[4,2,2] Ὅτι δὲ τοιαύτην ἔδει τὴν ψυχῆς φύσιν εἶναι, καὶ τὸ παρὰ ταύτην οὐχ οἷόν τε εἶναι ψυχὴν οὔτε ἀμέριστον οὖσαν μόνον οὔτε μόνον μεριστήν, ἀλλ´ ἀνάγκη ἄμφω τοῦτον τὸν τρόπον εἶναι, ἐκ τῶνδε δῆλον. Εἴτε γὰρ οὕτως ἦν, ὡς τὰ σώματα, ἄλλο, τὸ δὲ ἄλλο ἔχουσα μέρος, οὐκ ἂν τοῦ ἑτέρου παθόντος τὸ ἕτερον μέρος εἰς αἴσθησιν ἦλθε τοῦ παθόντος, ἀλλ´ ἐκείνη ἂν ἡ ψυχή, οἷον ἡ περὶ τὸν δάκτυλον, ὡς ἑτέρα καὶ ἐφ´ ἑαυτῆς οὖσα ᾔσθετο τοῦ παθήματος· πολλαί γε ὅλως ἦσαν ψυχαὶ αἱ διοικοῦσαι ἕκαστον ἡμῶν· καὶ δὴ καὶ τὸ πᾶν τόδε οὐ μία, ἀλλὰ ἄπειροι χωρὶς ἀλλήλων. Τὸ γὰρ τῆς συνεχείας, εἰ μὴ εἰς ἓν συντελοῖ, μάταιον· οὐ γὰρ δὴ ὅπερ ἀπατῶντες ἑαυτοὺς λέγουσιν, ὡς <διαδόσει ἐπὶ τὸ ἡγεμονοῦν ἴασιν αἱ αἰσθήσεις, παραδεκτέον. Πρῶτον μὲν γὰρ ἡγεμονοῦν ψυχῆς μέρος λέγειν ἀνεξετάστως λέγεται· πῶς γὰρ καὶ μεριοῦσι καὶ τὸ μὲν ἄλλο, τὸ δ´ ἄλλο φήσουσι, τὸ δὲ ἡγεμονοῦν; Πηλίκῳ ποσῷ διαιροῦντες ἑκάτερον ἢ τίνι διαφορᾷ ποιότητος, ἑνὸς καὶ συνεχοῦς ὄγκου ὄντος; Καὶ πότερα μόνον τὸ ἡγεμονοῦν ἢ καὶ τὰ ἄλλα μέρη αἰσθήσεται; Καὶ εἰ μὲν μόνον, εἰ μὲν αὐτῷ προσπέσοι τῷ ἡγεμονοῦντι, ἐν τίνι τόπῳ ἱδρυμένον τὸ αἴσθημα αἰσθήσεται; Εἰ δὲ ἄλλῳ μέρει τῆς ψυχῆς, αἰσθάνεσθαι οὐ πεφυκὸς τόδε τὸ μέρος οὐ διαδώσει τῷ ἡγεμονοῦντι τὸ αὐτοῦ πάθημα, οὐδ´ ὅλως αἴσθησις ἔσται. Καὶ αὐτῷ δὲ τῷ ἡγεμονοῦντι εἰ προσπέσοι, ἢ μέρει αὐτοῦ προσπεσεῖται καὶ αἰσθομένου τοῦδε τὰ λοιπὰ οὐκέτι· μάταιον γάρ· ἢ πολλαὶ αἰσθήσεις καὶ ἄπειροι ἔσονται καὶ οὐχ ὅμοιαι πᾶσαι· ἀλλ´ ἡ μέν, ὅτι πρώτως ἔπαθον ἐγώ, ἡ δ´ ὅτι τὸ ἄλλης πάθημα ᾐσθόμην· ποῦ τε ἐγένετο τὸ πάθημα, ἀγνοήσει ἑκάστη πάρεξ τῆς πρώτης. Ἢ καὶ ἕκαστον μέρος ψυχῆς ἀπατήσεται δοξάζον, ὅπου ἔστιν, ἐκεῖ γεγονέναι. Εἰ δὲ μὴ μόνον τὸ ἡγεμονοῦν, ἀλλὰ καὶ ὁτιοῦν μέρος αἰσθήσεται, διὰ τί τὸ μὲν ἡγεμονοῦν ἔσται, τὸ δὲ οὔ; Ἢ τί δεῖ ἐπ´ ἐκεῖνο τὴν αἴσθησιν ἀνιέναι; Πῶς δὲ καὶ τὰ ἐκ πολλῶν αἰσθήσεων, οἷον ὤτων καὶ ὀμμάτων, ἕν τι γνώσεται;
Εἰ δ´ αὖ πάντη ἓν ἡ ψυχὴ εἴη, οἷον ἀμέριστον πάντη καὶ ἐφ´ ἑαυτοῦ ἕν, καὶ πάντη πλήθους καὶ μερισμοῦ ἐκφεύγοι φύσιν, οὐδὲν ὅλον, ὅ τι ἂν ψυχὴ καταλάβοι, ἐψυχωμένον ἔσται· ἀλλ´ οἷον περὶ κέντρον στήσασα ἑαυτὴν ἑκάστου ἄψυχον ἂν εἴασε πάντα τὸν τοῦ ζῴου ὄγκον. Δεῖ ἄρα οὕτως ἕν τε καὶ πολλὰ καὶ μεμερισμένον καὶ ἀμέριστον ψυχὴν εἶναι, καὶ μὴ ἀπιστεῖν, ὡς ἀδύνατον τὸ αὐτὸ καὶ ἓν πολλαχοῦ εἶναι. Εἰ γὰρ τοῦτο μὴ παραδεχοίμεθα, ἡ τὰ πάντα συνέχουσα καὶ διοικοῦσα φύσις οὐκ ἔσται, ἥτις ὁμοῦ τε πάντα περιλαβοῦσα ἔχει καὶ μετὰ φρονήσεως ἄγει, πλῆθος μὲν οὖσα, ἐπείπερ πολλὰ τὰ ὄντα, μία δέ, ἵν´ ᾖ ἓν τὸ συνέχον, τῷ μὲν πολλῷ αὐτῆς ἑνὶ ζωὴν χορηγοῦσα τοῖς μέρεσι πᾶσι, τῷ δὲ ἀμερίστῳ ἑνὶ φρονίμως ἄγουσα. Ἐν οἷς δὲ μὴ φρόνησις, τὸ ἓν τὸ ἡγούμενον μιμεῖται τοῦτο. Τοῦτ´ ἄρα ἐστὶ τὸ θείως ᾐνιγμένον <τῆς ἀμερίστου καὶ ἀεὶ κατὰ τὰ αὐτὰ ἐχούσης καὶ τῆς περὶ τὰ σώματα γιγνομένης μεριστῆς τρίτον ἐξ ἀμφοῖν συνεκεράσατο οὐσίας εἶδος.
Ἔστιν οὖν ψυχὴ ἓν καὶ πολλὰ οὕτως· τὰ δὲ ἐν τοῖς σώμασιν εἴδη πολλὰ καὶ ἕν· τὰ δὲ σώματα πολλὰ μόνον· τὸ δ´ ὑπέρτατον ἓν μόνον.
| [4,2,2] Telle devait être la nature de l'âme : elle ne pouvait être ni purement indivisible, ni purement divisible, mais elle devait être nécessairement indivisible et divisible, comme on vient de l'exposer. C'est ce que prouvent encore les considérations suivantes :
Si l'âme, comme le corps, avait plusieurs parties différentes les unes des autres, on ne verrait pas, quand une des parties sent, une autre partie éprouver la même sensation ; mais chaque partie de l'âme, celle qui est dans le doigt par exemple, éprouverait les affections qui lui sont propres, en restant étrangère à tout le reste et demeurant en elle-même; en un mot, il y aurait dans chacun de nous plusieurs âmes qui administreraient. De même, dans cet univers, il y aurait non une seule âme {l'Âme universelle}, mais un nombre infini d'âmes séparées les unes des autres. Recourra-t-on à la continuité des parties pour expliquer la sympathie qui unit les organes les uns avec les autres? Cette hypothèse est vaine, à moins que la continuité n'aboutisse à l'unité. Car on ne peut admettre, avec certains philosophes qui se trompent eux-mêmes, que les sensations arrivent au principe dirigeant par transmission de proche en proche. D'abord, c'est chose inconsidérée que d'avancer qu'il y a dans l'âme une partie dirigeante. Comment, en effet, diviser l'âme et y distinguer telle partie et telle autre? Quant à la partie dirigeante, par quelle supériorité, soit de quantité, soit de qualité, la distinguer dans une masse une et continue? D'ailleurs, dans cette hypothèse, qui sentira? Sera-ce la partie dirigeante seule, ou bien les autres parties avec elle? Si c'est elle seule, elle ne sentira qu'autant que l'impression reçue lui aura été transmise à elle-même, dans le lieu où elle réside ; mais si l'impression vient à tomber sur quelque autre partie de l'âme, incapable de sentir, cette partie ne pourra transmettre cette impression à la partie dirigeante, et il n'y aura pas du tout de sensation. En admettant que l'impression parvienne à la partie dirigeante elle-même, elle sera reçue ou par une de ses parties, et, cette partie ayant une fois perçu la sensation, les autres n'auront plus à la percevoir (car ce serait inutile) ; ou par plusieurs parties à la fois, et alors il y aura des sensations multiples ou même en nombre infini, et toutes différeront les unes des autres. L'une, en effet, dira : c'est moi qui la première ai reçu l'impression ; l'autre : j'ai senti l'impression reçue par une autre ; chacune, excepté la première, ignorera où l'impression s'est produite; ou bien encore, chaque partie de l'âme se trompera, croyant que l'impression s'est produite où elle réside elle-même. Enfin, si toute partie de l'âme peut sentir aussi bien que la partie dirigeante, pourquoi dire qu'il y a une partie dirigeante? Quel besoin de faire parvenir la sensation jusqu'à elle? Comment enfin connaîtrait-elle comme un ce qui est le résultat de sensations multiples, de celles par exemple qui viennent des oreilles ou des yeux?
D'un autre côté, si l'âme était absolument une, essentiellement indivisible et une en elle-même, si elle avait une nature incompatible avec la multiplicité et la division, elle ne pourrait en pénétrant le corps l'animer tout entier : se plaçant comme au centre, elle laisserait sans vie toute la masse de l'animal. Il est donc nécessaire que l'âme soit à la fois une et multiple, divisée et indivise, et il ne faut pas nier, comme chose impossible, que l'âme, bien qu'une et identique, soit en plusieurs points du corps à la fois. Si l'on refuse d'admettre cette vérité, on anéantira par cela même cette nature qui contient et administre l'univers, qui embrasse tout en même temps et dirige tout avec sagesse, nature à la fois multiple, parce que les êtres sont multiples, et une, parce que le principe qui contient tout doit être un : c'est par son unité multiple qu'elle communique la vie à toutes les parties de l'univers ; c'est par son unité indivisible qu'elle dirige tout avec sagesse. Dans les choses mêmes qui n'ont pas de sagesse, l'unité qui y joue le rôle de principe dirigeant imite l'unité de l'Âme universelle. C'est là ce que Platon a voulu indiquer allégoriquement par ces paroles divines : « De l'essence indivisible et toujours la même, et de l'essence qui devient divisible dans les corps, Dieu forma par leur mélange une troisième espèce d'essence. »
L'Âme {universelle} est donc à la fois une et multiple {comme nous venons de le dire} ; les formes des corps sont multiples et unes ; les corps ne sont que multiples; enfin le principe suprême {l'Un} est seulement un.
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