HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, I, livre V

εὐδαιμονούντων



Texte grec :

[1,5,6] Τί οὖν ὁ κακοδαίμων; Οὐ μᾶλλον κακοδαίμων τῷ πλείονι; Καὶ τὰ ἄλλα δὲ ὅσα δυσχερῆ οὐκ ἐν τῷ πλείονι χρόνῳ πλείω τὴν συμφορὰν δίδωσιν, οἷον ὀδύναι πολυχρόνιοι καὶ λῦπαι καὶ πάντα τὰ τούτου τοῦ τύπου; Ἀλλ´ εἰ ταῦτα οὕτω τῷ χρόνῳ τὸ κακὸν ἐπαύξει, διὰ τί οὐ καὶ τὰ ἐναντία καὶ τὸ εὐδαιμονεῖν ὡσαύτως; Ἢ ἐπὶ μὲν τῶν λυπῶν καὶ ὀδυνῶν ἔχοι ἄν τις λέγειν, ὡς προσθήκην ὁ χρόνος δίδωσιν, οἷον τὸ ἐπιμένειν τὴν νόσον· ἕξις γὰρ γίνεται, καὶ κακοῦται μᾶλλον τῷ χρόνῳ τὸ σῶμα. Ἐπεί, εἴ γε τὸ αὐτὸ μένοι καὶ μὴ μείζων ἡ βλάβη, καὶ ἐνταῦθα τὸ παρὸν ἀεὶ τὸ λυπηρὸν ἔσται, εἰ μὴ τὸ παρεληλυθὸς προσαριθμοῖ ἀφορῶν εἰς τὸ γενόμενον καὶ μένον· ἐπί τε τῆς κακοδαίμονος ἕξεως τὸ κακὸν εἰς τὸν πλείονα χρόνον ἐπιτείνεσθαι αὐξανομένης καὶ τῆς κακίας τῷ ἐμμόνῳ. Τῇ γοῦν προσθήκῃ τοῦ μᾶλλον, οὐ τῷ πλείονι ἴσῳ τὸ μᾶλλον κακοδαιμονεῖν γίνεται. Τὸ δὲ πλεῖον ἴσον οὐχ ἅμα ἐστὶν οὐδὲ δὴ πλεῖον ὅλως λεκτέον τὸ μηκέτι ὂν τῷ ὄντι συναριθμοῦντα. Τὸ δὲ τῆς εὐδαιμονίας ὅρον τε καὶ πέρας ἔχει καὶ ταὐτὸν ἀεί. Εἰ δέ τις καὶ ἐνταῦθα ἐπίδοσις παρὰ τὸν πλείονα χρόνον, ὥστε μᾶλλον εὐδαιμονεῖν εἰς ἀρετὴν ἐπιδιδόντα μείζονα, οὐ τὴν πολυετῆ εὐδαιμονίαν ἀριθμῶν ἐπαινεῖ, ἀλλὰ τὴν μᾶλλον γενομένην τότε, ὅτε μᾶλλόν ἐστιν.

Traduction française :

[1,5,6] Le malheureux ne devient–il pas plus malheureux avec le temps? Toutes les calamités, les souffrances, les chagrins, tous les maux analogues, ne s'aggravent–ils pas en proportion de leur durée? Mais, si dans tous ces cas le mal s'augmente avec le temps, pourquoi n'en serait–il pas de même dans les cas contraires? Pourquoi le bonheur ne s'augmenterait-il pas aussi ? Par rapport aux chagrins, aux souffrances, on peut dire avec raison que le temps y ajoute. Quand, par exemple, la maladie se prolonge et devient un état habituel, le corps s'altère de plus en plus profondément avec le temps. Mais si le mal reste toujours au même degré, s'il n'empire pas, on n'a à se plaindre que du présent. Veut–on au contraire tenir compte aussi du passé, c'est qu'alors on considère les traces que le mal a laissées, la disposition morbide dont le temps accroît l'intensité, parce que sa gravité est proportionnée à sa durée. Dans ce cas, ce n'est pas la longueur du temps, c'est l'aggravation du mal qui ajoute à l'infortune. Mais le nouveau degré ne subsiste pas en même temps que l'ancien, et il ne faut pas venir dire qu'il y a plus, en additionnant ce qui n'est plus avec ce qui est. Quant à la félicité, son caractère est d'avoir un terme bien fixe, d'être toujours la même. Si encore ici la longueur du temps amène quelque accroissement, c'est parce qu'un progrès dans la vertu en fait faire un dans le bonheur, et alors ce n'est pas le nombre des années de bonheur qu'on doit calculer, c'est le degré de vertu qu'on a fini par acquérir.





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Dernière mise à jour : 21/06/2007