[3,2,13] Ἐπεὶ οὐδὲ ἐκεῖνον ἀποβλητέον τὸν λόγον, ὃς οὐ πρὸς τὸ παρὸν ἑκάστοτέ
φησι βλέπειν, ἀλλὰ πρὸς τὰς πρόσθεν περιόδους καὶ αὖ τὸ μέλλον, ὥστε
ἐκεῖθεν τάττειν τὴν ἀξίαν καὶ μετατιθέναι ἐκ δεσποτῶν τῶν πρόσθεν δούλους
ποιοῦντα, εἰ ἐγένοντο κακοὶ δεσπόται, καὶ ὅτι σύμφορον αὐτοῖς οὕτω, καὶ εἰ
κακῶς ἐχρήσαντο πλούτῳ, πένητας - καὶ ἀγαθοῖς οὐκ ἀσύμφορον πένησιν εἶναι
- καὶ φονεύσαντας ἀδίκως φονευθῆναι ἀδίκως μὲν τῷ ποιήσαντι, αὐτῷ δὲ
δικαίως τῷ παθόντι, καὶ τὸ πεισόμενον συναγαγεῖν εἰς τὸ αὐτὸ τῷ ἐπιτηδείῳ
ποιῆσαι, ἃ παθεῖν ἐχρῆν ἐκεῖνον. Μὴ γὰρ δὴ κατὰ συντυχίαν δοῦλον μηδὲ
αἰχμάλωτον ὡς ἔτυχε μηδὲ ὑβρισθῆναι εἰς σῶμα εἰκῇ, ἀλλ´ ἦν ποτε ταῦτα
ποιήσας, ἃ νῦν ἐστι πάσχων· καὶ μητέρα τις ἀνελὼν ὑπὸ παιδὸς ἀναιρεθήσεται
γενόμενος γυνή, καὶ βιασάμενος γυναῖκα ἔσται, ἵνα βιασθῇ. Ὅθεν καὶ θείᾳ
φήμῃ Ἀδράστεια· αὕτη γὰρ ἡ διάταξις Ἀδράστεια ὄντως καὶ ὄντως Δίκη καὶ
σοφία θαυμαστή. Τεκμαίρεσθαι δὲ δεῖ τοιαύτην τινὰ εἶναι τὴν τάξιν ἀεὶ τῶν
ὅλων ἐκ τῶν ὁρωμένων ἐν τῷ παντί, ὡς εἰς ἅπαν χωρεῖ καὶ ὅ τι μικρότατον,
καὶ ἡ τέχνη θαυμαστὴ οὐ μόνον ἐν τοῖς θείοις, ἀλλὰ καὶ ὧν ἄν τις ὑπενόησε
καταφρονῆσαι ὡς μικρῶν τὴν πρόνοιαν, οἵα καὶ ἐν τοῖς τυχοῦσι ζῴοις ἡ
ποικίλη θαυματουργία καὶ τὸ μέχρι τῶν ἐμφύτων καρποῖς καὶ ἔτι φύλλοις τὸ
εὐειδὲς καὶ τὸ ῥᾷστα εὐανθὲς καὶ ῥαδινὸν καὶ ποικίλον, καὶ ὅτι οὐ
πεποίηται ἅπαξ καὶ ἐπαύσατο, ἀλλ´ ἀεὶ ποιεῖται τῶν ὑπεράνω φερομένων κατὰ
ταῦτα οὐχ ὡσαύτως. Μετατίθεται τοίνυν τὰ μετατιθέμενα οὐκ εἰκῇ
μετατιθέμενα οὐδ´ ἄλλα σχήματα λαμβάνοντα, ἀλλ´ ὡς καλόν, καὶ ὡς πρέποι ἂν
δυνάμεσι θείαις ποιεῖν. Ποιεῖ γὰρ πᾶν τὸ θεῖον ὡς πέφυκε· πέφυκε δὲ κατὰ
τὴν αὐτοῦ οὐσίαν· οὐσία δὲ αὐτῷ, ἣ τὸ καλὸν ἐν ταῖς ἐνεργείαις αὐτοῦ καὶ
τὸ δίκαιον συνεκφέρει. Εἰ γὰρ μὴ ἐκεῖ ταῦτα, ποῦ ἂν εἴη;
| [3,2,13] Il y a encore une considération qu'il ne faut pas mépriser, c'est
qu'il ne suffit pas d'examiner uniquement le présent, qu'on doit tenir
compte aussi des périodes passées et de l'avenir afin d'y voir s'exercer
la justice distributive de la divinité. Elle fait esclaves ceux qui
ont été maîtres dans une vie antérieure, s'ils ont abusé de leur pouvoir;
et ce changement leur est utile. Elle rend pauvres ceux qui ont mal
employé leurs richesses : car la pauvreté sert même aux gens vertueux. De
même, ceux qui ont tué sont tués à leur tour ; celui qui commet l'homicide
agit injustement, mais celui qui en est victime souffre justement.
Ainsi, il y a harmonie entre la disposition de l'homme qui est maltraité
et la disposition de celui qui le maltraite comme il le méritait. Ce n'est
pas par hasard qu'un homme devient esclave, est fait prisonnier ou est
déshonoré. Il a commis lui-même les violences qu'il subit à son tour.
Celui qui a tué sa mère sera tué par son fils ; celui qui a violé une
femme deviendra femme pour être à son tour victime d'un viol. De là vient
la parole du divin appelée Adrastée (g-theia g-phehmeh g-Aresteia) : car l'ordre
(g-diataxis) dont nous parlons ici est véritablement Adrastée, est
véritablement une Justice, une Sagesse admirable. Des choses que nous
voyons dans l'univers nous devons conclure que l'ordre qui y règne est
éternel, qu'il pénètre partout, même dans ce qu'il y a de plus petit, et
qu'il montre un art admirable non seulement dans les choses divines, mais
encore dans celles que l'on pourrait croire dédaignées de la Providence à
cause de leur petitesse. Ainsi, dans les plus vils animaux, il y a
une variété d'art admirable ; elle s'étend jusqu'aux végétaux, dont les
fruits et les feuilles se distinguent tant par la beauté de la forme, dont
les fleurs s'épanouissent avec tant de grâce, qui poussent si facilement
et qui offrent tant de variété. Ces choses n'ont pas été produites
une fois pour toutes ; elles sont produites avec une variété continuelle
parce que les astres dans leur cours n'exercent pas toujours la, même
influence sur les choses d'ici-bas: Ce qui est transformé n'est pas
transformé et métamorphosé au hasard, mais d'après les lois de la beauté
et les règles de la convenance qu'observent des puissances divines. Toute
puissance divine agit conformément à sa nature, c'est-à-dire conformément
à son essence ; or, son essence est de développer dans ses actes la
justice et la beauté : car si la justice et la beauté ne s'y
trouvaient pas, elles ne sauraient exister nulle part.
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