Texte grec :
[200] ὁ δὲ δὴ τὴν (200a) ἀνεπιστημοσύνην λαβὼν ψευδῆ μέν, φῄς, δοξάσει.
ἦ γάρ;
(ΘΕΑΙ.) Ναί.
(ΣΩ.) Οὐ δήπου καὶ ἡγήσεταί γε ψευδῆ δοξάζειν.
(ΘΕΑΙ.) Πῶς γάρ;
(ΣΩ.) Ἀλλ´ ἀληθῆ γε, καὶ ὡς εἰδὼς διακείσεται περὶ ὧν ἔψευσται.
(ΘΕΑΙ.) Τί μήν;
(ΣΩ.) Ἐπιστήμην ἄρα οἰήσεται τεθηρευκὼς ἔχειν ἀλλ´ οὐκ
ἀνεπιστημοσύνην.
(ΘΕΑΙ.) Δῆλον.
(ΣΩ.) Οὐκοῦν μακρὰν περιελθόντες πάλιν ἐπὶ τὴν πρώτην
πάρεσμεν ἀπορίαν. ὁ γὰρ ἐλεγκτικὸς ἐκεῖνος γελάσας φήσει·
(200b) "Πότερον," ὦ βέλτιστοι, "ἀμφοτέρας τις εἰδώς, ἐπιστήμην
τε καὶ ἀνεπιστημοσύνην, ἣν οἶδεν, ἑτέραν αὐτὴν οἴεταί τινα
εἶναι ὧν οἶδεν; ἢ οὐδετέραν {αὐτὴν} εἰδώς, ἣν μὴ οἶδε, δοξάζει
ἑτέραν ὧν οὐκ οἶδεν; ἢ τὴν μὲν εἰδώς, τὴν δ´ οὔ, ἣν οἶδεν,
ἣν μὴ οἶδεν; ἢ ἣν μὴ οἶδεν, ἣν οἶδεν ἡγεῖται; ἢ πάλιν αὖ
μοι ἐρεῖτε ὅτι τῶν ἐπιστημῶν καὶ ἀνεπιστημοσυνῶν εἰσὶν
αὖ ἐπιστῆμαι, ἃς ὁ κεκτημένος ἐν ἑτέροις τισὶ γελοίοις
(200c) περιστερεῶσιν ἢ κηρίνοις πλάσμασι καθείρξας, ἕωσπερ ἂν
κεκτῆται ἐπίσταται, καὶ ἐὰν μὴ προχείρους ἔχῃ ἐν τῇ ψυχῇ;
καὶ οὕτω δὴ ἀναγκασθήσεσθε εἰς ταὐτὸν περιτρέχειν μυριάκις
οὐδὲν πλέον ποιοῦντες;" τί πρὸς ταῦτα, ὦ Θεαίτητε, ἀποκρινούμεθα;
(ΘΕΑΙ.) Ἀλλὰ μὰ Δί´, ὦ Σώκρατες, ἔγωγε οὐκ ἔχω τί χρὴ λέγειν.
(ΣΩ.) Ἆρ´ οὖν ἡμῖν, ὦ παῖ, καλῶς ὁ λόγος ἐπιπλήττει
καὶ ἐνδείκνυται ὅτι οὐκ ὀρθῶς ψευδῆ δόξαν προτέραν ζητοῦμεν
(200d) ἐπιστήμης, ἐκείνην ἀφέντες; τὸ δ´ ἐστὶν ἀδύνατον γνῶναι
πρὶν ἄν τις ἐπιστήμην ἱκανῶς λάβῃ τί ποτ´ ἐστίν.
(ΘΕΑΙ.) Ἀνάγκη, ὦ Σώκρατες, ἐν τῷ παρόντι ὡς λέγεις οἴεσθαι.
(ΣΩ.) Τί οὖν τις ἐρεῖ πάλιν ἐξ ἀρχῆς ἐπιστήμην; οὐ γάρ
που ἀπεροῦμέν γέ πω;
(ΘΕΑΙ.) Ἥκιστα, ἐάνπερ μὴ σύ γε ἀπαγορεύῃς.
(ΣΩ.) Λέγε δή, τί ἂν αὐτὸ μάλιστα εἰπόντες ἥκιστ´ ἂν
ἡμῖν αὐτοῖς ἐναντιωθεῖμεν;
(200e) (ΘΕΑΙ.) Ὅπερ ἐπεχειροῦμεν, ὦ Σώκρατες, ἐν τῷ πρόσθεν·
οὐ γὰρ ἔχω ἔγωγε ἄλλο οὐδέν.
(ΣΩ.) Τὸ ποῖον;
(ΘΕΑΙ.) Τὴν ἀληθῆ δόξαν ἐπιστήμην εἶναι. ἀναμάρτητόν
γέ πού ἐστιν τὸ δοξάζειν ἀληθῆ, καὶ τὰ ὑπ´ αὐτοῦ γιγνόμενα
πάντα καλὰ καὶ ἀγαθὰ γίγνεται.
(ΣΩ.) Ὁ τὸν ποταμὸν καθηγούμενος, ὦ Θεαίτητε, ἔφη ἄρα
δείξειν αὐτό· καὶ τοῦτο ἐὰν ἰόντες ἐρευνῶμεν,
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Traduction française :
[200] Celui qui prendra l'ignorance aura, dis-tu, une fausse opinion, n'est-ce pas ?
(THÉÉTÈTE)
Oui.
(SOCRATE)
Mais il ne pensera sûrement pas qu'elle est fausse.
(THÉÉTÈTE)
Comment le pourrait-il ?
(SOCRATE)
Il la croira vraie, au contraire, et sera dans l'état d'un homme qui sait les
choses sur lesquelles il est dans l'erreur.
(THÉÉTÈTE)
Sans doute.
(SOCRATE)
Il croira donc qu'il a pris et qu'il a une science, et non une ignorance.
(THÉÉTÈTE)
Evidemment.
(SOCRATE)
Ainsi,, après un long circuit, nous voilà retombés dans notre premier embarras,
car notre disputeur va nous dire avec un rire moqueur : « Est-il possible,
excellentes gens, qu'un homme qui connaît à la fois la science et l'ignorance,
se figure que celle qu'il sait est une autre qu'il sait aussi, ou que, ne
connaissant ni l'une ni l'autre, il juge que celle qu'il ne sait point est une
autre qu'il ne sait pas non plus, ou que, connaissant l'une et non l'autre, il
prenne celle qu'il sait pour celle qu'il ne sait pas, ou celle qu'il ne sait pas
pour celle qu'il sait ? Ou bien me direz-vous encore que ces sciences et ces
ignorances sont à leur tour objets de nouvelles sciences que leur possesseur a
enfermées dans je ne sais quels autres ridicules colombiers ou cires imaginaires
et qu'il connaît, aussi longtemps qu'il en est possesseur, quoiqu'il ne les ait
point présentes à la pensée ? Et vous laisserez-vous ainsi contraindre à revenir
mille fois au même point sans avancer d'un pas ? » Que répondrons-nous à cela,
Théétète ?
(THÉÉTÈTE)
Ma foi, Socrate, je ne vois pas pour ma part ce qu'il faut répondre.
(SOCRATE)
N'est-ce pas à juste titre, mon enfant, que l'argument nous semonce et nous
montre que nous avons tort de chercher l'opinion fausse avant la science, que
nous avons laissée de côté ? Car il est impossible de connaître la première
avant d'avoir une connaissance exacte de la nature de la science.
(THÉÉTÈTE)
En ce cas, Socrate, il est impossible de rejeter cette conclusion.
(SOCRATE)
XXXVIII. - Mais alors, comment pourrait-on, en reprenant la question au
commencement, définir à nouveau la science ? Car nous n'abandonnons pas la
partie, je présume.
(THÉÉTÈTE)
Pas du tout, à moins que tu ne l'abandonnes toi-même.
(SOCRATE)
Dis-moi donc quelle est la meilleure définition que nous pourrions en donner
pour ne pas nous mettre en contradiction avec nous-mêmes.
(THÉÉTÈTE)
C'est précisément celle que nous avons déjà essayée, Socrate ; pour ma part, je
n'en vois pas d'autre.
(SOCRATE)
Quelle est-elle ?
(THÉÉTÈTE)
Que l'opinion vraie est la science. L'opinion vraie, ce semble, est infaillible,
et tout ce qui en résulte est bel et bon.
(SOCRATE)
Il n'est que d'essayer pour voir, Théétète, dit le guide au passage de la
rivière. De même ici, nous n'avons qu'à avancer dans notre recherche ;
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