[3,2,11] Πότερα δὲ φυσικαῖς ἀνάγκαις οὕτως ἕκαστα καὶ ἀκολουθίαις καὶ ὅπῃ
δυνατὸν καλῶς; Ἢ οὔ, ἀλλ´ ὁ λόγος ταῦτα πάντα ποιεῖ ἄρχων καὶ οὕτω
βούλεται καὶ τὰ λεγόμενα κακὰ αὐτὸς κατὰ λόγον ποιεῖ οὐ βουλόμενος πάντα
ἀγαθὰ εἶναι, ὥσπερ ἂν εἴ τις τεχνίτης οὐ πάντα τὰ ἐν τῷ ζῴῳ ὀφθαλμοὺς ποιεῖ·
οὕτως οὐδ´ ὁ λόγος πάντα θεοὺς εἰργάζετο, ἀλλὰ τὰ μὲν θεούς, τὰ δὲ
δαίμονας, δευτέραν φύσιν, εἶτα ἀνθρώπους καὶ ζῷα ἐφεξῆς, οὐ φθόνῳ, ἀλλὰ
λόγῳ ποικιλίαν νοερὰν ἔχοντι. Ἡμεῖς δέ, ὥσπερ οἱ ἄπειροι γραφικῆς τέχνης
αἰτιῶνται, ὡς οὐ καλὰ τὰ χρώματα πανταχοῦ, ὁ δὲ ἄρα τὰ προσήκοντα ἀπέδωκεν
ἑκάστῳ τόπῳ· καὶ αἱ πόλεις δὲ οὐκ ἐξ ἴσων, καὶ αἳ εὐνομίᾳ χρῶνται· ἢ εἴ
τις δρᾶμα μέμφοιτο, ὅτι μὴ πάντες ἥρωες ἐν αὐτῷ, ἀλλὰ καὶ οἰκέτης καί τις
ἀγροῖκος καὶ φαύλως φθεγγόμενος· τὸ δὲ οὐ καλόν ἐστιν, εἴ τις τοὺς χείρους
ἐξέλοι, καὶ ἐκ τούτων συμπληρούμενον.
| [3,2,11] Est-il, vrai que toutes choses sont produites par la nécessité et par
l'enchaînement naturel des causes et des effets, et qu'elles sont, de
cette manière, aussi bonnes que possible ? — Non : c'est la Raison qui, en
gouvernant le monde, produit toutes choses (en ce sens qu'elle en renferme
les raisons), et qui veut qu'elles soient telles qu'elles sont ;
c'est elle qui produit conformément à sa nature rationnelle ce qu'on
appelle des maux, parce qu'elle ne veut pas que tout soit également bon.
Un artiste ne couvre pas d'yeux le corps de l'animal qu'il représente.
De même la raison ne s'est pas bornée à faire des dieux ; elle a
produit au-dessous d'eux des démons, puis des hommes, puis des bêtes, non
par envie, mais parce que son essence rationnelle contient une
variété intellectuelle (c'est-à-dire contient les raisons de tous les
êtres divers). Nous ressemblons à ces hommes qui ignorent la peinture
et qui blâment l'artiste d'avoir mis des ombres dans son tableau :
cependant il n'a fait qu'y répartir convenablement la lumière. De
même, les États bien réglés ne sont pas composés d'ordres égaux. Enfin, on
ne condamne pas une tragédie parce qu'on y voit paraître d'autres
personnages que des héros, un esclave, par exemple, un paysan qui parle mal :
ce serait détruire la beauté de la composition que de retrancher ces
personnages inférieurs et toutes les parties où ils figurent.
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