Texte grec :
[611] μήτε (611a) οἰκείου μήτε ἀλλοτρίου, δῆλον ὅτι ἀνάγκη αὐτὸ ἀεὶ ὂν εἶναι·
εἰ δ’ ἀεὶ ὄν, ἀθάνατον.
᾿Ανάγκη, ἔφη.
Τοῦτο μὲν τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, οὕτως ἐχέτω· εἰ δ’ ἔχει, ἐννοεῖς ὅτι ἀεὶ ἂν
εἶεν αἱ αὐταί. οὔτε γὰρ ἄν που ἐλάττους γένοιντο μηδεμιᾶς ἀπολλυμένης,
οὔτε αὖ πλείους· εἰ γὰρ ὁτιοῦν τῶν ἀθανάτων πλέον γίγνοιτο, οἶσθ’ ὅτι ἐκ
τοῦ θνητοῦ ἂν γίγνοιτο καὶ πάντα ἂν εἴη τελευτῶντα ἀθάνατα.
᾿Αληθῆ λέγεις.
᾿Αλλ’, ἦν δ’ ἐγώ, μήτε τοῦτο οἰώμεθα—ὁ γὰρ λόγος οὐκ (b.) ἐάσει—
μήτε γε αὖ τῇ ἀληθεστάτῃ φύσει τοιοῦτον εἶναι ψυχήν, ὥστε πολλῆς
ποικιλίας καὶ ἀνομοιότητός τε καὶ διαφορᾶς γέμειν αὐτὸ πρὸς αὑτό.
Πῶς λέγεις; ἔφη.
Οὐ ῥᾴδιον, ἦν δ’ ἐγώ, ἀίδιον εἶναι σύνθετόν τε ἐκ πολλῶν καὶ μὴ τῇ
καλλίστῃ κεχρημένον συνθέσει, ὡς νῦν ἡμῖν ἐφάνη ἡ ψυχή.
Οὔκουν εἰκός γε.
῞Οτι μὲν τοίνυν ἀθάνατον ψυχή, καὶ ὁ ἄρτι λόγος καὶ οἱ ἄλλοι
ἀναγκάσειαν ἄν· οἷον δ’ ἐστὶν τῇ ἀληθείᾳ, οὐ λελω(c.)βημένον δεῖ αὐτὸ
θεάσασθαι ὑπό τε τῆς τοῦ σώματος κοινωνίας καὶ ἄλλων κακῶν, ὥσπερ
νῦν ἡμεῖς θεώμεθα, ἀλλ’ οἷόν ἐστιν καθαρὸν γιγνόμενον, τοιοῦτον ἱκανῶς
λογισμῷ διαθεατέον, καὶ πολύ γε κάλλιον αὐτὸ εὑρήσει καὶ ἐναργέστερον
δικαιοσύνας τε καὶ ἀδικίας διόψεται καὶ πάντα ἃ νῦν διήλθομεν.
νῦν δὲ εἴπομεν μὲν ἀληθῆ περὶ αὐτοῦ, οἷον ἐν τῷ παρόντι φαίνεται·
τεθεάμεθα μέντοι διακείμενον αὐτό, ὥσπερ οἱ τὸν (d.) θαλάττιον Γλαῦκον
ὁρῶντες οὐκ ἂν ἔτι ῥᾳδίως αὐτοῦ ἴδοιεν τὴν ἀρχαίαν φύσιν, ὑπὸ τοῦ τά τε
παλαιὰ τοῦ σώματος μέρη τὰ μὲν ἐκκεκλάσθαι, τὰ δὲ συντετρῖφθαι καὶ
πάντως λελωβῆσθαι ὑπὸ τῶν κυμάτων, ἄλλα δὲ προσπεφυκέναι, ὄστρεά
τε καὶ φυκία καὶ πέτρας, ὥστε παντὶ μᾶλλον θηρίῳ ἐοικέναι ἢ οἷος ἦν
φύσει, οὕτω καὶ τὴν ψυχὴν ἡμεῖς θεώμεθα διακειμένην ὑπὸ μυρίων
κακῶν. ἀλλὰ δεῖ, ὦ Γλαύκων, ἐκεῖσε βλέπειν.
Ποῖ; ἦ δ’ ὅς.
(e.) Εἰς τὴν φιλοσοφίαν αὐτῆς, καὶ ἐννοεῖν ὧν ἅπτεται καὶ οἵων
ἐφίεται ὁμιλιῶν, ὡς συγγενὴς οὖσα τῷ τε θείῳ καὶ ἀθανάτῳ καὶ τῷ ἀεὶ
ὄντι, καὶ οἵα ἂν γένοιτο τῷ τοιούτῳ πᾶσα ἐπισπομένη καὶ ὑπὸ ταύτης τῆς
ὁρμῆς ἐκκομισθεῖσα ἐκ τοῦ πόντου ἐν ᾧ νῦν ἐστίν,
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Traduction française :
[611] 611a Mais quand il n'est pas un seul mal, propre ou étranger, qui
puisse détruire une chose, il est évident que cette chose doit
exister toujours; et si elle existe toujours, elle est immortelle.
Nécessairement, dit-il.
Tenons donc cela pour acquis; mais s'il en est ainsi, tu conçois
que ce sont toujours les mêmes âmes qui existent, car leur
nombre ne saurait ni diminuer, puisque aucune ne périt, ni,
d'autre part, augmenter; en effet, si le nombre des êtres
immortels venait à s'accroître, tu sais qu'il s'accroîtrait de ce qui
est mortel, et à la fin tout serait immortel.
Tu dis vrai.
Mais, repris-je, nous ne croirons pas cela - la raison 611b ne
nous le permet point - ni, par ailleurs, que dans sa nature
essentielle l'âme soit pleine de diversité, de dissemblance et de
différence avec elle-même.
Que veux-tu dire? demanda-t-il.
Il est difficile que soit éternel - comme l'âme vient de nous
apparaître - un composé de plusieurs parties, si ces parties ne
forment point un assemblage parfait.
En effet, cela n'est pas vraisemblable.
L'argument que je viens de donner, et d'autres, nous obligent
donc à conclure que l'âme est immortelle. Mais pour bien
connaître sa véritable nature nous ne devons pas la considérer,
comme nous faisons; dans l'état de dégradation où la mettent
son union avec le corps et 611c d'autres misères; il faut la
contempler attentivement avec les yeux de l'esprit telle qu'elle
est quand elle est pure. Alors on la verra infiniment plus
belle et l'on discernera plus clairement la justice et l'injustice, et
toutes les choses dont nous Venons de parler. e que nous avons
dit de l'âme est vrai par rapport à son état présent. Aussi bien
l'avons-nous vue dans l'état on l'on pourrait voir Glaucos le marin:
on aurait beaucoup de peine 611d à reconnaître sa nature
primitive, parce que les anciennes parties de son corps ont été
les unes brisées, les autres usées et totalement défigurées par
les flots, et qu'il s'en est formé de nouvelles, composées de
coquillages, d'algues et de cailloux. Ainsi l'âme se montre à nous
défigurée par mille maux. Mais voici, Glaucon, ce qu'il faut
envisager en elle.
Quoi? demanda-t-il.
Son amour de la vérité. Il faut considérer quels objets 611e elle
atteint, quelles compagnies elle recherche, en vertu de sa
parenté avec le divin, l'immortel et l'éternel; ce qu'elle
deviendrait si elle se livrait tout entière à cette poursuite, si,
soulevée par un noble élan, elle surgissait de la mer où
maintenant elle se trouve, et secouait les pierres et les coquillages
qui la couvrent â présents parce qu'elle se repaît de terre
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