[2,9,4] Εἰ δὲ οἷον πτερορρυήσασαν τὴν ψυχὴν φήσουσι πεποιηκέναι, οὐχ ἡ τοῦ
παντὸς τοῦτο πάσχει· εἰ δὲ σφαλεῖσαν αὐτοὶ φήσουσι, τοῦ σφάλματος
λεγέτωσαν τὴν αἰτίαν. Πότε δὲ ἐσφάλη; Εἰ μὲν γὰρ ἐξ ἀιδίου, μένει κατὰ τὸν
αὐτῶν λόγον ἐσφαλμένη· εἰ δὲ ἤρξατο, διὰ τί οὐ πρὸ τοῦ; Ἡμεῖς δὲ οὐ νεῦσίν
φαμεν τὴν ποιοῦσαν, ἀλλὰ μᾶλλον μὴ νεῦσιν. Εἰ δὲ ἔνευσε, τῷ ἐπιλελῆσθαι
δηλονότι τῶν ἐκεῖ· εἰ δὲ ἐπελάθετο, πῶς δημιουργεῖ; Πόθεν γὰρ ποιεῖ ἢ ἐξ
ὧν εἶδεν ἐκεῖ; Εἰ δὲ ἐκείνων μεμνημένη ποιεῖ, οὐδὲ ὅλως ἔνευσεν, οὐδὲ γὰρ
εἰ ἀμυδρῶς ἔχει. Οὐ μᾶλλον νεύει ἐκεῖ, ἵνα μὴ ἀμυδρῶς ἴδῃ; Διὰ τί γὰρ ἂν
οὐκ ἠθέλησεν ἔχουσα ἡντινοῦν μνήμην ἐπανελθεῖν; Τί γὰρ ἂν ἑαυτῇ καὶ
ἐλογίζετο γενέσθαι ἐκ τοῦ κοσμοποιῆσαι; Γελοῖον γὰρ τὸ ἵνα τιμῷτο, καὶ
μεταφερόντων ἀπὸ τῶν ἀγαλματοποιῶν τῶν ἐνταῦθα. Ἐπεὶ καὶ εἰ διανοίᾳ ἐποίει
καὶ μὴ ἐν τῇ φύσει ἦν τὸ ποιεῖν καὶ ἡ δύναμις ἡ ποιοῦσα ἦν, πῶς ἂν κόσμον
τόνδε ἐποίησε; Πότε δὲ καὶ φθερεῖ αὐτόν; εἰ γὰρ μετέγνω, τί ἀναμένει; Εἰ
δὲ οὔπω, οὐδ´ ἂν μεταγνοίη ἔτι ἤδη εἰθισμένη καὶ τῷ χρόνῳ προσφιλεστέρα
γενομένη. Εἰ δὲ τὰς καθ´ ἕκαστον ψυχὰς ἀναμένει, ἤδη ἔδει μηκέτι ἐλθεῖν
εἰς γένεσιν πάλιν πειραθείσας ἐν τῇ προτέρᾳ γενέσει τῶν τῇδε κακῶν· ὥστε
ἤδη ἂν ἐπέλιπον ἰοῦσαι. Οὐδὲ τὸ κακῶς γεγονέναι τόνδε τὸν κόσμον δοτέον τῷ
πολλὰ εἶναι ἐν αὐτῷ δυσχερῆ· τοῦτο γὰρ ἀξίωμα μεῖζόν ἐστι περιτιθέντων
αὐτῷ, εἰ ἀξιοῦσι τὸν αὐτὸν εἶναι τῷ νοητῷ, ἀλλὰ μὴ εἰκόνα ἐκείνου. Ἢ τίς
ἂν ἐγένετο ἄλλη καλλίων εἰκὼν ἐκείνου; Τί γὰρ ἄλλο πῦρ βελτίων τοῦ ἐκεῖ
πυρὸς παρὰ τὸ ἐνταῦθα πῦρ; Ἢ τίς γῆ ἄλλη παρὰ ταύτην μετὰ τὴν ἐκεῖ γῆν;
Τίς δὲ σφαῖρα ἀκριβεστέρα καὶ σεμνοτέρα ἢ εὐτακτοτέρα τῇ φορᾷ μετὰ τὴν
ἐκεῖ τοῦ κόσμου τοῦ νοητοῦ περιοχὴν ἐν αὐτῷ; Ἄλλος δὲ ἥλιος μετ´ ἐκεῖνον
πρὸ τούτου τοῦ ὁρωμένου τίς;
| [2,9,4] Mais, dira-t-on, si l'Âme a créé, c'est parce qu'elle a perdu ses ailes. — L'Âme universelle ne saurait être sujette à un pareil accident. Si l'on prétend qu'elle a failli, qu'on dise la cause de sa faute. Quand a-t-elle failli ? Si c'est de toute éternité, par la même raison, elle doit demeurer dans sa faute ; si c'est seulement après un temps déterminé, pourquoi n'a-te-elle pas failli plus tôt? Quant à nous, nous croyons que si l'Âme a créé le monde, ce n'est pas parce qu'elle a incliné {vers la matière}, mais plutôt parce qu'elle n'a pas incliné. Pour incliner ainsi, il aurait fallu que l'Âme eût oublié les intelligibles ; mais, si elle les avait oubliés, comment aurait-elle créé le monde? D'après quoi l'aurait-elle formé? Elle l'a formé sans doute d'après les intelligibles qu'elle avait contemplés là-haut. Si elle s'en est souvenue en formant le monde, elle n'avait pas incliné. Elle n'avait donc pas une notion obscure des intelligibles ; sinon, elle aurait incliné vers eux pour en avoir une intuition claire : car, pourquoi n'aurait-elle pas voulu rentrer dans le monde intelligible, puisqu'elle en conservait quelque souvenir ?
En outre, quel avantage a-t-elle pu croire se procurer en créant le monde ? Il serait plaisant de s'imaginer qu'elle a créé le monde pour être honorée : ce serait lui prêter les sentiments d'un statuaire. Si elle a créé en vertu d'une conception rationnelle et si, quoiqu'il ne fût pas dans sa nature de créer, sa puissance s'est exercée par la création, comment a-t-elle fait le monde? Quand le détruira-t-elle ? Si elle s'est repentie, qu'attend-elle {pour anéantir son œuvre} ? Si elle ne s'est pas encore repentie, elle ne saurait se repentir quand le temps l'aura habituée à son oeuvre et l'aura rendue plus bienveillante pour elle. Si elle attend les âme individuelles celles-ci auraient dû ne pas revenir dans la génération, puisque, dans la génération antérieure, elles ont déjà fait l'épreuve des maux d'ici-bas, et que, par conséquent, elles auraient depuis longtemps dû cesser de descendre sur la terre.
Il ne faut pas accorder que le monde est mal fait, parce qu'on y souffre mille peines : c'est exiger pour le monde sensible une trop grande perfection et le confondre avec le monde intelligible dont il n'est que l'image? Mais pourrait-il en exister une plus belle image ? Pourrait-il y avoir, après le feu céleste, un feu meilleur que notre feu ? Comment concevoir, après la terre intelligible, une autre terre que celle-ci ? après l'acte par lequel le monde intelligible s'embrasse lui-même, une sphère plus parfaite, plus admirable, mieux ordonnée dans ses mouvements ? Enfin comment concevoir, après le soleil intelligible, un autre soleil que celui qui frappe notre vue ?
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