Texte grec :
[1,5,2] Εἰ δ´ ὅτι ἐφιέμεθα ἀεὶ τοῦ ζῆν καὶ τοῦ ἐνεργεῖν, τὸ τυγχάνειν τοῦ
τοιούτου εὐδαιμονεῖν λέγοι μᾶλλον, πρῶτον μὲν οὕτω καὶ ἡ αὔριον εὐδαιμονία
μείζων ἔσται καὶ ἡ ἑξῆς ἀεὶ τῆς προτέρας, καὶ οὐκέτι μετρηθήσεται τὸ
εὐδαιμονεῖν τῇ ἀρετῇ. Ἔπειτα καὶ οἱ θεοὶ νῦν μᾶλλον εὐδαιμονήσουσιν ἢ
πρότερον καὶ οὔπω τέλεον καὶ οὐδέποτε τέλεον. Ἔπειτα καὶ ἡ ἔφεσις λαβοῦσα
τὴν τεῦξιν τὸ παρὸν εἴληφε καὶ ἀεὶ τὸ παρὸν καὶ ζητεῖ τὸ ἕως ἂν ᾖ τὸ
εὐδαιμονεῖν ἔχειν. Ἡ δ´ ἔφεσις τοῦ ζῆν τὸ εἶναι ζητοῦσα τοῦ παρόντος ἂν
εἴη, εἰ τὸ εἶναι ἐν τῷ παρόντι. Εἰ δὲ τὸ μέλλον καὶ τὸ ἐφεξῆς θέλοι, ὃ
ἔχει θέλει καὶ ὅ ἐστιν, οὐχ ὃ παρελήλυθεν οὐδ´ ὃ μέλλει, ἀλλ´ ὃ ἤδη ἐστὶ
τοῦτο εἶναι, οὐ τὸ εἰσαεὶ ζητοῦσα, ἀλλὰ τὸ παρὸν ἤδη εἶναι ἤδη.
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Traduction française :
[1,5,2] Comme nous désirons toujours vivre et agir, n'est-ce pas surtout dans
la satisfaction de ce désir que l'on doit placer le bonheur?
Voici notre réponse : D'abord, dans cette hypothèse, le bonheur de demain
sera plus grand que celui d'aujourd'hui, celui du jour suivant plus grand
encore que celui de la veille, et ainsi de suite à l'infini : ce ne sera
donc plus la vertu qui sera la mesure du bonheur {mais la durée}. Ensuite,
la béatitude des dieux devra aussi devenir chaque jour plus grande
qu'auparavant ; elle ne sera donc plus parfaite, elle ne pourra jamais
l'être. Enfin, c'est dans la possession de ce qui est présent, et
toujours de ce qui est présent, que le désir trouve sa satisfaction; tant
que ce présent existe, c'est dans sa possession qu'il cherche le bonheur.
Et d'ailleurs, le désir de vivre ne pouvant être que le désir d'être, ce
désir ne peut s'attacher qu'au présent puisqu'il n'y a d'existence réelle
que dans le présent. Si l'on désire un temps à venir ou quelque événement
postérieur, c'est qu'on veut conserver ce que l'on a déjà ; ce n'est ni le
passé ni l'avenir, mais ce qui existe actuellement que l'on veut; ce qu'on
cherche, ce n'est pas une progression perpétuelle dans l'avenir, c'est la
jouissance de ce qui est dès à présent.
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