Texte grec :
[42] δέοι δὲ σπαρείσας αὐτὰς εἰς τὰ προσήκοντα ἑκάσταις ἕκαστα ὄργανα
χρόνων (42a) φῦναι ζῴων τὸ θεοσεβέστατον, διπλῆς δὲ οὔσης τῆς ἀνθρωπίνης
φύσεως, τὸ κρεῖττον τοιοῦτον εἴη γένος ὃ καὶ ἔπειτα κεκλήσοιτο ἀνήρ. ὁπότε δὴ
σώμασιν ἐμφυτευθεῖεν ἐξ ἀνάγκης, καὶ τὸ μὲν προσίοι, τὸ δ᾽ ἀπίοι τοῦ σώματος
αὐτῶν, πρῶτον μὲν αἴσθησιν ἀναγκαῖον εἴη μίαν πᾶσιν ἐκ βιαίων παθημάτων
σύμφυτον γίγνεσθαι, δεύτερον δὲ ἡδονῇ καὶ λύπῃ μεμειγμένον ἔρωτα, πρὸς δὲ τούτοις
φόβον καὶ θυμὸν ὅσα (42b) τε ἑπόμενα αὐτοῖς καὶ ὁπόσα ἐναντίως πέφυκε διεστηκότα·
ὧν εἰ μὲν κρατήσοιεν, δίκῃ βιώσοιντο, κρατηθέντες δὲ ἀδικίᾳ. καὶ ὁ μὲν εὖ τὸν
προσήκοντα χρόνον βιούς, πάλιν εἰς τὴν τοῦ συννόμου πορευθεὶς οἴκησιν ἄστρου,
βίον εὐδαίμονα καὶ συνήθη ἕξοι, σφαλεὶς δὲ τούτων εἰς γυναικὸς φύσιν ἐν τῇ (42c)
δευτέρᾳ γενέσει μεταβαλοῖ· μὴ παυόμενός τε ἐν τούτοις ἔτι κακίας, τρόπον ὃν
κακύνοιτο, κατὰ τὴν ὁμοιότητα τῆς τοῦ τρόπου γενέσεως εἴς τινα τοιαύτην ἀεὶ
μεταβαλοῖ θήρειον φύσιν, ἀλλάττων τε οὐ πρότερον πόνων λήξοι, πρὶν τῇ ταὐτοῦ καὶ
ὁμοίου περιόδῳ τῇ ἐν αὑτῷ συνεπισπώμενος τὸν πολὺν ὄχλον καὶ ὕστερον
προσφύντα ἐκ πυρὸς καὶ ὕδατος καὶ ἀέρος (42d) καὶ γῆς, θορυβώδη καὶ ἄλογον ὄντα,
λόγῳ κρατήσας εἰς τὸ τῆς πρώτης καὶ ἀρίστης ἀφίκοιτο εἶδος ἕξεως. διαθεσμοθετήσας
δὲ πάντα αὐτοῖς ταῦτα, ἵνα τῆς ἔπειτα εἴη κακίας ἑκάστων ἀναίτιος, ἔσπειρεν τοὺς
μὲν εἰς γῆν, τοὺς δ᾽ εἰς σελήνην, τοὺς δ᾽ εἰς τἆλλα ὅσα ὄργανα χρόνου· τὸ δὲ μετὰ τὸν
σπόρον τοῖς νέοις παρέδωκεν θεοῖς σώματα πλάττειν θνητά, τό τ᾽ ἐπίλοιπον, ὅσον ἔτι
ἦν ψυχῆς ἀνθρωπίνης δέον (42e) προσγενέσθαι, τοῦτο καὶ πάνθ᾽ ὅσα ἀκόλουθα
ἐκείνοις ἀπεργασαμένους ἄρχειν, καὶ κατὰ δύναμιν ὅτι κάλλιστα καὶ ἄριστα τὸ
θνητὸν διακυβερνᾶν ζῷον, ὅτι μὴ κακῶν αὐτὸ ἑαυτῷ γίγνοιτο αἴτιον.
Καὶ ὁ μὲν δὴ ἅπαντα ταῦτα διατάξας ἔμενεν ἐν τῷ ἑαυτοῦ κατὰ τρόπον ἤθει·
μένοντος δὲ νοήσαντες οἱ παῖδες τὴν τοῦ πατρὸς τάξιν ἐπείθοντο αὐτῇ, καὶ λαβόντες
ἀθάνατον ἀρχὴν θνητοῦ ζῴου, μιμούμενοι τὸν σφέτερον δημιουργόν,
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Traduction française :
[42] semées chacune dans l'organe du temps fait pour elle, elles devaient
devenir le vivant le plus religieux de tous ; mais, la nature humaine étant
double, le sexe supérieur serait celui qui serait dans la suite appelé mâle.
Lorsque les âmes seraient, en vertu de la nécessité, implantées dans
des corps, et que ces corps s'accroîtraient de certaines parties et en
perdraient d'autres, il en résulterait d'abord qu'elles auraient
nécessairement toutes la même sensibilité naturelle à la suite
d'impressions violentes, puis l'amour avec son mélange de plaisir et
de peine, et en outre la crainte, la colère et toutes les passions
connexes à celles-là ou celles qui leur sont naturellement contraires ;
que ceux qui les domineraient vivraient dans la justice, et ceux qui
s'en laisseraient dominer, dans l'injustice ; que celui qui aurait fait
bon usage du temps qui lui est accordé, retournerait habiter l'astre
auquel il est affecté et vivrait heureux en sa compagnie, mais que
celui qui aurait manqué ce but serait transformé en femme à sa
seconde naissance, et si, en cet état, il ne cessait pas d'être méchant, il
serait, suivant la nature de sa méchanceté, transformé, à chaque
naissance nouvelle, en l'animal auquel il ressemblerait par ses
moeurs, et ses métamorphoses et ses tribulations ne finiraient point
avant d'avoir soumis à la révolution du Même et du Semblable en lui
cette grosse masse de feu, d'eau, d'air et de terre qui s'est ajoutée à
son être par la suite ; qu'il ne retrouverait l'excellence de son premier
état qu'après avoir maîtrisé par la raison cette masse turbulente et
déraisonnable.
Lorsque Dieu leur eut fait connaître tous ces décrets, pour qu'on ne le
tînt pas responsable de leur méchanceté future, il les sema, les uns
sur la terre, les autres dans la lune, les autres dans tous les autres
instruments du temps. Après ces semailles, il confia aux jeunes dieux
le soin de façonner des corps mortels, de compléter leur oeuvre en
ajoutant tout ce qu'il fallait encore ajouter à l'âme humaine et tous les
accessoires qu'elle exigeait, puis de commander et de gouverner aussi
sagement et aussi bien qu'ils le pourraient cet être mortel, à moins
qu'il ne fût lui-même la cause de son malheur.
Après avoir réglé tout cela, le dieu reprit le cours de son existence
habituelle. Tandis qu'il gardait le repos, ses enfants, qui avaient saisi
l'organisation que projetait leur père, s'y conformèrent. Ils prirent le
principe immortel de l'animal mortel, et, à l'imitation de l'artisan de leur être,
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