ἐν τῷ νοητῷ τὴν ψυχὴν εἶναι. Τοῦ δὲ αἰσθάνεσθαι ὄντος ἀντιλήψεως οὐ νοητῶν, ἀλλὰ αἰσθητῶν μόνον, δεῖ πως τὴν ψυχὴν συναφῆ γενομένην τοῖς αἰσθητοῖς διὰ τῶν προσομοίων κοινωνίαν τινὰ πρὸς αὐτὰ γνώσεως ἢ παθήματος ποιεῖσθαι. Διὸ καὶ δι´ ὀργάνων σωματικῶν ἡ γνῶσις· διὰ γὰρ τούτων οἷον συμφυῶν ἢ συνεχῶν ὄντων οἷον εἰς ἕν πως πρὸς αὐτὰ τὰ αἰσθητὰ ἰέναι, ὁμοπαθείας τινὸς οὕτω πρὸς αὐτὰ γινομένης. Εἰ οὖν δεῖ συναφήν τινα πρὸς τὰ γινωσκόμενα γίνεσθαι, περὶ μὲν τῶν ὅσα ἁφῇ τινι γινώσκεται, τί ἄν τις ζητοῖ; Περὶ δὲ τῆς ὁράσεως — εἰ δὲ καὶ περὶ τῆς ἀκοῆς, ὕστερον — ἀλλὰ περὶ τοῦ ὁρᾶν, εἰ δεῖ τι μεταξὺ εἶναι σῶμα τῆς ὄψεως καὶ τοῦ χρώματος.
Ἢ νύττοι κατὰ συμβεβηκὸς ἂν τὸ μεταξὺ σῶμα, συμβάλλεται δὲ οὐδὲν πρὸς ὅρασιν τοῖς ὁρῶσιν; Ἀλλ´ εἰ πυκνὰ μὲν ὄντα τὰ σώματα, ὥσπερ τὰ γεηρά, κωλύει ὁρᾶν, ὅσῳ δὲ λεπτότερα ἀεὶ τὰ μεταξύ, μᾶλλον ὁρῶμεν, συνεργὰ ἄν τις τοῦ ὁρᾶν τὰ μεταξὺ θείη. Ἤ, εἰ οὐ συνεργά, οὐ κωλυτικά· ταῦτα δὲ κωλυτικὰ ἄν τις εἴποι.
Ἀλλ´ εἰ τὸ πάθος πρότερον τὸ μεταξὺ παραδέχεται καὶ οἷον τυποῦται — σημεῖον δὲ τό, εἰ καὶ ἔμπροσθέν τις ἡμῶν ἔστη πρὸς τὸ χρῶμα βλέπων, κἀκεῖνον ὁρᾶν — πάθους ἐν τῷ μεταξὺ μὴ γενομένου οὐδ´ ἂν εἰς ἡμᾶς τοῦτο ἀφικνοῖτο. Ἢ οὐκ ἀνάγκη τὸ μεταξὺ πάσχειν, εἰ τὸ πεφυκὸς πάσχειν — ὁ ὀφθαλμός — πάσχει· ἤ, εἰ πάσχοι, ἄλλο πάσχει· ἐπεὶ οὐδ´ ὁ κάλαμος ὁ μεταξὺ τῆς νάρκης καὶ τῆς χειρός, ὃ πάσχει ἡ χείρ· καὶ μὴν κἀκεῖ, εἰ μὴ μεταξὺ ὁ κάλαμος εἴη καὶ ἡ θρίξ, οὐκ ἂν πάθοι ἡ χείρ. Ἢ τοῦτο μὲν καὶ αὐτὸ ἀμφισβητοῖτο ἄν· καὶ γάρ, εἰ ἐντὸς δικτύου γένοιτο, ὁ θηρευτὴς πάσχειν λέγεται τὸ ναρκᾶν. Ἀλλὰ γὰρ κινδυνεύει ὁ λόγος ἐπὶ τὰς λεγομένας συμπαθείας ἰέναι. Εἰ δὲ τοδὶ ὑπὸ τουδὶ πέφυκε πάσχειν συμπαθῶς τῷ τινα ὁμοιότητα ἔχειν πρὸς αὐτό, οὐκ ἂν τὸ μεταξὺ ἀνόμοιον ὂν πάθοι, ἢ τὸ αὐτὸ οὐκ ἂν πάθοι. Εἰ τοῦτο, πολλῷ μᾶλλον μηδενὸς ὄντος μεταξὺ πάθοι ἂν τὸ πεφυκὸς πάσχειν ἢ ἐὰν τὸ μεταξὺ τοιοῦτον ᾖ, οἷον αὐτὸ καὶ παθεῖν τι.
| [4,5,1] Comme nous avons différé de rechercher s'il est possible de voir sans un milieu, tel que l'air ou ce qu'on appelle le corps diaphane, nous allons maintenant examiner cette question.
Nous avons déjà dit que l'âme ne peut voir et sentir en général que par l'intermédiaire d'un corps : car, lorsqu'elle est complètement séparée du corps, elle vit dans le monde intelligible. Comme sentir consiste à percevoir, non les choses intelligibles, mais seulement les choses sensibles , il faut que l'âme , étant en quelque sorte en contact avec les choses sensibles , ait avec elles un rapport de connaissance ou d'affection au moyen d'intermédiaires qui possèdent une nature analogue ; c'est pourquoi la connaissance des corps s'acquiert au moyen d'organes corporels. Par ces organes, qui sont liés ensemble ou continus de manière à former une espèce d'unité, l'âme approche des choses sensibles, en sorte qu'il s'établit entre elle et ces choses une communauté d'affection. Qu'il doive y avoir contact entre l'organe et l'objet connu, c'est évident pour les objets tangibles, mais c'est douteux pour les objets visibles. Le contact est-il aussi nécessaire pour l'ouïe, c'est une question que nous discuterons plus tard. Pour le moment, nous allons examiner si, pour voir, il est nécessaire qu'il y ait un milieu entre l'œil et la couleur.
S'il y a un milieu, c'est par accident ; il ne contribue en rien à la vision. Puisque les corps opaques, les corps terreux, par exemple, empêchent de voir, et que nous voyons d'autant mieux que le milieu est plus subtil, on pourra dire que les milieux contribuent à la vision, ou que du moins, s'ils n'y contribuent pas, ils ne sont pas un obstacle ; mais on pourra dire également {en se fondant sur le même fait} qu'ils sont un obstacle.
Examinons si {comme on le prétend} le milieu reçoit le premier et transmet l'affection et en quelque sorte l'empreinte. A l'appui de cette opinion, on dira que, si quelqu'un se tient devant nous en dirigeant ses regards vers la couleur, il la voit aussi ; or la couleur ne parviendrait pas jusqu'à nous si le milieu n'éprouvait pas une affection. — Il ne semble pas nécessaire que l'affection soit éprouvée par le milieu, puisqu'elle est déjà éprouvée par l'œil, dont la fonction consiste précisément à être affecté par la couleur; ou du moins, si le milieu est affecté, c'est d'une autre manière que l'œil. En effet, le roseau interposé entre la main et le poisson nommé torpille n'éprouve pas la même affection que la main; cependant, la main ne serait pas affectée, si le roseau ne se trouvait interposé entre elle et le poisson. Le fait d'ailleurs donne lieu à examen : car si le pêcheur était dans le filet, il ressentirait encore de la torpeur. Cette question paraît se rapporter aux affections sympathiques. Si tel être peut en vertu de sa nature être affecté sympathiquement par tel autre être, il ne s'en suit pas que le milieu, s'il est différent, partage l'affection ; tout au moins, il n'est pas affecté de la même manière. En ce cas, l'organe destiné à éprouver l'affection l'éprouve bien mieux quand il n'y a pas de milieu, lors même que le milieu est lui-même susceptible d'éprouver quelque affection.
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