HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, III, livre V

Chapitre 3

 Chapitre 3

[3,5,3] Ὑπόστασιν δὲ εἶναι καὶ οὐσίαν ἐξ οὐσίας ἐλάττω μὲν τῆς ποιησαμένης, οὖσαν δὲ ὅμως, ἀπιστεῖν οὐ προσήκει. Καὶ γὰρ ψυχὴ ἐκείνη οὐσία ἦν γενομένη ἐξ ἐνεργείας τῆς πρὸ αὐτῆς {καὶ ζῶσα} καὶ τῆς τῶν ὄντων οὐσίας καὶ πρὸς ἐκεῖνο ὁρῶσα, πρώτη ἦν οὐσία, καὶ σφόδρα ὁρῶσα. Καὶ πρῶτον ἦν ὅραμα αὐτῇ τοῦτο καὶ ἑώρα ὡς πρὸς ἀγαθὸν αὐτῆς καὶ ἔχαιρεν ὁρῶσα, καὶ τὸ ὅραμα τοιοῦτον ἦν, ὡς μὴ πάρεργον ποιεῖσθαι τὴν θέαν τὸ ὁρῶν, ὡς τῇ οἷον ἡδονῇ καὶ τάσει τῇ πρὸς αὐτὸ καὶ σφοδρότητι τῆς θέας γεννῆσαί τι παρ´ αὐτῆς ἄξιον αὐτῆς καὶ τοῦ ὁρά ματος. Ἐξ οὖν τοῦ ἐνεργοῦντος συντόνως περὶ τὸ ὁρώμενον καὶ ἐκ τοῦ οἷον ἀπορρέοντος ἀπὸ τοῦ ὁρωμένου ὄμμα πληρωθέν, οἷον μετ´ εἰδώλου ὅρασις, Ἔρως ἐγένετο τάχα που καὶ τῆς προσηγορίας ἐντεῦθεν μᾶλλον αὐτῷ γεγενημένης, ὅτι ἐξ ὁράσεως τὴν ὑπόστασιν ἔχει· ἐπεὶ τό γε πάθος ἀπὸ τούτου ἔχοι ἂν τὴν ἐπωνυμίαν, εἴπερ πρότερον οὐσία μὴ οὐσίαςκαίτοι τό γε πάθος «ἐρᾶν» λέγεταικαὶ εἴπερ «ἔρως αὐτὸν ἔχει τοῦδε», ἁπλῶς δὲ οὐκ ἂν λέγοιτο ἔρως. μὲν δὴ τῆς ἄνω ψυχῆς Ἔρως τοιοῦτος ἂν εἴη, ὁρῶν καὶ αὐτὸς ἄνω, ἅτε ὀπαδὸς ὢν ἐκείνης καὶ ἐξ ἐκείνης καὶ παρ´ ἐκείνης γεγενημένος καὶ θεῶν ἀρκούμενος θέᾳ. Χωριστὴν δὲ ἐκείνην τὴν ψυχὴν λέγοντες τὴν πρώτως ἐλλάμπουσαν τῷ οὐρανῷ, χωριστὸν καὶ τὸν Ἔρωτα τοῦτον θησόμεθαεἰ καὶ ὅτι μάλιστα οὐρανίαν τὴν ψυχὴν εἴπομεν· ἐπεὶ καὶ ἐν ἡμῖν λέγοντες τὸ ἐν ἡμῖν ἄριστον εἶναι χωριστὸν ὅμως τιθέμεθα αὐτὸ εἶναμόνον ἐκεῖ ἔστω, οὗ ψυχὴ ἀκήρατος. Ἐπεὶ δὲ καὶ τοῦδε τοῦ παντὸς ψυχὴν εἶναι ἔδει, ὑπέστη μετὰ ταύτης ἤδη καὶ ἄλλος Ἔρως ὄμμα καὶ ταύτης, ἐξ ὀρέξεως καὶ αὐτὸς γεγενημένος. Τοῦ δὲ κόσμου οὖσα Ἀφροδίτη αὕτη καὶ οὐ μόνον ψυχὴ οὐδὲ ἁπλῶς ψυχὴ καὶ τὸν ἐν τῷδε τῷ κόσμῳ Ἔρωτα ἐγεννήσατο ἐφαπτόμενον ἤδη καὶ αὐτὸν γάμων καί, καθ´ ὅσον ἐφάπτεται καὶ αὐτὸς τῆς ὀρέξεως τῆς ἄνω, κατὰ τοσοῦτον κινοῦντα καὶ τὰς τῶν νέων ψυχὰς καὶ τὴν ψυχὴν συντέτακται ἀναστρέφοντα, καθ´ ὅσον καὶ αὐτὴ εἰς μνήμην ἐκείνων πέφυκεν ἰέναι. Πᾶσα γὰρ ἐφίεται τοῦ ἀγαθοῦ καὶ μεμιγμένη καὶ τινὸς γενομένη· ἐπεὶ καὶ αὕτη ἐφεξῆς ἐκείνῃ καὶ ἐξ ἐκείνης. [3,5,3] Il est impossible de ne pas reconnaître que l'Amour est une hypostase et une essence, qui est sans doute inférieure à l'essence dont elle émane {c'est-à-dire à Vénus Uranie ou à l'Âme céleste}, mais qui cependant existe en même temps. En effet, l'Âme céleste est une essence née de l'acte qui lui est supérieur {de l'Essence première}, une essence vivante, émanée de l'Essence première, et attachée à la contemplation de cette Essence. Elle y trouve le premier objet de sa contemplation, elle y attache ses regards comme à son bien, et trouve dans cette vue une source de plaisir. L'objet qu'elle voit attire son attention, de telle sorte que, par le plaisir qu'elle éprouve, par l'ardeur et l'application qu'elle met à contempler son objet, elle engendre elle-même quelque chose de digne d'elle et du spectacle dont elle jouit. Ainsi, de l'attention avec laquelle l'Âme s'applique à contempler son objet et de l'émanation même de cet objet naît l'Amour, œil plein de l'objet qu'il contemple, vision unie à l'image qu'elle se forme. Aussi l'Amour semble devoir son nom à ce qu'il tient son existence de la vision. L'amour, même considéré comme passion, doit son nom au même fait : car l'Amour qui est une essence est antérieur à l'amour qui n'est pas une essence. Quoique l'on dise de la passion qu'elle consiste à aimer, elle est cependant l'amour de tel objet, elle n'est pas l'Amour en prenant ce mot dans un sens absolu. Tel est l'Amour qui est propre à la partie supérieure de l'Âme {à l'Âme céleste}. Il contemple le monde intelligible avec elle, parce qu'il en est en quelque sorte le compagnon, qu'il est né d'elle et en elle, qu'il se complaît avec elle à contempler les dieux. Or, puisque nous regardons comme séparée de la matière l'Âme qui répand la première sa lumière sur le ciel, nous devons admettre que l'Amour {qui lui est lié} est également séparé de la matière. Si nous disons que cette Âme pure réside véritablement dans le ciel, c'est dans le sens où nous disons que ce qu'il y a de plus précieux en nous {l'âme raisonnable} réside dans notre corps et est cependant séparé de la matière. Cet Amour doit donc résider là seulement où réside cette Âme pure. Mais, comme il était également nécessaire qu'au-dessous de l'Âme céleste existât l'Âme du monde, avec elle devait exister en même temps un autre Amour : il est aussi l'œil de cette Âme; il est né aussi de son désir. Comme cette seconde Vénus appartient à ce monde, qu'elle n'est pas l'Âme pure, ni l'Âme dans un sens absolu, elle a engendré l'Amour qui règne ici-bas et préside avec elle aux mariages. En tant qu'il éprouve lui-même le désir de l'intelligible, il tourne vers l'intelligible les âmes des jeunes gens, il élève l'âme à laquelle il est uni, en tant qu'elle est naturellement disposée à avoir la réminiscence de l'intelligible. Toute âme en effet aspire au Bien, même celle qui est mêlée à la matière et qui est l'âme de tel être : car elle est attachée à l'Âme supérieure et elle en procède.


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Dernière mise à jour : 5/05/2010