Texte grec :
[61] γῆν (61a) μὲν γὰρ ἀσύστατον ὑπὸ βίας οὕτως ὕδωρ μόνον λύει,
συνεστηκυῖαν δὲ πλὴν πυρὸς οὐδέν· εἴσοδος γὰρ οὐδενὶ πλὴν πυρὶ λέλειπται. τὴν δὲ
ὕδατος αὖ σύνοδον τὴν μὲν βιαιοτάτην πῦρ μόνον, τὴν δὲ ἀσθενεστέραν ἀμφότερα,
πῦρ τε καὶ ἀήρ, διαχεῖτον, ὁ μὲν κατὰ τὰ διάκενα, τὸ δὲ καὶ κατὰ τὰ τρίγωνα· βίᾳ δὲ
ἀέρα συστάντα οὐδὲν λύει πλὴν κατὰ τὸ στοιχεῖον, ἀβίαστον δὲ κατατήκει μόνον πῦρ.
τὰ δὴ τῶν συμμείκτων ἐκ γῆς τε καὶ ὕδατος σωμάτων, μέχριπερ ἂν (61b) ὕδωρ αὐτοῦ
τὰ τῆς γῆς διάκενα καὶ βίᾳ συμπεπιλημένα κατέχῃ, τὰ μὲν ὕδατος ἐπιόντα ἔξωθεν
εἴσοδον οὐκ ἔχοντα μέρη περιρρέοντα τὸν ὅλον ὄγκον ἄτηκτον εἴασεν, τὰ δὲ πυρὸς εἰς
τὰ τῶν ὑδάτων διάκενα εἰσιόντα, ὅπερ ὕδωρ γῆν, τοῦτο πῦρ (ἀέρα) ἀπεργαζόμενα,
τηχθέντι τῷ κοινῷ σώματι ῥεῖν μόνα αἴτια συμβέβηκεν· τυγχάνει δὲ ταῦτα ὄντα, τὰ
μὲν ἔλαττον ἔχοντα ὕδατος ἢ γῆς, τό τε περὶ τὴν ὕαλον γένος (61c) ἅπαν ὅσα τε λίθων
χυτὰ εἴδη καλεῖται, τὰ δὲ πλέον ὕδατος αὖ, πάντα ὅσα κηροειδῆ καὶ θυμιατικὰ
σώματα συμπήγνυται.
Καὶ τὰ μὲν δὴ σχήμασι κοινωνίαις τε καὶ μεταλλαγαῖς εἰς ἄλληλα πεποικιλμένα εἴδη
σχεδὸν ἐπιδέδεικται· τὰ δὲ παθήματα αὐτῶν δι᾽ ἃς αἰτίας γέγονεν πειρατέον
ἐμφανίζειν. πρῶτον μὲν οὖν ὑπάρχειν αἴσθησιν δεῖ τοῖς λεγομένοις ἀεί, σαρκὸς δὲ καὶ
τῶν περὶ σάρκα γένεσιν, ψυχῆς τε ὅσον θνητόν, οὔπω διεληλύθαμεν· τυγχάνει δὲ οὔτε
ταῦτα χωρὶς (61d) τῶν περὶ τὰ παθήματα ὅσα αἰσθητικὰ οὔτ᾽ ἐκεῖνα ἄνευ τούτων
δυνατὰ ἱκανῶς λεχθῆναι, τὸ δὲ ἅμα σχεδὸν οὐ δυνατόν. ὑποθετέον δὴ πρότερον
θάτερα, τὰ δ᾽ ὑποτεθέντα ἐπάνιμεν αὖθις. ἵνα οὖν ἑξῆς τὰ παθήματα λέγηται τοῖς
γένεσιν, ἔστω πρότερα ἡμῖν τὰ περὶ σῶμα καὶ ψυχὴν ὄντα. πρῶτον μὲν οὖν ᾗ πῦρ
θερμὸν λέγομεν, ἴδωμεν ὧδε σκοποῦντες, τὴν διάκρισιν καὶ τομὴν αὐτοῦ περὶ τὸ σῶμα
ἡμῶν γιγνομένην (61e) ἐννοηθέντες. ὅτι μὲν γὰρ ὀξύ τι τὸ πάθος, πάντες σχεδὸν
αἰσθανόμεθα· τὴν δὲ λεπτότητα τῶν πλευρῶν καὶ γωνιῶν ὀξύτητα τῶν τε μορίων
σμικρότητα καὶ τῆς φορᾶς τὸ τάχος, οἷς πᾶσι σφοδρὸν ὂν
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Traduction française :
[61] Quand la terre n'est pas condensée violemment,
l'eau à elle seule peut la dissoudre ainsi ; si elle l'est, rien ne peut la
dissoudre, sauf le feu ; car rien n'y peut plus entrer que lui.
A son tour, l'eau, sous une compression très violente, n'est dissoute
que par le feu ; sous une compression plus faible, elle l'est à la fois par
le feu et par l'air, l'un passant par ses interstices, l'autre par ses
triangles aussi. Pour l'air condensé par force, rien ne peut le
dissoudre, si ce n'est en divisant ses éléments ; s'il n'a pas été
violenté, il n'est soluble que par le feu. Pour les corps mêlés de terre
et d'eau, tant que l'eau y occupe les interstices de la terre et les
comprime violemment, les parties d'eau qui viennent du dehors, ne
trouvant pas d'entrée, coulent tout autour de la masse et la laissent
sans la dissoudre. Au contraire, les particules de feu pénètrent dans
les interstices de l'eau, car le feu agit sur l'eau comme l'eau sur la
terre, et elles sont les seules causes qui fassent fondre et couler le
corps composé de terre et Veau. Parmi ces composés, il arrive que les
uns contiennent moins d'eau que de terre : ce sont toutes les espèces
de verre et toutes celles de pierres qu'on appelle fusibles ; et que les
autres contiennent plus d'eau : ce sont toutes les substances solides
de la nature de la cire et de l'encens.
Nous avons à peu près expliqué les variétés qui résultent des figures,
des combinaisons et des transformations mutuelles des corps. Il faut
maintenant essayer de faire voir les causes des impressions qu'ils font
sur nous. D'abord, quels que soient les objets dont on parle, il faut
qu'ils provoquent une sensation. Mais nous n'avons pas encore
exposé l'origine de la chair et de ce qui a rapport à la chair, ni de la
partie mortelle de l'âme. Or il se trouve qu'on ne peut en parler
convenablement sans traiter des impressions sensibles, ni de celles-ci
sans traiter du corps et de l'âme, et que traiter des deux choses à la fois
est à peu près impossible. Il faut donc admettre l'une des deux comme
démontrée, et revenir plus tard à celle que nous aurons admise. Présupposons
donc ce qui regarde le corps et l'âme, afin de traiter des impressions
immédiatement après les espèces qui les produisent.
En premier lieu, pourquoi disons-nous que le feu est chaud ? Pour
étudier la question, observons l'action tranchante et coupante du feu
sur nos corps. Que l'impression qu'il cause soit quelque chose
d'acéré, j'imagine que nous le sentons tous. Pour nous rendre compte
de la finesse de ses arêtes, de l'acuité de ses angles, de la petitesse de
ses parties, de la rapidité de son mouvement, toutes propriétés qui le
rendent violent et tranchant et grâce auxquelles
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