Texte grec :
[1,4,11] Εἰ δέ τινες μηδὲ ζῆν λέγοιεν τὸν τοιοῦτον, ζῆν μὲν αὐτὸν φήσομεν,
λανθάνειν δ´ αὐτοὺς τὴν εὐδαιμονίαν τοῦ τοιούτου, ὥσπερ καὶ τὸ ζῆν. Εἰ δὲ
μὴ πείθοιντο, ἀξιώσομεν αὐτοὺς ὑποθεμένους τὸν ζῶντα καὶ τὸν σπουδαῖον
οὕτω ζητεῖν εἰ εὐδαίμων, μηδὲ τὸ ζῆν αὐτοῦ ἐλαττώσαντας τὸ εὖ ζῆν ζητεῖν
εἰ πάρεστι μηδὲ ἀνελόντας τὸν ἄνθρωπον περὶ εὐδαιμονίας ἀνθρώπου ζητεῖν
μηδὲ τὸν σπουδαῖον συγχωρήσαντας εἰς τὸ εἴσω ἐπεστράφθαι ἐν ταῖς ἔξωθεν
ἐνεργείαις αὐτὸν ζητεῖν μηδὲ ὅλως τὸ βουλητὸν αὐτοῦ ἐν τοῖς ἔξω. Οὕτω γὰρ
ἂν οὐδὲ ὑπόστασις εὐδαιμονίας εἴη, εἰ τὰ ἔξω βουλητὰ λέγοι καὶ τὸν
σπουδαῖον βούλεσθαι ταῦτα. Ἐθέλοι γὰρ ἂν καὶ πάντας ἀνθρώπους εὖ πράττειν
καὶ μηδὲν τῶν κακῶν περὶ μηδένα εἶναι· ἀλλὰ μὴ γινομένων ὅμως εὐδαίμων. Εἰ
δέ τις παράλογον ἂν αὐτὸν ποιήσειν φήσει, εἰ ταῦτα ἐθελήσει - μὴ γὰρ οἷόν
τε τὰ κακὰ μὴ εἶναι - δῆλον ὅτι συγχωρήσει ἡμῖν ἐπιστρέφουσιν αὐτοῦ : τὴν
βούλησιν εἰς τὸ εἴσω.
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Traduction française :
[1,4,11] Peut-être quelques-uns nous objecteront-ils que l'homme placé dans
l'état dont nous parlons ne vit pas véritablement. Nous leur répondrons
qu'il vit, mais qu'eux, ils sont incapables de comprendre son bonheur
ainsi que sa vie. Refuseront-ils de nous croire? Dans ce cas, nous leur
demanderons à notre tour s'il n'est pas convenable qu'après avoir accordé
que cet homme vit et est vertueux, ils examinent si dans de pareilles
conditions il n'est pas heureux. Nous leur demanderons aussi de ne pas
commencer par le supposer anéanti pour considérer ensuite s'il est
heureux, de ne pas s'arrêter uniquement à le chercher dans ses actes
extérieurs après avoir admis qu'il tourne toute son attention sur les
choses qu'il porte en lui-même, en un mot de ne pas croire que le but de
sa volonté soit dans les objets extérieurs. En effet, ce serait nier
l'essence même du bonheur que de regarder les objets extérieurs comme des
buts de la volonté de l'homme vertueux, que de prétendre que ce sont là
les objets qu'il désire. Sans doute il voudrait que tous les hommes
fussent heureux et qu'aucun d'eux n'éprouvât aucun mal; cependant, quand
cela n'arrive pas, il n'en est pas moins heureux. Dira-t-on enfin que pour
l'homme vertueux il serait déraisonnable de former un pareil voeu (parce
qu'il est impossible qu'il n'y ait pas de maux ici bas ? C'est
évidemment reconnaître avec nous que la volonté de l'homme vertueux a pour
seul but la conversion de l'âme vers elle-même).
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