[609] οἷον (609a) ὀφθαλμοῖς
ὀφθαλμίαν καὶ σύμπαντι τῷ σώματι νόσον, σίτῳ τε ἐρυσίβην, σηπεδόνα
τε ξύλοις, χαλκῷ δὲ καὶ σιδήρῳ ἰόν, καί, ὅπερ λέγω, σχεδὸν πᾶσι
σύμφυτον ἑκάστῳ κακόν τε καὶ νόσημα;
῎Εγωγ’, ἔφη.
Οὐκοῦν ὅταν τῴ τι τούτων προσγένηται, πονηρόν τε ποιεῖ ᾧ
προσεγένετο, καὶ τελευτῶν ὅλον διέλυσεν καὶ ἀπώλεσεν;
Πῶς γὰρ οὔ;
Τὸ σύμφυτον ἄρα κακὸν ἑκάστου καὶ ἡ πονηρία ἕκαστον ἀπόλλυσιν,
ἢ εἰ μὴ τοῦτο ἀπολεῖ, οὐκ ἂν ἄλλο γε αὐτὸ ἔτι (b.) διαφθείρειεν. οὐ γὰρ τό
γε ἀγαθὸν μή ποτέ τι ἀπολέσῃ, οὐδὲ αὖ τὸ μήτε κακὸν μήτε ἀγαθόν.
Πῶς γὰρ ἄν; ἔφη.
᾿Εὰν ἄρα τι εὑρίσκωμεν τῶν ὄντων, ᾧ ἔστι μὲν κακὸν ὃ ποιεῖ αὐτὸ
μοχθηρόν, τοῦτο μέντοι οὐχ οἷόν τε αὐτὸ λύειν ἀπολλύον, οὐκ ἤδη
εἰσόμεθα ὅτι τοῦ πεφυκότος οὕτως ὄλεθρος οὐκ ἦν;
Οὕτως, ἔφη, εἰκός.
Τί οὖν; ἦν δ’ ἐγώ· ψυχῇ ἆρ’ οὐκ ἔστιν ὃ ποιεῖ αὐτὴν αὐτὴν κακήν;
Καὶ μάλα, ἔφη· ἃ νυνδὴ διῇμεν πάντα, ἀδικία τε καὶ (c.) ἀκολασία καὶ
δειλία καὶ ἀμαθία.
῏Η οὖν τι τούτων αὐτὴν διαλύει τε καὶ ἀπόλλυσι; καὶ ἐννόει μὴ
ἐξαπατηθῶμεν οἰηθέντες τὸν ἄδικον ἄνθρωπον καὶ ἀνόητον, ὅταν ληφθῇ
ἀδικῶν, τότε ἀπολωλέναι ὑπὸ τῆς ἀδικίας, πονηρίας οὔσης ψυχῆς. ἀλλ’
ὧδε ποίει· ὥσπερ σῶμα ἡ σώματος πονηρία νόσος οὖσα τήκει καὶ διόλλυσι
καὶ ἄγει εἰς τὸ μηδὲ σῶμα εἶναι, καὶ ἃ νυνδὴ ἐλέγομεν (d.) ἅπαντα ὑπὸ τῆς
οἰκείας κακίας, τῷ προσκαθῆσθαι καὶ ἐνεῖναι διαφθειρούσης, εἰς τὸ μὴ
εἶναι ἀφικνεῖται—οὐχ οὕτω;
Ναί.
῎Ιθι δή, καὶ ψυχὴν κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον σκόπει. ἆρα ἐνοῦσα ἐν
αὐτῇ ἀδικία καὶ ἡ ἄλλη κακία τῷ ἐνεῖναι καὶ προσκαθῆσθαι φθείρει αὐτὴν
καὶ μαραίνει, ἕως ἂν εἰς θάνατον ἀγαγοῦσα τοῦ σώματος χωρίσῃ;
Οὐδαμῶς, ἔφη, τοῦτό γε.
᾿Αλλὰ μέντοι ἐκεῖνό γε ἄλογον, ἦν δ’ ἐγώ, τὴν μὲν ἄλλου πονηρίαν
ἀπολλύναι τι, τὴν δὲ αὑτοῦ μή.
῎Αλογον.
(e.) ᾿Εννόει γάρ, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ Γλαύκων, ὅτι οὐδ’ ὑπὸ τῆς τῶν σιτίων
πονηρίας, ἣ ἂν ᾖ αὐτῶν ἐκείνων, εἴτε παλαιότης εἴτε σαπρότης εἴτε
ἡτισοῦν οὖσα, οὐκ οἰόμεθα δεῖν σῶμα ἀπόλλυσθαι· ἀλλ’ ἐὰν μὲν ἐμποιῇ ἡ
αὐτῶν πονηρία τῶν σιτίων τῷ σώματι σώματος μοχθηρίαν, φήσομεν αὐτὸ
δι’ ἐκεῖνα ὑπὸ τῆς αὑτοῦ κακίας νόσου οὔσης ἀπολωλέναι·
| [609] pour le 609a blé la nielle, pour le bois
la pourriture, pour l'airain et le fer la rouille, et, comme je l'ai dit,
pour presque toutes les choses un mal et une maladie qui
tiennent à la nature de chacune?
Si.
Or, quand l'un de ces maux s'attache à une chose ne la gâte-t-il
pas, et ne finit-il pas par la dissoudre et la ruiner totalement?
Comment non?
C'est donc le mal et le vice propres par nature à chaque chose
qui détruisent cette chose, et si ce mal ne la détruit 609b point,
il n'est rien d'autre qui la puisse décomposer; car le bien ne
détruira jamais quoi que ce soit, non plus que ce qui n'est ni un
bien ni un mal.
Comment, en effet, serait-ce possible?
Si donc nous trouvons dans la nature un être que son mal rende
vicieux, sans pouvoir pourtant le dissoudre et le perdre, ne
saurons-nous pas déjà que pour un être ainsi constitué il n'y a
point de destruction possible?
Si, apparemment.
Mais quoi? demandai-je, n'est-il rien qui rende l'âme mauvaise?
Si fait, répondit-il, il y a tous les vices que nous avons 609c
énumérés : l'injustice, l'intempérance, la lâcheté, l'ignorance.
Or, est-ce que l'un de ces vices la dissout et la perd?
Prends garde que nous ne nous abusions en croyant que l'homme
injuste et insensé, pris en flagrant délit de crime, est perdu par
l'injustice, celle-ci étant le mal de l'âme. Envisage plutôt la
question de cette manière. La maladie, qui est le vice du corps, le
mine, le détruit, et le réduit à n'être plus un corps; et toutes les
choses dont nous parlions il n'y a qu'un instant, du fait de leur
609d vice propre, qui s'établit à demeure en elles et les détruit,
aboutissent à l'anéantissement, n'est-ce pas?
Oui.
Eh bien! considère l'âme de la même manière. Est-il vrai que
l'injustice ou quelque autre vice, en s'établissant en elle à
demeure, la corrompe et la flétrisse jusqu'à la conduire à la mort,
et à la séparer du corps?
Nullement.
D'un autre côté, il serait absurde de prétendre qu'un mal
étranger détruit une chose que son propre mal ne peut détruire.
Oui, absurde.
609e Fais attention, Glaucon, que la mauvaise qualité des
aliments, qui est leur vice propre - soit manque de fraîcheur, soit
pourriture, soit toute autre avarie - n'est pas, selon nous, ce qui
doit détruire le corps; si la mauvaise qualité des aliments
engendre dans le corps le mal qui est propre à ce dernier, nous
dirons qu'à l'occasion de la nourriture le corps a péri par la
maladie, qui est proprement son mal; mais qu'il ait été détruit
par le vice des aliments, qui sont une chose
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