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[1,8,0] PREMIÈRE ENNÉADE - LIVRE HUITIÈME.
DE LA NATURE ET DE L'ORIGINE DES MAUX
| [1,8,0] PREMIÈRE ENNÉADE - LIVRE HUITIÈME.
DE LA NATURE ET DE L'ORIGINE DES MAUX.
| [1,8,1] Οἱ ζητοῦντες, πόθεν τὰ κακὰ εἴτ´ οὖν εἰς τὰ ὄντα εἴτε περὶ γένος τῶν
ὄντων παρελήλυθεν, ἀρχὴν ἂν προσήκουσαν τῆς ζητήσεως ποιοῖντο, εἰ τί ποτ´
ἐστὶ τὸ κακὸν καὶ ἡ κακοῦ φύσις πρότερον ὑποθεῖντο. Οὕτω γὰρ καὶ ὅθεν
ἐλήλυθε καὶ ὅπου ἵδρυται καὶ ὅτῳ συμβέβηκε γνωσθείη, καὶ ὅλως εἰ ἔστιν ἐν
τοῖς οὖσιν ὁμολογηθείη. Κακοῦ δὲ φύσιν τίνι ποτὲ δυνάμει τῶν ἐν ἡμῖν
γνοίημεν ἄν, τῆς γνώσεως ἑκάστων δι´ ὁμοιότητος γιγνομένης, ἄπορον ἂν εἴη.
Νοῦς μὲν γὰρ καὶ ψυχὴ εἴδη ὄντα εἰδῶν καὶ τὴν γνῶσιν ἂν ποιοῖντο, καὶ πρὸς
αὐτὰ ἂν ἔχοιεν τὴν ὄρεξιν· εἶδος δὲ τὸ κακὸν πῶς ἄν τις φαντάζοιτο ἐν
ἀπουσίᾳ παντὸς ἀγαθοῦ ἰνδαλλόμενον; Ἀλλ´ εἰ, ὅτι τῶν ἐναντίων ἡ αὐτὴ
γένοιτ´ ἂν ἐπιστήμη καὶ τῷ ἀγαθῷ ἐναντίον τὸ κακόν, ἥπερ τοῦ ἀγαθοῦ, καὶ
τοῦ κακοῦ ἔσται, ἀναγκαῖον περὶ ἀγαθοῦ διιδεῖν τοῖς μέλλουσι τὰ κακὰ
γνώσεσθαι, ἐπείπερ προηγούμενα τὰ ἀμείνω τῶν χειρόνων καὶ εἴδη, τὰ δ´ οὔ,
ἀλλὰ στέρησις μᾶλλον. Ζήτημα δ´ ὅμως καὶ πῶς ἐναντίον τὸ ἀγαθὸν τῷ κακῷ·
εἰ μὴ ἄρα, ὡς τὸ μὲν ἀρχή, 1τὸ δὲ ἔσχατον, ἢ τὸ μὲν ὡς εἶδος, τὸ δὲ ὡς
στέρησις. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὕστερον.
| [1,8,1] Quand on cherche quelle est l'origine des maux que peuvent éprouver
soit tous les êtres en général, soit une classe d'êtres en particulier, il
est raisonnable de commencer par dire ce qu'est le Mal, par déterminer sa
nature : c'est le moyen de connaître d'où il vient, où il réside, à qui il
peut arriver, de constater en général s'il est quelque chose de réel. Mais
quelle est celle de nos facultés qui peut nous faire connaître la nature
du Mal? Cette question n'est pas facile à résoudre, parce qu'il doit y
avoir analogie entre le sujet qui connaît et l'objet qui est connu.
L'intelligence et l'âme peuvent connaître les formes (essences) et aspirer
à elles dans leurs désirs, parce qu'elles sont des formes elles-mêmes.
Mais on ne saurait se représenter comme une forme le Mal, qui consiste
dans l'absence de tout bien. Cependant, comme il ne peut y avoir pour
les contraires qu'une seule et même science, et que le Mal est le
contraire du Bien, il en résulte que quand on connaît le Bien, on connaît
également le Mal, et que, pour déterminer la nature du Mal, il faut
d'abord déterminer celle du Bien car les choses qui sont supérieures
doivent précéder les inférieures, parce que les unes sont des formes et
que les autres n'en sont pas, qu'elles en sont plutôt la privation. Il
faut aussi chercher en quel sens le Mal est le contraire du Bien: si c'est
en ce sens que l'un est le Premier, et l'autre le Dernier; l'un, la forme,
et l'autre, la privation de la forme. Mais nous en parlerons plus loin.
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