| [1,9,0] PREMIÈRE ENNÉADE - LIVRE NEUVIÈME - DU SUICIDE.
Οὐκ ἐξάξεις, ἵνα μὴ ἐξίῃ· ἐξελεύσεται γὰρ ἔχουσά τι, ἵνα καὶ ἐξέλθῃ, τό τε 
ἐξελθεῖν ἐστι μεταβῆναι εἰς ἄλλον τόπον. Ἀλλὰ μένει τὸ σῶμα ἀποστῆναι πᾶν 
αὐτῆς, ὅτε μὴ δεῖται μετελθεῖν, ἀλλ´ ἔστι πάντη ἔξω. Πῶς οὖν ἀφίσταται τὸ 
σῶμα; Ὅταν μηδὲν ἔτι δεδεμένον ᾖ τῆς ψυχῆς, ἀδυνατοῦντος ἔτι τοῦ σώματος 
συνδεῖν, τῆς ἁρμονίας αὐτοῦ οὐκέτ´ οὔσης, ἣν ἔχον εἶχε τὴν ψυχήν. Τί οὖν, 
εἰ μηχανήσαιτό τις λυθῆναι τὸ σῶμα; Ἢ ἐβιάσατο καὶ ἀπέστη αὐτός, οὐκ 
ἐκεῖνο ἀφῆκε· καὶ ὅτε λύει, οὐκ ἀπαθής, ἀλλ´ ἢ δυσχέρανσις ἢ λύπη ἢ θυμός· 
δεῖ δὲ μηδὲν πράττειν. Εἰ οὖν ἀρχὴν αἴσθοιτο τοῦ ληρεῖν; Ἢ τάχα μὲν οὐ 
περὶ σπουδαῖον· εἰ δὲ καὶ γένοιτο, τάττοιτ´ ἂν ἐν τοῖς ἀναγκαίοις τοῦτο 
καὶ ἐκ περιστάσεως αἱρετοῖς, οὐχ ἁπλῶς αἱρετοῖς. Καὶ γὰρ ἡ τῶν φαρμάκων 
προσαγωγὴ πρὸς ἔξοδον ψυχῆς τάχα ἂν ψυχῇ οὐ πρόσφορος. Καὶ εἰ εἱμαρμένος 
χρόνος ὁ δοθεὶς ἑκάστῳ, πρὸ τούτου οὐκ εὐτυχές, εἰ μή, ὥσπερ φαμέν, 
ἀναγκαῖον. Εἰ δέ, οἷος ἕκαστος ἔξεισι, ταύτην ἴσχει ἐκεῖ τάξιν, εἰς τὸ 
προκόπτειν οὔσης ἐπιδόσεως οὐκ ἐξακτέον. 
 | [1,9,0] PREMIÈRE ENNÉADE - LIVRE NEUVIÈME - DU SUICIDE.
Il ne faut pas faire sortir par violence l'âme du corps, de peur qu'elle 
ne sorte {en emportant quelque chose d'étranger, c'est-à-dire de corporel} : 
car, dans ce cas, elle emportera cet élément étranger en quelque 
endroit qu'elle émigre (par émigrer j'entends passer dans un autre 
séjour). Il faut au contraire attendre que le corps tout entier se détache 
naturellement de l'âme: alors celle-ci n'a plus besoin de passer dans un 
autre séjour; elle est complètement délivrée du corps.
Comment donc le corps se détache-t-il naturellement de l'âme? Par la 
rupture complète des liens qui tiennent l'âme attachée au corps, par 
l'impuissance où se trouve le corps d'enchaîner l'âme, l'harmonie en vertu 
de laquelle il en avait la puissance étant complètement détruite.
Quoi donc? ne peut-on se dégager volontairement des liens du corps? Non : 
quand on emploie la violence, ce n'est pas le corps qui se détache de 
l'âme, c'est l'âme qui fait effort pour s'arracher au corps, et cela par 
un acte qui s'accomplit, non dans l'état d'impassibilité {qui convient au 
sage}, mais par l'effet du chagrin, de la souffrance ou de la colère. Or 
un tel acte est illicite.
Mais si l'on sent approcher le délire ou la folie, ne peut–on les 
prévenir? D'abord, la folie n'arrive guère au sage ; ensuite, si elle lui 
arrive, il faut mettre cet accident au nombre des choses inévitables, qui 
dépendent de la fatalité, et relativement auxquelles il faut se décider 
moins d'après leur bonté intrinsèque que d'après les circonstances : car 
peut-être le poison auquel on aurait recours pour faire sortir l'âme du 
corps ne ferait–il que nuire à l'âme. S'il y a un temps marqué pour la vie 
de chacun de nous, il n'est pas bon de prévenir l'arrêt du destin, à moins 
qu'il n'y ait nécessité absolue, comme nous l'avons dit. Enfin, si le 
rang que l'on obtient là haut dépend de l'état dans lequel on est en 
sortant du corps, il ne faut pas s'en séparer quand on peut encore faire 
des progrès.
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