Texte grec :
[219] (219a) (Ξένος)
Μέθοδον μὴν αὐτὸν ἐλπίζω καὶ λόγον οὐκ ἀνεπιτήδειον ἡμῖν ἔχειν
πρὸς ὃ βουλόμεθα.
(Θεαίτητος)
Καλῶς ἂν ἔχοι.
(Ξένος)
Φέρε δή, τῇδε ἀρχώμεθα αὐτοῦ. καί μοι λέγε· πότερον ὡς τεχνίτην
αὐτὸν ἤ τινα ἄτεχνον, ἄλλην δὲ δύναμιν ἔχοντα θήσομεν;
(Θεαίτητος)
Ἥκιστά γε ἄτεχνον.
(Ξένος)
Ἀλλὰ μὴν τῶν γε τεχνῶν πασῶν σχεδὸν εἴδη δύο.
(Θεαίτητος)
Πῶς;
(Ξένος)
Γεωργία μὲν καὶ ὅση περὶ τὸ θνητὸν πᾶν σῶμα θεραπεία, τό τε αὖ
περὶ τὸ σύνθετον καὶ πλαστόν, ὃ δὴ (219b) σκεῦος ὠνομάκαμεν, ἥ τε
μιμητική, σύμπαντα ταῦτα δικαιότατ' ἂν ἑνὶ προσαγορεύοιτ' ἂν ὀνόματι.
(Θεαίτητος)
Πῶς καὶ τίνι;
(Ξένος)
Πᾶν ὅπερ ἂν μὴ πρότερόν τις ὂν ὕστερον εἰς οὐσίαν ἄγῃ, τὸν μὲν
ἄγοντα ποιεῖν, τὸ δὲ ἀγόμενον ποιεῖσθαί πού φαμεν.
(Θεαίτητος)
Ὀρθῶς.
(Ξένος)
Τὰ δέ γε νυνδὴ <ἃ> διήλθομεν ἅπαντα εἶχεν εἰς τοῦτο τὴν αὑτῶν
δύναμιν.
(Θεαίτητος)
Εἶχε γὰρ οὖν.
(Ξένος)
Ποιητικὴν τοίνυν αὐτὰ συγκεφαλαιωσάμενοι προσείπωμεν.
(219c) (Θεαίτητος)
Ἔστω.
(Ξένος)
Τὸ δὴ μαθηματικὸν αὖ μετὰ τοῦτο εἶδος ὅλον καὶ τὸ τῆς γνωρίσεως τό
τε χρηματιστικὸν καὶ ἀγωνιστικὸν καὶ θηρευτικόν, ἐπειδὴ δημιουργεῖ μὲν
οὐδὲν τούτων, τὰ δὲ ὄντα καὶ γεγονότα τὰ μὲν χειροῦται λόγοις καὶ
πράξεσι, τὰ δὲ τοῖς χειρουμένοις οὐκ ἐπιτρέπει, μάλιστ' ἄν που διὰ ταῦτα
συνάπαντα τὰ μέρη τέχνη τις κτητικὴ λεχθεῖσα ἂν διαπρέψειεν.
(Θεαίτητος)
Ναί· πρέποι γὰρ ἄν.
(219d) (Ξένος)
Κτητικῆς δὴ καὶ ποιητικῆς συμπασῶν οὐσῶν τῶν τεχνῶν ἐν ποτέρᾳ
τὴν ἀσπαλιευτικήν, ὦ Θεαίτητε, τιθῶμεν;
(Θεαίτητος)
Ἐν κτητικῇ που δῆλον.
(Ξένος)
Κτητικῆς δὲ ἆρ' οὐ δύο εἴδη; τὸ μὲν ἑκόντων πρὸς ἑκόντας
μεταβλητικὸν ὂν διά τε δωρεῶν καὶ μισθώσεων καὶ ἀγοράσεων, τὸ δὲ
λοιπόν, ἢ κατ' ἔργα ἢ κατὰ λόγους χειρούμενον σύμπαν, χειρωτικὸν ἂν εἴη;
(Θεαίτητος)
Φαίνεται γοῦν ἐκ τῶν εἰρημένων.
(Ξένος)
Τί δέ; Τὴν χειρωτικὴν ἆρ' οὐ διχῇ τμητέον;
(Θεαίτητος)
Πῇ;
(219e) (Ξένος)
Τὸ μὲν ἀναφανδὸν ὅλον ἀγωνιστικὸν θέντας, τὸ δὲ κρυφαῖον αὐτῆς
πᾶν θηρευτικόν.
(Θεαίτητος)
Ναί.
(Ξένος)
Τὴν δέ γε μὴν θηρευτικὴν ἄλογον τὸ μὴ οὐ τέμνειν διχῇ.
(Θεαίτητος)
Λέγε ὅπῃ.
(Ξένος)
Τὸ μὲν ἀψύχου γένους διελομένους, τὸ δ' ἐμψύχου.
(Θεαίτητος)
Τί μήν; Εἴπερ ἔστον γε ἄμφω.
|
|
Traduction française :
[219] (219a) L'ÉTRANGER.
J'espère cependant que cet exemple nous mettra sur la voie d'une
méthode convenable à notre dessein.
THÉÉTÈTE.
Ce serait le mieux du monde.
L'ÉTRANGER.
Voyons donc, et commençons par ceci. Dis-moi si nous devons
considérer ce pêcheur, comme un artiste ou comme un homme étranger à
toute espèce d'art, mais possédant quelque autre puissance,
THÉÉTÈTE.
On ne peut pas dire que ce soit un homme étranger à toute espèce d'art.
L'ÉTRANGER,
Mais on peut, ce semble, partager tous les arts en deux espèces.
THÉÉTÈTE.
Comment cela?
L'ÉTRANGER.
L'agriculture et tous les travaux appliqués à des corps qui vivent et
qui meurent; ensuite ceux qui composent et façonnent tout ce qu'on
appelle (219b) ustensiles; enfin les arts d'imitation : ce sont là toutes
choses que l'on peut avec grande raison désigner par un seul et même
nom.
THÉÉTÈTE.
Comment et quel est ce nom ?
L'ÉTRANGER.
Toutes les fois que quelqu'un fait venir à l'être ce qui auparavant
n'était pas, nous appelons cela faire, pour ce qui fait venir à l'être, être fait,
pour ce qui y vient.
THÉÉTÈTE.
Fort bien.
L'ÉTRANGER.
Et c'est en cela même que consiste le pouvoir des arts que nous
venons d'énumérer.
THÉÉTÈTE.
Il est vrai.
L'ÉTRANGER.
On pourrait donc les comprendre tous sous le nom de l'art de faire.
THÉÉTÈTE.
Soit.
(219c) L'ÉTRANGER.
D'un autre côté, l'art d'enseigner, celui d'apprendre, l'art du gain, du
combat, de la chasse, ne façonnant et ne fabriquant rien, mais se
rapportant aux choses déjà existantes et toutes faites, qu'ils nous
procurent par des raisonnements et des actions ou qu'ils défendent contre
ceux qui voudraient nous les prendre, il semble qu'on peut les
comprendre tous ensemble sous le titre de l'art d'acquérir.
THÉÉTÈTE.
Oui, cela me paraît juste.
(219d) L'ÉTRANGER.
Tout art étant donc destiné ou à faire ou à acquérir, de quel côté
plaçons-nous la pèche à la ligne?
THÉÉTÈTE.
Dans l'art d'acquérir, cela est évident.
L'ÉTRANGER.
Mais n'y a-t-il pas deux espèces d'acquisition, l'une par
consentement mutuel, comme les dons, les marchés, les salaires; l'autre
par force, soit au moyen des paroles, soit au moyen des actions, et qu'on
pourrait appeler l'acquisition violente?
THÉÉTÈTE.
Je le crois, d'après ce que nous avons dit tout à l'heure.
L'ÉTRANGER.
Maintenant l'acquisition violente ne se divise-t-elle pas en deux?
THÉÉTÈTE.
Comment?
(219e) L'ÉTRANGER.
En distinguant l'acquisition violente à force ouverte, par le combat, et
l'acquisition violente par ruse, c'est-à-dire la chasse.
THÉÉTÈTE.
Soit.
L'ÉTRANGER.
Mais cette dernière on aurait tort de ne pas la diviser en deux espèces.
THÉÉTÈTE.
Lesquelles?
L'ÉTRANGER.
L'une s'attachant à des objets sans vie, l'autre à des êtres animés.
THÉÉTÈTE.
Et pourquoi non ? L'une et l'autre sont réelles.
|
|