Texte grec :
[1,7,1] Ἆρ´ ἄν τις ἕτερον εἴποι ἀγαθὸν ἑκάστῳ εἶναι ἢ τὴν κατὰ φύσιν τῆς ζωῆς
ἐνέργειαν, καὶ εἴ τι ἐκ πολλῶν εἴη, τούτῳ εἶναι ἀγαθὸν τὴν τοῦ ἀμείνονος
ἐν αὐτῷ ἐνέργειαν οἰκείαν καὶ κατὰ φύσιν ἀεὶ μηδὲν ἐλλείπουσαν; Ψυχῆς δὴ
ἐνέργεια τὸ κατὰ φύσιν ἀγαθὸν αὐτῇ. Εἰ δὲ καὶ πρὸς τὸ ἄριστον ἐνεργοῖ
ἀρίστη οὖσα, οὐ μόνον πρὸς αὐτὴν τὸ ἀγαθόν, ἀλλὰ καὶ ἁπλῶς τοῦτο ἀγαθὸν ἂν
εἴη. Εἰ οὖν τι μὴ πρὸς ἄλλο ἐνεργοῖ ἄριστον ὂν τῶν ὄντων καὶ ἐπέκεινα τῶν
ὄντων, πρὸς αὐτὸ δὲ τὰ ἄλλα, δῆλον, ὡς τοῦτο ἂν εἴη τὸ ἀγαθόν, δι´ ὃ καὶ
τοῖς ἄλλοις ἀγαθοῦ μεταλαμβάνειν ἔστι· τὰ δὲ ἄλλα διχῶς ἂν ἔχοι, ὅσα οὕτω
τὸ ἀγαθόν, καὶ τῷ πρὸς αὐτὸ ὡμοιῶσθαι καὶ τῷ πρὸς αὐτὸ τὴν ἐνέργειαν
ποιεῖσθαι. Εἰ οὖν ἔφεσις καὶ ἐνέργεια πρὸς τὸ ἄριστον ἀγαθόν, δεῖ τὸ
ἀγαθὸν μὴ πρὸς ἄλλο βλέπον μηδ´ ἐφιέμενον ἄλλου ἐν ἡσύχῳ οὖσαν πηγὴν καὶ
ἀρχὴν ἐνεργειῶν κατὰ φύσιν οὖσαν καὶ τὰ ἄλλα ἀγαθοειδῆ ποιοῦσαν οὐ τῇ
πρὸς ἐκεῖνα ἐνεργείᾳ - ἐκεῖνα γὰρ πρὸς αὐτήν - οὐ τῇ ἐνεργείᾳ οὐδὲ τῇ
νοήσει τἀγαθὸν εἶναι, ἀλλ´ αὐτῇ μονῇ τἀγαθὸν εἶναι. Καὶ γὰρ ὅτι ἐπέκεινα
οὐσίας, ἐπέκεινα καὶ ἐνεργείας καὶ ἐπέκεινα νοῦ καὶ νοήσεως. Καὶ γὰρ αὖ
τοῦτο δεῖ τἀγαθὸν τίθεσθαι, εἰς ὃ πάντα ἀνήρτηται, αὐτὸ δὲ εἰς μηδέν· οὕτω
γὰρ καὶ ἀληθὲς τὸ οὗ πάντα ἐφίεται. Δεῖ οὖν μένειν αὐτό, πρὸς αὐτὸ δὲ
ἐπιστρέφειν πάντα, ὥσπερ κύκλον πρὸς κέντρον ἀφ´ οὗ πᾶσαι γραμμαί. Καὶ
παράδειγμα ὁ ἥλιος ὥσπερ κέντρον ὢν πρὸς τὸ φῶς τὸ παρ´ αὐτοῦ ἀνηρτημένον
πρὸς αὐτόν· πανταχοῦ γοῦν μετ´ αὐτοῦ καὶ οὐκ ἀποτέτμηται· κἂν ἀποτεμεῖν
ἐθελήσῃς ἐπὶ θάτερα, πρὸς τὸν ἥλιόν ἐστι τὸ φῶς.
|
|
Traduction française :
[1,7,1] Peut-on dire que pour chaque être le bien soit autre chose que d'agir
et de vivre conformément à la nature ; que, pour un être composé de
plusieurs parties, le bien ne consiste pas dans l'action de la meilleure
partie de lui-même, action qui lui soit propre, naturelle, et qui ne lui
fasse jamais défaut? S'il en est ainsi, le bien pour l'âme est d'agir
conformément à la nature. Si de plus l'âme, étant elle-même un être
excellent, dirige son action vers quelque chose d'excellent, le bien
qu'elle atteint n'est pas seulement le bien par rapport à elle, c'est le
Bien absolu. S'il est donc un principe qui ne dirige son action vers
aucune autre chose, parce qu'il est le meilleur des êtres, qu'il est même
au-dessus de tous les êtres, que tous les autres êtres tendent vers lui,
évidemment c'est là le Bien absolu par la vertu duquel les autres êtres
participent du bien. Or les autres êtres ont deux moyens de participer du
bien : l'un, c'est de lui devenir semblables; l'autre, c'est de diriger
leur action vers lui. Si diriger son désir et son action vers le meilleur
principe est un bien, il en résulte que le Bien absolu lui-même doit ne
regarder ni désirer aucune autre chose, rester dans le repos, être la
source et le principe de toutes les actions conformes à la nature, donner
aux autres choses la forme du bien, sans agir sur elles; ce sont elles au
contraire qui dirigent leur action vers lui.
Ce n'est ni par l'action, ni même par la pensée, mais seulement par la
permanence (g-moneh) que ce principe est le Bien. Si le Bien est supérieur à
l'être, il doit être aussi supérieur à l'action, à l'intelligence et à la
pensée. Car il faut reconnaître comme étant le Bien le principe duquel
tout dépend, tandis que lui-même ne dépend de rien. C'est à cette
condition que le Bien est vraiment le principe vers lequel toutes choses
tendent. Il faut donc qu'il persiste dans son état, et que tout se tourne
vers lui, de même que, dans un cercle, tous les rayons aboutissent au
centre. Nous pouvons en voir un exemple dans le soleil : il est un centre
pour la lumière qui est en quelque sorte suspendue à cet astre. Aussi
est-elle partout avec lui et ne s'en sépare-t-elle pas; et quand même vous
voudriez la séparer d'un côté, elle n'en resterait pas moins concentrée
autour de lui.
|
|