Texte grec :
[1,4,8] Τὸ δὲ τῶν ἀλγηδόνων αὐτοῦ, ὅταν σφοδραὶ ὦσιν, ἕως δύναται φέρειν,
οἴσει· εἰ δὲ ὑπερβάλλουσιν, ἐξοίσουσι. Καὶ οὐκ ἐλεεινὸς ἔσται ἐν τῷ
ἀλγεῖν, ἀλλὰ τὸ αὐτοῦ καίει {τῷ} ἔνδον φέγγος, οἷον ἐν λαμπτῆρι φῶς πολλοῦ
ἔξωθεν πνέοντος ἐν πολλῇ ζάλῃ ἀνέμων καὶ χειμῶνι. Ἀλλ´ εἰ μὴ παρακολουθοῖ,
ἢ παρατείνοι τὸ ἀλγεῖν ἐπὶ τοσοῦτον αἰρόμενον, ὥστε ἐν τῷ σφοδρῷ ὅμως μὴ
ἀποκτιννύναι; Ἀλλ´ εἰ μὲν παρατείνοι, τί χρὴ ποιεῖν βουλεύσεται· οὐ γὰρ
ἀφῄρηται τὸ αὐτεξούσιον ἐν τούτοις. Χρὴ δὲ εἰδέναι, ὡς οὐχ, οἷα τοῖς
ἄλλοις φαίνεται, τοιαῦτα καὶ τῷ σπουδαίῳ φανεῖται ἕκαστα, καὶ οὐ μέχρι τοῦ
εἴσω ἕκαστα οὔτε τὰ ἄλλα {οὔτε ἀλγεινὰ} οὔτε τὰ λυπηρά. Καὶ ὅταν περὶ
ἄλλους τὰ ἀλγεινά; ἀσθένεια γὰρ εἴη ψυχῆς ἡμετέρας. Καὶ τοῦτο μαρτυρεῖ,
ὅταν λανθάνειν ἡμᾶς κέρδος ἡγώμεθα καὶ ἀποθανόντων ἡμῶν, εἰ γίγνοιτο,
κέρδος εἶναι τιθεμένων καὶ οὐ τὸ ἐκείνων ἔτι σκοπουμένων, ἀλλὰ τὸ αὐτῶν,
ὅπως μὴ λυποίμεθα. Τοῦτο δὲ ἡμετέρα ἤδη ἀσθένεια, ἣν δεῖ περιαιρεῖν, ἀλλὰ
μὴ ἐῶντας φοβεῖσθαι μὴ γένηται. Εἰ δέ τις λέγοι οὕτως ἡμᾶς πεφυκέναι, ὥστε
ἀλγεῖν ἐπὶ ταῖς τῶν οἰκείων συμφοραῖς, γιγνωσκέτω, ὅτι οὐ πάντες οὕτω, καὶ
ὅτι τῆς ἀρετῆς τὸ κοινὸν τῆς φύσεως πρὸς τὸ ἄμεινον ἄγειν καὶ πρὸς τὸ
κάλλιον παρὰ τοὺς πολλούς· κάλλιον δὲ τὸ μὴ ἐνδιδόναι τοῖς νομιζομένοις τῇ
κοινῇ φύσει δεινοῖς εἶναι. Οὐ γὰρ ἰδιωτικῶς δεῖ, ἀλλ´ οἷον ἀθλητὴν μέγαν
διακεῖσθαι τὰς τῆς τύχης πληγὰς ἀμυνόμενον, γινώσκοντα μὲν ὅτι τινὶ φύσει
ταῦτα οὐκ ἀρεστά, τῇ δὲ αὑτοῦ φύσει οἰστά, οὐχ ὡς δεινά, ἀλλ´ ὡς παισὶ
φοβερά. Ταῦτ´ οὖν ἤθελεν; Ἢ καὶ πρὸς τὰ μὴ θελητά, ὅταν παρῇ, ἀρετὴν καὶ
πρὸς ταῦτα ἔχει δυσκίνητον καὶ δυσπαθῆ τὴν ψυχὴν παρέχουσαν.
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Traduction française :
[1,4,8] Quant aux douleurs qu'il éprouve lui-même; si elles sont fortes, Il
les supportera autant qu'il le pourra; si elles sont au-dessus de ses
forces; elles l'emporteront. Dans tous les cas, il n'excitera pas la
pitié au milieu de ses souffrances ; (toujours maître de sa raison); il ne
laissera pas éteindre en lui la lumière qui lui est propre : c'est ainsi
que la flamme continue à briller dans le fanal malgré la tempête
déchaînée, malgré le souffle violent des vents. Que dire cependant s'il
n'a plus la conscience de lui-même; ou si la douleur devient tellement
forte que sa violence puisse presque l'anéantir? Si l'intensité de la
douleur s'accroît; il décidera ce qu'il doit faire : car; dans ces
circonstances, on ne perd point son libre arbitre. Il faut d'ailleurs
savoir que cas ces souffrances ne se présentent pas au sage sous les mêmes
apparences qu'au vulgaire; que toutes ne pénètrent pas jusqu'à la partie
la plus intime de l'homme : c'est ce qui a lieu pour la plupart des
douleurs; des chagrins, pour les maux que nous voyons éprouver aux autres;
les ressentir, c'est une preuve de faiblesse. Une marque de faiblesse non
moins manifeste, c'est de regarder comme un avantage d'ignorer tous ces
maux, de nous estimer heureux de ce qu'ils arrivent seulement après notre
mort, sans nous inquiéter du sort des autres et en ne pensant qu'à
nous épargner un chagrin. Il y aurait là de notre part une faiblesse qu'il
importe d'éloigner de nous, en ne nous laissant pas effrayer par la
crainte de ce qui pourra arriver. Si l'on venait à objecter qu'il nous est
naturel d'être affligés des malheurs de ceux qui nous entourent , nous
répondrions d'abord qu'il n'en est pas ainsi de tous les hommes, ensuite
qu'il est du devoir de la vertu d'améliorer la condition commune de la
nature humaine et de la conduire à ce qu'il y a de plus beau, en s'élevant
au-dessus de l'opinion du vulgaire. Or, il est beau de ne pas céder à ce
que le vulgaire regarde ordinairement comme des maux. Pour lutter contre
les coups de la fortune; il ne faut pas se poser comme un ignorant, mais
comme un habile athlète qui sait que les dangers qu'il brave sont redoutés
de certaines natures, mais qu'une nature telle que la sienne les supporte
facilement, n'y voyant rien de terrible ou du moins ne les trouvant
redoutables que pour des enfants. Mais, dira-t-on, est-ce que le sage
avait souhaité ces maux? Non, sans doute; cependant, quand il en est
frappé, il leur oppose la vertu qui rend l'âme inébranlable et impassible.
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