[2,9,7] Ὅτι μὲν οὖν οὔτε ἤρξατο οὔτε παύσεται, ἀλλ´ ἔστιν ἀεὶ καὶ ὅδε ὁ
κόσμος, ἕως ἂν ἐκεῖνα ᾖ, εἴρηται. Τὴν δὲ πρὸς τὸ σῶμα τῇ ψυχῇ κοινωνίαν τῇ
ἡμετέρᾳ πρὸ αὐτῶν εἴρηται ὡς οὐκ ἄμεινον τῇ ψυχῇ· τὸ δὲ ἀπὸ τῆς ἡμετέρας
καὶ τὴν τοῦ παντὸς λαμβάνειν ὅμοιον, ὡς εἴ τις τὸ τῶν χυτρέων ἢ χαλκέων
λαβὼν γένος ἐν πόλει εὖ οἰκουμένῃ τὴν ἅπασαν ψέγοι. Δεῖ δὲ τὰς διαφορὰς
λαμβάνειν τὰς τῆς ὅλης ὅπως διοικεῖ, ὅτι μὴ ὁ αὐτὸς τρόπος μηδ´
ἐνδεδεμένη. Πρὸς γὰρ αὖ ταῖς ἄλλαις διαφοραῖς, αἳ μυρίαι εἴρηνται ἐν
ἄλλοις, κἀκεῖνο ἐνθυμεῖσθαι ἔδει ὅτι ἡμεῖς μὲν ὑπὸ τοῦ σώματος δεδέμεθα
ἤδη δεσμοῦ γεγενημένου. Ἐν γὰρ τῇ πάσῃ ψυχῇ ἡ τοῦ σώματος φύσις δεδεμένη
ἤδη συνδεῖ ὃ ἂν περιλάβῃ· αὐτὴ δὲ ἡ τοῦ παντὸς ψυχὴ οὐκ ἂν δέοιτο ὑπὸ τῶν
ὑπ´ αὐτῆς δεδεμένων· ἄρχει γὰρ ἐκείνη. Διὸ καὶ ἀπαθὴς πρὸς αὐτῶν, ἡμεῖς δὲ
τούτων οὐ κύριοι· τὸ δ´ ὅσον αὐτῆς πρὸς τὸ θεῖον τὸ ὑπεράνω ἀκέραιον
μένει καὶ οὐκ ἐμποδίζεται, ὅσον δὲ αὐτῆς δίδωσι τῷ σώματι ζωὴν οὐδὲν παρ´
αὐτοῦ προσλαμβάνει. Ὅλως γὰρ τὸ μὲν ἄλλου πάθημα τὸ ἐν αὐτῷ ἐξ ἀνάγκης
δέχεται, ὃ δ´ αὐτὸ ἐκείνῳ οὐκέτι τὸ αὐτοῦ δίδωσιν οἰκείαν ζωὴν ἔχοντι·
οἷον εἰ ἐγκεντρισθέν τι εἴη ἐν ἄλλῳ, παθόντος μὲν τοῦ ἐν ᾧ συμπέπονθεν,
αὐτὸ δὲ ξηρανθὲν εἴασεν ἐκεῖνο τὴν αὐτοῦ ζωὴν ἔχειν. Ἐπεὶ οὐδ´
ἀποσβεννυμένου τοῦ ἐν σοὶ πυρὸς τὸ ὅλον πῦρ ἀπέσβη· ἐπεὶ οὐδ´ εἰ τὸ πᾶν
πῦρ ἀπόλοιτο, πάθοι ἄν τι ἡ ψυχὴ ἡ ἐκεῖ, ἀλλ´ ἡ τοῦ σώματος σύστασις, καὶ
εἰ οἷόν τε εἴη διὰ τῶν λοιπῶν κόσμον τινὰ εἶναι, οὐδὲν ἂν μέλοι τῇ ψυχῇ τῇ
ἐκεῖ. Ἐπεὶ οὐδὲ ἡ σύστασις ὁμοίως τῷ παντὶ καὶ ζῴῳ ἑκάστῳ· ἀλλ´ ἐκεῖ οἷον
ἐπιθεῖ κελεύσασα μένειν, ἐνταῦθα δὲ ὡς ὑπεκφεύγοντα εἰς τὴν τάξιν τὴν
ἑαυτῶν δέδεται δεσμῷ δευτέρῳ· ἐκεῖ δὲ οὐκ ἔχει ὅπου φύγῃ. Οὔτε οὖν ἐντὸς
δεῖ κατέχειν οὔτε ἔξωθεν πιέζουσαν εἰς τὸ εἴσω ὠθεῖν, ἀλλ´ ὅπου ἠθέλησεν
ἐξ ἀρχῆς αὐτῆς ἡ φύσις μένει. Ἐὰν δέ πού τι αὐτῶν κατὰ φύσιν κινηθῇ, οἷς
οὐκ ἔστι κατὰ φύσιν, ταῦτα πάσχει, αὐτὰ δὲ καλῶς φέρεται ὡς τοῦ ὅλου· τὰ
δὲ φθείρεται οὐ δυνάμενα τὴν τοῦ ὅλου τάξιν φέρειν, οἷον εἰ χοροῦ μεγάλου
ἐν τάξει φερομένου ἐν μέσῃ τῇ πορείᾳ αὐτοῦ χελώνη ληφθεῖσα πατοῖτο οὐ
δυνηθεῖσα φυγεῖν τὴν τάξιν τοῦ χοροῦ· εἰ μέντοι μετ´ ἐκείνης τάξειεν
ἑαυτήν, οὐδὲν ἂν ὑπὸ τούτων οὐδ´ αὐτὴ πάθοι.
| [2,9,7] Nous avons démontré ailleurs que ce monde n'a pas commencé et ne finira pas, qu'il doit durer toujours comme les intelligibles. Nous avons démontré aussi avant ces gens que le commerce dé notre âme avec le corps n'est pas avantageux pour elle. Mais juger l'Âme universelle d'après la nôtre, c'est ressembler à un homme qui blâmerait l'ensemble d'une cité bien gouvernée, en n'y examinant que les ouvriers occupés à travailler l'argile ou l'airain.
Il est important de considérer quelles différences il y a entre l'Âme universelle et notre âme. D'abord elle ne gouverne pas le monde de la même manière {que notre âme gouverne notre corps} ; ensuite elle gouverne le monde sans lui être liée. En effet, outre les mille différences qui ont été signalées ailleurs entre l'Âme universelle et nôtre âme, il faut remarquer que nous avons été liés au corps quand il y avait déjà un premier lien de formé. Dans l'Âme universelle, la Nature qui est liée au corps {du monde} lie ensemble tout ce qu'elle embrasse, mais l'Âme universelle elle-même n'est pas liée par les choses qu'elle lie. Comme elle les domine, elle est impassible à leur égard, tandis que nous-mêmes nous ne dominons pas les objets extérieurs. En outre, la partie de l'Âme universelle qui s'élève vers le monde intelligible reste pure et indépendante; celle même qui communique la vie au corps {du monde} n'en reçoit rien. En général, ce qui est dans un autre être participe nécessairement à l'état de cet être ; mais un principe qui a sa vie propre ne saurait rien recevoir d'autrui. C'est ainsi que, lorsqu'une chose est placée dans une autre, elle ressent ce que celle-ci éprouve, mais elle n'en conserve pas moins sa vie propre si la chose dans laquelle elle est vient à périr. Par exemple, si le feu qui se trouve en toi s'éteint, le feu universel ne s'éteint pas ; si celui-ci même s'éteignait, l'Âme universelle n'en ressentirait rien, et la constitution du corps {du monde} en serait seule affectée. S'il était possible qu'il existât un monde composé seulement des trois autres éléments, cela n'importerait en rien à l'Âme universelle, parce que le monde n'a pas une constitution semblable à celle de chacun des animaux qu'il contient. Là-haut, l'Âme universelle plane sur le monde en lui imposant la permanence; ici-bas, les parties, qui s'écoulent en quelque sorte, sont maintenues à leur place par un second lien. Comme les choses célestes n'ont pas de lieu où elles puissent s'écouler {hors du monde}, il n'est pas besoin de les contenir intérieurement ni de les comprimer extérieurement pour les ramener au dedans : elles subsistent dans le lieu où l'Âme universelle les a placées dès l'origine. Celles qui se meuvent naturellement modifient les êtres qui n'ont pas de mouvement naturel; elles exécutent des révolutions bien ordonnées, parce qu'elles sont des parties de l'univers. Ici-bas il y a des êtres qui périssent parce qu'ils ne peuvent se conformer à l'ordre universel : par exemple, si une tortue se trouvait prise au milieu d'un choeur qui dansât dans un ordre parfait, elle serait foulée aux pieds parce qu'elle ne saurait se soustraire aux effets de l'ordre qui règle les pas des danseurs ; au contraire, si elle se conformait à cet ordre, elle n'éprouverait aucun mal.
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