[1,6,4] Περὶ δὲ τῶν προσωτέρω καλῶν, ἃ οὐκέτι αἴσθησις ὁρᾶν εἴληχε, ψυχὴ δὲ
ἄνευ ὀργάνων ὁρᾷ καὶ λέγει, ἀναβαίνοντας δεῖ θεάσασθαι καταλιπόντας τὴν
αἴσθησιν κάτω περιμένειν. Ὥσπερ δὲ ἐπὶ τῶν τῆς αἰσθήσεως καλῶν οὐκ ἦν περὶ
αὐτῶν λέγειν τοῖς μήτε ἑωρακόσι μήθ´ ὡς καλῶν ἀντειλημμένοις, οἷον εἴ
τινες ἐξ ἀρχῆς τυφλοὶ γεγονότες, τὸν αὐτὸν τρόπον οὐδὲ περὶ κάλλους
ἐπιτηδευμάτων μὴ τοῖς ἀποδεξαμένοις τὸ τῶν ἐπιτηδευμάτων καὶ ἐπιστημῶν καὶ
τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων κάλλος, οὐδὲ περὶ ἀρετῆς φέγγους τοῖς μηδὲ
φαντασθεῖσιν ὡς καλὸν τὸ τῆς δικαιοσύνης καὶ σωφροσύνης πρόσωπον, καὶ οὔτε
ἕσπερος οὔτε ἑῷος οὕτω καλά. Ἀλλὰ δεῖ ἰδόντας μὲν εἶναι ᾧ ψυχὴ τὰ τοιαῦτα
βλέπει, ἰδόντας δὲ ἡσθῆναι καὶ ἔκπληξιν λαβεῖν καὶ πτοηθῆναι πολλῷ μᾶλλον
ἢ ἐν τοῖς πρόσθεν, ἅτε ἀληθινῶν ἤδη ἐφαπτομένους. Ταῦτα γὰρ δεῖ τὰ πάθη
γενέσθαι περὶ τὸ ὅ τι ἂν ᾖ καλόν, θάμβος καὶ ἔκπληξιν ἡδεῖαν καὶ πόθον καὶ
ἔρωτα καὶ πτόησιν μεθ´ ἡδονῆς. Ἔστι δὲ ταῦτα παθεῖν καὶ πάσχουσιν αἱ ψυχαὶ
καὶ περὶ τὰ μὴ ὁρώμενα πᾶσαι μέν, ὡς εἰπεῖν, μᾶλλον μέντοι αἱ τούτων
ἐρωτικώτεραι, ὥσπερ καὶ ἐπὶ τῶν σωμάτων πάντες μὲν ὁρῶσι, κεντοῦνται δ´
οὐκ ἴσα, ἀλλ´ εἰσὶν οἳ μάλιστα, οἳ καὶ λέγονται ἐρᾶν.
| [1,6,4] Laissant les sens dans leur sphère inférieure, élevons-nous maintenant
à la contemplation de ces beautés d'un ordre supérieur, dont les sens
n'ont pas l'intuition, mais que l'âme voit et nomme sans le secours des organes.
De même qu'il nous aurait été impossible de parler des beautés sensibles
si nous ne les avions jamais vues, ni reconnues pour telles, si nous
eussions été à leur égard semblables à des hommes aveugles de naissance,
de même nous ne saurions rien dire ni de la beauté des arts, des sciences
et des autres choses de ce genre si nous n'étions déjà en possession de ce
genre de beauté ; ni de la splendeur de la vertu si nous n'avions
contemplé la face de la justice et de la tempérance, devant l'éclat
de laquelle pâlissent l'étoile du soir et celle du matin. Il faut
contempler ces beautés par la faculté que notre âme a reçue pour les voir;
alors, à leur aspect, nous éprouverons bien plus de plaisir, d'étonnement,
d'admiration, qu'en présence des beautés sensibles parce que nous aurons
l'intuition des beautés véritables. Car devant ce qui est beau , les
sentiments qu'on doit éprouver sont l'admiration, un doux saisissement, le
désir, l'amour, un transport mêlé de plaisir. Tels sont les
sentiments que doivent éprouver et qu'éprouvent en effet pour les beautés
invisibles presque toutes les âmes, mais celles surtout qui sont les plus
aimantes : c'est ainsi que, placés en présence des beaux corps, tous les
hommes les voient, mais sans être également émus; les plus vivement émus
sont ceux qu'on désigne sous le nom d'amants.
|