[1,7,3] Εἰ δὴ ζωὴ ἀγαθόν, ὑπάρχει τοῦτο ζῶντι παντί; Ἢ οὔ· χωλεύει γὰρ ἡ ζωὴ
τῷ φαύλῳ, ὥσπερ ὄμμα τῷ μὴ καθαρῶς ὁρῶντι· οὐ γὰρ ποιεῖ τὸ ἔργον αὐτοῦ. Εἰ
δὴ ἡ ζωὴ ἡμῖν, ᾗ μέμικται κακόν, ἀγαθόν, πῶς οὐχ ὁ θάνατος κακόν; Ἢ τίνι;
Τὸ γὰρ κακὸν συμβεβηκέναι δεῖ τῳ· ὃ δ´ οὐκ ἔστιν ἔτι ὄν, ἤ, εἰ ἔστιν,
ἐστερημένον ζωῆς - οὐδ´ οὕτω κακὸν τῷ λίθῳ. Εἰ δ´ ἔστι ζωὴ καὶ ψυχὴ μετὰ
θάνατον, ἤδη ἂν εἴη ἀγαθόν, ὅσῳ μᾶλλον ἐνεργεῖ τὰ αὑτῆς ἄνευ σώματος. Εἰ
δὲ τῆς ὅλης γίνεται, τί ἂν ἐκεῖ οὔσῃ εἴη κακόν; Καὶ ὅλως ὥσπερ τοῖς θεοῖς
ἀγαθὸν μέν ἐστι, κακὸν δὲ οὐδέν, οὕτως οὐδὲ τῇ ψυχῇ τῇ σωζούσῃ τὸ καθαρὸν
αὐτῆς· εἰ δὲ μὴ σῴζοι, οὐχ ὁ θάνατος ἂν εἴη κακὸν αὐτῇ, ἀλλ´ ἡ ζωή. Εἰ δὲ
καὶ ἐν Ἅιδου δίκαι, πάλιν αὐτῇ ἡ ζωὴ κἀκεῖ κακόν, ὅτι μὴ ζωὴ μόνον. Ἀλλ´
εἰ σύνοδος μὲν ψυχῆς καὶ σώματος ζωή, θάνατος δὲ διάλυσις τούτων, ἡ ψυχὴ
ἔσται ἀμφοτέρων δεκτική. Ἀλλ´ εἰ ἀγαθὴ ἡ ζωή, πῶς ὁ θάνατος οὐ κακόν; Ἢ
ἀγαθὴ μὲν ἡ ζωὴ οἷς ἐστιν, ἀγαθὸν οὐ καθόσον σύνοδος, ἀλλ´ ὅτι δι´ ἀρετῆς
ἀμύνεται τὸ κακόν· ὁ δὲ θάνατος μᾶλλον ἀγαθόν. Ἢ λεκτέον αὐτὴν μὲν τὴν ἐν
σώματι ζωὴν κακὸν παρ´ αὐτῆς, τῇ δὲ ἀρετῇ ἐν ἀγαθῷ γίνεσθαι τὴν ψυχὴν οὐ
ζῶσαν τὸ σύνθετον, ἀλλ´ ἤδη χωρίζουσαν ἑαυτήν.
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| [1,7,3] Si la vie est un bien, ce bien appartient-il ou non à tous les êtres?
Non certes. La vie est incomplète pour le méchant comme pour l'oeil qui ne
voit pas distinctement: car il n'accomplit pas sa fin.
Si, pour nous, la vie, mêlée comme elle l'est, est un bien, quoiqu'un bien
imparfait, comment soutenir (nous dira-t-on) que la mort n'est pas un mal?
Mais pour qui serait-elle un mal? car il faut que le mal soit l'attribut
de quelqu'un. Or pour l'être qui n'est plus, ou qui, même existant, est
privé de la vie, il n'y a pas plus de mal que pour une pierre. Mais
si après la mort l'être vit encore, s'il est encore animé, il possédera le
bien, et d'autant plus qu'il exercera ses facultés sans le corps. S'il est
uni à l'Âme universelle, quel mal peut-il y avoir pour lui ? Aucun : car
pour les dieux il y a bien sans mélange de mal. Il en est de même pour
l'âme qui conserve sa pureté. Pour qui ne la conserve pas, ce n'est pas la
mort, c'est la vie qui est un mal. S'il y a des châtiments dans l'enfer,
la vie est encore un mal pour l'Âme, parce qu'elle n'est pas pure. Si la
vie est l'union de l'âme et du corps, et la mort leur séparation, l'âme
peut passer par ces deux états (sans être pour cela malheureuse).
Mais si la vie est un bien, comment la mort n'est-elle pas un mal? Certes
la vie est un bien pour ceux qui possèdent le bien; (elle est un bien) non
parce que l'âme est unie au corps, mais parce qu'elle repousse le mal par
la vertu. La mort serait plutôt un bien (parce qu'elle nous délivre du
corps). En un mot, il faut dire que la vie dans un corps est par elle-même
un mal; mais, par la vertu, l'âme se place dans le bien, non en conservant
l'union qui existe, mais en se séparant du corps.
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