Texte grec :
[29] πρὸς πότερον τῶν παραδειγμάτων ὁ τεκταινόμενος αὐτὸν (29a) ἀπηργάζετο,
πότερον πρὸς τὸ κατὰ ταὐτὰ καὶ ὡσαύτως ἔχον ἢ πρὸς τὸ γεγονός.
εἰ μὲν δὴ καλός ἐστιν ὅδε ὁ κόσμος ὅ τε δημιουργὸς ἀγαθός, δῆλον ὡς πρὸς τὸ ἀίδιον
ἔβλεπεν· εἰ δὲ ὃ μηδ᾽ εἰπεῖν τινι θέμις, πρὸς γεγονός. παντὶ δὴ σαφὲς ὅτι πρὸς τὸ
ἀίδιον· ὁ μὲν γὰρ κάλλιστος τῶν γεγονότων, ὁ δ᾽ ἄριστος τῶν αἰτίων. οὕτω δὴ
γεγενημένος πρὸς τὸ λόγῳ καὶ φρονήσει περιληπτὸν καὶ κατὰ ταὐτὰ ἔχον
δεδημιούργηται· (29b) τούτων δὲ ὑπαρχόντων αὖ πᾶσα ἀνάγκη τόνδε τὸν κόσμον
εἰκόνα τινὸς εἶναι. μέγιστον δὴ παντὸς ἄρξασθαι κατὰ φύσιν ἀρχήν. ὧδε οὖν περί τε
εἰκόνος καὶ περὶ τοῦ παραδείγματος αὐτῆς διοριστέον, ὡς ἄρα τοὺς λόγους, ὧνπέρ
εἰσιν ἐξηγηταί, τούτων αὐτῶν καὶ συγγενεῖς ὄντας· τοῦ μὲν οὖν μονίμου καὶ βεβαίου
καὶ μετὰ νοῦ καταφανοῦς μονίμους καὶ ἀμεταπτώτους – καθ᾽ ὅσον οἷόν τε καὶ
ἀνελέγκτοις προσήκει λόγοις εἶναι καὶ ἀνικήτοις, τούτου δεῖ (29c) μηδὲν ἐλλείπειν –
τοὺς δὲ τοῦ πρὸς μὲν ἐκεῖνο ἀπεικασθέντος, ὄντος δὲ εἰκόνος εἰκότας ἀνὰ λόγον τε
ἐκείνων ὄντας· ὅτιπερ πρὸς γένεσιν οὐσία, τοῦτο πρὸς πίστιν ἀλήθεια. ἐὰν οὖν, ὦ
Σώκρατες, πολλὰ πολλῶν πέρι, θεῶν καὶ τῆς τοῦ παντὸς γενέσεως, μὴ δυνατοὶ
γιγνώμεθα πάντῃ πάντως αὐτοὺς ἑαυτοῖς ὁμολογουμένους λόγους καὶ
ἀπηκριβωμένους ἀποδοῦναι, μὴ θαυμάσῃς· ἀλλ᾽ ἐὰν ἄρα μηδενὸς ἧττον παρεχώμεθα
εἰκότας, ἀγαπᾶν χρή, μεμνημένους ὡς ὁ λέγων ἐγὼ (29d) ὑμεῖς τε οἱ κριταὶ φύσιν
ἀνθρωπίνην ἔχομεν, ὥστε περὶ τούτων τὸν εἰκότα μῦθον ἀποδεχομένους πρέπει
τούτου μηδὲν ἔτι πέρα ζητεῖν.
(Σωκράτης)
Ἄριστα, ὦ Τίμαιε, παντάπασί τε ὡς κελεύεις ἀποδεκτέον· τὸ μὲν οὖν προοίμιον
θαυμασίως ἀπεδεξάμεθά σου, τὸν δὲ δὴ νόμον ἡμῖν ἐφεξῆς πέραινε.
(Τίμαιος)
Λέγωμεν δὴ δι᾽ ἥντινα αἰτίαν γένεσιν καὶ τὸ πᾶν (29e) τόδε ὁ συνιστὰς συνέστησεν.
ἀγαθὸς ἦν, ἀγαθῷ δὲ οὐδεὶς περὶ οὐδενὸς οὐδέποτε ἐγγίγνεται φθόνος· τούτου δ᾽
ἐκτὸς ὢν πάντα ὅτι μάλιστα ἐβουλήθη γενέσθαι παραπλήσια ἑαυτῷ.
|
|
Traduction française :
[29] à savoir d'après lequel des deux modèles son architecte l'a construit,
d'après le modèle immuable et toujours le même, ou d'après celui qui
est né. Or, si ce monde est beau et son auteur excellent, il est évident
qu'il a eu les yeux sur le modèle éternel ; s'ils sont au contraire ce
qu'il n'est même pas permis de dire, c'est sur le modèle qui est né. Il
est donc clair pour tout le monde qu'il a eu les yeux sur le modèle
éternel. Car le monde est la plus belle des choses qui sont nées, et son
auteur la meilleure des causes. Donc, si le monde a été produit de
cette manière, il a été formé sur le modèle de ce qui est compris par le
raisonnement et l'intelligence et qui est toujours identique à soi-même.
Dans ces conditions, il est aussi absolument nécessaire que ce
monde-ci soit l'image de quelque chose. Or en toute matière, il est de
la plus haute importance de commencer par le commencement
naturel. En conséquence, à propos de l'image et de son modèle, il faut
faire les distinctions suivantes : les paroles ont une parenté naturelle
avec les choses qu'elles expriment. Expriment-elles ce qui est stable,
fixe et visible à l'aide de l'intelligence, elles sont stables et fixes, et,
autant qu'il est possible et qu'il appartient à des paroles d'être
irréfutables et invincibles, elles ne doivent rien laisser à désirer à cet
égard. Expriment-elles au contraire ce qui a été copié sur ce modèle
et qui n'est qu'une image, elles sont vraisemblables et proportionnées
à leur objet, car ce que l'être est au devenir, la vérité l'est à la
croyance. Si donc, Socrate, il se rencontre maint détail en mainte
question touchant les dieux et la genèse du monde, où nous soyons
incapables de fournir des explications absolument et parfaitement
cohérentes et exactes, n'en sois pas étonné ; mais si nous en
fournissons qui ne le cèdent à aucune autre en vraisemblance, il
faudra nous en contenter, en nous rappelant que moi qui parle et
vous qui jugez nous ne sommes que des hommes et que sur un tel
sujet il convient d'accepter le mythe vraisemblable, sans rien
chercher au-delà.
SOCRATE
C'est parfait, Timée, et l'on ne peut qu'approuver ta demande. Nous
avons accueilli ton prélude avec admiration ; exécute à présent ton
morceau sans t'interrompre.
TIMÉE
Disons donc pour quelle cause celui qui a formé le devenir et l'univers
l'a formé. Il était bon, et, chez celui qui est bon, il ne naît jamais
d'envie pour quoi que ce soit. Exempt d'envie, il a voulu que toutes
choses fussent, autant que possible, semblables à lui-même.
|
|